Définition de ENFANTER

DÉFINITIONS - SYNONYME - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : an-fan-té

DÉFINITIONS

1
Donner le jour à un enfant. Heureuse la mère qui l'a enfanté.
Sémantique : Par extension.
Ce peuple que la terre enfantait tout armé
de Pierre CORNEILLE dans Médée, I, 1
Le monde, de qui l'âge avance les ruines, Ne peut plus enfanter de ces âmes divines
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Lutr. III
Cieux, répandez votre rosée, Et que la terre enfante son sauveur
de Jean RACINE dans Athal. III, 7
Sitôt que le devoir l'ordonne, La France enfante des soldats
de LAMOTTE dans Odes, t. I, p. 64, dans POUGENS
Nature : Absolument.
Le chaos se féconde, et la nature enfante
de Jacques DELILLE dans Parad. perdu, VII
2
Sémantique : Fig. Créer, concevoir, produire.
Tout ce qu'elles pourront enfanter de tempêtes, Sans venir jusqu'à nous, crèvera sur leurs têtes
de Pierre CORNEILLE dans Théod. I, 1
On y voit tour à tour la paix et les combats ; On y voit l'amertume enfanter les appas
de Pierre CORNEILLE dans Imit. II, 9
Le poëte par bonheur n'ayant point enfanté de nouvelles stances
de Paul SCARRON dans Rom. com. part. I, ch. 13
Bienheureux Scudéri, dont la fertile plume Peut tous les mois sans peine enfanter un volume
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Sat. II
Que Racine, enfantant des miracles nouveaux, De ses héros sur lui [le roi] forme tous les tableaux
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Art p. IV
Accourez, troupe savante ; Des sons que ma lyre enfante, Ces arbres sont réjouis
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Ode sur Namur.
Et quel affreux projet avez-vous enfanté, Dont votre coeur encor doive être épouvanté ?
de Jean RACINE dans Phèd. I, 3
C'est au génie seul à enfanter toutes les hardiesses qui contribuent si fort au merveilleux de la poésie et au sublime de l'éloquence
de D'OLIVET dans Hist. de l'Acad. t. II, p. 59, dans POUGENS
Je l'ai vu, ce n'est point une erreur passagère Qu'enfante du sommeil la vapeur mensongère
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Sém. I, 5
Son nom et son malheur enfantent des soldats
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Triumv. II, 2
De la ligue en cent lieux les villes alarmées Contre moi dans la France enfantaient des armées
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Henr. III, 143
Ses succès, sa valeur, Bientôt à Spartacus enfantent une armée
de SAURIN dans Spart. I, 1
Nature : Absolument. Cet auteur enfante difficilement, il ne produit des ouvrages qu'avec peine.
3
Dans le langage mystique, enfanter une âme en ou à Jésus-Christ, la rendre digne de Jésus-Christ et de la vie éternelle.
Si Dieu a béni le travail par lequel je tâche de vous enfanter en Jésus-Christ, et que, trop indigne ministre de ses conseils, je n'y aie pas été moi-même un obstacle
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Anne de Gonz.
Dieu ébranlera tout l'État pour l'affranchir [Henriette] de ces lois ; il met les âmes à ce prix ; il remue le ciel et la terre pour enfanter ses élus
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Duch. d'Orl.
Tant de saints pasteurs qui offrent leurs âmes et leurs travaux pour vous enfanter à Jésus-Christ
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Car. Mot. de conv.
4
S'enfanter, Nature : v. réfl. Être enfanté, être produit. Une tragédie ne s'enfante pas si facilement.

SYNONYME

1
ENFANTER, ENGENDRER. Engendrer est relatif à la génération ; enfanter, à l'enfant qui est mis au monde. De là la différence de sens entre ces deux mots : d'abord engendrer se dit également du mâle et de la femelle, de l'homme et de la femme ; enfanter ne se dit que de la femme seule. Au figuré, engendrer s'applique à ce qui peut être comparé à une génération ; et enfanter à ce qui peut être comparé à la mise au monde. Tant que l'idée de mise au monde n'est pas nécessaire, on se sert indifféremment d'engendrer ou d'enfanter : ce discours engendra ou enfanta des discordes. Mais, quand cette idée est nécessaire, c'est enfanter qu'il faut : on enfante un projet, un ouvrage.

HISTORIQUE

1
XIIe s.
Graces rendit al enfanter, e Samuel le fist numer
dans Rois, p. 4
2
XIIIe s.
S'ele [la mère] estoit franche quant ele conçut, et quant à l'anfanter est serve, droit dit que li enfes est frans
dans Liv. de just. 54
Mestre, fist le chevalier, je vous demande si vous creez que la vierge Marie, qui Dieu porta en ses flans et en ses bras, enfantast vierge
de Jean, PRINCE DE JOINVILLE dans 198
3
XVIe s.
Elle enfanta un enfant mort
de Ambroise PARÉ dans XXIX, 16
Vous ne tuerez point L. Caesar, que premierement vous ne me tuez, moy qui ay enfanté vostre capitaine
de Jacques AMYOT dans Anton. 23

ÉTYMOLOGIE

1
Enfant ; provenç. enfantar, effantar, efantar ; ital. infantare.

Synonymes de ENFANTER

Termes proches de ENFANTER

Phonétiquement proche de ENFANTER