Définition de ACCOUTUMER
Prononciation : a-kou-tu-mé
DÉFINITIONS
1
Nature : V. a. Faire prendre une coutume. Vous avez accoutumé votre fils à ne point vous cacher ses secrets. Accoutumer un taureau à la charrue. Accoutumer un État libre à la servitude.Il accoutuma ses troupes à.... La bonne éducation des enfants qu'on accoutumait à l'obéissance, au travail, à la sobriété, à l'amour des arts ou des lettres
Accoutumez vos peuples à suivre inviolablement les règles
de François de Salignac de La Mothe FÉNELON dans ib. III
D'autres peuples, profitant de votre imprudence, attirent chez eux les étrangers et les accoutument à se passer de vous
de François de Salignac de La Mothe FÉNELON dans ib.
Il trouve moyen de nous apaiser, de nous accoutumer insensiblement au discours de sa passion
Et l'indigne prison où je suis renfermé, A la voir de plus près m'a même accoutumé
de Jean RACINE dans Baj. II, 6
La main qui vous opprime et que vous soutenez, Les accoutume au joug que vous leur destinez
de Pierre CORNEILLE dans Sert. III, 2
2
Avoir accoutumé, v. n. (Usité seulement aux temps composés : j'ai accoutumé, j'aurai accoutumé, que j'aie accoutumé, que j'eusse accoutumé ; il veut, avec un infinitif, la préposition de) Avoir coutume.Il cite ce passage selon les Septante, comme il avait accoutumé
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Hist. II, 7
Les hommes n'ayant pas accoutumé de former le mérite
de Blaise PASCAL dans Rel. 51
Je n'ai point accoutumé de dissimuler mes défauts
de Pierre CORNEILLE dans Ex. d'Hor.
La colère du roi, comme dit Salomon, Est terrible, et surtout celle du roi lion ; Mais ce cerf n'avait pas accoutumé de lire
de Jean de LA FONTAINE dans Fab. VIII, 14
Allez, monsieur, on voit bien que vous n'avez pas accoutumé de parler à des visages
Comme les rois, par grandeur et par dignité, ont accoutumé de traiter leurs grandes affaires par l'entremise de leurs ministres
de Esprit FLÉCHIER dans Panég. I, 279
Ils sont accablés d'un fardeau qu'ils n'ont pas accoutumé de porter
de Esprit FLÉCHIER dans ib. II, 354
Quelles précautions n'avait-il pas accoutumé de prendre !
de Esprit FLÉCHIER dans Letell.
Je ne sais ; mais vous n'avez pas accoutumé d'être ainsi
de BRUEYS dans le Muet, III, 2
Les animaux qui ont accoutumé de ne sortir que pendant la nuit
Thalès avait accoutumé de remercier les dieux de trois choses : d'être né raisonnable plutôt que bête ; homme plutôt que femme ; grec plutôt que barbare
de François de Salignac de La Mothe FÉNELON dans Philosoph. Thalès.
L'ambition dont il était dévoré se trouvant jointe à une vanité excessive, il prit le chemin qu'ont accoutumé de tenir ceux qui affectent la tyrannie
L'avocat ou conseil qu'on avait accoutumé de donner aux accusés
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans L. XV, chap. 42
Une terre sur laquelle nous avions accoutumé de lever le cens
Les vierges avaient accoutumé de laver leurs robes d'écorce dans ce lieu
En ce sens, accoutumer prend aussi pour sujet un nom de chose.
La connaissance des premiers principes n'a pas accoutumé d'être appelée science
de René DESCARTES dans Rép. 2
Mes lettres n'avaient pas accoutumé de se suivre de si près ni d'être si étendues
de Blaise PASCAL dans Prov. 16
Construit ordinairement avec l'auxiliaire avoir, il peut prendre aussi l'auxiliaire être :
On est accoutumé de se laisser aller au péché par les caresses des femmes
de Blaise PASCAL dans Prov. 15
Le soin qu'on eut de garnir la salle d'une foule de docteurs, moines et mendiants, qui n'étaient pas accoutumés de s'y trouver, fit dire à Pascal....
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans L. XIV, chap. 37
Cette solitude, il [le duc d'Orléans] était trop accoutumé du bruit pour la pouvoir supporter
Des grammairiens ont signalé comme une locution vicieuse l'emploi de l'auxiliaire être ; on voit que de très bons auteurs s'en sont servis, et il ne peut y avoir aucun scrupule à s'en servir aussi après eux.
On remarquera que, neutre, ce verbe n'est employé qu'aux temps composés ; mais il n'en faut pas conclure qu'il ne soit pas verbe neutre ; l'emploi que nous en faisons de cette manière n'est qu'un débris de l'ancien usage, suivant lequel accoutumer pouvait être neutre aux temps simples comme aux temps composés (voy. HISTORIQUE).
S'ACCOUTUMER, Nature : v. réfl. Contracter une habitude. S'accoutumer aux armes. Il s'était accoutumé à se contenter de peu.
Une volonté indocile qui ne peut s'accoutumer au joug
de Louis BOURDALOUE dans Pensées, t. II, p. 74
Ses yeux même pourront s'accoutumer aux miens
de Jean RACINE dans Bérén. III, 2
Ah ! ma soeur, puisqu'enfin mon destin éclairci Veut que je m'accoutume à vous nommer ainsi....
de Pierre CORNEILLE dans Hér. III, 1
Bientôt on s'accoutume à des maîtres nouveaux
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Irène, v, 6
Descends du haut des cieux, auguste vérité, Que l'oreille des rois s'accoutume à t'entendre
Comment avez-vous pu vous accoutumer au secret dans une si grande jeunesse ?
