Définition de SOUFFRIR

DÉFINITIONS - PROVERBES - REMARQUE - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE - SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE -

Prononciation : sou-frir

DÉFINITIONS

1
Le sens étymologique et propre est supporter ; il se divise en deux acceptions : résister à quelque chose de fâcheux, de pénible ; endurer.
Résister à. Il ne saurait souffrir le soleil, le serein. C'est une place qui ne peut souffrir un siége. Cet homme ne peut souffrir la mer.
Je ne comprends pas comme M. de Grignan peut aller dans un pays [les montagnes du Dauphiné] dont les ours ne peuvent souffrir la demeure
Accoutumés à demeurer dans des maisons commodes, à vivre dans l'abondance et dans l'oisiveté, ils ne pouvaient plus souffrir la faim, la soif, les longues marches, les veilles, ni les autres travaux de la guerre
Souffrir un assaut, soutenir un assaut.
Sémantique : Terme de manége. Souffrir l'éperon, se dit d'un cheval qui n'est pas sensible à l'éperon.
Souffrir l'étalon, se dit de la jument quand elle est bien en chaleur.
Endurer. Souffrir la prison avec fermeté. Souffrir patiemment la mauvaise fortune.
Et j'aurais cette injure impunément soufferte !
Non, je ne puis souffrir cette lâche méthode Qu'affectent la plupart de vos gens à la mode
Moi qui ne puis pas souffrir la vue ni l'imagination d'un précipice
Représentez-vous un homme né dans les richesses et qui les a dissipées ; il ne peut souffrir sa pauvreté
L'imagination ne peut souffrir les vérités abstraites et extraordinaires : elle les regarde, ou comme des spectres qui lui font peur, ou comme des fantômes dont elle se moque
[Elle] .... souffre des affronts que ne souffrirait pas L'hôtesse d'une auberge à dix sous par repas
Ah ! je ne puis, Albine, en souffrir la pensée
Amilcar, surnommé Barca, souffrait avec peine le dernier traité que le malheur des temps avait forcé les Carthaginois d'accepter
Ceux qui souffraient la servitude, et ceux qui, par leurs intérêts particuliers, cherchaient à la faire souffrir
Ne pouvoir souffrir une personne, une chose, avoir de l'aversion pour cette personne, cette chose.
M. de Lamoignon ne pouvait souffrir ces hommes chargés des affaires du public et des particuliers, qui se regardent comme invisibles
Je sens qu'il m'ennuie à mourir ; Je l'estime beaucoup et ne puis le souffrir
Il a commencé par établir que je ne pouvais pas le souffrir
Il m'est impossible d'aimer Héraclius [de Corneille], je vous l'avoue ; je crois vous avoir cité Mme du Châtelet, qui ne pouvait souffrir cette pièce, dans laquelle il n'y a pas un sentiment qui soit vrai
Je ne puis souffrir que cela se fasse, il m'est désagréable que cela se fasse.
Chavigni, qui était rentré dans le cabinet, son unique élément, et qui y était rentré par le moyen de M. le Prince, ne pouvait souffrir qu'il l'abandonnât ; et il pouvait encore moins souffrir qu'il se tînt en bonne intelligence avec Mazarin qui était l'objet de son horreur
Mais je ne puis souffrir qu'un esprit de travers.... Se donne en te louant une gêne inutile
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Disc. au roi.
2
Ne pas se détériorer, en parlant des choses.
Le poisson non salé ne pouvait souffrir le transport au delà de trente à quarante heures
de MERC. dans Tabl. de Par. 34
3
Tolérer, ne pas empêcher.
Ce n'est pas qu'un emploi ne doive être souffert
