Définition de ENCPHALOLOGIE

DÉFINITIONS - PROVERBES - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : tan ; l's se lie : un tan-z agréable ; au XVIe siècle, on prononçait tan, PALSGRAVE, p. 24

DÉFINITIONS

1
La durée des choses, en tant qu'elle est mesurée ou mesurable ; cette mesure est marquée surtout par le mouvement et la révolution apparente du soleil.
Le temps assez souvent a rendu légitime Ce qui semblait d'abord ne se pouvoir sans crime
de Pierre CORNEILLE dans Cid, v, 8
Encore un peu de temps, et vous ne me verrez plus ; et encore un peu de temps, et vous me verrez
de Isaac Louis Lemaistre de SACY dans Bible, Év. St Jean, XVI, 16
Le temps marche toujours ; ni force ni prière, Sacrifices ni voeux n'allongent la carrière
de Jean de LA FONTAINE dans Poésies mêlées, LXIX.
Patience et longueur de temps Font plus que force ni que rage
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. II, 11
Au reste vous saurez Que je n'ai demeuré qu'un quart d'heure à le faire. - Voyons [votre sonnet], monsieur, le temps ne fait rien à l'affaire
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Mis. I, 2
Si on pouvait avoir un peu de patience, on épargnerait bien du chagrin ; le temps en ôte autant qu'il en donne ; vous savez que nous le trouvons un vrai brouillon, mettant, remettant, rangeant, dérangeant, imprimant, effaçant, approchant, éloignant, et rendant toutes choses bonnes et mauvaises, et quasi toujours méconnaissables
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 24 nov. 1675
Pour Mme de la Fayette, le temps, qui est si bon aux autres [qui console], augmente et augmentera sa tristesse
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 414
Il abrège le temps des périls par la vigueur de ses attaques
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Louis de Bourbon
Madame, de ces maux à qui la raison cède, Le temps, qui calme tout, est l'unique remède
de Thomas CORNEILLE dans Ariane, III, 2
Hâtons-nous ; le temps fuit, et nous traîne après soi ; Le moment où je parle est déjà loin de moi
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Épît. III
Il n'est point de secrets que le temps ne révèle
de Jean RACINE dans Brit. IV, 4
On dit que le temps est le seul bon juge ; mais le temps ne décide que d'après des gens comme vous
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Lett. Cideville, 20 mars 1765
Le grand ouvrier de la nature est le temps ; comme il marche toujours d'un pas égal, uniforme et réglé, il ne fait rien par sauts
de Georges Louis Leclerc, comte de BUFFON dans Quadrup. t. II, p. 8
Les grands animaux vivent plus longtemps que les petits, parce qu'ils sont plus de temps. à croître
de Georges Louis Leclerc, comte de BUFFON dans De la vieillesse et de la mort
Le temps instruit le temps
de Jacques DELILLE dans Trois règn. VIII
Ô temps, être inconnu que l'âme seule embrasse, Invisible torrent des siècles et des jours
de THOMAS dans Ode au temps.
[Nos beaux jours] Ce temps qui les donna, ce temps qui les efface Ne nous les rendra plus !
de Alphonse de LAMARTINE dans le Lac.
Le temps dévore tout, à la longue tout se détruit.
Le temps lui dure, il lui semble que le temps passe lentement, il a hâte de.
Je dis à l'un : vous vous ennuyez ; et à l'autre : le temps ne vous dure guère
de Blaise PASCAL dans Pens. VII, 5, éd. HAVET.
Sémantique : Poétiquement.
Sur les ailes du temps la tristesse s'envole ; Le temps ramène les plaisirs
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. VI, 21
Ses soins ne purent faire Qu'elle échappât au temps, cet insigne larron
de Jean de LA FONTAINE dans ib. VII, 5
J'espérais que du temps la main tardive et sûre Justifierait les dieux en vengeant leur injure
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Mérope, v, 5
Par trait de temps, à la longue.
Peut-être par trait de temps pourrait-il s'apaiser
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Prom. 1
Laps de temps, voy. LAPS.
2
Le temps, suivant les points de vue philosophiques. Suivant Leibnitz le temps est l'ordre des existences successives. On l'a aussi défini : Idée qui résulte en nous de la comparaison entre l'état successif et celui de coexistence, états dont la mémoire nous donne le sentiment, en retraçant à notre esprit l'ordre et la succession des impressions physiques et morales que nous avons éprouvées, longtemps après que les événements qui les avaient produites ont cessé d'être.
