Définition de HORREUR

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : o-rreur

DÉFINITIONS

1
La sensation physique qui fait que la peau devient chair de poule et que les cheveux se hérissent.
La peau, se retirant sur elle-même, fera dresser les cheveux, dont elle enferme la racine, et causera ce mouvement qu'on appelle horreur
D'une subite horreur leurs cheveux se hérissent
2
Se dit des choses qui causent un sentiment d'effroi mêlé d'admiration, de respect, etc.
Après cela, docteur, va pâlir sur la Bible.... Perce la sainte horreur de ce livre divin
Et, dans la sacristie entrant, non sans terreur, En percent jusqu'au fond la ténébreuse horreur
Le ciel brille d'éclairs, s'entr'ouvre, et parmi nous Jette une sainte horreur qui nous rassure tous
Il est saisi d'une horreur divine
Saisie d'une horreur de religion à la seule présence du sanctuaire
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Av. Disp.
Mais, quand il m'accablait de cette sainte horreur, La persuasion n'a point rempli mon coeur
Tout en fait sentir la religieuse horreur [de l'église gothique]
[Byron] La nuit est ton séjour, l'horreur est ton domaine
3
Mouvement accompagné de frémissement et causé par quelque chose d'affreux. Ce spectacle nous glaça d'horreur.
Et délivre mes yeux de l'horreur de te voir
Mais par la sainte horreur que vous fait l'infamie
Malgré la juste horreur que son crime me donne
Quel jour mêlé d'horreur vient effrayer mon âme !
Le ciel avec horreur voit ce monstre sauvage
Dans l'infidèle sang baignez-vous sans horreur
Sais-tu l'excès d'horreur où je me vois livrée ?
La pitié, non l'horreur, doit régner sur la scène
On sut par lui [un général blessé et abandonné] ce crime : un frémissement d'horreur se propagea dans la colonne, il parvint jusqu'à l'empereur
Sentiments d'horreur.
Que d'horreurs vous me jetez dans l'âme !
Faire horreur, exciter le sentiment de l'horreur.
Trouvez-vous doux les noms de perfide et de traître ? - Je sais qu'aux généreux ils doivent faire horreur
Cette âme qui s'est tant aimée et tant cherchée, ne se peut plus supporter aussitôt qu'elle est seule avec elle-même ; sa solitude lui fait horreur
Dont les proscriptions font horreur en les lisant
Vices qui font horreur à la nature
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans ib. II, 12
Elle a craint qu'Hippolyte, instruit de ma fureur, Ne découvrît un feu qui lui faisait horreur
Va, je la désavoue, et tu me fais horreur
Les rameurs chantaient à l'honneur de Vénus et de Cupidon des vers qui devaient faire horreur à ceux qui aiment la vertu
Le vice grossier fait horreur
Familièrement et par exagération. Cela fait horreur, est à faire horreur, se dit d'une chose extrêmement laide, ou faite sans goût, sans habileté.
Vous êtes aujourd'hui coiffée à faire horreur
Sémantique : Familièrement. C'est une horreur, c'est une personne, une chose affreuse.
Fi ! l'horreur ! se dit pour marquer la répugnance.
Ah ! l'horreur, se dit dans le même sens.
L'une d'elles, qui le connaissait un peu, dit en le regardant de côté [Memnon devenu borgne] : Ah ! l'horreur !
4
Haine, aversion, dégoût, exécration.
L'injuste horreur qu'elle [Rome] eut toujours des rois
Que la vertu du fils.... Vainque la juste horreur que vous avez du père
Vous avez aimé cette erreur Pour qui vous ne deviez avoir que de l'horreur
Elle [l'Église] a pour le meurtre une horreur toute particulière
Sait-il toute l'horreur que ce Juif vous inspire ?
Burrhus pour le mensonge eut toujours trop d'horreur
Vous trouverez partout l'horreur du nom romain
Il te manquait encor ces perfides amours Pour être le supplice et l'horreur de mes jours
J'ai pris la vie en haine et ma flamme en horreur
Quelle innocence ! quelle vertu ! quelle horreur du vice !
Il [l'éléphant] a une horreur si grande pour le cochon, que le seul cri de cet animal l'émeut et le fait fuir
Presque toutes les femmes ont une horreur invincible pour les araignées, les crapauds, les couleuvres
de Stéphanie Félicité Ducrest de St-Albin, comtesse de GENLIS dans Adèle et Théod. t. I, p. 140, dans POUGENS
Avoir horreur de, éprouver une aversion mêlée de dégoût.
Celles de ma naissance ont horreur des bassesses
Les infamies qu'il [le nouveau quiétisme] a héritées de la secte des béguards.... je pourrais dire d'abord qu'on a horreur de traiter de telles matières
On frémirait en le prononçant, et l'on aurait horreur de soi-même
de Louis BOURDALOUE dans 9e dim. après la Pentec. Dom.
Le roi eut horreur de tout ce qu'il entendait
Être en horreur à quelqu'un, lui inspirer une haine mêlée d'horreur.
David m'est en horreur
Baal est en horreur dans la sainte cité
de Jean RACINE dans ib. V, 6
Il nous croit en horreur à toute la nature
Ma mémoire est en horreur
Objet d'horreur.
Il ne peut endurer que l'horreur de la Grèce Pour prix de ses forfaits épouse la princesse
Il devint l'horreur du genre humain
5
Horreur du vide, antipathie par laquelle on supposait que la nature tendait toujours à combler les vides à mesure qu'ils se formaient.
Que la pesanteur de la masse de l'air produit tous les effets qu'on a jusques ici attribués à l'horreur du vide
de Blaise PASCAL dans Pes. de l'air, II
C'est d'un semblable raisonnement que l'horreur de la nature pour le vide et cent autres chimères prirent naissance
de MAIRAN dans Élog. abbé de Molières
6
Ce que certaines choses ont d'effrayant, de sinistre. L'horreur d'un cachot. L'horreur des combats.
