Définition de ENCENSER

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : an-san-sé

DÉFINITIONS

1
Faire brûler l'encens devant quelqu'un, devant quelque chose. Encenser une idole. Encenser les autels. Encenser l'évêque.
Nature : Absolument. Il entra pendant qu'on encensait.
2
Sémantique : Fig. Honorer d'une sorte de culte, d'hommage.
Elle [la politique romaine] encensait quelquefois le Dieu des Juifs avec tous les autres
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Hist. II, 12
Qui voudra désormais encenser mes autels ?
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Lutrin, I
Vénus.... vous a-t-elle forcé d'encenser ses autels ?
de Jean RACINE dans Phèd. I, 1
On encense, et on adore l'idole qu'on méprise
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Carême, Tent.
Moi ! de ce fanatique encenser les prestiges !
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Fanat. I, 1
Allez donc et jamais n'encensez ses erreurs
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Brutus, II, 4
3
Donner des louanges excessives.
Pour gagner les hommes, il n'est point de meilleure voie que de donner dans leurs maximes et encenser leurs défauts
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans l'Av. I, 1
Jamais il n'avait encensé le pouvoir arbitraire du premier
de Antoine HAMILTON dans Gramm. 5
On n'encensa jamais la vertu fugitive
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Triumv. I, 3
Sur un trône l'ennui se carre, Fier d'être encensé par des sots
de Pierre Jean de BÉRANGER dans Prince de Navarre.
J'encense une personne auguste ; Pour toi je ne puis plus chanter
de Pierre Jean de BÉRANGER dans Poëte de cour.
Sémantique : Familièrement. Encenser à tour de bras, donner des louanges outrées.
4
Sémantique : Terme de manége. Le cheval encense, quand il fait avec sa tête un mouvement de bas en haut.
5
Encenser a été employé comme un verbe neutre ; cette tournure n'a pas été reçue. Encenser aux dieux, SAURIN, (le prédicateur), Disc. de saint Paul à Félix et Drusille.
Il arrive assez souvent que toutes ces belles promesses [des prédicateurs dans les guerres de religion] sont suivies de la perte d'une bataille ; le prédicateur n'en est pas déconcerté ; il trouve cent admirables ressources : si l'on avait vaincu, on se serait trop confié au bras de la chair ; on aurait trop encensé à ses rets ; une défaite nous apprend que nous n'étions pas assez humbles
de BAYLE dans Dict. Déjotarus, note K.
6
S'encenser, Nature : v. réfl. Se donner les uns aux autres de l'encens, des flatteries.

HISTORIQUE

1
XIe s.
Gaillardement touz [ils] les ont encensez
dans Ch. de Rol. CCIX
2
XIIe s.
Joaz le mestier Deu cum prestres envaï, Encensa cum evesques in domo domini
dans Th. le mart. 75
Este vus [voici] uns prudum de Juda ki vint de part nostre Seignur en Betel, e truvad le rei Jeroboam tut en estant, e cel altel aviultre [adultère] encensant
dans Rois, p. 286
3
XIIIe s.
Que toutes les fames vivans Lor cors, lor cuers et lor pensées Ont de cele odor encensées
dans la Rose, 20880
4
XVe s.
Il bouta sa teste au trou du retrait où il fut bien encensé, Dieu le sait, de la confiture de leans
de LOUIS XI dans Nouv. LXXII
5
XVIe s.
Un charbon ardent s'estant coulé dans la manche d'un enfant lacedemonien, ainsi qu'il encensoit....
de Michel de MONTAIGNE dans III, 151

ÉTYMOLOGIE

1
Encens ; provenç. encessar, ecessar ; catal. encensar ; espagn. incensar ; ital. incensare.

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