Définition de TERNIR

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : tèr-nir

DÉFINITIONS

1
Ôter ou diminuer l'éclat d'une chose.
Le centième décembre a les plaines ternies, Et le centième avril les a peintes de fleurs....
de François de MALHERBE dans II, 12
Ils entrèrent dans Rome.... par un temps gris qui ternit et confond tous les objets
Je vous revois, et le temps trop rapide Ternit ces yeux où riaient les amours
de Pierre Jean de BÉRANGER dans Déesse.
Le soir retient ici son haleine expirante, De crainte de ternir la glace transparente Où se mire le firmament
L'Archipel tout à coup frappé d'ombre, Comme un vaste miroir qu'un souffle aurait terni
de P. LEBRUN dans Voy. de Grèce, III, 2
Sémantique : Fig.
Un seul doute, un seul mot la blesse [la foi] ; un souffle, pour ainsi dire, la ternit
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Carême, Vérité de la relig.
2
Sémantique : Par extension, éclipser, obscurcir.
À peine tu parais les armes à la main, Que tu ternis les noms du Grec et du Romain
de Pierre CORNEILLE dans Remerc. au Roi.
Et comme ami je le prie et conjure, S'il veut ternir un ouvrage immortel, Qu'il fasse mieux
de Pierre CORNEILLE dans Rondeau.
Si la gloire de César a terni celle de presque tous les grands capitaines de la république
de HELVÉTIUS dans De l'esprit, discours IV, 1
3
Sémantique : Fig. Diminuer, ôter l'éclat des choses morales ou intellectuelles.
Jamais personne n'a été mieux persuadé que lui, que l'avarice, la sécheresse et l'orgueil ternissent les plus belles qualités des grands hommes
On voudrait, à quelque prix que ce fût, ternir la beauté de son action [la retraite du cardinal de Retz]
La fin de son règne [de Clovis] ternit la gloire des commencements
De peur que la contagion du siècle ne ternît, en quelque façon, la pureté de son innocence
de Esprit FLÉCHIER dans Panégyr. Franç. de Paule.
L'hymen de Soliman ternit-il sa mémoire ?
Sa mère Pénélope l'avait nourri malgré Mentor dans une hauteur et dans une fierté qui ternissaient tout ce qu'il y avait de plus aimable en lui
[Louis XIV] n'ayant point encore éprouvé les malheurs qui ternirent les dernières années de son règne
de Jean Le Rond D'ALEMBERT dans Apolog. de Clerm. Tonn.
L'ignorance a terni tes lumières sublimes [de l'Évangile]
4
Se ternir, Nature : v. réfl. Devenir terne.
On approche un miroir ou une lumière de la bouche du malade : si le miroir se ternit, ou si la lumière vacille, on conclut qu'il respire encore
Sémantique : Fig.
C'est d'ordinaire ainsi que ses pareils agissent ; à suivre leur devoir leurs hauts faits se ternissent
Que tout l'État périsse, Avant que jusque-là ma vertu se ternisse

HISTORIQUE

1
XVe s.
Toute la couleur luy ternit
dans l'Amant ressuscité, p. 540, dans LACURNE
J'ay deuil que vieulx villains tarnys Soient d'or et d'argent si garnis ; Et mignons en ont tant besoin !
de François de Montcorbier, dit VILLON dans Baillev. et Malep.
2
XVIe s.
Il n'y a que cette seule tache en tous ses haults faits d'armes, qui ternisse un peu son honneur
de Jacques AMYOT dans Alex. 100
Pourquoy est-ce que tu as les yeux si agus à voir le mal d'autruy, et si ternis à voir le tien propre ?
Comme à ceste fleur, la vieillesse Fera ternir vostre beauté
de Pierre de RONSARD dans 384
Cet aspect lui fit paslir la conscience et ternir le teint
Je ne sçais ny plaire, ny resjouir, ny chatouiller ; le meilleur conte du monde se seiche entre mes mains et se ternit
de Michel de MONTAIGNE dans III, 37

ÉTYMOLOGIE

1
D'après Diez, de l'anc. haut-all. tarni, caché, tarnjan, cacher, obscurcir. L'anglais to tarnish vient du français.

Synonymes de TERNIR

Termes proches de TERNIR