Définition de HALEINE

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : a-lè-n'

DÉFINITIONS

1
L'air qui sort des poumons, pendant l'expiration. Une douce haleine. Une haleine forte, une haleine qui a une odeur désagréable. Il y avait beaucoup de monde et les haleines échauffaient la salle.
À grand'peine ose-t-il son haleine tirer
Embaumé d'une haleine Plus douce que l'oeillet
de Abbé Mathurin RÉGNIER dans Dial.
Un homme remue la langue, pousse son haleine
de René DESCARTES dans Monde, 1
Leurs yeux [de dragons] sont tout de flamme, et leur brûlante haleine D'un long embrasement couvre toute la plaine
Ma femme a eu horreur de mon haleine
de Isaac Louis Lemaistre de SACY dans Bible, Job, XIX, 17
La fraîcheur de ses chairs, l'éclat de son coloris, la blancheur de ses dents, la douceur de son haleine
Retenir son haleine, suspendre momentanément sa respiration ; et fig. ne faire aucun bruit.
Ne soufflez mot, retenez votre haleine ; Tremblez, enfants, vous qui jurez parfois
de Pierre Jean de BÉRANGER dans Préf.
Sémantique : Par plaisanterie. Cet homme serait bon trompette, il a l'haleine forte, se dit, par un jeu de mot sur haleine, de celui dont l'haleine sent mauvais.
2
La faculté de respirer. Ce cheval a beaucoup d'haleine et de vigueur.
Tout hors d'haleine il prend pourtant sa place
Enfin, perdant haleine après ces grands efforts
Dorante, arrêtons-nous, le trop de promenade Me mettrait hors d'haleine, et me ferait malade
Je me suis à courir presque mis hors d'haleine
Où courez-vous ainsi tout pâle et hors d'haleine ?
Sans haleine, succombant à la fatigue, presque évanoui.
Malheureux, laisse en paix ton cheval vieillissant, De peur que tout à coup, efflanqué, sans haleine, Il ne laisse en tombant son maître sur l'arène
Le vieillard, accablé de l'horrible Artamène, Tombe aux pieds du prélat sans pouls et sans haleine
À perdre haleine, à perte d'haleine, en allant jusqu'à s'essouffler, en faisant de grands efforts.
Riez si vous voulez jusqu'à perte d'haleine, Vous pouvez en crever, sans que j'en sois en peine
La grandeur humaine Est une ombre vaine Qui fuit ; Une âme mondaine à perte d'haleine La suit, Et pour cette reine Trop souvent se gêne Sans fruit, Ancien lai, cité dans quelques traités de versification. Dans le bachique transport, Chacun à perte d'haleine Voudra faire un rouge bord
de LA FARE dans Ode 8
Sois gai pour tromper l'ennemi, Et chante à perdre haleine....
de Pierre Jean de BÉRANGER dans Faridond.
Sémantique : Fig. Faire des discours, tenir des discours à perte d'haleine, faire des discours vains et interminables.
Prendre haleine, respirer à son aise.
Rodrigue a pris haleine en vous la racontant
Ma foi, prenons haleine après tant de fatigues
Mais c'est assez parlé ; prenons un peu d'haleine
Il laissa prendre un peu d'haleine à son cheval
Sémantique : Fig. Prendre haleine, prendre repos et forces.
Laisse-moi prendre haleine, afin de te louer
Au sortir de Pharsale un si grand capitaine Saurait mal son métier s'il laissait prendre haleine
Souffrez que nous prenions haleine parmi le beau monde de Paris
Reprendre son haleine, recommencer à respirer après une interruption accidentelle plus ou moins longue.
Sémantique : Fig. Reprendre haleine, se reposer, reprendre des forces.
J'ai pu reprendre haleine, et, sous de faux apprêts....
C'est le seul lieu où vous pouvez reprendre haleine
En voilà assez pour reprendre haleine
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Lett. abb. 127
Donner haleine à son cheval, le mener quelque temps au pas, après l'avoir fait galoper.
3
La faculté d'être un certain temps sans respirer. Il faut qu'un plongeur ait beaucoup d'haleine. Avoir l'haleine longue, l'haleine courte.
Sémantique : Fig.
Quand on demande des grâces aux puissants de ce monde, et qu'on a le coeur bien placé, on a toujours l'haleine courte
de Pierre de MARIVAUX dans dans DESFONTAINES
Tout d'une haleine, sans reprendre haleine. Boire un grand coup tout d'une haleine.
Sémantique : Fig.
Ne me grondez point sur la longueur de mes lettres, je ne les écris point tout d'une haleine, je les reprends, et, bien loin de me donner de la peine, c'est mon unique plaisir
Débiter, réciter un discours tout d'une haleine, sans s'arrêter.
Sémantique : Fig. D'une haleine, de suite, sans interruption.