Après que j'aurai vu trébucher son orgueil De son char de triomphe en l'horreur du cercueil
L'hiver est ici dans toute son horreur ; je suis dans les jardins ou au coin de mon feu ; on ne peut s'amuser à rien
Ces secondes vies que notre faiblesse nous fait inventer pour couvrir en quelque sorte l'horreur de la mort
Partez ; mais à ces mots les champions pâlissent, De l'horreur du péril leurs courages frémissent
Mais à mes tristes yeux votre mort préparée Dans toute son horreur ne s'était pas montrée
C'était pendant l'horreur d'une profonde nuit : Ma mère Jésabel devant moi s'est montrée, Comme au jour de sa mort pompeusement parée
Et que les mêmes coups Dans l'horreur du tombeau nous réunissent tous
Il n'y a pas trois cents ans que je [Phénix] vis ici la nature sauvage dans toute son horreur
Ainsi de Mahomet vous regrettez les fers, Le tumulte des camps, cette horreur des déserts
Quoi ! j'ai percé l'horreur de cette nuit profonde
L'horreur d'un supplice, la cruauté d'un supplice.
Sémantique : Fig. Il se dit des souffrances morales. Vous ne connaissez pas toute l'horreur de sa situation. Pour comble d'horreur. L'horreur de ma misère.
Une belle horreur, se dit des choses qui font éprouver un sentiment d'effroi mêlé d'admiration. La belle horreur d'un orage.
Bien que les poëtes excellents, qui ont quelquefois le secret de nous faire sentir des chagrins délicieux et des tristesses agréables, aient encore celui de nous faire voir de belles horreurs
de BRÉBEUF dans Pharsale, Avert. sur la 3e partie.
Enfin le jour, un jour sombre parut ; il vint s'ajouter à cette grande horreur [l'incendie de Moscou], la pâlir, lui ôter son éclat
Il se dit au pluriel dans un sens analogue. Les horreurs de la guerre, de la famine. Être en proie aux horreurs de la misère.
Il a dans ces horreurs [les agitations d'une insomnie cruelle] passé toute la nuit
Lucrèce, chez les Romains, avait fait son poëme de la nature ; Virgile, ses Bucoliques ; Cicéron, ses livres de philosophie, dans les horreurs de la guerre civile
Peux-tu mêler l'amour à ces moments d'horreurs ?
Ô frère, ô triste objet d'un amour plein d'horreurs
Tu [France] ne sens point du nord les glaçantes horreurs
de André CHÉNIER dans Hymne à la France.
Les horreurs de la mort, les angoisses de l'agonie.
Sémantique : Par extension.
Le duc de Grammont était lors dans les horreurs de la taille [l'opération par laquelle on extrait la pierre de la vessie]
7
L'énormité d'une action cruelle, infâme.
Quelle horreur d'embrasser un homme dont l'épée De toute ma famille a la trame coupée !
On fait plus, on m'impute un coup si plein d'horreur Pour me faire un passage à vous percer le coeur
Un tel excès d'horreur rend mon âme interdite
La multitude et l'horreur de vos iniquités
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Carême, Fausse conf.
Hélas ! le crime veille et son horreur me suit
Dans quel palais profane a-t-on vu plus d'horreur !
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Olympie, V, 7
Tant d'horreur n'entre point dans une âme si belle
Il se trame ici quelque horreur
Il se dit au pluriel dans le même sens. La vie de ce tyran n'est qu'un tissu d'horreurs.
Il faut que le courroux du ciel l'accable quelque jour.... il me fait voir tant d'horreurs que je souhaiterais qu'il fût déjà je ne sais où
Mon esprit ne se résoudrait jamais à se jeter parmi tant d'horreurs [les excès des révolutionnaires anglais], si la constance admirable avec laquelle cette princesse a soutenu ces calamités ne surpassait de bien loin les crimes qui les ont causées
Et je l'ai vue aussi cette cour peu sincère Des crimes de Néron approuver les horreurs
De toutes les horreurs, va, comble la mesure
Il retrace vivement à notre imagination les horreurs d'une vie entière de crime
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Carême, Lazare.
C'était un débordement de l'armée qui se mit à piller, violer, massacrer, et faire toutes les horreurs que la licence la plus effrénée inspire
On ne connaît que trop les étonnantes horreurs d'Alexandre VI
Les horreurs qui accompagnèrent la conquête de cet État et la tyrannie qui la suivit en firent un désert
Si l'ennemi échappait à ce danger [l'incendie de Moscou], du moins n'aurait-il plus d'asile, plus de ressources ; et l'horreur d'un si grand désastre, dont on saurait bien l'accuser, soulèverait toute la Russie
8
Les choses déshonorantes qu'on attribue à quelqu'un. On m'a dit des horreurs de cet homme-là.
Pour moi qui, quoique très jeune alors, ai vu naître toutes ces horreurs [libelles diffamatoires], je sais très bien que l'envie en fut la seule cause
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Mélang. litt. Mém. sur la satire, la sat. après Despréaux.
Existe-t-il, a-t-il jamais existé un méchant assez artificieux pour donner de la consistance aux horreurs qu'il débite d'autrui par les horreurs qu'il confesse de lui-même ?
Y pensez-vous, monsieur ? quoi ! Florise et Géronte Vous comblent d'amitié, de plaisirs et d'honneurs, Et vous mandez sur eux quatre pages d'horreurs !
Basile : De toutes les choses sérieuses, le mariage étant la plus bouffonne, j'avais pensé.... - Suzanne : Des horreurs
Sémantique : Par extension et plaisanterie.
On m'a dit mille horreurs de cette montagne de Tarare
9
Très familièrement. Injure. Il nous a dit des horreurs.
Propos obscènes. Il s'approcha de cette femme et lui débita mille horreurs.

