Définition de HIVER
Prononciation : i-vêr
DÉFINITIONS
1
Saison qui suit l'automne et précède le printemps.L'hiver astronomique, qui commence au 22 de décembre et finit au 20 de mars.
L'hiver météorologique, qui commence à la fin de novembre et se termine en février, et qui est la plus froide des saisons ; c'est le sens populaire.
Je connais un vieillard dont les secrets divers Ont fait naître des fleurs au milieu des hivers
de Jean de ROTROU dans Hercule mour. II, 2
Je me couchais sans feu dans le coeur de l'hiver
Cet hiver est épouvantable
Rien ne se passe si insensiblement qu'un hiver à la campagne, cela n'est affreux que de loin
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 603
Les coeurs sont saisis d'une joie soudaine par la grâce inespérée d'un beau jour d'hiver.... on ne laisse pas de préférer au plus beau jour d'hiver la constante sérénité d'une saison plus bénigne
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Marie-Thér.
Gand tombe avant qu'on pense à le munir ; Louis y vient par de longs détours ; et la reine, qui l'accompagne au coeur de l'hiver, joint au plaisir de le suivre celui de servir secrètement à ses desseins
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans ib.
Philisbourg est aux abois en dix jours, malgré l'hiver qui approche
Dans les nécessités extraordinaires sa charité faisait de nouveaux efforts ; le rude hiver des années dernières [l'orateur parle en 1685] acheva de la dépouiller de ce qui lui restait de superflu
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Anne de Gonz.
Je consens.... Qu'à Paris le gibier manque tous les hivers
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Sat. III
L'été n'a point de feux, l'hiver n'a point de glace
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Lutr. II
Vous, dont le pinceau téméraire Représente l'hiver sous l'image vulgaire D'un vieillard faible et languissant
de Jean-Baptiste ROUSSEAU dans Cantate, Hiver.
Le cruel hiver de 1709 força le roi de remettre aux peuples neuf millions de tailles dans le temps qu'il n'avait pas de quoi payer ses soldats
L'hiver de 1709 avait détruit le germe des moissons ; la misère fut extrême dans les campagnes, dans les villes et jusque dans Paris
de Charles Pinot, sieur DUCLOS dans Règne de Louis XIV, Oeuv. t. V, p. 27, dans POUGENS.
On n'a pas oublié le froid si long et si rigoureux de l'hiver de 1740, il avait presque égalé en intensité celui de 1709 et l'avait surpassé en durée
de Charles BONNET dans Observ. 42e insect.
L'astre brillant du jour sourit à leur audace [des monts sourcilleux], Et de leur front superbe éclaire les déserts ; De la pourpre, de l'or, du lis et de la rose Il donne à ces frimas les reflets éclatants ; Sur son trône glacé l'hiver, qui s'y repose, Y paraît couronné de l'émail du printemps
de MASSON dans Helvét. II
L'hiver était si près de nous qu'il n'avait fallu qu'un coup de vent de quelques minutes pour l'amener âpre, mordant, dominateur ; on sentit aussitôt qu'en ce pays il était indigène et nous étrangers
de Philippe de SÉGUR dans Hist. de Nap. IX, 7
Ces Russes ajoutèrent qu'ils s'étonnaient surtout de notre sécurité à l'approche de leur puissant hiver : c'était leur allié naturel et le plus terrible ; ils l'attendaient de moment en moment ; ils nous plaignaient, ils nous pressaient de fuir ; dans quinze jours, s'écriaient-ils, vos ongles tomberont
de Philippe de SÉGUR dans ib. VIII, 10
Habits, costume d'hiver, habits, costume qu'on prend en hiver pour se défendre du froid.
Fruits d'hiver, fruits qui n'achèvent de mûrir qu'en hiver ; ceux qu'on mange ordinairement en hiver.
Semestre d'hiver, semestre qui commence après les vacances ou à quelque autre époque de l'hiver, suivant les différentes compagnies, où il est d'usage de diviser le service par semestre.
Sémantique : Terme de guerre. Quartier d'hiver, l'intervalle entre deux campagnes.
Quartier d'hiver, lieu où l'on met les troupes en cantonnement pendant l'hiver. L'armée va prendre ses quartiers d'hiver.
C'est à cent lieues plus loin que Smolensk, c'est à Minsk qu'il lui faut [à Napoléon] aller chercher des quartiers d'hiver, dont quarante marches le séparent
de Philippe de SÉGUR dans Hist. de Nap. IX, 5
2
Il se dit par rapport au froid qu'il fait en hiver. L'hiver est avancé. L'hiver est tardif. L'hiver est long.Tous les grands hivers augmentent la mortalité
de Georges Louis Leclerc, comte de BUFFON dans Prob. de la vie, Oeuv. t. X, p. 508
Il n'y a point eu d'hiver, c'est-à-dire il n'y a point eu de grands froids cette année.
