Définition de COUCHER

DÉFINITIONS - PROVERBES - REMARQUE - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE - SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE -

Prononciation : kou-ché

DÉFINITIONS

1
Mettre au lit. Coucher un enfant. Les valets de chambre viennent coucher leurs maîtres. Les garçons de la noce venaient coucher l'épousée.
2
Étendre quelqu'un ou quelque chose tout de son long sur la terre ou sur quoi que ce soit. Coucher une échelle. On coucha le blessé sur un matelas. Coucher une bouteille sur le côté, la vider.
Sémantique : Terme d'horticulture. Plier les rameaux jusqu'à terre et les couvrir de terre pour qu'ils prennent racine.
Sémantique : Terme de doreur. Coucher d'assiette, coucher une couleur rougeâtre pour servir de préparation à recevoir l'or. Coucher de fond, étendre une couleur sur les rouleaux de papier avant de les imprimer.
Sémantique : Fig. Coucher quelqu'un sur le carreau, l'étendre sur la place mort ou grièvement blessé.
Dieu dans un moment a couché ce géant [Galérius] sur la terre
Ainsi le trait fatal dans les rangs se promène, Et comme des épis les couche dans la plaine
Ils couchèrent sur la plaine environ mille cavaliers, plus de quinze mille fantassins et bon nombre d'éléphants
de LE P. CATROU dans dans DESFONTAINES
3
Incliner, pencher, rabattre quelque chose. La pluie et le vent couchent les blés. Coucher le poil d'un chapeau. Coucher des galons, une dentelle sur une étoffe.
La brise qui soulève ou couche les épis
Sémantique : Terme de marine. Coucher un bâtiment, l'incliner pour le caréner. On dit aussi que le vent couche un bâtiment, quand il l'incline sur le côté.
Sémantique : Terme de manufacture. Ranger avec la brosse le poil sur un drap tondu à fin.
Sémantique : Fig. Coucher le poil à quelqu'un, le flatter, le cajoler.
4
Coucher en joue, donner au fusil une position couchée, horizontale, en l'ajustant à l'épaule et contre la joue pour tirer.
Sémantique : Fig.
Que l'on couchait en joue, et de plus d'un endroit, Celle dont il a vu qu'une lettre en avance Avait si faussement divulgué la naissance
Il crut que ces longues paupières n'avaient jamais couché que lui en joue
La villageoise est belle et jeune, je l'avoue ; Don Alphonse, en passant, peut la coucher en joue
Si tu t'aperçois que quelque parent de don Gonzale ait de grandes assiduités auprès de lui et couche en joue sa succession, tu m'en avertiras aussitôt
5
Etendre en couche. Coucher une couleur, de l'or, de l'argent sur....
Sémantique : Terme de peinture. Coucher des couleurs, les étendre avec le pinceau l'une à côté de l'autre avant de les fondre.
6
Coucher quelque chose par écrit, mettre par écrit.
Couche de ses faveurs l'histoire par écrit
Nous faisons profession de ne coucher dans ces mémoires que ce que nous tenons de celui même dont nous racontons les faits
Voici comment Luther coucha l'article VI du sacrement de l'autel
.... Tu te souviens qu'au village on t'a dit Que ton maître est nommé pour coucher par écrit Les faits d'un roi....
On vient d'exiler un conseiller de notre parlement, parce qu'il a prêté sa plume à coucher les remontrances que le corps a cru devoir faire au roi
de Charles-Louis de Secondat MONTESQUIEU dans Correspondance, 61
Le vieil officier, de son côté, se piquait de savoir bien coucher par écrit
7
Inscrire. Coucher quelqu'un sur une liste, sur l'état des pensions. Coucher un article en recette, en dépense.
Dans peu de temps, j'espère Y voir coucher [dans un testament] mon nom en riche caractère
