Définition de LOGER

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : lo-jé. Le g prend un e devant a et o : logeant, logeons

DÉFINITIONS

1
Habiter en une maison. Quand il vient à Paris, il loge chez son frère.
Je vous avoue que je comprends le plaisir de loger avec les gens qu'on aime
Le roi vient vers l'endroit où loge la princesse
de QUINAULT dans Agrippa, III, 1
Loger à la belle étoile, coucher dehors, et aussi n'avoir point de lieu pour se retirer.
Loger chez soi, habiter dans une maison à soi appartenant.
2
Sémantique : Fig. Être placé, en parlant des choses.
Et si tous ses appas sont encore en sa face, C'est que l'amour y loge
de François de MALHERBE dans VI, 25
Eh bien, aurait-on cru que sous tant de beauté Logeât tant de malice et de déloyauté ?
Son miroir lui disait : prenez vite un mari ; Je ne sais quel désir le lui disait aussi : Le désir peut loger chez une précieuse
Loger se conjugue avec l'auxiliaire avoir quand il marque l'action : Il a logé longtemps dans cette rue ; avec l'auxiliaire être, quand il marque l'état : Il est logé depuis deux ans dans cette rue.
3
Nature : V. a. Donner à loger.
Où logerez-vous toutes les personnes qui vous arrivent ? Quand le roi lui-même vous logeant dans son palais et vous approchant de sa personne sacrée....
de Thomas CORNEILLE dans Disc. de réc. à l'Acad. franç.
Toute ma maison est renversée ; et, malgré tous mes efforts, je n'aurai pas de quoi loger tous mes amis comme je voudrais
Depuis mon voyage à Madrid, je suis exempt de loger des gens de guerre
En moins d'un mois, pour loger ma sagesse, J'ai mis à sec un tonneau de vin vieux
de Pierre Jean de BÉRANGER dans le Nouveau Diogène.
Nature : Absolument.
Qui voudra dire ces choses [que les organes ne sont pas faits en vue de leur usage], fera mieux de dire encore qu'un bâtiment n'est pas fait pour loger
Sémantique : Fig. Loger quelqu'un aux Petites-Maisons, dire qu'il est fou, et qu'il est bon à mettre dans les Petites-Maisons.
Sémantique : Fig. et familièrement. Loger le diable dans sa bourse, n'avoir pas le sou.
Un homme n'ayant plus ni crédit ni ressource, Et logeant le diable en sa bourse, C'est-à-dire n'y logeant rien
4
Sémantique : Fig. Recevoir en soi. Toutes les folies qu'un cerveau humain peut loger.
Une de ces femmes Put en son coeur loger d'honnêtes flammes
de Jean de LA FONTAINE dans Court.
Ce qui m'importe, c'est la santé du corps aimable qui loge une si belle âme
5
Mettre. Il lui logea une balle dans la poitrine. Cette petite fille a logé son volant dans un arbre.
Sémantique : Fig.
Le soupçon, ce monstre sans pitié, Loge bientôt la haine où logeait l'amitié
Va, dans ce triste coeur je ne veux plus de place ; Si l'amour m'y logea, la trahison m'en chasse
6
Se loger, Nature : v. réfl. Prendre un logement. Il s'est logé dans un hôtel garni. Il veut se loger sur le boulevard.
Je vous donne mon blé, par exemple ; mais j'aurai besoin d'un logement dans quelque temps ; je fais un échange avec Paul, afin de me loger
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Pensées chrét. et mor. 34
Disposer, arranger un logement pour l'occuper. Il s'est logé fort bien, fort commodément.
Se bâtir une maison. Il s'est logé très agréablement à la campagne.
Sémantique : Fig.
Il y a une place d'attente dans leur coeur [des hommes], elle [la beauté] s'y logerait
7
Sémantique : Terme de guerre. Se loger sur la contrescarpe, sur la demi-lune, etc. s'y retrancher pour empêcher que les assiégés ne les reprennent.
8
Être mis, placé. La balle s'est logée dans le tibia, dans la poitrine, c'est-à-dire la balle qui l'a frappé lui est restée dans le tibia, dans la poitrine.

HISTORIQUE

1
XIIe s.
As prez dessouz Golane est cele gent logie
dans Saxons, VII
2
XIIIe s.
Et se logierent en une ille que l'en apele Saint-Nicholas ens le port
Et nous lojames ou lieu dont nous avions chacié nos ennemis
Et à celle branche qui va a Rexi vint le roy de France à tout son ost, et si se logea entre le fleuve de Damiette et celui de Rexi
Il alerent logier desous Juilly
3
XVe s.
Quant le roi de France [apprit] que le roi anglois approchoit Saint-Quentin, et estoit logé sur le royaume
L'endemain les seigneurs de France, qui avoient perdu leurs tentes et leurs pourveances, eurent conseil qu'ils se logeroient d'arbres et de fueilles plus près de la ville
Vous ferez bien d'ung peu le resjoïr ; Tristesce s'est avecque lui logiée ; Ne lui veuillez à son besoing faillir
de Charles D'ORLÉANS dans Bal. 23
Et cuiderent repliquer ; mais à la fin ils se teurent et deporterent ; car autrement on en eust logé en prison
de Jean JUVÉNAL DES URSINS dans Charles VI, 1420
Quant Julius Cesar, dus des Romains, Vint en Gaule la terre conquerir, Un jour loga entre Soissons et Rains, Sur un hault mont
de Eustache DESCHAMPS dans Conseils des François.
Et aussi l'armée du roy logée près de luy
de Philippe de COMMINES dans V, 8
4
XVIe s.
Il les exempta de loger les gens de guerre
de Jacques AMYOT dans Sert. 9
Sçavoir bien choisir l'advantage d'un lieu fort d'assiette pour loger ou combattre
de Jacques AMYOT dans ib. 14
Quand elle [cette idée] pourroit loger en la teste d'un homme....
de Michel de MONTAIGNE dans I, 75
L'ame qui loge la philosophie doibt....
de Michel de MONTAIGNE dans I, 175
Il n'avoit que cette maison de bien logée et accommodée
de Michel de MONTAIGNE dans II, 77
L'ame loge au cerveau
de Michel de MONTAIGNE dans II, 295
Vous me voulez loger [marier] en si bas lieu ; par quoy, pour abreger, je vous dis que jamais je ne prendray mary, si je n'ay un roy comme mes autres soeurs
dans Nuits de Straparole, t. I, p. 268, dans LACURNE
Ho, ho, va dire messer Sylvestre, en estes vous là logée ?
de CHOLIÈRES dans Contes, t. II, après-dîn. 3, p. 97, dans POUGENS
Estes-vous logez à ceste enseigne et vieux fatras, qui tant ont perdu de consciences ?
de NOEL DU FAIL dans Cont. d'Eutrap. ch. 30, f° 171, dans LACURNE

ÉTYMOLOGIE

1
Loge. On a voulu tirer loger du latin locare, placer ; il est bien vrai que, dans quelques formes, locare est représenté par loger (voy. LOUER 1) ; mais comment séparer loger de loge ?

Synonymes de LOGER

Termes proches de LOGER

Phonétiquement proche de LOGER