HISTORIQUE

1
XIIe s.
De poür [de peur] li cuilverz trestremble, Fremist, mue colors sovent..., Quant de l'orror sis cuers [son coeur] s'effreie
de Benoît de Sainte-Maure dans II, 12380
El horror [en l'horreur] de la nocturneil vision, cant li songes suet [a coutume de] parpenre les hommes....
dans Job, p. 481
2
XIVe s.
Et comme je pleins de paour et de horreur o [avec] grant reverence...
de Pierre BERCHEURE dans f° 12
3
XVe s.
Li crestien n'ont pas horreur De mariage, ains à honneur Le tiennent et à chose honneste
dans Mystère de Barl. et Josaph. dans GUI DE CAMBRAI, p. 410
4
XVIe s.
Encores qu'il n'y eust point d'enfers, si a elle [l'âme] horreur de l'offenser [Dieu]
Ainsi combien que de propos deliberé il s'estudiast à mespriser Dieu, si falloit-il que maugré ses dens il l'eust en horreur [en eût peur]
de Jean CALVIN dans ib. 7
Estans prests de commettre toute vilenie et turpitude, sinon que l'horreur de la loy les restreint
de Jean CALVIN dans ib. 263
.... ce qui est fait pour nous engendrer un plus grand horreur de toutes autres especes d'en abuser
de Jean CALVIN dans ib. 289
Ô la belle chose que ce seroit, de ne voir point le païsan s'effrayer des gens de guerre, qui sont aujourd'hui l'horreur des villages !
En cette inconstance que les horreurs de la mort lui apportoient, il lui eschappa que, si le coup estoit à faire, il le feroit encore
L'horreur est moindre que la rigueur : aussi elle n'esbranle que la peau et le cuir
de Ambroise PARÉ dans XX, 20
Sain, j'ay eu les maladies beaucoup plus en horreur que lors...
de Michel de MONTAIGNE dans I, 82

ÉTYMOLOGIE

1
Provenç. horror, orror ; espagn. horror ; ital. orrore ; du lat. horrorem, horrere, avoir en horreur, se hérisser, causatif du radical sanscrit, harsch, hérisser. Suivant un mauvais désir de latinisme, on tenta, au XVIe siècle, de faire horreur du masculin comme tant d'autres noms en eur.

Synonymes de HORREUR

Termes proches de HORREUR