Définition de HABITER

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : a-bi-té

DÉFINITIONS

1
Occuper comme demeure.
Tant que nous sommes détenus dans cette demeure mortelle, nous vivons assujettis aux changements, parce que, si vous me permettez de parler ainsi, c'est la loi du pays que nous habitons
Souffrez que pour jamais le tremblant Hippolyte Disparaisse des lieux que votre épouse habite
Les déserts, autrefois peuplés de sénateurs, Ne sont plus habités que par leurs délateurs
Abandonnez ce temple aux prêtres qui l'habitent
Tout ce peuple nombreux dont il [le sérail] est habité, Assemblé par mon ordre, attend ma volonté
Ils habitent des champs, des tentes et des chars
Rome est bien belle pendant le silence de la nuit ; il semble alors qu'elle n'est habitée que par ses illustres ombres
On le dit aussi des animaux et des végétaux. Le renne habite les contrées du Nord.
Mille oiseaux effrayants, mille corbeaux funèbres De ces murs [la tour de Monthléry] désertés habitent les ténèbres
Chacun [végétal] a ses penchants, sa saison et sa place, Habite les lieux chauds, ou se plaît sous la glace
Sémantique : Fig. La paix habite ce séjour.
Smyrne qu'habite encor le souvenir d'Homère
Sémantique : Familièrement. Ne pas bouger de. Il habite toujours son canapé, son fauteuil.
2
Nature : V. n. Faire sa demeure. Habiter à la campagne.
Parlez.... sur son tombeau voulez-vous habiter ?
Cicéron, Hortensius, les Gracques habitaient sur ce mont Palatin qui suffit à peine, lors de la décadence de Rome, à la demeure d'un seul homme [Néron]
L'homme vit sur mille points où il n'habite pas, dans mille moments qui ne sont pas encore ; et, si ce développement de sa vie lui est retranché...., la vie sociale est mutilée, la société n'est plus
de GUIZOT dans Hist. de la civil. en France, 8e leçon.
Il se dit des animaux et des plantes.
On a vu, avec des lunettes, de très petites gouttes d'eau de pluie ou de vinaigre ou d'autres liqueurs, remplies de petits poissons ou de petits serpents que l'on n'aurait jamais soupçonnés d'y habiter
Sémantique : Fig.
Ce n'est point sur ses bords [du Permesse] qu'habite la richesse
Que la terreur habite aux portes du palais
Mais vous qui m'assuriez, dans mes troubles cruels, Que la paix habitait au pied de ses autels
On concevait [dans l'antiquité] une hauteur de vertu plus qu'humaine qui se devait de ne jamais habiter avec la tyrannie
de CARREL dans Oeuv. t. V, p. 311
3
Sémantique : En termes de dévotion, il se dit de l'impression sanctifiante que Dieu fait sur l'âme.
Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu, et que l'esprit de Dieu habite en vous ?
de Isaac Louis Lemaistre de SACY dans St Paul, 1er épît. aux Corinth. III, 16
Nous savons que les corps saints sont habités par le Saint-Esprit jusqu'à la résurrection, qui se fera par la vertu de cet esprit qui réside en eux pour cet effet
Le Saint-Esprit revient habiter dans son âme
Dieu descend et revient habiter parmi nous
En un sens contraire, il se dit de l'impression funeste du péché.
Ce n'est plus moi qui fais cela ; mais c'est le péché qui habite en moi
de Isaac Louis Lemaistre de SACY dans Bible, St Paul, Épît. aux Rom. VII, 17
4
Habiter charnellement avec une femme, ou, simplement, habiter avec une femme, avoir avec elle un commerce charnel.
On dit qu'Apollon, épris de la beauté de sa mère Périctioné, habita avec elle, et que notre philosophe [Platon] dut le jour à ce Dieu

HISTORIQUE

1
XIIe s.
Quant la cité sainte fu habitée en bone pais....
dans Machab. II, 3
E Jerusalem non estoit mie habitée, ains estoit ausi come desert
dans ib. I, 3
Cil qui à Roem abitoent, Ne qui el païs conversoent
de Benoît de Sainte-Maure dans II, 3081
Que je habite en la maisun nostre segnur tuz les jurz de ma vie
dans Liber psalm. p. 32
2
XIIIe s.
Chascuns doit voidier son corage de la volenté au charnel delit [plaisir] ; car autrement vertus n'i porroit habiter
Trop ai en mauvès leu marchié ; Li dé m'ont pris et emparchié ; Je les claim quite ; Fols est qu'à lor conseil abite ; De sa dete pas ne s'aquite, Ainçois s'encombre
de RUTEBEUF dans 28
3
XIVe s.
Homme et femme ne habitent pas ensemble tant seulement pour ceste cause, mais avecques ce pour les choses qui leur sont convenables
4
XVe s.
Ceste complainte ay formée et escripte, De cueur courcé [courroucé] où nul plaisir n'abite
de Alain CHARTIER dans Complainte contre la mort.
5
XVIe s.
Toutesfois il y en a qui disent que Helpinice n'habitoit point clandestinement, ains publiquement avec son frere Cimon
de Jacques AMYOT dans Cimon, 8

ÉTYMOLOGIE

1
Provenç. et espagn. habitar ; ital. abitare ; du latin habitare, fréquentatif de habere, avoir : avoir souvent, être souvent, habiter.

Synonymes de HABITER

Termes proches de HABITER