8
Sémantique : Terme de jeu. Mettre comme enjeu. Il est grand joueur, il couche mille écus sur une carte. Coucher gros, jouer très gros jeu, et fig. risquer beaucoup.
On dit, au neutre, coucher de tant.
Sémantique : Fig. Coucher gros, avancer quelque chose d'extraordinaire : vieux en ce sens.
La corneille.... Qui, croassant partout d'un orgueil effronté, Ne couche de rien moins que l'immortalité
Vous couchez d'imposture et vous osez jurer !
Il ne couche pas moins que de faire employer pour lui toutes les puissances
dans Trévoux
Tu couches d'imposture et tu m'en as donné
9
Nature : V. n. Prendre son repos de nuit. Coucher dans un lit, sur un matelas. Coucher sur la dure. Chambre à coucher.
Pygmalion ne couche jamais deux nuits de suite dans la même chambre, de peur d'être égorgé
10
Loger ou passer la nuit. Il coucha dans une hôtellerie. Coucher en ville. Coucher dans la rue.
Elle le retenait souvent à coucher
.... Vous ennuyez-vous point De coucher toujours seul ? une esclave assez belle Était à mes côtés ; voulez-vous qu'on l'appelle ?
J'ai couché plus mal quelquefois, dit-il ; ayez seulement soin de cet enfant qui me conduit et qui est plus délicat que moi
Coucher à la belle étoile, et, populairement, coucher à l'enseigne de la lune, coucher en plein air.
Coucher dans son fourreau comme l'épée du roi, ou, simplement, coucher dans son fourreau, coucher tout habillé.
11
Coucher avec une femme, avoir commerce avec elle.
Jupiter, en couchant avec Alcmène, fait une nuit de 24 heures
On ne pouvait coucher ensemble la première nuit des noces, ni même les suivantes, sans en avoir acheté la permission
Un autre vous promet de vous faire coucher avec les esprits aériens, pourvu que vous soyez seulement trente ans sans voir de femme
Déjà, pour commencer dans l'ardeur qui m'enflamme, Je vais dire partout qu'il couche avec ma femme
12
Se coucher, Nature : v. réfl. Se mettre au lit. Ils se sont couchés fort tard.
Est-ce donc pour veiller qu'on se couche à Paris ?
Pour moi, fermant ma porte, et cédant au sommeil, Tous les jours je me couche avecque le soleil
Je ne me couche point qu'aussitôt dans mon lit Un souvenir fâcheux n'apporte à mon esprit Cent histoires de morts lamentables....
Il se couche tranquillement sur une nouvelle qui se corrompt la nuit
T'attendre aux yeux d'autrui, quand tu dors, c'est erreur ; Couche-toi le dernier, et vois fermer ta porte
Sémantique : Familièrement. Se coucher comme les poules, se mettre au lit de très bonne heure.
Sémantique : Populairement. Allez vous coucher, c'est-à-dire laissez-moi tranquille.
13
S'étendre.
Le reste.... se couche contre terre et sans faire aucun bruit Passe une bonne part d'une si belle nuit
Éconduit, il [le courtisan] insiste ; repoussé, il tient bon ; qu'on le chasse, il revient ; qu'on le batte, il se couche à terre
Sémantique : Terme de manége. Le cheval se couche en vache, lorsque, dans le décubitus sternal, les talons de ses sabots et les extrémités des branches du fer viennent heurter et contondre la peau du sommet du coude.
Se coucher sur la volte, se dit d'un cheval qui, malgré son cavalier, force ses inclinaisons dans les changements de direction.
Être couché, étendu. Ce collet est mal taillé, il ne se couche pas bien sur l'habit.
Sur deux tréteaux boiteux se couchait une porte
14
Passer au-dessous de l'horizon, en parlant des astres. Le soleil se couchera bientôt. À Paris, la Grande Ourse ne se couche jamais.