Il y a bien de différentes opinions touchant l'essence du temps : les uns disent que c'est le mouvement, d'une chose créée ; les autres, la mesure du mouvement
de Blaise PASCAL dans Espr. géom. I
Tout mon être dépendant du temps, dont la nature est de n'être jamais que dans un moment qui s'enfuit d'une course précipitée et irrévocable
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Yol. de Monterby.
Le temps n'ayant d'autre mesure que la succession de nos idées
de Georges Louis Leclerc, comte de BUFFON dans De la vieillesse et de la mort.
Le temps est le calcul du mouvement relatif à la priorité et à la postériorité
de Denis DIDEROT dans Opin. des anc. philos. (péripatéticienne philos.)
. Nous n'en savons pas davantage sur le temps, nous ne jugeons de la durée que par la succession de nos idées ; mais cette succession n'a rien de fixe
de Etienne Bonnot de CONDILLAC dans Art de rais. II, 1
Un temps est une portion de durée mesurée ; l'idée de temps est donc formée de l'idée déjà abstraite et générale de durée, combinée avec celle de mouvement
de DESTUTT-TRACY dans Instit. Mém scienc. mor. et pol. t. I, p. 213
Le temps est pour nous l'impression que laisse dans la mémoire une suite d'événements dont nous sommes certains que l'existence a été successive
de LAPLACE dans Exp. I, 3
3
La durée bornée, par opposition à éternité.
Ne soyons point honteux de l'objet de notre adoration [Jésus] ; nous adorons un enfant ; mais cet enfant est plus ancien que le temps ; il se trouva à la naissance des choses
de Jean-Louis GUEZ de BALZAC dans Socr. chrét. I
Il n'est plus sur terre ; il n'y a plus de temps pour lui, il jouit de l'éternité
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 483
Que si le temps mesuré au temps, la mesure à la mesure, et le terme au terme se réduit à rien, que sera-ce si l'on compare le temps à l'éternité, où il n'y a ni mesure ni terme ?
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Duch. d'Orl.
Ô mort, où est ta victoire ? ta main avare n'a rien enlevé à cette vertueuse abbesse, parce que ton domaine n'est que sur le temps
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans ib.
Fils de Dieu dans l'éternité, Fils d'Abraham dans le temps
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Hist. I, 10
Le temps a commencé selon qu'il vous a plu [vous, Dieu] ; et vous en avez fait le commencement tel qu'il vous a plu, comme vous en avez fait la suite et la succession, que vous ne cessez de développer du centre immuable de votre éternité
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Élévat. sur les myst. III, 3
Son empire [de Dieu] a des temps précédé la naissance
de Jean RACINE dans Ath. I, 4
Dieu n'a dû produire le monde que dans le temps
de François de Salignac de La Mothe FÉNELON dans t. III, p. 4
Il a élevé votre ennemi dans le temps, pour vous sauver dans l'éternité
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Carême, Pardon.
Si l'homme, comme la bête, n'est fait que pour le temps
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Carême, Vérité d'un avenir.
Le temps, cette image mobile De l'immobile éternité
de Jean-Baptiste ROUSSEAU dans Odes, III, 2
L'immobilité des êtres, la solitude d'un lieu, son silence profond, suspendent le temps ; il n'y en a plus, rien ne le mesure ; l'homme devient comme éternel
de Denis DIDEROT dans Salon de 1767, Oeuv. t. XIV, p. 187, dans POUGENS
Il [Dieu] dit au mouvement : du temps sois la mesure ; Il dit à la nature : Le temps sera pour vous, l'éternité pour moi
de THOMAS dans Ode sur le temps.
Gloire à toi, dans les temps et dans l'éternité, Éternelle raison, suprême volonté !
de Alphonse de LAMARTINE dans Méd. I, 2
Avant tous les temps, avant les temps, avant le temps, avant la création du monde.
4
Il se dit des intervalles de quelques cosmogonies.
Le premier Zoroastre fit créer l'univers en six temps ; ces six temps, qui n'étaient pas égaux, composèrent une année de 365 jours
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Phil. Bible expl. Gen. note g.
5
Un temps, un certain espace de temps.
Comme l'âme se meut un temps en sa prison
de Abbé Mathurin RÉGNIER dans Sat. III
Valère, enfin, pour être un amant rebuté, Montre depuis un temps trop de tranquillité
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans le Dép I, 1
Il cache un temps sa passion à l'objet aimé
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Préc. 5
Que ne puis-je vous dire enfin ce que vous sauriez mieux que moi, si la douleur de l'avoir perdue ne vous faisait oublier pour un temps le plaisir que vous avez eu de la posséder ?
de Esprit FLÉCHIER dans Duch. de Mont.
