Définition de DEMEURER

DÉFINITIONS - REMARQUE - SYNONYME - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE - SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE -

Prononciation : de-meu-ré

DÉFINITIONS

1
S'arrêter, se tenir, rester en quelque endroit. Mon cheval est demeuré en chemin. Nous demeurâmes en arrière.
Mais plutôt demeurez pour me servir d'otage
de Pierre CORNEILLE dans Nicom. V, 7
.... Le vieillard était Fou de sa femme, et fort peu la quittait, Sinon les jours qu'il allait à la chasse ; Son fauconnier, qui pour lors le suivait, Eût demeuré volontiers en sa place
de Jean de LA FONTAINE dans Coc.
Il est renvoyé à Lyon, le roi n'a pas voulu qu'il soit demeuré
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 149
Demeurons toutefois pour troubler leur fortune
de Jean RACINE dans Andr. II, 1
Pour cacher mon départ je demeure un moment
de Jean RACINE dans Phèd. V, 1
Auprès du fils des rois si j'étais demeurée....
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Orphel. II, 3
Nature : Absolument.
Vous, Cinna, demeurez, et vous, Maxime, aussi
de Pierre CORNEILLE dans Cinna, II, 1
Demeurer chez soi, ne pas sortir de sa maison, et, par extension, ne pas quitter son pays, son genre de vie.
Un homme qui a assez de bien pour vivre, s'il savait demeurer chez soi, n'en sortirait pas pour aller sur la mer ou au siége d'une place
de Blaise PASCAL dans Pensées, XXVI, 1
Il faut en France beaucoup de fermeté et une grande étendue d'esprit pour se passer des charges et des emplois, et consentir ainsi à demeurer chez soi et à ne rien faire
de Jean de LA BRUYÈRE dans II
Demeurez chez vous, qu'il demeure chez lui, se dit à quelqu'un, de quelqu'un qu'on veut ne pas voir chez soi.
Servez-vous du mot de madame, je vous prie, ou demeurez chez M. votre père
de Florent Carton, sieur d'Ancourt, dit DANCOURT dans Chev. à la mode, II, 4
Demeurer ferme, ne pas être ébranlé, ne pas reculer ; et, figurément, persister avec fermeté.
L'opiniâtreté de son caractère se joignant à toutes ces vraisemblances, il demeura ferme dans l'opinion qu'on voulait le trahir et le livrer à ses ennemis
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Charles XII, 6
Demeurer en repos, se tenir tranquille ; et, figurément, ne rien faire, ne pas se donner du travail.
Que faire donc quand on est malade ? - Rien, mon frère ; il ne faut que demeurer en repos ; la nature d'elle-même, quand nous la laissons faire, se tire doucement du désordre où elle est tombée
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Mal. imag. III, 3
Ne pas demeurer en place, être continuellement en mouvement.
J'ai peine, je l'avoue, à demeurer en place
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Éc. des f. IV, 1
Nous reverrons Ménechme aujourd'hui, quelle joie ! Je ne puis demeurer en place ni chez moi
de Jean-François REGNARD dans Ménechmes, I, 3
Sémantique : Fig. Demeurer en arrière, demeurer en reste, rester débiteur. Ne pas demeurer en reste, rendre la pareille.
Demeurer pour gage, pour les gages, en parlant de personnes, être tué ou pris ; en parlant des choses, être perdu. Dans cette bataille la moitié des siens demeura pour gage. Dans la foule mon manteau est demeuré pour gage.
Demeurer sur la place, être tué sur la place où l'on combattait.
Sans la valeur de ce jeune guerrier Martian demeurait ou mort ou prisonnier
de Pierre CORNEILLE dans Héracl. I, 1
Demeurer sur la bonne bouche, ne plus rien prendre après une chose qui laisse un goût agréable ; et, figurément, s'en tenir à une chose qui plaît.
Demeurer sur son appétit, ne pas se rassasier de quelque chose ; et, figurément, imposer un frein à ses désirs.
Demeurer d'accord, convenir, avouer.
Il faut demeurer d'accord, mon frère, qu'on peut aider la nature par de certaines choses
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Mal. imag. III, 3
Nous vous ferons demeurer d'accord que, si quelquefois un peu d'absence fait grand bien, une trop longue fait grand mal
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans Lett. 17 juin 1687
Se dit aussi des choses qui restent.
Une pluie acheva l'affaire : Il fallut se mettre à l'abri ; Je laisse à penser où ; le reste du mystère Au fond de l'antre est demeuré
de Jean de LA FONTAINE dans Fianc.
2
S'arrêter par fatigue, blessure, embarras. En 1809, dans la marche rapide de Napoléon sur Vienne, un grand nombre de soldats demeurèrent.
Un de mes beaux chevaux demeura dès Palaiseau
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 56