PROVERBES

1
Exemple : Pour boire de l'eau et coucher dehors il ne faut demander congé à personne.
2
Exemple : Il ne faut pas se dépouiller avant de se coucher, c'est-à-dire il ne faut pas faire, de son vivant, donation de son bien à des enfants ou à des héritiers.
3
Exemple : Comme on fait son lit on se couche, c'est-à-dire il faut se résigner à subir les conséquences de sa conduite.
4
Exemple : Si vous n'en voulez point, couchez-vous auprès, se dit très familièrement à une personne qui refuse une offre que l'on croit raisonnable.

REMARQUE

1
1. Se coucher signifie se mettre au lit, s'étendre pour dormir : nous nous sommes couchés à minuit ; et coucher, v. n. signifie passer la nuit, le temps du sommeil : il a couché en ville. Ainsi il ne faut pas dire : il est allé coucher, mais il est allé se coucher, quand on parle de se mettre au lit ; mais on dirait : il est allé coucher dans la rue, c'est-à-dire il est allé passer la nuit dans la rue.
2
2. Coucher, v. n. ne se construit qu'avec l'auxiliaire avoir ; cependant Racine a dit : Il y serait couché sans manger ni sans boire, Plaid. I, 1. C'est une licence que rien n'empêcherait d'imiter en poésie.

