Définition de ACCOUTRER
Prononciation : a-kou-tré
DÉFINITIONS
1
Mettre des habits sur le corps de quelqu'un. On l'a plaisamment accoutré.2
Sémantique : Fig. Maltraiter en paroles ou en actes. Pendant son absence, on a parlé de lui, et on l'a accoutré de toutes pièces.Le pèlerin.... de horions laidement l'accoutra
de Jean de LA FONTAINE dans Contes, coc.
3
S'accoutrer, Nature : v. réfl. Cette femme n'a pas de goût, elle s'accoutre ridiculement.HISTORIQUE
1
XIIIe s.Luxure confond tout là où ele s'acoutre
2
XVe s.Et ses divers tours m'a monstrez, Biens et maulx ensemble accoustrez, Non pas petis, mais tous oultrez
Car d'eulx vous prenez la matiere, Et des cieulx la forme premiere Pour quanque soit que labeuriez, Ou à vos labeurs accoustriez
dans l'Alch. à Nat. 42
Quelque deux mille lances.... qui n'estoient point si bien acoustrez que ceulx de dedans Paris pour la longue paix qu'ils avoient eue
de Philippe de COMMINES dans I, 8
Les mieulx parés et acoustrez qui pourroient estre
de Philippe de COMMINES dans II, 4
Luy fist faire quatre grosses nefz qu'il luy fist acoustrer au port de la Vere [Hollande]
de Philippe de COMMINES dans III, 6
3
XVIe s.Ils leur permettoient d'accoustrer leurs cheveux et embellir leurs armes et leurs habillemens
de Jacques AMYOT dans Lyc. 46
Pisistratus donna à entendre que ce avoient esté ses ennemis, qui l'avoient ainsi mal accoustré [blessé]
de Jacques AMYOT dans Sol. 63
Il fit aussi accoustrer et fortifier le fort de Piraee
de Jacques AMYOT dans Thém. 38
Toutes sortes de viandes exquisement accoustrées
de Jacques AMYOT dans Lucull. 80
Ses gens lui avoient fait accoustrer à disner
de Vincent CARLOIX dans III, 12
ÉTYMOLOGIE
1
Berry, accoustrer (l's se prononce) ; bourguig. écoutrai ; provenç. acotrar. Mot d'origine obscure. Sylvius le tire de adconsternere ; Caseneuve, de cultellatus qui, dans le moyen âge, a signifié plissé, vestis cultellata, habillement plissé, et, de là, habillement en général ; mais rien n'indique que ce mot ait passé dans la langue vulgaire. D'autres le tirent de cotte, jupe, ancien allemand chozza. Génin le tire de coustre, cuistre, custos : Accoutrer, dit-il, c'est arranger, mettre en ordre, comme faisoit le coustre des ornements de l'église. On peut penser, à cause du sens et de l'orthographe, à coudre, cousu, cousture ; et Diez a donné cette étymologie. Il y a pourtant une objection : c'est le provençal acotrar, qui, dans cette hypothèse, devrait être acostrar. Il faut remarquer que les exemples cités par Raynouard appartiennent seulement à la Chronique des Albigeois, écrit qui est du XIIIe siècle ; on pourrait supposer qu'il est venu du français dans le provençal : mais cela n'est qu'une conjecture, et l'étymologie de accoutrer reste incertaine.