On pourrait aucunement Souffrir ce défaut aux hommes
de Jean de LA FONTAINE dans ib. IX, 1
Je souffre bien que tu le sois [Sosie], Souffre aussi que je le puisse être
Mme la Dauphine ne souffrait pas qu'on touchât aux oints du Seigneur
Jusqu'à quand souffre-t-on que ce peuple respire ?
On n'y souffre ni meubles précieux, ni habits magnifiques, ni festins délicieux, ni palais dorés
V Charles II n'avait bien voulu souffrir qu'on le fît catholique sur la fin de sa vie, que par complaisance pour ses maîtresses et pour son frère
On vient d'imprimer dans un journal l'article Femme, qu'on tourne horriblement en ridicule ; je ne peux pas croire que vous ayez souffert un tel article dans un ouvrage sérieux [l'Encyclopédie]
Il faut souffrir ce qu'on ne peut empêcher
Souffrir quelqu'un, le tolérer, le laisser faire ceci ou cela.
Bien plus, on ne vous souffre ici que ce seul jour
L'ordre de l'empereur n'admet ici personne, Et ma commission n'y souffre que vous deux
Et l'Académie, entre nous, Souffrant chez soi de grands fous....
Aux bords que j'habitais je n'ai pu vous souffrir
Vos sentiments sont avoués de votre père, et vous pouvez souffrir à vos genoux un homme que vous allez épouser
Souffrir se dit pour laisser, avec un nom de personne pour régime direct et un verbe à l'infinitif.
En Europe, où les rois sont d'une humeur civile, Je ne leur rase point de château ni de ville ; Je les souffre régner
de Pierre CORNEILLE dans l'Illus. com. II, 2
Il y avait des diacres continuellement appliqués à prendre garde que chacun fût attentif, et à ne souffrir personne sommeiller, rire, parler à l'oreille, ou faire quelque signe à un autre
de FLEURY dans Moeurs des chrétiens, XL.
4
Permettre.
Souffrez que votre fille embrasse vos genoux
Je ne vous puis souffrir de dire une sottise
Jusques.... à lui souffrir, en cervelle troublée, De courir tous les bals et les lieux d'assemblée
Le père Lemoine a apporté une modération à cette permission générale [donnée aux femmes par les casuistes de se parer] ; car il ne le veut point du tout souffrir aux vieilles
Vous êtes obligés de leur souffrir [à vos domestiques] ce que vous ne voulez pas vous interdire ; il faut fermer les yeux à des désordres que vous autorisez par vos moeurs
S'il en est ainsi, rendez-moi ma montre ; je ne souffrirai pas.... - Copp : Ah ! vous ne souffrirez pas.... vous le prenez avec moi sur un singulier ton
de A. DUVAL dans Jeun. de Henri V, II, 10
5
Recevoir quelque dommage. L'escadre a souffert un vrai désastre.
Souffrir une rude, une furieuse tempête, être agité d'une rude, d'une furieuse tempête.
Souffrir un coup de vent, être battu d'un coup de vent
6
Éprouver une peine physique ou morale de quelque chose. Souffrir la douleur, souffrir le martyre, souffrir une perte, un dommage.
Les qualités excessives nous sont ennemies, et non pas sensibles ; nous ne les sentons plus, nous les souffrons
Coulanges a la goutte comme un petit débauché ; il crie.... il voit du monde.... il ne souffre pas même ses douleurs sérieusement
Combien dans cet exil ai-je souffert d'alarmes !
Il ajouta qu'il les avait menés à Samos pour y souffrir l'exil qu'ils avaient fait souffrir à Philoclès
Dans ce dernier adieu ne va pas m'attendrir ; Et sache voir du moins ce que je sais souffrir
de P. LEBRUN dans Marie St. V, 5