Sémantique : Fig. Il est demeuré au-dessous de son sujet, il n'a pas fait ce que le sujet exigeait. Il est demeuré au-dessous de lui-même, il n'a pas fait ce qu'il était capable de faire, ce qu'il faisait autrefois.
Demeurer en chemin, ne pas achever le trajet qu'on avait commencé ; et, figurément, ne pas venir à bout de.
Si je demeure en chemin, ce ne sera pas manque d'argent
de Françoise d'Aubigné, marquise de MAINTENON dans Lett. à M. d'Aubigné, 10 févr. 1681
Sémantique : Fig. Demeurer en beau chemin, abandon. ner un dessein qu'on avait entrepris, sans qu'il y ait de notable difficulté qui nous arrête.
En demeurer là, ne pas continuer.
Je serai bien aise que vous me donniez ces vers par écrit. - C'est assez de vous les avoir dits, et je dois en demeurer là
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Escarb. 1
Faut-il en demeurer là ?
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 457
Je vis bien que le roi n'était pas persuadé, mais je crus qu'il n'y avait qu'à en demeurer là
de Françoise d'Aubigné, marquise de MAINTENON dans Lettr. au card. de Noailles, 25 mai 1695
Après avoir supputé longtemps sa dépense et ses forces, selon le mot de l'Évangile, elle en demeure là et ne jette pas même les premiers fondements de l'édifice
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Car. Enf. prod.
Et ne présume pas que Vénus ou Satan Souffre qu'elle en demeure aux termes du roman
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Sat. X
L'affaire n'en demeurera pas là, elle aura des suites, des conséquences. Ils se sont insultés ; l'affaire n'en demeurera pas là, c'est-à-dire ils auront un duel.
Demeurons-en là, n'en parlons pas davantage, cessons, et aussi, tenons-nous-en à ce parti, à ce choix. En ce dernier sens on dit aussi demeurons-en à cela.
On l'emploie dans la même acception sans la particule en.
Il écrivit sa surprise, son désespoir d'avoir pu déplaire, représenta huit enfants sans nul bien ; voilà où tout est demeuré
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 392
Demeurer court ou tout court, manquer de mémoire. Il est demeuré court au milieu de sa période. Elle est demeurée court et n'a plus su que dire.
C'est le plus petit inconvénient du monde que de demeurer court dans un sermon ou dans une harangue
de Jean de LA BRUYÈRE dans XII
Le féliciter [un prédicateur] sur l'agrément et la politesse de son langage, lui remettre l'esprit sur un endroit où il a couru risque de demeurer court
de Jean de LA BRUYÈRE dans XV
Sémantique : Terme de jeu de boule. Demeurer, ne pas pousser la boule jusqu'au but. Je suis demeuré. Ma boule est demeurée.
3
Suivi d'un qualificatif, il exprime un état prolongé.
Je chauvis de l'oreille, et demeurant pensif....
de Abbé Mathurin RÉGNIER dans Sat. VIII
Et, par une constance admirable, demeurer ferme au milieu d'un péril qui fait trembler les plus courageux
de Vincent VOITURE dans Lett. 13
Abondante en richesse, ou puissante en crédit, Je demeure toujours la fille d'un proscrit
de Pierre CORNEILLE dans Cinna, I, 2
Autrement si le sort demeure encor douteux....
de Pierre CORNEILLE dans Héracl. V, 5
Je souhaite que vous ne demeuriez pas mal édifié de nous
de Blaise PASCAL dans Prov. 5
De même que ces fleuves tant vantés demeurent sans nom et sans gloire, mêlés dans l'océan avec les rivières les plus inconnues
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Duch. d'Orl.
Seigneur, avec raison je demeure étonnée
de Jean RACINE dans Brit. II, 3
Après avoir quitté la suprême puissance, vous êtes demeuré avili, obscur, inutile, abattu
de François de Salignac de La Mothe FÉNELON dans Dial. des morts anc. 38
Ce qualificatif peut être un nom précédé d'une préposition. Je demeurai dans une sorte de stupeur.
Grand roi, si jusqu'ici, par un trait de prudence, J'ai demeuré pour toi dans un humble silence
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Disc. au roi.
4
Employer un certain temps à faire quelque chose. Il a demeuré longtemps en chemin. Il demeure longtemps à venir. Vous avez trop demeuré à faire ce qu'on vous avait ordonné.
....Au reste vous saurez Que je n'ai demeuré qu'un quart d'heure à le faire [un sonnet]
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Mis. I, 2
5
Habiter, faire sa demeure.
Le ciel nous fit ce bien qu'encor d'assez bonne heure Nous vînmes au logis où ce monsieur demeure
de Abbé Mathurin RÉGNIER dans Sat. X
Quel temps avez-vous demeuré en Angleterre ? - Sept ans
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Mar. forc. 2
