Définition de ENFANT
Prononciation : an-fan
DÉFINITIONS
1
Individu de l'espèce humaine qui est dans l'âge de l'enfance. Un petit enfant. Un bel enfant. Jouer comme un enfant.Aussi, à dire le vrai, c'est une extrême méchanceté de se moquer d'un pauvre enfant qui n'a appris le français que pour l'amour de moi, et qui a eu du moins l'esprit de me choisir entre tous ceux qui sont ici
de Vincent VOITURE dans Lett. 57
Laissez venir les petits enfants, et ne les empêchez point, car le royaume de Dieu est pour ceux qui leur ressemblent
de Isaac Louis Lemaistre de SACY dans Bible, Évang. St Marc, x, 14
Tout charme en un enfant dont la langue sans fard, À peine du filet encor débarrassée, Sait d'un air innocent bégayer sa pensée
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Épître IX
Un rimeur, sans péril, de là les Pyrénées, Sur la scène en un jour enferme des années ; Là souvent le héros d'un spectacle grossier, Enfant au premier acte, est barbon au dernier
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Art p. III
Néron n'est plus enfant, n'est-il pas temps qu'il règne ?
de Jean RACINE dans Brit. I, 2
De quel crime un enfant peut-il être coupable ?
de Jean RACINE dans Athal. II, 5
Un enfant est peu propre à trahir sa pensée
de Jean RACINE dans ib. II, 6
Ô vous, sur ces enfants si chers, si précieux, Ministres du Seigneur, ayez toujours les yeux
de Jean RACINE dans ib. II, 7
Quel astre à nos yeux vient de luire ? Quel sera quelque jour cet enfant merveilleux ?
de Jean RACINE dans ib. II, 9
Les enfants ont des joies immodérées et des afflictions amères sur de très petits sujets
de Jean de LA BRUYÈRE dans XI
Les enfants sont hautains, dédaigneux, colères, envieux, curieux, intéressés, paresseux, volages, timides, intempérants, menteurs, dissimulés
de Jean de LA BRUYÈRE dans ib.
Les enfants n'ont ni passé ni avenir, et, ce qui ne nous arrive guère, ils jouissent du présent
de Jean de LA BRUYÈRE dans ib.
Il n'y a nuls vices extérieurs et nuls défauts du corps qui ne soient aperçus par les enfants ; ils les saisissent d'une première vue
de Jean de LA BRUYÈRE dans ib.
Un gros marchand qui ne jouait [ne savait jouer] non plus qu'un enfant
de Antoine HAMILTON dans Gramm. 3
Dieu vous veut petit à vos yeux et simple dans ses mains comme un petit enfant
de François de Salignac de La Mothe FÉNELON dans t. XVIII, p. 414
J'ai vu, dit saint Augustin, un enfant jaloux ; il ne savait pas encore parler, et, avec un visage pâle et des yeux irrités, il regardait déjà l'enfant qui tétait avec lui
Que ses parents et ses voisins l'avaient vue grosse de la fille dont elle avait accouché ; que cet enfant [fille] en venant au monde avait été reçu dans les mains de ses parents et de ses alliés
Sans soin du lendemain, sans regret de la veille, L'enfant joue et s'endort, pour jouer se réveille
de Jacques DELILLE dans Imagin. ch. VI
L'enfant dont la mort cruelle Vient de vider le berceau, Qui tombe de la mamelle Au lit glacé du tombeau
de Alphonse de LAMARTINE dans Harm. II, 1
Il est si beau, l'enfant avec son doux sourire, Sa douce bonne foi, sa voix qui veut tout dire, Ses pleurs vite apaisés, Laissant errer sa vue étonnée et ravie, Offrant de toutes parts sa jeune âme à la vie Et sa bouche aux baisers
de Victor HUGO dans Feuilles d'aut. XI
L'enfant Jésus, Jésus lorsqu'il était enfant. Un enfant Jésus, une figure de Jésus enfant.