Sémantique : Par exagération. Souffrir mort et passion, éprouver des douleurs cruelles ; et aussi être vivement impatienté. Sa lenteur me fait souffrir mort et passion.
On dit de même : souffrir le martyre.
7
Admettre, recevoir, être susceptible, en parlant des choses.
Pour un coeur généreux ce trépas a des charmes, La gloire qui le suit ne souffre point de larmes
Une pièce d'éloquence remplie des plus belles et des plus nobles expressions que la langue puisse souffrir
de Pierre CORNEILLE dans Lett. à l'abbé de Pure, 12 mars 1659
Supposé, comme il est vrai, que les exercices de la piété souffrent des intervalles
Les termes sont si clairs qu'ils ne souffrent aucune interprétation
Si l'origine qui nous est commune souffrait quelque distinction solide et durable entre ceux que Dieu a formés de la même terre, qu'y aurait-il dans l'univers de plus distingué que Madame ?
Puisqu'il est essentiel à Dieu d'être simple et indivisible, sa substance ne souffre point de partage
Ne dites pas à ce zélé magistrat qu'il travaille plus que son grand âge ne le peut souffrir
Il persista dans sa retraite, tant que l'état des affaires le put souffrir
Quelle liberté s'est-elle donnée qui pût, je ne dis pas mériter une censure, mais souffrir une mauvaise interprétation ?
Si les historiens de l'antiquité sont en général supérieurs aux nôtres, cette vérité souffre toutefois de grandes exceptions
8
Nature : V. n. Supporter, soutenir la douleur physique ou morale.
Néarque : Il suffit, sans chercher, d'attendre et de souffrir. - Polyeucte : On souffre avec regret quand on n'ose s'offrir
Le trépas vient tout guérir ; Mais ne bougeons d'où nous sommes : Plutôt souffrir que mourir, C'est la devise des hommes
Il faut souffrir pour la charité, souffrir pour la vérité, souffrir pour la paix, souffrir pour l'obéissance
de Louis BOURDALOUE dans Myst. Ascens. t. I, p. 422
Après s'être acquittée de tous les devoirs à la cour, Mme de Montausier a souffert comme on souffre dans les cloîtres, sans murmurer et sans se plaindre
Quiconque ne sait pas souffrir n'a point un grand coeur
Souffre, meurs ou guéris ; mais surtout vis jusqu'à ta dernière heure
Souffre un moment encor ; tout n'est que changement ; L'axe tourne, mon coeur ; souffre encore un moment
9
Laisser prendre licence.
Celui qui souffre beaucoup s'apprête à beaucoup souffrir
de LETOURNEUR dans Trad. de C. Harlowe, Lett. 120
10
Sentir de la douleur, de la peine physique ou morale. Souffrir de la tête, de la poitrine.
Ils [les chrétiens] souffrent sans murmure et meurent avec joie
Quoique les maux [d'amour] se succèdent ainsi les uns aux autres, on ne laisse pas de souhaiter la présence de sa maîtresse par l'espérance de moins souffrir ; cependant, quand on la voit, on croit souffrir plus qu'auparavant
de Blaise PASCAL dans Pass. de l'am.
Si le prince se plaignait, c'était seulement d'avoir si peu à souffrir pour ses péchés
La rude loi de souffrir
Il [l'homme] ne se sent pas naître, il souffre à mourir, et il oublie de vivre
de Jean de LA BRUYÈRE dans XI
Ceux qui n'ont pas souffert ne savent rien, ils ne connaissent ni les biens ni les maux ; ils ignorent les hommes ; ils s'ignorent eux-mêmes
Un de ces coeurs tendres et miséricordieux, qui souffrent de toute leur prospérité à la vue des infortunes d'autrui
Quand on a souffert, ou qu'on craint de souffrir, on plaint ceux qui souffrent ; mais, tandis qu'on souffre, on ne plaint que soi