Démophile demeurait aux environs de Constantinople, et ceux de sa secte le reconnaissaient toujours pour évêque de cette ville impériale
de Esprit FLÉCHIER dans Hist. de Théod. II, 30
6
Ne pas se faire, ne pas être employé.
Et faute de servir ce plat [des chardons] Rarement un festin demeure
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. VIII, 17
Les soins publics seraient abandonnés ; les affaires demeureraient
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Pet. car. Écueils.
7
Subsister, rester.
Tout le soin qui me demeure N'est que d'obtenir du sort....
de François de MALHERBE dans V, 3
Je vois bien.... Du naufrage d'amour ce qui m'est demeuré
de Abbé Mathurin RÉGNIER dans Plainte.
Qu'il vive et s'il se peut que l'ingrat me demeure
de Pierre CORNEILLE dans Médée, II, 1
La gloire m'en demeure
de Pierre CORNEILLE dans ib. II, 5
Quoi ! madame, en vos mains elle [une croix] était demeurée ?
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Zaïre, II, 3
8
Sémantique : Fig. Persister, se borner, en parlant des personnes.
Eh bien ! puisque vous ne voulez pas m'écouter, demeurez dans votre pensée, et faites ce qu'il vous plaira
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Bourg. gent. III, 10
S'ils [les anciens] fussent demeurés dans cette retenue de n'oser rien ajouter aux connaissances qu'ils avaient reçues....
de Blaise PASCAL dans Pens. I, art. 1
On ne doit pas refuser l'absolution à ceux qui demeurent dans les occasions prochaines de péché, s'ils....
de Blaise PASCAL dans Prov. 5
C'est qu'aujourd'hui l'on pèche beaucoup plus hardiment, que l'on demeure dans son péché beaucoup plus tranquillement
de Louis BOURDALOUE dans Pénitence, 2e avent, p. 503
Jusqu'à quand demeurerez-vous dans votre impureté ?
de Isaac Louis Lemaistre de SACY dans Bible, Jérémie, XIII, 27
9
Demeurer à, rester la propriété, l'acquisition, le propre. Dans la vente à l'encan, ce livre, très poursuivi, m'est demeuré.
Vous demeurez à vous, madame, en les perdant
de Pierre CORNEILLE dans Suréna, I, 2
Afin que la force demeure toujours au souverain
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Polit.
S'ils choisissent un poste incommode, il leur demeure
de Jean de LA BRUYÈRE dans IX.
À qui doit demeurer cette noble conquête ?
de Jean RACINE dans Alex. IV, 5
Ecbatane est du moins sous mon obéissance ; C'est tout ce qui demeure aux enfants de Cyrus
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Scythes, II, 4
10
Être à demeure, tenir, persister, durer, en parlant des choses.
Et trois ou quatre seulement, Au nombre desquels on me range, Peuvent donner une louange Qui demeure éternellement
de François de MALHERBE dans III, 2
Et si la moindre tache en demeure à mon nom
de Pierre CORNEILLE dans Nicom. IV, 1
Paix dont le déshonneur vous demeure éternel
de Pierre CORNEILLE dans Médée, II, 2
C'est une vérité qui demeure éternellement
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Car. Élus.
Elle [la foi] s'en rement pour les faveurs temporelles et les autres dons qui ne doivent pas demeurer, aux desseins éternels que le Seigneur a formés sur nos destinées
de Jean-Baptiste MASSILLON dans ib. Prière 2
On feuillette son livre, on le discute, on le confronte ; ce ne sont pas des sons qui se perdent en l'air et qui s'oublient ; ce qui est imprimé demeure imprimé
de Jean de LA BRUYÈRE dans XV
Tout s'imprime, tout s'écrit, rien ne demeure
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans l'Écossaise, III, 3
Sémantique : Terme de jardinage. À demeurer, se dit de plantes qu'on sème en pleine terre pour y rester jusqu'à ce qu'on les consomme. On sème d'ordinaire à demeurer le cerfeuil, les carottes, les panais.
Demeurer sur le coeur, sur l'estomac, se dit d'un aliment qui ne passe pas, qui cause des soulèvements.
Sémantique : Fig. Cela lui est demeuré sur le coeur, c'est-à-dire il en conserve du ressentiment.
11
Demeurer au théâtre, ou, absolument, demeurer, en parlant d'une pièce, continuer à être jouée.
Il est arrivé de cette pièce ce qui arrivera toujours des ouvrages qui ont quelque bonté : les critiques se sont évanouies, la pièce est demeurée
de Jean RACINE dans Brit. 2e préface.
12
V. imperson. Rester. Il lui est demeuré une cicatrice.
S'il vous demeure encor quelque espoir pour Flavie
de Pierre CORNEILLE dans Théod. III, 5
Il ne demeura rien de ce grand repas, tout fut bu et mangé
de Claude Favre de VAUGELAS dans Nouvelles rem.
Il y demeura quelque cinq cents hommes sur la place
de D'ABLANC. dans Arrien, liv. I, ch. 10
Il ne lui est pas demeuré de quoi se faire enterrer
de Jean de LA BRUYÈRE dans VI