Cet enfant est trop mignard, trop fait, trop joli, trop petit, c'est un enfant Jésus
de Denis DIDEROT dans salon de 1767, Oeuvres, t. XIV, p. 176, dans POUGENS
Sage comme l'enfant Jésus, se dit d'un enfant qui est sage et obéissant.
Ce n'est pas un jeu d'enfant, ce n'est pas jeu d'enfant, se dit quand il s'agit de choses sérieuses et importantes.
Être innocent comme l'enfant qui vient de naître ou qui est à naître, être tout à fait innocent.
Enfant gâté, l'enfant à qui ses parents laissent faire toutes ses volontés et qu'ils ne corrigent pas.
Se dit par extension d'un adulte qui se passe ou à qui l'on passe tous ses caprices.
Elle était une des trois ou quatre jolies femmes de Paris dont le vieux abbé de Saint-Pierre avait été l'enfant gâté
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Confess. IX
Faire l'enfant, badiner comme un enfant, s'amuser à des choses puériles.
Pendant que les philosophes radotent et font les enfants
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Ém. III
Ils me rient au nez, me disent que je fais l'enfant
Être enfant, même sens.
Quoi ! vous songez encore à cela ? reprit-elle ; eh ! mon Dieu ! Marianne, que vous êtes enfant !
Ne pas faire l'enfant, signifie aussi ne pas faire l'ignorant, ne pas affecter l'ignorance d'un enfant sur ce qui est dit ou proposé. Il ne fit pas l'enfant, il profita de l'occasion. Acceptez, ne faites pas l'enfant.
Nature : Adjectivement.
Tout enfant qu'elle était
de Esprit FLÉCHIER dans Mme de Mont.
Allons nous coucher ; je suis plus enfant que toi
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Confess. I
J'aurais eu peine à croire qu'il y eût des spectateurs assez enfants pour aller voir cette imitation
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Héloïse, II, 23
Un peuple enfant, un peuple qui n'est pas encore civilisé.
On l'a dit aussi, en poésie, de ce qui est de l'enfance.
Bords où mes pas enfants suivaient Napoléon, Fortes villes du Cid !
de Victor HUGO dans Feuilles d'aut. X
D'enfant, loc. adj. Faible, futile. Ce sont scrupules d'enfant.
Cette difficulté d'enfant a occupé dans tous les siècles les têtes les plus fortes
2
Mal d'enfant, le travail de l'accouchement. Cette femme est en mal d'enfant.Une montagne en mal d'enfant Jetait une clameur si haute....
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. V, 10
Faire un enfant, en parlant d'une femme.
La femme ne faisant guère qu'un enfant à la fois
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Orig. Notes.
Faire un enfant, en parlant d'un homme.
M. de Nemours fit un enfant à cette fille de Rochon, qu'on appelait Mlle de la Garanche
3
Nature : S. f. Petite fille, jeune fille. Ma belle enfant. La pauvre enfant.Excusez ma tendresse pour une enfant dont je n'ai jamais eu aucun sujet de plainte
de Jean RACINE dans Lett. à sa tante
Je suis la plus jeune de ses enfants
de Denis DIDEROT dans Père de famille, II, 9
Dainville arrive en tenant par la main la plus charmante enfant que j'aie jamais vue
de Stéphanie Félicité Ducrest de St-Albin, comtesse de GENLIS dans Adèle et Théod. t. III, lett. 1, dans POUGENS
4
Il exprime un rapport de génération, fils ou fille. Il eut plusieurs enfants. Il perdit ses enfants en bas âge.Et contre un père enfin l'enfant a toujours tort
de Jean de ROTROU dans St-Genest, I, 1
Ce fut là [à la Bérésina] qu'on aperçut des femmes au milieu des glaçons, avec leurs enfants dans leurs bras, les élevant à mesure qu'elles s'enfonçaient ; déjà submergées, leurs bras roidis les tenaient encore au-dessus d'elles
C'est l'enfant de sa mère, c'est bien l'enfant de sa mère, c'est-à-dire il en a tout le caractère.