Sémantique : Fig. Il n'a pas besoin d'un fort hiver, se dit d'un homme d'une complexion faible et délicate, et aussi d'un homme qui, étant mal dans ses affaires, peut être ruiné par le moindre accident.
Température froide.
Des neiges qui font un hiver perpétuel sur le sommet des montagnes
Sémantique : Fig.
Voyez si de son teint les roses et les lis Dans l'hiver de la mort sont bien ensevelis
de Jean de MAIRET dans Sophon. V, 8
3
Sémantique : Fig. L'hiver de l'âge, des ans, la vieillesse.Puisqu'on a vu Siphax en l'hiver de son âge Concevoir tant de feux pour un si beau visage
de Jean de MAIRET dans Sophon. I, 4
Je sais que vos appas encor dans leur printemps Pourraient s'effaroucher de l'hiver de mes ans
Et ses soins caressants, Tendres, réchaufferaient l'hiver de mes vieux ans
....Les goûts purs, innocents, Jusque dans leur hiver suivent les bonnes gens
de Louis-Benoît PICARD dans Amis de collége, II, 2
Qu'il coule gaiement son automne ; Que son hiver soit encor loin
de Pierre Jean de BÉRANGER dans Doct. et mal.
L'hiver de ce siècle, la sombre et triste condition des hommes sur la terre.
Ne t'impatiente pas, ô homme de bien ; laisse passer l'hiver de ce siècle, où toutes choses sont confondues
4
Année, dans le langage poétique, quand il s'agit soit d'un âge avancé, soit de quelque période sombre et triste.Quand le sort t'a laissé compter cinquante hivers
de DESHOULIÈRES dans t. I, p. 105
Là, depuis trente hivers un hibou retiré
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Lutr. III
Cinquante hivers ont passé sur ta tête ; J'ai de bien près cheminé sur tes pas
de Pierre Jean de BÉRANGER dans Bonsoir.
5
Sémantique : Terme de marine. Bâtons ou mâts d'hiver, mâts de perroquet sans flèche.6
Sémantique : Terme d'alchimie. Temps de l'humidité de la pierre.PROVERBES
1
Exemple : Mi-mai, queue d'hiver, c'est-à-dire le froid se fait souvent sentir au mois de mai.2
Autant de jours d'hiver passés, autant d'ennemis renversés.3
Serein d'hiver, pluie d'été ne font jamais pauvreté.4
Exemple : L'hiver n'est jamais bâtard ; s'il ne vient tôt, il vient tard, c'est-à-dire l'hiver est de la famille des saisons, ce n'est point un bâtard, il a toujours sa place.HISTORIQUE
1
XIIIe s.Que li mundz [le monde] est renuvelez ; S'en va ivern, e vent [vient] estez
dans Édouard le confesseur, V. 1389
Einsi sejorna li os [l'armée] de France à Jadres tout l'iver
de Geoffroi de VILLEHARDOUIN dans LIV
Or est yvers entrés, et nos ne poons mais de ci movoir devant la Pasque
de Geoffroi de VILLEHARDOUIN dans XLIX.
2
XVe s.Le roi Henri de Castille assiegea très en hiver la cité de Bayonne
de Jean FROISSART dans II, II, 28
Comment vous [l'amant voulant se faire cordelier] qui avez gousté Tant d'honneur au monde et de gloire, Prendriez-vous yver pour esté, Et, au lieu de bon temps, misere ?
dans l'Amant rendu cordelier, p. 549, dans LACURNE
3
XVIe s.Ayant repassé les Alpes, et estant venu faire son hyver en la ville de Luques
de Jacques AMYOT dans Pomp. 72
En hiver au feu, et en esté au bois et au jeu
de Antoine LE ROUX DE LINCY dans Prov. t. I, p. 101
Soleil d'hyver, amour de paillarde, Tard vient et peu tarde
de Antoine LE ROUX DE LINCY dans ib. p. 103
Hiver est fort bonne saison, quand on a pour faire tison
de Antoine LE ROUX DE LINCY dans ib. p. 102
ÉTYMOLOGIE
1
Wallon, ivier' ; bourguig. hivar ; provenç. ivern ; espagn. invierno ; ital. inverno ; du lat. Hibernus ( i avec un accent long), dans lequel hi ( i avec un accent long) représente hie de hiems, hiver ; sanscrit, hima, neige. Hibernus ( i avec un accent long) paraît se décomposer en hi, neige, ber, qui apporte, et nus, suffixe participial.