REMARQUE

1
Demeurer se conjugue avec l'auxiliaire avoir, quand il marque une action : j'ai demeuré en Angleterre un mois ; avec l'auxiliaire être, quand il marque un état : dans mon saisissement, je suis demeuré incapable de répondre.
L'action est marquée dans ces exemples-ci : J'ai demeuré captif en Égypte
de François de Salignac de La Mothe FÉNELON dans Tél. III
Après que l'enfant aura demeuré là plusieurs heures
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Ém. II
J'avais demeuré plus d'un an chez mon maître
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Conf. I
L'action est beaucoup moins marquée dans ceux-ci ; mais il doit être permis aux poëtes de l'introduire là où l'idée d'état est la première qui se présente à l'esprit : à cet objet d'horreur, l'oeil troublé, le teint blême, J'ai demeuré longtemps plus morte que lui-même
de Jean de ROTROU dans Antig. I, 2
Et dès le premier mot ma langue embarrassée Dans ma bouche vingt fois a demeuré glacée
de Jean RACINE dans Bérén. II, 2

SYNONYME

1
1° DEMEURER, LOGER. Ces deux mots sont synonymes dans le sens où ils signifient la résidence ; mais demeurer se dit par rapport au lieu topographique où l'on habite, et loger par rapport à l'édifice où l'on se retire. On demeure à Paris, on loge au Louvre, à l'hôtel, etc. GUIZOT.
2
2° DEMEURER, RESTER., L'idée commune à ces deux mots est de ne pas s'en aller ; et la différence consiste en ce que demeurer ne présente que cette idée simple et générale de ne pas quitter le lieu où l'on est ; et que rester a de plus l'idée accessoire de laisser aller les autres.