[Éléphant de pierre] Le porter, d'une haleine, au sommet de ce mont Qui menace les cieux de son superbe front
Voilà la carrière que vous parcouriez d'une haleine
Période de longue haleine, phrase longue à prononcer.
Sémantique : Fig. De longue haleine, qui exige temps et efforts. Un ouvrage de longue haleine.
Je crains fort de vous voir un procès de longue haleine contre M. de Cîteaux
Les Italiens réussirent surtout dans les grands poëmes de longue haleine ; genre d'autant plus difficile que l'uniformité de la rime et des stances, à laquelle ils s'asservirent, semblait devoir étouffer le génie
D'haleine, s'est dit pour de longue haleine.
Je suis toujours le même, haïssant les ouvrages d'haleine
de LA CHAPELLE dans les Am. de Catulle, I, 2
C'est lors qu'il court d'haleine et qu'en pleine carrière, Quittant souvent la terre en quittant la barrière, Puis d'un vol élevé se cachant dans les cieux, Il rit du désespoir de tous ses envieux
de Pierre CORNEILLE dans Excuses à Ariste.
Courte haleine, essoufflement, respiration difficile et fréquente.
Je suis quitte de la fièvre, mais non de la courte haleine ou asthme
de NICOLE dans Essais, t. VII, p. 300, dans POUGENS
L'auteur n'a pas la courte haleine, s'il prononce, sans respirer, ses périodes
Sémantique : Fig. et familièrement. Cet auteur a la courte haleine ou l'haleine courte, il a peu de facilité et d'abondance.
Sémantique : Terme de manége. Cheval gros d'haleine, ou court d'haleine, cheval qui souffle extraordinairement quand il galope, quoiqu'il ne soit pas poussif.
4
Il se dit des vents.
Les vents retenaient leurs haleines
Sitôt.... Que des zéphyrs nouveaux les fécondes haleines....
de Jean-François REGNARD dans Satire contre les maris.
Quand des vents du midi les funestes haleines De semences de mort ont inondé nos plaines
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Loi natur. 2e part.
Quand la douce haleine du printemps a tapissé les forêts de verdure
de Georges Louis Leclerc, comte de BUFFON dans Morceaux choisis, p. 293
Chaque saison lui [au soleil] doit les attraits qu'elle étale ; Le printemps, les parfums que son haleine exhale
Où vont ces rapides nuages, Que roule à flocons d'or l'haleine des autans ?
Dans le langage ordinaire, haleine de vent, un léger souffle. Il ne fait pas une haleine de vent.
5
Sémantique : Fig. Force, capacité.
On doit selon sa force entreprendre la peine, Et se donner de ton autant qu'on a d'haleine
Moi qui n'ai ni l'esprit, ni l'haleine assez forte, Pour te suivre de près
Je n'eus assez d'haleine à si grand exercice
Au bout d'une carrière et si longue et si rude, On a trop peu d'haleine et trop de lassitude
de Pierre CORNEILLE dans Au roi, sur son retour de Flandre
6
En haleine, Nature : loc. adv. En exercice, en habitude de travailler soit de corps, soit d'esprit.
Pour me remettre en haleine
Son dessein est de les [ses disciples] tenir toujours en haleine, et de les empêcher d'être jamais satisfaits d'eux-mêmes, quelque fidélité qu'ils puissent avoir eue pour les pratiques de leur règle
Mes chevaux s'animèrent et se mirent peu à peu en haleine
Ces petites affaires-là tiennent la vieillesse en haleine, et repoussent l'ennui qui cherche toujours à s'emparer des derniers jours d'un pauvre homme
Un de mes centurions se battait tous les matins contre son signe pour se tenir en haleine
Je crois qu'un ordre exprès des cieux Tient en haleine la sagesse
de Pierre Jean de BÉRANGER dans Deo gratias.
Sémantique : Fig. Tenir quelqu'un en haleine, signifie quelquefois tenir dans un état d'incertitude mêlé d'espérance et de crainte.
Détruire tout l'espoir qui les tient en haleine, C'est les perdre....
Toutes ces considérations tenaient tout le monde en haleine, pour apprendre en quoi consistait donc cette diversité
Être en haleine, être en train de faire quelque chose. Achevons, puisque nous sommes encore en haleine.
Être en haleine, signifie aussi être en bonne disposition pour faire quelque chose. Il faut que j'interrompe mon travail, je ne suis pas en haleine, je n'avance pas.
Il ne faut d'ordinaire pour ces expéditions que trouver les postes bien fournies, être en haleine, ou s'être pourvu de relais
Sémantique : Terme de manége. N'être pas en haleine, se dit d'un cheval qui est demeuré longtemps à l'écurie.
7
Haleine de Jupiter, le diosme.