C'est bien l'enfant de son père, de sa mère, se dit aussi de la ressemblance physique.
Enfant de bonne mère ou de bonne maison, personne qui occupe un bon rang dans la société. Il n'y a enfant de bonne mère qui ne prétende à cela.
Traiter quelqu'un en enfant de bonne maison, le châtier sévèrement, ne point l'épargner.
Si vous ne retrouvez pas mon cordon, vous serez livré au sous-comite, qui vous traitera en enfant de bonne maison
Enfant de famille, enfant en puissance de père et de mère.
Enfant de famille, enfant chéri, enfant qui était avantagé aux dépens des autres.
Enfant de famille, enfant de bonne maison.
Je ne me trouvai pas seul avec le muletier ; il y avait deux enfants de famille de Pennaflor
de Alain René LESAGE dans Gil Blas, I, 3
Enfant de troupe, fils de militaire élevé dans les casernes aux frais de l'État.
Enfant trouvé, enfant abandonné par ses parents, ramassé par les passants, et recueilli par les hospices.
Mon troisième enfant fut donc mis aux enfants trouvés, ainsi que les premiers
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Conf. VIII
Enfants de la patrie, nom donné, pendant la Révolution, aux enfants trouvés.
Enfant de l'amour, enfant né hors mariage.
Sémantique : Terme de marine. Enfant trouvé, personne qui s'est cachée à bord pour y faire une campagne et qui ne se montre que lorsque le navire est en mer.
Enfant de la balle, voy. BALLE.
Enfants bleus, enfants rouges, pauvres enfants habillés de bleu, de rouge, qu'on élevait à Paris dans un lieu fondé pour cela.
L'enfant prodigue, l'enfant de l'Évangile qui, ayant reçu sa part, va la dissiper follement, et qui, revenant dans l'état le plus misérable, est bien accueilli par son père.
Tu reviens dans ta famille dans l'équipage de l'enfant prodigue
Sémantique : Par analogie, jeune homme qui a fait ses fredaines, malgré les conseils de ses parents, surtout au moment où il revient près d'eux pour mener une vie plus rangée.
Un matin donc, l'enfant prodigue comparut devant sa mère, non point hâve, décharné, souillé de boue et couvert de haillons comme son aîné de la Bible, mais élégant, leste, gracieux, l'oeil câlin et le sourire sur les lèvres
de CH. DE BERNARD dans la Cinquantaine, § XI
5
Enfants de France, princes et princesses, enfants du roi qui occupait le trône, pour les distinguer de ceux et de celles des différentes branches de la maison royale, qui ne portaient que le titre de princes et princesses du sang.6
Petits-enfants, voy. PETITS-ENFANTS.7
Enfant de choeur, enfant qui chante au choeur.8
Enfants de langue, nom qu'on donnait, dans les Échelles du Levant, à de jeunes Français que le roi entretenait au Levant pour y apprendre les langues turque, arabe, grecque, et pour servir ensuite de drogmans. On dit aujourd'hui jeunes de langue.9
Enfants perdus, soldats qui marchent, pour quelque entreprise extraordinaire, à la tête d'un corps de troupes commandé pour les soutenir ; ainsi nommés parce que leur service est particulièrement périlleux. Cette locution provient peut-être de los infantes, expression espagnole, d'où est né le mot infanterie.Plus généralement. Enfants perdus, personnes qu'on met en avant dans une affaire hasardeuse.
Sémantique : Fig.
Je vous prie de regarder mes réflexions comme des enfants perdus que j'ai jetés en avant sans m'embarrasser de ce qu'ils deviendraient
de Jean Le Rond D'ALEMBERT dans Lett. à Voltaire, 22 fév. 1764
Sémantique : Néologisme. Enfant terrible, enfant qui, en répétant ce qu'il a entendu dire, blesse profondément ceux à qui il parle. Dites-moi donc, monsieur, qui est-ce qui a inventé la poudre ? papa dit que ce n'est pas vous.