Ah ! que nous avons à souffrir de la nature, de la fortune, des méchants et des sots !
Est-ce la peine de vivre quand on souffre ? oui, car on espère toujours qu'on ne souffrira pas demain ; du moins c'est ainsi que j'en use depuis plus de soixante ans
Quoique, par souffrir, on entende proprement éprouver une sensation désagréable, il est certain que la privation d'une sensation agréable est une souffrance plus ou moins grande
de Etienne Bonnot de CONDILLAC dans Log. I, 8
Il remarqua l'attitude de Napoléon, celle qu'il conserva pendant toute cette retraite : elle était grave, silencieuse et résignée ; souffrant moins du corps que les autres, mais bien plus d'esprit, et acceptant son malheur
Il [Dieu] fit l'eau pour couler, l'aquilon pour courir, Les soleils pour brûler, et l'homme pour souffrir
Ô Muse que m'importe ou la mort ou la vie ? J'aime, et je veux pâlir ; j'aime, et je veux souffrir
de Alfred DE MUSSET dans la Nuit d'août.
On dit dans un sens analogue : Sa modestie souffre quand on le loue
Il a cessé de souffrir, se dit quelquefois pour : il est mort.
11
Éprouver du dommage matériel ou moral. Les enfants souffrent des divisions des parents. Souffrir dans son commerce, dans sa réputation. L'armée a beaucoup souffert dans cette expédition.
Si la malignité de l'esprit d'indépendance s'est déclarée sans réserve en Angleterre, les rois en ont souffert, mais aussi les rois en ont été la cause
Cet autre .... augmente d'année à autre de réputation : les plus grands politiques souffrent de lui être comparés
Nature : Absolument.
Ciel ! faut-il que le rang dont on veut tout couvrir, De cent sots tous les jours nous oblige à souffrir !
12
Il se dit des choses qui éprouvent un dommage, une diminution. Les vignes ont souffert de la gelée. Le pays souffrit beaucoup des ravages de la guerre.
S'il est vrai, comme je le crois, que vos affaires n'en souffriront pas
Je prie Dieu que sa santé n'en souffre pas
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Lett. abb. 25
La justice, la police, tout souffre de ce désordre
Son ardeur pour s'instruire et son application à son métier, qui ne souffre point de ses autres études
de Jean Le Rond D'ALEMBERT dans Lett. au roi de Pr. 20 nov. 1772
13
Se souffrir, Nature : v. réfl. Avoir l'un pour l'autre de la tolérance. Ces deux hommes se souffrent réciproquement.
M. de Lauraguais est de retour de Genève ; il a passé huit jours auprès de Voltaire : nous avons bien fait, dit-il, de nous séparer ; deux grands poëtes ne peuvent se souffrir plus longtemps
Ces deux hommes ne peuvent se souffrir, ils ont de la haine l'un pour l'autre.
14
Être supporté.
Ces dissonances qui se souffrent dans le rapport de plusieurs voix ou instruments
de René DESCARTES dans Musique, diversité des sons
Si ceux-ci [les fornicateurs] se souffrent pour ne point troubler la tranquillité publique
dans Hist. du conc. de Trente, trad. de LE COURAYER, t. I, p. 116
Au grand scandale de la religion tout cela se souffre
de MERC. dans Tabl. de Par. 90
15
Se tolérer soi-même.
L'âme se résout en même temps de combattre sans cesse ses imperfections, et de se souffrir néanmoins soi-même sans s'abandonner jamais au découragement
de NICOLE dans Ess. de mor. 2e traité, ch. 5
16
Nature : S. m. Le souffrir, l'état de souffrir.
Dans l'humilité du christianisme le souffrir est plus estimé que le faire