HISTORIQUE

1
XI. s.
La nuit [ils] demurent tresque vint al jur clair
dans Ch. de Rol. X
De ce cui chaut ? demuret i ont trop [ils ont trop tardé]
dans ib. CXXXIV
Li Arabiz de venir ne demurent
dans ib. CCXXII
Ce qu'estre en deit, ne l'alez demurant [ne retardez pas ce qui en doit advenir]
dans ib. CCLVI
2
XIIe s.
[Il] Ne va plus demorant
dans Ronc. p. 17
Ses [si les] vont ferir sans trestout demorer
dans ib. p. 58
Mort [il] le tresbuche sans plus de demorer
dans ib. p. 75
Un petitet estes trop demorez
dans ib. p. 101
Li rois Marsile n'a pas mout demoré
dans ib. p. 117
Venez o moi, gardez ne demorez
dans ib. p. 143
Eh ! respont Charles, jà plus ne demorra [tardera]
dans ib. p. 175
Por Dieu [je] vous prie.... Que nos convens [conventions] teniez, vienne ou demor [soit que je vienne ou que je demeure]
dans Couci, XXII
Partir m'esteut [il me faut] de vous sans demorer [sans retard]
dans ib. XXIV
Sachez, cil sont trop honni qui n'iront [à la croisade], S'il n'ont poverte ou vieillesse ou malage ; Et cil qui sain et jeune et riche sont, Ne peuvent pas demourer sans hontage
de QUESNES dans Romancero, p. 94
Mais demorés pour garder cest païs [terre sainte]
dans ib. p. 101
Quant nous lui volons nuire, je ne voi nule part Que il demort en France ne la corone gart
dans Sax. XXIX
Si metomes un terme prochain, ne demort gaire ; Puis seromes ensemble pour faire au roi contraire [pour nous opposer au roi]
dans ib. XXX
3
XIIIe s.
Ileuques [je] demorai de lors jusque mardi
dans Berte, I
Quant Pepins tint l'espié, ne vot [voulut] plus demourer
dans ib. III
En iceste matiere [je] ne veuil plus demourer
dans ib. III
S'en va Berte as grans piés, n'i a plus demouré
dans ib. XLV
Que il n'est au roi Flore nul enfant demouré
dans ib. LXVII
Ne doit pas demorer [vous ne devez pas vous dispenser] Que ses enfans et lui [elle] ne doiez gouverner
dans ib. XCVII
Trop [vous] me faites ici longuement demorer
dans ib. CXII
Mès ce me torne à grant contraire, Que sa merci trop me demore
dans la Rose, 3245
Si que par defaute de justice le [la] volentés du mort ne demeure pas à estre fete
de Philippe de BEAUMANOIR dans XI, 10
S'il demeure [s'il ne se fait pas] par l'un des deus, li autres le pot fere contraindre à ce que mariage se face
de Philippe de BEAUMANOIR dans XI, 3
Il ne demora pas en eus que lor sires ne fu hormis par lor porcas
de Philippe de BEAUMANOIR dans XXX, 63
L'empereïs [impératrice] vint querre secours au roy pour son seigneur qui estoit en Constantinoble demourez
de Jean, PRINCE DE JOINVILLE dans 212
Moult de gens li loerent [conseillèrent] que il attendit tant que ses gens feussent revenus, pource que il ne li estoit pas demouré la tierce partie de ses gens
de Jean, PRINCE DE JOINVILLE dans 214
Le roy reçut moult debonnairement ses messages, et li renvoia les siens, qui demourerent deux ans avant que il revenissent à li
de Jean, PRINCE DE JOINVILLE dans 211
Et il demanda, se il demouroit, se je demourroie [en Palestine], et je li respondi : oïl, moult volentiers
de Jean, PRINCE DE JOINVILLE dans 228
Et sachiez que il [ce dessein] ne demoura [resta sans effet] que pource que il disoient que le roy estoit le plus ferme crestien que en [on] peust trouver