Sémantique : Par extension, ceux qui par trop de sincérité compromettent leur cause, leur parti.
10
Sémantique : Terme de familiarité, d'encouragement, avec un accent paternel, et venant d'un homme âgé ou d'un supérieur. Mes chers enfants. Allons, enfants. Mon enfant, écoutez-moi.Va-t'en, ma pauvre enfant
Allons, Merlin, de la vivacité, mon enfant, de la présence d'esprit
Ah ! mon enfant, j'ai cru voir une substance céleste ; elle m'a tout à coup embrasé d'amour
de Alain René LESAGE dans Gil Blas, X, 8
Un bon enfant, un homme de bonne humeur, et aussi un homme qui n'a pas de malice.
Au surplus bon enfant, sot, je ne le dis pas
de Jean de LA FONTAINE dans Contr.
Il est fort bon enfant et plus uni à ce qu'il me semble que la plupart des jeunes gens
de Paul Louis COURIER dans Lett. II, 103
On dit de même une bonne enfant. Elle est bonne enfant.
Mais dans le fond, c'est une bonne enfant
de Jean-François REGNARD dans Sérénade, 11
Il est bon enfant, bien bon enfant de croire cela, de se prêter à cela, c'est-à-dire il est bien simple de croire cela, etc.
Nature : Adjectivement. Il a un air bon enfant, un sourire bon enfant.
Dans le style familier, bon enfant entraîne souvent l'idée d'aimable vaurien, de joyeux compagnon.
11
Les êtres humains considérés comme fils du ciel, de Dieu, de la terre, de la patrie, etc. La patrie réclama le secours de ses enfants. Les enfants d'une même patrie. Les enfants de Dieu et de l'Église.Ainsi la Grèce en vous trouve un enfant rebelle
de Jean RACINE dans Andr. I, 2
Dieu laissa-t-il jamais ses enfants au besoin ?
de Jean RACINE dans Ath. II, 7
Jérusalem renaît plus charmante et plus belle ; D'où lui viennent de tous côtés Ces enfants qu'en son sein elle n'a pas portés ?
de Jean RACINE dans ib. III, 7
Rome avait des enfants Qui conspiraient contre elle et servaient les tyrans
Des enfants du soleil le redoutable empire
....l'État répandait le sang de ses enfants
Si le monde exige tant des enfants de la terre, qu'est-ce que Dieu ne doit pas demander des enfants du ciel ?
À mesure que les conquêtes et les cultures se multiplièrent en Amérique, il fallut plus d'esclaves ; ce besoin a augmenté graduellement ; et, depuis la pacification de 1763, on a arraché chaque année à la Guinée quatre-vingt mille de ses malheureux enfants
Venez, enfants du ciel, orphelins sur la terre, Il est encor pour vous un asile ici-bas ; Mes trésors sont cachés, ma joie est un mystère ; Le vulgaire l'admire et ne la comprend pas
de Alphonse de LAMARTINE dans Harm. I, 11
Dans le langage biblique. Les enfants des hommes, les hommes, et surtout ceux qui vivent dans l'iniquité. Les enfants de lumière, ceux qui ont reçu l'Évangile. Les enfants de ténèbres, les idolâtres.
Sémantique : Par extension, il se dit d'autres êtres que les êtres humains.
Quels qu'ils soient, l'Éternel à d'immuables lois Soumet tous les enfants des vergers et des bois ; Lui-même il les nourrit, il veille à leur défense
de Jacques DELILLE dans Trois règnes, VI
12
Nature : S. m. plur. Descendants. Nous sommes tous enfants d'Adam. Les enfants d'Israël.Et que vous racontiez à vos enfants et aux enfants de vos enfants de combien de plaies j'ai frappé les Égyptiens
de Isaac Louis Lemaistre de SACY dans Bible, Exode, X, 2
Des enfants de Japhet toujours une moitié Fournira des armes à l'autre
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. II, 6
13
Natif. Les enfants de Paris.14
Partisan, sectateur, disciple, Les enfants de la liberté et de l'égalité.Mais pendant que vous ne travaillerez qu'à y entretenir le trouble, ne doutez pas qu'il ne se trouve des enfants de la paix qui se croiront obligés d'employer tous leurs efforts pour y conserver la tranquillité
de Blaise PASCAL dans Prov. 18
Enfants de St-François, de St-Ignace, etc. les Franciscains, les Jésuites, etc.
