Définition de FLEURIR

DÉFINITIONS - REMARQUE - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE - SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE -

Prononciation : fleu-rir

DÉFINITIONS

1
Pousser des fleurs, être en fleur. Entre les arbres l'amandier fleurit des premiers, et le néflier des derniers.
Défrichez cette terre sauvage, faites fleurir comme lui [Apollon] le désert
de François de Salignac de La Mothe FÉNELON dans Tél. II
Madame a passé du matin au soir, ainsi que l'herbe des champs ; le matin elle fleurissait, avec quelle grâce vous le savez ! le soir nous la vîmes séchée
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Duch. d'Orl.
Sémantique : Par extension, il se dit de la barbe qui commence à pousser à la joue d'un jeune homme.
Veux-tu voir tous les grands à ta porte courir ? Dit un père à son fils dont le poil va fleurir
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Sat. VIII
Sémantique : Fig. Être dans son commencement.
Dans l'un [Télémaque] la sagesse ne fait encore que fleurir ; dans l'autre [Mentor] elle porte avec abondance les fruits les plus mûrs
de François de Salignac de La Mothe FÉNELON dans Tél. X
2
Sémantique : Fig. Être dans un état brillant comparé à l'éclat d'un arbre en fleur.
Par ses soins tout nous rit, tout fleurit, tout succède
de Jean de ROTROU dans Venceslas, V, 9
Le juste fleurira comme le palmier, et il se multipliera comme le cèdre du Liban
de Isaac Louis Lemaistre de SACY dans Bible, Psaume XCI, 13
Le règne où fleurissent la piété, la justice....
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Hist. I, 6
Faire fleurir l'agriculture
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans ib. III, 5
L'unité catholique, qui a fait fleurir durant tant de siècles l'Église et la monarchie d'Angleterre
de ID. dans Reine d'Anglet.
Marot, bientôt après fit fleurir les ballades
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Art. p. I
Parmi les doux plaisirs d'une paix fraternelle, Paris voyait fleurir son antique chapelle
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Lutr. I
L'occasion ne peut être meilleure, ni les conjonctures plus favorables, si je désire du moins de fleurir et de prospérer
de Jean de LA BRUYÈRE dans XII
Rien ne rappelle davantage l'idée de l'ancienne Grèce ; car, si les arts fleurirent en Grèce au milieu des guerres étrangères et civiles, ils eurent en Italie le même sort ; et presque tout y fut porté à sa perfection
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Moeurs, 121
Il est certain qu'Homère florissait deux générations après la guerre de Troie
de ID. dans Ess. poésie épique, ch. 2
On peut le mettre [Saint-Évremond] au rang des hommes aimables et pleins d'esprit qui ont fleuri dans les temps brillants de Louis XIV, mais non pas au rang des hommes supérieurs
de ID. dans Mél. littér. Lett. sur les Français, St-Évrem.
Épris de l'art divin qui fleurit en Provence, Poëte, il a chanté le succès de la France
de Casimir DELAVIGNE dans Vêp. sicil. I, 2
3
Nature : V. a. Parer d'une fleur, d'un bouquet.
La comtesse : Qui t'a donc fleurie si matin ? - Florence : Madame on ne m'a point fleurie, c'est moi qui ai fait des bouquets
de Pierre Augustin Caron de BEAUMARCHAIS dans Mère coup. II, 4
Sémantique : Fig. Fleurir son style, y mettre beaucoup d'ornements, de fleurs.
4
Se fleurir, Nature : v. réfl. Prendre des fleurs pour en faire un bouquet ou les mettre à sa boutonnière, à son chapeau. Il s'est fleuri en passant dans le parterre.