de Jean, PRINCE DE JOINVILLE dans 247
Grant honneur leur est faite, se en eulz ne demeure [s'ils n'y mettent obstacle], ainsi comme je vous ai dit devant
de Jean, PRINCE DE JOINVILLE dans 304
4
XVe s.
Ceux de Mont-Segur y descendirent volontiers [aux conditions de la trêve], et se mirent tantost douze bourgeois des plus suffisans en ostages, pour accomplir les convenances et demeurer la ville en paix
de Jean FROISSART dans I, I, 234
Ne demoura gueres après, que grand infamie issit sur la mere du jeune roy Edouard
de Jean FROISSART dans I, I, 50
Et que nullement ils ne laissassent le roi d'Angleterre repasser, ni prendre port en Flandre ; et si par leur coulpe en demeuroit, il les feroit tous mourir de male mort
de Jean FROISSART dans I, I, 106
Si dit : monseigneur, si nous estions droites gens d'armes et bien apperts, nous burions à ce souper des vins de ces seigneurs de France qui se tiennent en garnison en Bergerac. Si respondit le comte Derby tant seulement : jà pour moi ne demeurera
de Jean FROISSART dans I, I, 217
Nulle cruaulté ne demoura à estre faicte
de Philippe de COMMINES dans VI, 13
Je demeuray à partir aucuns jours, parce que le roy fut malade de la petite verole et en peril de mort
de Philippe de COMMINES dans VII, 6
Cestuy là vouloit que ces entreprises demeurassent de tous points [fussent continuées].
de ID. dans VIII, 16
5
XVIe s.
Que nous en chaut ? en douleur ils mourront, Et nos plaisirs tousjours nous demourront
de Clément MAROT dans I, 338
Sur le beau temps ainsi tu partiras, Et en ton lieu regrets demoureront
de Clément MAROT dans II, 294
Demeurer court [à faire quelque chose]
de Michel de MONTAIGNE dans I, 190
Il n'est demeuré de luy que ce discours
de Michel de MONTAIGNE dans I, 206
Il fault qu'il y en ait un à qui le champ demeure
de Michel de MONTAIGNE dans I, 269
Le surnom de divin luy en est demeuré
de Michel de MONTAIGNE dans II, 252
Tant qu'elle vesquit, le sobriquet pau d'asne lui demeura
de Bonaventure DESPÉRIERS dans Contes, CXXIX.
Theseus, qui ne vouloit pas demeurer sans rien faire, se partit pour aller combattre le taureau de Marathon
de Jacques AMYOT dans Thés. 16
Pource que les boeufs demouroient trop à venir, ilz se soubmeirent tous deux vouluntairement au joug
de Jacques AMYOT dans Solon, 57
Ilz se hasarderent à tous dangers de la guerre, qu'ilz y demourerent presque tous
de Jacques AMYOT dans Cimon, 1

ÉTYMOLOGIE

1
Berry, demourer ; provenç et espagn. demorar ; ital. dimorare ; du latin demorari, de la préposition de, et morari, demeurer, tarder.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

1
Y demeurer, se dit pour périr dans une bataille, dans un accident.
En voici un exemple du XVIe siècle : Posons le cas que l'armée des catholiques, avec l'aide des Espagnols, soit victorieuse et l'hérétique abattu, cela ne peut estre sans qu'un grand nombre y demeurent.... après telles victoires sanglantes, le tiers spectateur de la tragédie, qui est frais, a belle occasion de se rendre supérieur des deux partis
de GUY COQUILLE dans Oeuvres, éd. de 1666, t. II, p. 259

Synonymes de DEMEURER

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