Les enfants de Bellone, de Mars, les guerriers. Les enfants d'Apollon, les poëtes.
15
Ce qui est l'effet, la conséquence de, le produit de. Le bonheur est enfant de la vertu. Les jeux, les ris, enfants de la gaieté.Impatients désirs d'une illustre vengeance, Enfants impétueux de mon ressentiment
de Pierre CORNEILLE dans Cinna, I, 1
Sortez de mon esprit, ressentiments jaloux, Noirs enfants du dépit
de Pierre CORNEILLE dans Sertor. III, 4
Fiers enfants de l'honneur, nobles emportements
de Pierre CORNEILLE dans ib. IV, 3
Les arts sont les enfants de la nécessité
de Jean de LA FONTAINE dans le Quinquina, ch. II
On ne se cache point ces secrets mouvements, De la nature en nous indomptables enfants
N'atteste point ces dieux, enfants de l'imposture
Quel mérite ont des arts, enfants de la mollesse ?
Richelieu, Mazarin.... Enfants de la fortune et de la politique
16
Petit d'un animal.Une laie aux poils blancs, trente enfants blancs comme elle, Vont s'offrir à tes yeux
de Jacques DELILLE dans Énéide, VIII
17
Sémantique : Terme d'astronomie. Enfants de Dercéto ou enfants d'Atergatis, la constellation des Poissons.18
Sémantique : Terme d'alchimie. Enfants de la nature, les quatre éléments qu'admettaient les anciens.Enfant des philosophes, le mercure.
PROVERBES
1
Exemple : De fol et d'enfant se doit-on délivrer, c'est-à-dire quand on travaille sérieusement, il faut écarter les gens folâtres et les enfants.2
Exemple : Cet enfant a trop d'esprit, il ne vivra pas, se dit sérieusement pour exprimer la crainte qu'inspire la santé d'un enfant trop précoce, ou, par moquerie, pour exprimer qu'un enfant est sans esprit.Quand ils ont tant d'esprit, les enfants vivent peu
de Casimir DELAVIGNE dans Enfants d'Édouard, I, 2
3
Exemple : Il n'y a plus d'enfants, c'est-à-dire on commence à avoir de la malice de bonne heure ; et aussi, les jeunes gens pensent, parlent, agissent comme les hommes mûrs.4
Enfant de Melchisédech, personne dont on ne connaît pas la famille.C'étaient des enfants de Melchisédech, dont on ne connaissait ni le pays, ni la famille, ni probablement le vrai nom
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Confess. X
5
Les menteurs sont enfants du diable.HISTORIQUE
1
XIe s.Par tels paroles vous ressemblez enfant
dans Ch. de Rol. CXXXI
2
XIIe s.De lor enfanz et des gentis uxors
dans Ronc. p. 37
Dient Franzois : cist cops n'est pas d'enfant
dans ib. p. 77
Et Dex ! dit Naymes, or voi-je duel [deuil] d'enfant
dans ib. p. 153
Baron, dist l'anfes, ne vous doit anuier
dans ib. p. 187
Empris [j'] ai greignor folie Que li faus enfes qui crie Por la bele estoile avoir
dans Couci, III
De sa premiere fame [il] out deus vaslez enfans
dans Sax. v
3
XIIIe s.Cil gaigna deus enfans en la serve haïe
dans Berte, LX
[Rainfrois fut] li premiers enfes qu'ot en la serve li rois
dans ib. LXI
Dont je me chevissoie [entretenois] et ma fame Margain Et mes petits enfans
dans ib. LXXIII
Murdri [ils] ont mon enfant, Bertain, qui m'aimoit si
dans ib. LXXXIX
Certes el [Vieillesse] n'avoit poissance, Ce cuit-je, ne force, ne sens, Ne plus qu'un enfes de deus ans