REMARQUE

1
1. Fleurir, signifiant être dans un état de prospérité, de splendeur, fait à l'imparfait fleurissait et florissait, et toujours florissant au participe présent. Il faut aussi toujours dire florissait quand il s'agit d'une personne ou d'une collection de personnes : Ronsard florissait au seizième siècle ; Athènes florissait sous Périclès. Cependant cette règle, qui est arbitraire, puisque c'est une tentative pour utiliser la double forme que ce verbe a par accident, n'en a pas été une pour tous les bons auteurs.
Hésiode fleurissait trente ans avant lui
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Hist. I, 6
Cet ordre respecté [les dominicains] fleurissait dans la France
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Henr. V
Il est certain que les affaires ne sauraient être plus fleurissantes
de Jean-Louis GUEZ de BALZAC dans Lettres, VII, 49
La réputation toujours fleurissante de ses écrits
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Disc. Acad.
2
2. Il se conjugue avec l'auxiliaire avoir quand on veut exprimer une action : l'arbre a fleuri aujourd'hui ; avec l'auxiliaire être, quand on veut marquer un état : l'arbre est fleuri depuis longtemps. Mais quand il signifie être dans un état de prospérité, de splendeur, il veut toujours l'auxiliaire avoir.

HISTORIQUE

1
XIe s.
Charles le vielz, à la barbe flurie
dans Ch. de Rol. LXXV
Ja estes vous viels et fluriz et blans
dans ib. CXXXII
2
XIIe s.
[Espines] poignanz et aspres qui ne peuvent florir
dans Ronc. p. 155
Adonc florist mes cuers et mes voloir En bone amor....
dans Couci, VIII
Dame, mar [à malheur] [je] vi le clair vis et la face Où rose et lis florissent chascun jour
dans ib. X
À la douzor du temps qui raverdoie Chantent oisel et florissent verger
dans ib. XX
3
XIIIe s.
Dont peussiés veoir le bras Saint-George flori tout contre-mont de nés [nefs] et de veissiaus et de galies et d'huissiers
de Geoffroi de VILLEHARDOUIN dans LXI
Entour la Saint-Jehan que la rose est fleurie
dans Berte, II
[Elle ne brille] Nient plus qu'en prés fleuris semble gaste bruiere
dans ib. XI
Et bien sachiés que qui por Diu morra en ceste besoigne, s'ame s'en ira toute florie en paradis par-devant lui
de H. DE VALENC. dans VII
Bien puet en robes de colors Sainte religion florir
dans la Rose, 11135
Toute sa teste [celle de la vieillesse] estoit chenue, Et blanche cum s'el fust florie
dans ib. 347
[Clercs] Qui, quant aus biens du monde, contre raison florissent
de Jean Chopinel, dit Jean DE MEUNG dans Test. 511
Jadis au tans des anciens Estoit molt maus, mais que li biens Floriscoit plus et ert [était] en face
dans Barl. et Josaphat, p. 2
4
XIVe s.
Et avril soit exaussiez, honourez, Qui florist de toutes parts Les prés, les bois et les chams et les pars [parcs]
de MACHAUT dans p. 130
5
XVe s.
Pour embelir et fleurir sa mauvaiseté et retraire la roine en Angleterre, et remettre en son danger [pouvoir] et du roi son mari [Édouard II, Isabelle]
de Jean FROISSART dans I, I, 11
6
XVIe s.
[Molinet] aux vers fleuris
de Clément MAROT dans III, 305
Il se doubtoit fort que ses actes seroient beaux et glorieux, mais que, après avoir fleury peu de jours, ilz se feneroient et passeroient incontinent
de Jacques AMYOT dans Dion, 30
Il laissa une posterité qui depuis a flori longtemps au païs
de Jacques AMYOT dans Cimon. 1
Il s'empara de l'Hespagne, laquelle il trouva florissante en nombre de peuples
de Jacques AMYOT dans Sertor. 9
L'eloquence a flori le plus à Rome lorsque....
de Michel de MONTAIGNE dans I, 380
En la saison où la science fleurissait le plus
de Michel de MONTAIGNE dans II, 206

ÉTYMOLOGIE

1
Pic. flourir ; provenç. florir ; espagn. florecer ; ital. fiorire ; du latin florere (avec changement de conjugaison), dérivé de flos, floris, fleur. Le présent je fleuris et le participe fleurissant supposent une forme dérivée floriscere.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

1
Sémantique : Terme de tanneur.
S'emploie en parlant du tan, pour désigner, à la surface du tan, des fructifications d'un champignon, l'aethalium septicum, du groupe des myxomycètes
dans Annales des sciences naturelles, Botanique, 1859, t. XI, p. 154

Synonymes de FLEURIR

Termes proches de FLEURIR