Définition de PROUESSE
Prononciation : prou-è-s'
DÉFINITIONS
1
Action de preux, vaillance.Le lion, terreur des forêts, Chargé d'ans et pleurant son antique prouesse
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. III, 14
Et déjà dans le port Tout retentit de nos prouesses
Dans une nation guerrière où la force, le courage et la prouesse sont en honneur
Ces pleurs vont enfanter d'incroyables prouesses
de Casimir DELAVIGNE dans la Fille du Cid, II, 8
2
Sémantique : Familièrement, il se dit de choses comparées à des prouesses.Le comédien Destin fit des prouesses à coups de poing, dont on parle encore dans la ville du Mans
de Paul SCARRON dans Rom. com. I, 3
Ces dragons de vertu, ces honnêtes diablesses, Se retranchant toujours sur leurs sages prouesses
Mais bientôt, rappelant son antique prouesse, Il [le prélat] tire du manteau sa dextre vengeresse
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Lutr. v.
Conter ses prouesses, raconter ce qu'on a fait de vaillant soit à la guerre, soit ailleurs.
Ce mot est vieux, et n'entre plus dans le beau style qu'en raillerie, comme, par exemple, si je dis : sa vanité est insupportable, il ne cesse de parler de ses prouesses
Il était occupé à conter ses prouesses à quelques dames qui s'étaient approchées des comédiennes
de Paul SCARRON dans Rom. com. I, 21
Sémantique : Ironiquement. Voilà une belle prouesse, se dit de quelque action blâmable ou ridicule.
Nous avons fait, Lisette, une belle prouesse
de FAGAN dans Rendez-vous, sc. 14
3
Certains excès de débauches.Leurs prouesses sont d'avoir bu d'autant
de LE P. SIM. MARS dans Myst. du roy. de Dieu, p. 156, dans POUGENS
Le duc de Lauzun fit le lendemain [de ses noces] trophée de ses prouesses
SYNONYME
1
PROUESSE, EXPLOIT. La prouesse n'est plus proprement que l'action d'un chevalier, d'un paladin ; l'exploit est d'un grand capitaine, d'un général. On dit les prouesses d'Amadis ; les exploits d'Alexandre.HISTORIQUE
1
XIe s.Qui de son cors feïst tantes proecces.
dans Ch. de Rol. CXX
2
XIIe s.[il] Ne fud pas de la pruesce as treis premiers [ci-dessus nommés]
dans Rois, p. 214
3
XIIIe s.Tout ainsi com la nois [neige] remest [se fond] Quant li rais du soleil l'ataint, Tout ainsi remest et estaint El cuer de l'home la proesche, Si tost qu'avarice l'esteche
dans Hist. litt. de la Fr. t. XXIII, p. 276
Et quant aucuns à honor monte Par son sens ou par sa proece, C'est la chose qui plus la blece [l'envie]
dans la Rose, 249
Après, te garde de retraire Chose des gens qui face à taire : N'est pas proesce de mesdire
dans ib. 2099
4
XIVe s.Celle vertu que l'en seult en françoys appeller proesce
de Nicolas ORESME dans Eth. 79
5
XVe s.Et me sambloit, à voir enquerre [à chercher le vrai], Grant proece à leur grasce acquerre
de Jean FROISSART dans Espin. amour.
6
XVIe s.La singuliere prouesse des habitants à se bien deffendre
de Michel de MONTAIGNE dans I, 27
ÉTYMOLOGIE
1
Preux ; prov. proeza ; cat. proesa ; espagn. proeza ; ital. prodezza.