dans la Rose, 392
Enfes qui ne crient [craint] pere et mere, Ne puet estre qu'il nel' compere [qu'il ne le paye]
dans ib. 10795
Se li enfes roboit ou batoit se [sa] mere, venjance en devroit estre fete
de Philippe de BEAUMANOIR dans XI, 19
Comme le [la] mere son enfant garantiroit par bone volenté, s'ele en avoit le pooir
de Philippe de BEAUMANOIR dans XI, 19
4
XIVe s.Il estoit tres bon et ne sembloit pas enfant ou filz de home mortel, mais de Dieu
de Nicolas ORESME dans Eth. 191
Se l'un demeure tousjours enfant en pensée et en meurs, et l'autre soit très bon et très vertueux
de Nicolas ORESME dans ib. 265
5
XVe s.Mais le roi vueil-je bien deporter [excuser], car c'est un enfes ; on lui doit pardonner [paroles de Philippe d'Artevelle]
de Jean FROISSART dans II, II, 191
.... Amour descent aux enfans Des peres ; beau filz, or m'entens, L'amour aux peres ne remonte Des enfans....
de Eustache DESCHAMPS dans Poésies mss. f° 503, dans LACURNE
Enfant aime moult qui beau l'appelle
de Antoine LE ROUX DE LINCY dans Prov. t. I, p. 215
Enfant de bonne ville est demy escripvain
de Antoine LE ROUX DE LINCY dans ib.
Lequel Jehan de Saintré, sur tous les autres paiges et enfans d'honneur, servoit chacun jour à table
dans Petit J. de Saintré, p. 2, dans LACURNE
6
XVIe s.Je repartiroye après cinq mille harquebusiers en dix troupes, et en mettrois les six comme enfans perdus à la teste des bataillons
de LAN. dans 426
Je ne parle pas d'une certaine sorte qui s'appellent les enfans sans souci
de LAN. dans 498
Il y avoit encore d'autres voeux plus infantiles, jaçoit qu'ils ne se fissent pas des petits enfants
de Jean CALVIN dans Instit. 1
Enfant qui vient de nature prend de Dieu sa pasture
de GÉNIN dans Récréat. t. II, p. 238
Poissons et enfans en eaue sont croissans
de GÉNIN dans ib. p. 247
Enfans de la messe de minuit, qui cherche Dieu à taston
de Antoine OUDIN dans Curiosités fr.
Enfant haï est toujours triste
de Antoine LE ROUX DE LINCY dans Prov. t. I, p. 216
De grands personnages enfants non sages
de Antoine LE ROUX DE LINCY dans ib.
De petit enfant petit deuil
de Antoine LE ROUX DE LINCY dans ib.
M. de Strozze avoit esté nourry enfant d'honneur du petit roy François II, estant monsieur le dauphin
ÉTYMOLOGIE
1
Bourg. éfan ; picard affant, effant ; provenç. enfan, effan, efan ; espagn. et ital. infante, infant ; du latin infantem, enfant, de in, non, et fari, parler (voy. FABLE) : celui qui ne parle pas. L'ancien français enfe ou enfes est le nominatif, d'ínfans, avec l'accent sur in ; enfant est le régime, d'infántem, avec l'accent sur fan.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
1
Enfant de la balle, voy. BALLE 1, n° 1.2
Ploetz, auteur d'une grammaire française populaire en Allemagne, prétend que, au féminin, enfant ne se dit qu'au singulier, et qu'au pluriel ce mot est masculin, même quand il s'agit d'une fille. Mais, s'il est correct de dire : Rose est une jolie enfant, Marguerite est une jolie enfant, il le sera aussi de dire : Rose et Marguerite sont de jolies enfants.