HISTORIQUE

1
XIe s.
Sur un perron de marbre bloi se culche
dans Ch. de Rol. II
Descent à piet, à la terre se culche
dans ib. CXLVIII
Quant il se dresse, li soleilz est culchet
dans ib. CLXXVII
S'en ma merci [il] ne se cuizt à mes piez....
dans ib. CLXXXIX
2
XIIe s.
Et el sepoucre cocher et repouser
dans Ronc. p. 6
Quant à tes piés [elle] se coucha à bandon
dans ib. p. 48
[Il] Coche s'adens, durement s'humelie
dans ib. p. 55
Dès le matin jusqu'à soleil couchant
dans ib. p. 68
Sa chemise qu' [il] eut vestue, [il] M'envoia pour embrasser ; La nuit, quant s'amour m'arguë, [je] La met delez moi couchier
dans Dame de faiel, dans Couci
E à la nue terre se culchout en ses dras Que il aveit le jur, ne changout altres pas
dans Th. le mart. 102
3
XIIIe s.
De paour [elle] va à dens sur la terre couchier
dans Berte, XI
En croi sur l'herbe drue doucement [elle] se couchoit
dans ib. XXVIII
Vous deus dedens ma chambre ensemble [je] coucherai
dans ib. LVII
Rois, ce n'est pas ma fille qui ci estoit couchie
dans ib. X
Quant il vinrent laiens, si se coucierent et reposerent jusques à l'endemain après la messe que il alerent au castiel où li cuens estoit
de H. DE VALENC. dans XVI
Li rois Loeys ses peres se coucha au lit mortiel, et le convint partir de cest siecle
dans Chr. de Rains, p. 10
Dont sont tous nos François cochié à genoillon ; Or oïez de Jhesu, en qui croire devon, Com a fait grant vertu, por confondre Mahon
dans Ch. d'Ant. III, 618
Si tost com ou sepulcre [le St-Sépulcre] iert m'ofrande coucie, Et je l'aurai baisié et m'orison fenie
dans ib. I, 912
Par devant le segneur desoz qui il couque et lieve
Et s'il ne le trueve d'aventure, il doivent aler fere lor semonce à lor ostel où il est couquans et levans
Dusqu'à tant que les paroles sont couquies en jugement
de Philippe de BEAUMANOIR dans VI, 14
Quant je fus couchié en mon lit, là où je eusse bien mestier [besoin] de reposer
Il m'apoia, au passer que je fis, de son glaive entre les deux espaules, et me coucha sur le col de mon cheval
4
XVe s.
Mon très redouté et souverain seigneur, je me mets et couche du tout en vostre ordonnance et en la disposition de vostre haut et noble conseil
Après ce coup là veïssiez Autres coups aller et tenir, Et flourins aller et venir ; L'un couchoit de seize tous francs
de Eustache DESCHAMPS dans Poésies mss. f° 392, dans LACURNE, au mot effacer.
Auquel [Brissonnet] il faisoit conseiller de se faire prestre et que il le feroit cardinal, à l'autre couchoit [promettait] d'une duché
de Philippe de COMMINES dans VII, 2
Qui sçauroient le coucher en meilleur langage que moy
de Philippe de COMMINES dans Prol.
Coucher une lance en arrest
de Philippe de COMMINES dans I, 3
Il dresse le bras dextre à tout la lance au poing ....et quant il fut temps de coucher, il coucha tout droit bonne lance, et tourna sur son ennemy
dans Perceforest, t. V, f° 6
Couchier à dix, lever à six
de Antoine LE ROUX DE LINCY dans Prov. 1. II, p. 164
5
XVIe s.
Mais qu'il s'allast coucher, et qu'il couchast bien soigneusement la medaille sur ses roignons
de Michel de MONTAIGNE dans I, 95
Au lieu de coucher ces advis sur ses meurs, chascun les couche en sa memoire
de Michel de MONTAIGNE dans I, 116
Les femmes couchant à part de leurs maris
de Michel de MONTAIGNE dans I, 237
On les couchoit sur des charriotes pleines de bruyere
de Michel de MONTAIGNE dans I, 238
Je couche de peu [j'avance, je risque peu], car....
de Michel de MONTAIGNE dans IV, 124
Il les portoit l'un après l'autre par terre à chacune rencontre, sans que jamais sa lance fut couchée en vain
de Jacques YVER dans p. 534
La confiscation des meubles appartient au seigneur duquel le confisqué est couchant et levant [domicilié]
de Antoine LOYSEL dans 840
Drogues couchées avec le pinceau
de Bernard PALISSY dans 313
Nous ne laisserons pas de coucher par escript les choses dignes de memoire que nous avons peu amasser du roy Numa
de Jacques AMYOT dans Numa, 2
Il ne luy restoit plus qu'à coucher l'edict en bons termes
de Jacques AMYOT dans Solon, 25
Ils les trouverent qu'il estoit ja soleil couché
de Jacques AMYOT dans Pyrrh. 2
Il se trompoit, car il n'eust seu coucher d'un nom plus desagreable aux habitans que celui du roi
Se coucher en chapon le morceau au bec [se coucher de très bonne heure]
dans Débat de folie et d'amour, p. 99, dans LACURNE
Qui se couche avec les chiens, se leve avec les puces
de Randle COTGRAVE dans
Qui avec malheureux couche, il a froid, quoiqu'il lui touche
de Antoine LE ROUX DE LINCY dans Prov. t. II, p. 383
Ils ne sont pas trestous couchez encore, qui auront malvais repos anuict
de PALSGR. dans p. 422

ÉTYMOLOGIE

1
Bourguig. côchai ; picard et rouchi, couker ; wallon, coûkî ; namurois, couchî ; provenç. colgar, colcar ; ital. colcare, corcare, coricare ; du latin collocare, mettre, poser, de col, pour cum, avec, et locare, placer (voy. LOUER). Le sens général de placer a été réduit au sens particulier de mettre dans un lit ou dans une position analogue à celle qu'on a dans le lit : coucher une lance en arrêt. L'espagn. et le portug. colgar signifient appendre.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

1
Sémantique : Fig. Se coucher auprès, se passer de (métaphore tirée du chien qui se couche auprès de la nourriture qu'il dédaigne).
Il [d'Hacqueville] fera valoir vos raisons à M. de Pompone, et, après cela, s'ils ne sont contents, vous leur permettrez de se coucher auprès
2
2. Ajoutez : L. Racine dit dans ses Remarques que il y serait couché est une faute d'impression ; mais rien ne justifie cette allégation.

Synonymes de COUCHER

Termes proches de COUCHER