Définition de PRODIGUE

DÉFINITIONS - SYNONYME - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE - SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE -

Prononciation : pro-di-gh'

DÉFINITIONS

1
Qui fait plus de dépenses qu'il ne faudrait.
Les personnes prodigues vivent comme si elles avaient peu de temps à vivre, et les personnes avares comme si elles ne devaient pas mourir
de SARRASIN dans dans GIRAULT-DUVIVIER
Elle devint avare pour elle-même, afin d'être prodigue pour Jésus-Christ
de Esprit FLÉCHIER dans Duchesse d'Aiguillon.
Lui-même [un homme économe] le sentit [qu'il dépensait trop], reconnut son péché, Se confessa prodigue, et, plein de repentance....
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Sat. X
Prodigue à.
La marquise de Créqui était la femme la plus prodigue aux pauvres, et la plus avare pour elle-même
de Louis de Rouvroy, duc de SAINT-SIMON dans dans LAFAYE, Synon. Prodigue.
Il se dit des choses. Des mains prodigues.
Sa prodigue amitié ne se réserve rien
de Jean RACINE dans Brit. I, 1
2
Enfant prodigue, personnage d'une parabole de l'Évangile, qui demande sa part, la dissipe, puis, misérable, revient dans la maison paternelle, où il est bien reçu.
Sémantique : Fig. Enfant prodigue, jeune homme de famille qui, après des absences et de l'inconduite, regagne la maison paternelle.
L'enfant prodigue est enfin de retour
de Casimir DELAVIGNE dans Une famille au temps de Luther, sc. 10
Nature : Substantivement. Le prodigue, l'enfant prodigue.
Quand on y lit [dans l'Évangile] cet heureux retour du prodigue retrouvé, et ce transport d'un père attendri qui mit en joie toute sa famille
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Mar.-Thér.
3
Sémantique : Fig. Prodigue de.... se dit des paroles et de ce qui consiste en paroles. Il est prodigue de louanges, de compliments.
Un menteur est toujours prodigue de serments
de Pierre CORNEILLE dans le Ment. III, 5
4
Sémantique : Fig. En bonne part, qui répand avec libéralité.
Vers ce temple fameux, si cher à tes désirs, Où le ciel fut pour toi si prodigue en miracles
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Lutr. VI
Prodigue de ses biens, un père plein d'amour....
de Louis RACINE dans Relig. III
Soit que, jeune, on craigne moins la mort par l'instinct de son éloignement, ou qu'à cet âge, riche de jours et prodigue de tout, on prodigue sa vie comme les riches leur fortune
de Philippe de SÉGUR dans Hist. de Nap. IX, 2
Être prodigue de son sang, ne pas le ménager.
Mais ces mêmes héros, prodigues de leur vie, Ne la rachetaient pas par une perfidie
de Jean RACINE dans Baj. II, 3
En mauvaise part.
Et prodigue surtout du sang des misérables
de Jean RACINE dans Athal. III, 3
Être prodigue de soi-même, faire de grands sacrifices pour...
Que, pour sauver l'État, il soit prodigue de soi-même, cet homme du roi
de Jean-Louis GUEZ de BALZAC dans Des ministres et du ministère
5
Nature : Substantivement. Un prodigue, une personne prodigue.
Au sens juridique, le prodigue est celui qui dissipe son patrimoine en dépenses inutiles et folles.
Il peut être défendu aux prodigues de plaider, de transiger, d'emprunter.... sans l'assistance d'un conseil qui leur est nommé par le tribunal
dans Code Nap. art. 513

SYNONYME

1
PRODIGUE, DISSIPATEUR. Le prodigue pèche par rapport à la quantité : il est trop libéral, il ne sait pas se retenir. Le dissipateur pèche par rapport à la manière : il est désordonné, extravagant. Le prodigue dépense trop ; le dissipateur dépense mal ; l'un fait de grandes dépenses, l'autre fait de folles dépenses. Dissipateur ne se dit qu'en mauvaise part ; prodigue, suivant l'application qu'on en fait, ne présente pas ce caractère : on dit, en forme de louange, prodigue de ses soins et de ses services, de sa vie, etc.

HISTORIQUE

1
XIIe s.
Prodigues est cil qui se desmesure en doner et faut en reçoivre
de Brunetto LATINI dans Trés. p. 284
2
XIVe s.
Prodige, c'est fol large
de Nicolas ORESME dans Thèse de MEUNIER.
3
XVe s.
Les convis et les banquetz plus grans et plus prodigues que en nul autre lieu
de COM. dans I, 2
4
XVIe s.
Mesme un prodigue en plusieurs années ne pouvoit quasi despendre son bien
de Francois LANOUE, dit Lanoue Bras de Fer dans 467
Puis se combattoient à toute outrance de poignées de roses, dont se faisoit une espaisse et prodigue jonchée
de Jacques YVER dans p. 523
En tout ceci ay-je esté si prodigue de moy-mesme, de mon labeur et de mes facultés, que....
de Ambroise PARÉ dans Dédic.

ÉTYMOLOGIE

1
Lat. prodigus, de prodigere, mettre en avant, dépenser (voy. PRODIGE).

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

1
PRODIGUE. Ajoutez : - REM. Saint-Simon n'est pas le seul qui ait dit prodigue à quelqu'un (voy. PRODIGUE, n° 1). Bien avant lui, Corneille avait employé cette tournure :
Le pardon qu'il lui donna fut la source de nouveaux bienfaits dont il lui fut prodigue
de Pierre CORNEILLE dans Cinna, Épît.

Synonymes de PRODIGUE

Termes proches de PRODIGUE