Définition de ABANDON

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : a-ban-don

DÉFINITIONS

1
Remise entre les mains de.... L'abandon à la Providence.
Il faut tout trancher par l'abandon envers Dieu
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Lett. Corn. I
[Elle] lui gagnerait le coeur d'un prince libéral, Et de tous ses trésors l'abandon général
de Pierre CORNEILLE dans Méd. II, 2
2
Sémantique : Terme de droit. Cession, acte par lequel un débiteur délaisse ses biens à ses créanciers. Il a fait à ses créanciers l'abandon de ses terres.
3
Facilité dans le discours, simplicité, négligence heureuse. Parler avec abandon. Cette femme a dans ses manières un abandon séduisant. Gracieux abandon. Doux abandon. On trouve dans l'exécution de ce tableau un heureux abandon.
Rock en son lyrique abandon Dit qu'il dévore la couronne Dont Phébus lui promit le don. Apparemment Phébus lui donne Une couronne de chardon
de MILLEV. dans Épigr.
4
Confiance entière. Il m'a parlé avec abandon, avec un entier abandon.
Dans l'abandon de sa vive amitié, Hier à son rival Montfort s'est confié
de Casimir DELAVIGNE dans V, Sic. I, 2
Et dans ce trouble heureux dont j'aimais l'abandon
de Casimir DELAVIGNE dans Paria, I, 2
5
Action d'abandonner. L'abandon des intérêts communs.
Or ce péché ne peut être mieux puni que par l'abandon de Dieu
de Louis BOURDALOUE dans Carême, t. I, p. 212
Et de ses intérêts un si grand abandon
de Pierre CORNEILLE dans Sert. IV, 2
Ce sont là de ces exemples rares et terribles de la justice de Dieu sur les hommes ; et s'il y en a eu sur la terre, ils prouvent seulement jusqu'où peut aller quelquefois son abandon et la puissance de sa colère
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Car. évid. de la loi.
Il y aurait un lâche abandon de moi-même à souffrir qu'on me déshonore
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans dans Laveaux.
6
État d'une personne ou d'une chose abandonnée. Ce vieillard est dans l'abandon.
L'homme sent alors son néant, son abandon
de Blaise PASCAL dans édit. Cousin.
Mes mains désespérées Dans ce grand abandon seront plus assurées
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Oed. IV, 4
Abandon a le sens actif et le sens passif. L'abandon des amis peut également signifier ou qu'on abandonne ses amis ou qu'ils nous abandonnent. L'abandon du sénat, l'abandon où le sénat est laissé, et l'abandon où il laisse. Il faut donc, toutes les fois qu'on se servira de cette construction, prendre garde à l'amphibologie et, s'il reste du doute sur le sens, changer la tournure.
7
À L'ABANDON, Nature : loc. adv. Sans soins, sans réserve. Camp à l'abandon. Son enfant fut à l'abandon. Il laissa ses terres à l'abandon. On le logea et on lui mit toute la maison à l'abandon.
Tout l'occident est à l'abandon
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Hist. III, 7
Comme un pays laissé à l'abandon
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Polit.
Vous laisserez à l'abandon votre santé et votre vie
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Dév. 2
Tu laisses aller tes affaires à l'abandon
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Mal. imag. 1er interm.
L'épargne de mon père entièrement ouverte, Lui met à l'abandon tous les trésors du roi
de Pierre CORNEILLE dans Méd. II, 4
Mais je m'étonne fort de voir à l'abandon Du prince Héraclius les droits avec le nom
de Pierre CORNEILLE dans Hér. II, 8
A l'une ou l'autre enfin votre âme à l'abandon Ne lui pourra jamais refuser ce pardon
de Pierre CORNEILLE dans Perth. IV, 1
Après avoir.... mis à l'abandon ton pays désolé
de Abbé Mathurin RÉGNIER dans Ép. I
L'oeil farouche et troublé, l'esprit à l'abandon
de Abbé Mathurin RÉGNIER dans Sat. II
8
Sémantique : Terme de bourse. Acte par lequel l'acheteur renonce à un marché conclu en consentant à payer la prime.

HISTORIQUE

1
XIIIe s.
Va, si li di qu'il vigne [vienne] à mei ; M'amor li metrai à bandun
de MARIE DE FR. dans I, 488
Mais tost s'en parte à habandon
dans Fabl. et Cont. anc. I, 70
Amis, ques [quel] hom es-tu ? Di moi com tu as nom, Qui le sepulcre Dieu baises si à bandon ?
dans Ch. d'Ant. I, 184
Et li bourgeois le rechurent [reçurent] volentiers et lui mirent à abandon cor et avoir et ville
dans Chr. de Reims, 230
Nuls hom ne peut penre [prendre] de son plege [gage] par abandon, sans soi plaindre à justice
de Philippe de BEAUMANOIR dans XLIII, 13
2
XVe s.
Et mettrons tout le royaume à vostre abandon
de Jean FROISSART dans I, I, 14
Vous perdez le temps ; car, sur l'abandon de nos testes, les Escots s'en sont allés très devant mie nuit
de Jean FROISSART dans I, I, 44
3
XVIe s.
De tout autre butin il y avoit une quantité si grande que ou l'on n'en faisoit compte, ou on le consommoit en tout abandon
de Jacques AMYOT dans Lucul. 25
Comme le vent souffle à son abandon Le duvet blanc du vieux chenu chardon...
de Jacques AMYOT dans Morales, t. IV, p. 444

ÉTYMOLOGIE

1
Provenç. abandon ; espagn. abandono ; ital. abandono. Par les exemples historiques on voit que abandon est un mot composé de à et bandon. Bandon, en vieux français et en provençal, signifie permission, autorisation, décret ; il répond à un mot bas-latin bando, bandonis, de même signification que bandum, band en danois, bannen en allemand, ordre, prescription ; et en définitive c'est simplement une autre forme de notre mot ban (voy. ce mot). Dès lors on voit la série des significations : mettre à bandon, c'est mettre à permission, à autorité ; c'est donc remettre, céder, confier, laisser aller et finalement délaisser.

Synonymes de ABANDON

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