Définition de INONDER

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : i-non-dé

DÉFINITIONS

1
Couvrir d'eau.
On dirait que le ciel, qui se fond tout en eau, Veuille inonder ces lieux d'un déluge nouveau
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Sat. VI
Pratiquer une inondation. On ouvrit les écluses, et on inonda la prairie.
2
Sémantique : Par exagération. Mouiller beaucoup. J'ai reçu l'averse ; j'ai été inondé. La sueur l'inondait.
Ah ! le voici ; les pleurs inondent son visage
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Alz. V, 4
Ses pleurs l'inondaient, et sa voix ne laissait échapper que des mots entrecoupés
de François René CHATEAUBRIAND dans Atala, Le drame.
3
Inonder de sang, faire périr beaucoup de personnes.
Thèbes, avec raison, craint le règne d'un prince Qui de fleuves de sang inonde sa province
de Jean RACINE dans Théb. IV, 3
Il ne reste que moi de ce sang glorieux Dont ton père et ton bras ont inondé ces lieux
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Zaïre, V, 10
Le sang inonda Rome lors des proscriptions, beaucoup de personnes y furent mises à mort.
4
Sémantique : Fig. Il se dit des multitudes qui se répandent.
Du temple, orné partout de festons magnifiques Le peuple saint en foule inondait les portiques
de Jean RACINE dans Ath. I, 1
Ils savent que, sur eux prêt à se déborder, Ce torrent, s'il m'entraîne, ira tout inonder
de Jean RACINE dans Mithr. III, 1
La désolation de la Perse redoublait de tous côtés ; les Turcs l'inondaient du côté de la Géorgie, l'ancienne Colchide
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Moeurs, 193
Les Autrichiens disent qu'ils inonderont la France avec cent mille hommes l'année qui vient ; je n'en crois rien du tout
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Lett. d'Argental, nov. 1742
Je découvrais la multitude qui inondait la place, et j'étais à portée d'entendre la lecture de la bulle In coena Domini
de Charles Pinot, sieur DUCLOS dans Voy. Ital. Oeuv. t. VII, p. 157, dans POUGENS
Tel était à peu près l'état des choses en Égypte, lorsque cette contrée fut inondée de Grecs et de barbares qui y entrèrent à la suite d'Alexandre
de Denis DIDEROT dans Opin. des anc. phil. (Égyptiens)
Il se dit dans le même sens de ceux qui répandent les multitudes.
Xercès avait inondé le pays d'un si grand nombre d'hommes et d'animaux qu'ils avaient tari les fontaines
de Claude Favre de VAUGELAS dans Q. C. III, 10
5
Sémantique : Par une autre métaphore, il se dit de toute chose qui, affluant, couvre et envahit.
L'idolâtrie qui inondait tout le genre humain
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Hist. II, 3
Un torrent de fausses opinions inonda toute l'Angleterre
de Esprit FLÉCHIER dans Commendon, I, 10
Tout cela s'engloutit dans le torrent des sottises dont on est inondé
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Lett. Mme du Deffant, 4 juill. 1772
Ah ! mon révérend père, apprenez-nous comment le mal inonde toute la terre
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Hist. d'un bon bramin.
J'ai été inondé de lettres de Paris
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Lett. d'Alembert, 10 août 1776
C'est à vous à m'inonder de nouvelles
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Lett. en vers et en prose, 43
Conçois-tu quelle ivresse inondera mes sens ?
de Casimir DELAVIGNE dans Paria, V, 3
Quand l'astre à son midi, suspendant sa carrière, M'inonde de chaleur, de vie et de lumière
de Alphonse de LAMARTINE dans Médit. I, 16
D'où me vient, ô mon Dieu, cette paix qui m'inonde ?
de Alphonse de LAMARTINE dans Harm. I, 5
Tristesse qui m'inonde, Coule donc de mes yeux ; Coule comme cette onde Où la terre féconde Voit un présent des cieux !
de Alphonse de LAMARTINE dans ib. IV, 5
Il se dit semblablement de ceux qui procurent cet afflux.
Je ne m'étonne pas si ces hérétiques triomphent, ni s'ils inondent de leurs écrits artificieux toute la face de la terre
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans 1er avert § 47
Il va nous inonder des torrents de sa plume
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Lutr. IV
6
Nature : V. n. Affluer comme une eau (emploi qui vieillit).
C'est son sang innocent [de Jésus] qui fait inonder sur nous les trésors des grâces célestes
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans 2e serm. Compassion de la Ste Vierge, 1
Voyant du haut de sa croix combien l'âme de sa mère était attendrie, et que son coeur ébranlé faisait inonder par ses yeux un torrent de larmes amères
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans ib. 2
Cette bouche divine [de Jésus] de laquelle inondaient des fleuves de vie éternelle
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans 1er sermon, Pâques, I
Inonder est présentement toujours actif, et c'est mal parler que de dire : le Pô qui avait inondé sur les terres voisines, Acad. Observat. sur Vaugelas, p. 564, dans POUGENS.
7
S'inonder, Nature : v. réfl. Se faire à soi-même une inondation. Les Hollandais aimèrent mieux s'inonder de leurs propres mains que de se soumettre à Louis XIV.
Sémantique : Fig.
Et chacun tour à tour s'inondant de ce jus [le vin], Célébrer, en buvant, Gilotin et Bacchus
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Lutr. III
Être inondé. Les plaines de la Hollande s'inondèrent facilement.

HISTORIQUE

1
XIIe s.
Il [Dieu] ferit la pierre, e decururent ewes, e li doit [les fontaines] enunderent
dans Liber psalm. p. 106
E mes rujemenz [rugissement] est alsi com aiwes [eaux] enundanz
dans Job. p. 470
2
XIIIe s.
Lors croist li flum dou Nile et inonde la terre d'Égypte
de Brunetto LATINI dans Trésor, p. 153

ÉTYMOLOGIE

1
Génev. énondé, inondé ; du lat. inundare ; de in, en, et unda, onde.

Synonymes de INONDER

Termes proches de INONDER