PROVERBES

1
Souffre quand tu seras enclumeau, et frappe quand tu seras marteau.
2
Le papier souffre tout, on écrit sur le papier tout ce qu'on veut, vrai ou faux, bon ou mauvais.
Après avoir bien rêvé sur son obstination [d'une demoiselle de la cour de Charles II], il [le frère du roi] crut que l'écriture pourrait faire ce que n'avaient pu les regards, les discours, ni les ambassades ; le papier souffre tout ; mais, par malheur, elle ne souffrait point le papier

REMARQUE

1
1. Souffrir dans le sens d'éprouver une douleur physique, suivi d'un infinitif, veut la préposition à : Je souffre à marcher ; et la préposition de, quand il s'agit d'une douleur morale : Je souffre de vous voir dans cette situation.
2
2. Souffrir, permettre, avec que, veut le subjonctif : Souffrez que cela se fasse.
3
3. Souffrir, permettre, au lieu de que et le subjonctif, peut prendre de avec l'infinitif, et, s'il y a un complément, ce complément est précédé de à : On ne souffrit pas à Luther de dire que ....

HISTORIQUE

1
XIe s.
Ço est merveille que Deus le soefret tant [Roland]
dans Ch. de Rol. CXXXII
Ceste bataille est mult fort à sufrir
dans ib. CCL
2
XIIe s.
J'aim melz [j'aime mieux] ensi soufrir et endurer Ces très douz maus....
dans Couci, X
J'alasse à Dieu graces et merciz rendre De ce que ainz soufrites à nul jor, Que je fusse baanz à vostre amor
dans ib. XXIV
Amours m'a par raison monstré, Que fins amis soffre et atent
dans Dame de Faiel, dans Couci
Fait icil de Wincestre : sire evesque, suffreiz ; Laissiez ester sa cruiz
dans Th. le mart. 39
Au Mans avons sofert dolereuse quinzaine
dans Sax. XX
Et faites tant que il soient armés De biaus chevaus courans et abrivés ; Vous estes riches, bien soffrir le pouvés
dans Garin, t. I, p. 6
3
XIIIe s.
Qui suefre et a soufert grant travail et grant peine
dans Berte, XXXIV
Ne soufrez qu'enemy ait sus moi poesté
dans ib. XLV
Pour l'amour de nostre Segneur Jesu Crist, qui por nostre redemption y vout soufrir mort et passion
de Philippe de BEAUMANOIR dans XXV, 24
Et li communs ne se pot souffrir que li ouvrages ne soit fet
de Philippe de BEAUMANOIR dans XXX, 62
Et puisque ele a pris l'un des cois [choix], ele ne pot pas recouvrer à l'autre, ains convient qu'ele en suefre son preu ou son damace
de Philippe de BEAUMANOIR dans XIII, 9
Et lors se soufrirent [se turent] les prelaz, ne onques puis n'en oy parler
Je li dis : sire, vous devez moult soufrir à Poince l'escuier ; car il a servi vostre aieul et vostre pere et vous
Sire de Joinville, je vous aime moult ; mès soiés certein que, se vous ne vous voulez soufrir [vous désister] de ceste demande, je ne vous aimeré jamez
Renart respond : or vous soufrez, Tant que li moine aient mangié
dans Ren. v. 982
4
XIVe s.
Et li proverbes qui recorde : Qui sueffre, il vaint bien, s'i acorde
de MACHAUT dans p. 84
Se ce ne sont prelas, barons ou autres honorables personnes qui, pour leur estat maintenir, ne se peuvent souffrir [passer] de vaissellemens
dans Ordonn. juin 1313
En moult souffrant, t'avendront assez de choses que souffrir ne pourras
dans Ménagier, I, 9
Laquelle femme dist à icellui Sagardeau, qu'il se souffrist de dire lesdites paroles de ladite femme, mesmement en la presence de son mary
5
XVe s.
Et se voulut agenouiller [Isabelle] de la grant joie qu'elle avoit ; mais le gentil sire de Beaumont ne l'eut jamais souffert
Souffrez-vous [taisez-vous]
de ID. dans I, I, 321
Les aucuns disent.... qu'ils souffrirent par plusieurs fois laisser passer parmi leur ost vivres [pour ceux qu'ils assiégeaient]
Dieu le souffrit cheoir en ceste gloire [vanité, présomption]
de Philippe de COMMINES dans I, 12
6
XVIe s.
La parenté n'est soufferte aux mariages....
de Michel de MONTAIGNE dans I, 113
Les enfans de sept ans souffroient à estre fouettez jusques....
de Michel de MONTAIGNE dans I, 115
Je ne puis souffrir d'aller desboutonné
de Michel de MONTAIGNE dans I, 260
La fortune souffrit pour lors AEilius jouir entierement du plaisir de sa victoire
de Jacques AMYOT dans P. Aem. 37
Si fut chose pitoyable que ce qu'il convint alors faire et souffrir à Perseus
de Jacques AMYOT dans ib. 42
Qui plus vit, plus a à souffrir
de Randle COTGRAVE dans
Si truye forfait, les pourceaux le souffrent
de Randle COTGRAVE dans

ÉTYMOLOGIE

1
Berry, soffrir ; wallon, sofri ; bourguig. sôfri ; provenç. suffrir, soffrir ; espagn. sufrir ; portug. sofrer ; ital soffrire ; du lat. sufferre (comme offrir de offerre), de sub, sous, et ferre, porter.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

1
4. On peut voir, au n° 3, Je les souffre régner de Corneille ; cet exemple et quelques autres témoignent qu'au sens de laisser, souffrir, ayant pour sujet un nom de personne, se construit avec un infinitif sans interposition de préposition. Cet exemple-ci de Molière montre qu'en ce sens et avec cette construction, souffrir peut avoir pour sujet un nom de chose : Il ne faut pas que ce coeur m'échappe ; et j'y ai déjà jeté des dispositions à ne pas me souffrir longtemps pousser des soupirs, Don Juan, II, 2.

Synonymes de SOUFFRIR

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