HISTORIQUE

1
XIe s.
Ce dist li reis : cel cor a longue aleine
dans Ch. de Rol. CXXXIII
2
XIIe s.
Forz fu l'alene [du cor], la voix en fut moult granz
dans Ronc. p. 84
3
XIIIe s.
Et quant l'aleine douce vente Qui vient de cel douz païs Où cil est qui m'atalente....
dans Dame de Faiele, dans Couci
À cest mot [elle] chet pasmée sans vois et sans aleine
de AUDEFR. LE BAST. dans Romancero, p. 16
Mais li vilains s'est efforciez, Si a repris cuer et alaine
dans Ren. 2450
Tant qu'il est à la grosse alaine
dans la Rose, 9421
S'el set qu'ele ait mauvese alaine, Ne li doist estre grief ne paine De garder que ja ne jeüne, Ne qu'el ne parole jeüne, Et gart s'el puet si bien sa bouche, Que près du nez as gens ne touche
dans ib. 13549
Douce alene ot et savorée
dans ib. 535
....il [Narcisse] ot soif por l'aspreté Du chault, et por la lasseté Qui li ot tolue [ôté] l'alaine
dans ib. 1485
Li lox [loup] li ala demander De s'alene, s'ele ert [était] puanz, Ou s'ele estoit souef oulanz [ayant odeur suave]
de MARIE dans Fable 37
4
XVe s.
Là put-on voir grand foison de beaux faits d'armes et de durs rencontres.... et en avoient le meilleur ceux qui pouvoient bien porter longuement haleine
Et poussoient de leurs glaives si roidement là où ils se atteignoient que ils se mettoient jusques à la grosse alaine [combat des Anglais et des Français à la Rochelle]
Plusieurs ont perdu la journée, Mains barons, ducs, contes et roys, De n'avoir alaine gardée ; Que, quant ce vient à la meslée, Et que ung hons est hors d'alaine, Sa vertu si est demourée, Et nen est sa force certaine
dans Myst. du siége d'Orléans, p. 766
Le Turq fist sa bataille arrester pour veoir l'ordonnance des chrestiens et pour tenir eulx et tous leurs chevaulx en alaine
dans J. de Saintré, ch. 61
Puis autrefois couroit ou alloit longuement à pied, pour s'accoutumer à avoir longue haleine et souffrir longuement travail
dans Bouciq. I, 3
Alors le roy, qui l'avoit souffert parler tout à son ayse et d'une alayne
de CHASTELAIN dans Chron. I, 28
Le dit comte marcha tout d'une boutée, sans donner aleyne à ses archiers
de Philippe de COMMINES dans I, 3
5
XVIe s.
Quelqu'ung l'admonesta à demye alaine d'ung grand hanap plain de vin
Je me recouppe si souvent à faulte de haleine
de Michel de MONTAIGNE dans I, 103
Nul loisir de se reposer et prendre haleine
de Michel de MONTAIGNE dans I, 357
Il faut reserver d'embesongnement et d'occupation autant seulement qu'il en est besoin pour nous tenir en haleine
de Michel de MONTAIGNE dans I, 384
Se voiant pressé par les Suisses et n'ayant plus d'haleine, il tourna, lui dixiesme, aux coups d'hallebarde
Ils ne prirent haleine de leur fuitte que quand leurs chevaux la perdirent
de Théodore Agrippa D'AUBIGNÉ dans ib. III, 55
Ils contoient les amorces sans ouir un seul coup, quoiqu'il ne fit aucune haleine de vent
de Théodore Agrippa D'AUBIGNÉ dans ib. III, 240
Le marquis lui vint au devant un peu en forte halaine, pour lui aprendre qu'il venoit d'estre pressé par 400 chevaux
....Si aussi elle a les dents gastées, et si elle a l'haleine forte
de Ambroise PARÉ dans XVIII, 23
Il avoit la langue empeschée et l'haleine courte
de Jacques AMYOT dans Démosth. 9
Il [Démosthène] renforça sa voix à courir contre mont des cousteaux qui estoient droits et roides, en prononceant quant et quant à la grosse haleine quelques harengues
de Jacques AMYOT dans ib. 16

ÉTYMOLOGIE

1
Voy. HALENER ; Berry, halein, s. m. ; provenç. alen, s. m. et alena, s. f. ; anc. ital. alena ; ital. mod. lena.

Synonymes de HALEINE

Termes proches de HALEINE