Ils deviendraient comme un homme qui a de bonnes jambes et qui, perdant l'habitude de marcher, s'accoutume enfin au besoin d'être toujours porté comme un malade
de François de Salignac de La Mothe FÉNELON dans ib. VIII
Mais du nom des Césars Rome toujours charmée, Sous un si noble joug s'est trop accoutumée
de M. de Néron dans V, 1
S'accoutumer veut d'ordinaire à avec l'infinitif ; mais on dit aussi de.
On s'accoutume de donner, comme le monde, à toutes les passions, des noms adoucis
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Conf. Fuite du monde.
Il vous importe de vous accoutumer de bonne heure de haïr l'injustice
de Vincent VOITURE dans Lett. 9
S'accoutumer avec. Il a eu beaucoup de peine à s'accoutumer avec ce voisin que le hasard lui a donné. Il faut s'accoutumer de bonne heure avec ces sortes d'idées, si l'on veut se les rendre familières.
SYNONYME
1
S'ACCOUTUMER à, S'ACCOUTUMER AVEC. On emploiera de préférence avec, quand s'accoutumer s'approchera du sens de se familiariser. On s'accoutume avec quelqu'un, quand on se fait à ses manières. S'accoutumer avec le péril, c'est devenir familier avec le péril et en faire une sorte de connaissance ; s'accoutumer au péril, c'est, y étant souvent exposé, le considérer comme une chose habituelle et qui ne surprend plus. S'accoutumer avec exprime donc quelque chose de plus intime, de plus étroit.HISTORIQUE
1
XIIIe s.En leur terres n'est il mie accoustumé que il le facent
de Geoffroi de VILLEHARDOUIN dans 94
Il apartient au bailli savoir quix avocas acoustument à pledier par devant lui
de Philippe de BEAUMANOIR dans V, 19
Nous n'avons pas accoustumé que homs de poesté face procureur
de Philippe de BEAUMANOIR dans ib. 86
Li tiers ensoines si est, s'il est acoustumés de maladie qui vient soudainement
de Philippe de BEAUMANOIR dans LXI, 6
Si vous prie je pour l'amour de Dieu premier et pour l'amour de moi, que vous les acoustumez à laver [les pieds aux pauvres le jeudi saint]
de Jean, PRINCE DE JOINVILLE dans 195
2
XIVe s.Il prouva son entencion par le commun parler acoustumé
de Nicolas ORESME dans Eth. 28
Nulle chose ne se peut acoustumer au contraire de ce qu'elle a de nature
de Nicolas ORESME dans ib. 33
3
XVe s.Si alla en Jherusalem au pelerinage du saint Sepulcre, qu'il visita très devotement, et aussi fut par tous les saints lieux accoustumés
dans Bouc. I, 15
C'est chose assez accoustumée que....
de Philippe de COMMINES dans Prol.
Car ainsi estoit-il accoustumé de parler
de Philippe de COMMINES dans I, 3
Les Suisses ont tant acoustumé l'argent dont ils avoient petite connoissance par avant, que....
de Philippe de COMMINES dans VI, 4
4
XVIe s.Les cerimonies qu'on avoit accoustumé en telles choses
de Michel de MONTAIGNE dans I, 17
J'ai accoustumé de considerer
de Michel de MONTAIGNE dans I, 58
Pratiquons le, accoustumons le [accoutumons-nous-y]
de Michel de MONTAIGNE dans I, 76
Accoustumer les hommes à....
de Michel de MONTAIGNE dans I, 80
S'accoustumer à vivre d'araignées
de Michel de MONTAIGNE dans I, 106
Sa femme, le bienveignant de ses criailleries accoustumées
de Michel de MONTAIGNE dans III, 127
Ils n'estoient pas accoustumez de prendre en bonne part les remontrances de gents armez
de Michel de MONTAIGNE dans IV, 21
La jument accoustumera l'asnon [s'habituera à le nourrir]
de Olivier DE SERRES dans 311
Numa vouloit accoustumer ses gens à ne servir ni ne parler point aux dieux en passant
de Jacques AMYOT dans Numa, 25
Les maux qui ont accoustumé de travailler les hommes
de Jacques AMYOT dans ib. 32
La chambre où ils avoient accoustumé de coucher estoit au plus haut estage
de Jacques AMYOT dans Pél. 65
Tu es tout accoustumé à.... là où, quant à moi, je n'ai point accoustumé de....
de Jacques AMYOT dans Cat. 18
Il s'acoustuma à estre toujours le premier à l'aller et le dernier à retourner
de Jacques AMYOT dans Phil. 5
Accoustumez de rejeter
ÉTYMOLOGIE
1
À et coutume ; bourguig. écoutumé ; provenç. acostumar ; espagn. acostumbrar ; ital. accostumare.Synonymes de ACCOUTUMER
- ACCLIMATER
- ADAPTER
- APAISER
- APPRENDRE
- APPRIVOISER
- BLINDER
- CALMER
- COURBER
- DRESSER
- ÉDUQUER
- FAÇONNER
- FAMILIARISER
- FLÉCHIR
- FORMER
- HABITUER
- INCLINER
- INITIER
- PLIER
- PLOYER
- VACCINER