Vous pourrez voir, un temps, vos écrits estimés Courir de main en main par la ville semés
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Sat. IX
Il faut savoir mettre un temps entre les affaires et la mort, et n'imiter ni le cardinal de Fleury ni le maréchal de Belle-Isle
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Lett. d'Argental, 31 mai 1762
Toute âme est soeur d'une âme ; Le monde peut en vain un temps les séparer, Leur destin tôt ou tard est de se rencontrer
de Alphonse de LAMARTINE dans Joc. III, 101
Du temps, pendant un certain temps.
Ces peuples s'entre-détruisirent : cela fit que l'empire d'Orient subsista encore du temps
de Charles-Louis de Secondat MONTESQUIEU dans Rom. 20
Quelque temps, pendant un peu de temps.
J'y fus [j'y allai], à quelque temps de là
de Blaise PASCAL dans Lett. à Jacqueline, 26 janv. 1648
Ils furent quelque temps saisis, muets, immobiles
de Esprit FLÉCHIER dans Turenne.
Le long temps, un long intervalle de temps.
Par un long temps et une lâche flatterie il [Curtius Rufus] obtint le consulat
de PERROT D'ABLANCOURT dans Tacite, 324
Son père peut venir, quelque long temps qu'il tarde
de Pierre CORNEILLE dans Ment. II, 2
On doit se regarder soi-même un fort long temps, Avant que de songer à condamner les gens
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Mis. III, 9
Assiégée durant un long temps sans sentir aucune incommodité, elle [Babylone] se rit de ses ennemis et des fossés que Cyrus creusait autour d'elle
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Hist. II, 4
Il faut un long temps pour se procurer une marine redoutable
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Louis XV, 28
Il passait de longs temps à considérer l'horizon, à se tenir sous les arbres
de SAINTE-BEUVE dans Causeries, 9 février 1856
Avec le temps, au bout d'un certain temps.
Vous m'en pourrez instruire avec le temps ; Avec le temps aussi vous pourrez me connaître
de Jean RACINE dans Bajaz. III, 2
Nous verrons avec le temps
de Jacques Henri BERNARDIN DE SAINT-PIERRE dans Paul et Virg.
Après le temps, s'est dit pour : au bout d'un certain laps de temps.
Ce n'est qu'après le temps, et après qu'on est initié au jargon d'une ville, qu'on sait enfin que monsieur B.... est publiquement depuis vingt années le mari de madame L....
de Jean de LA BRUYÈRE dans III
6
Sémantique : Terme de mécanique. Le temps, les temps, la durée qu'un phénomène exige pour s'accomplir.
Sans connaître la cause de la pesanteur, nous apprenons par l'expérience que les espaces décrits par un corps qui tombe sont entre eux comme le carré des temps
de Jean Le Rond D'ALEMBERT dans Oeuv. t. XIV, p. 213
7
Sémantique : Terme d'astronomie. Temps solaire, temps réglé sur le mouvement du soleil.
Temps sidéral, temps réglé sur le mouvement de la sphère céleste.
Temps solaire vrai ou temps vrai, temps évalué au moyen de l'intervalle compris entre deux passages successifs du centre du soleil au même méridien.
Temps solaire moyen ou temps moyen, temps réglé sur la marche d'un soleil fictif qui se meut uniformément dans le plan de l'équateur, et qui passe à l'équinoxe en même temps qu'un autre soleil fictif animé d'un mouvement uniforme dans le plan de l'écliptique et passant au périgée et à l'apogée en même temps que le soleil vrai.
Temps astronomique, temps subdivisé en 24 heures qui se comptent d'un midi à l'autre.
Temps civil, temps divisé en deux périodes de 12 heures chacune, dont l'origine est à minuit.
Temps périodique, temps qu'un corps céleste emploie à faire une révolution entière autour d'un point, et, plus particulièrement, le temps qu'emploie une planète à parcourir son orbite entière.
8
Le Temps (avec une majuscule), divinité païenne qu'on représente sous la figure d'un vieillard ailé, tenant une faux à la main.
Bientôt ils défendront de peindre la Prudence, De figurer aux yeux la Guerre au front d'airain, Ou le Temps qui s'enfuit une horloge à la main
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Art p. III
Et d'ailes et de faux dépouillé désormais, Sur les mondes détruits le Temps dort immobile
de Nicolas GILBERT dans le Jugem. dern.
Près de la beauté que j'adore Je me croyais égal aux dieux, Quand au bruit de l'airain sonore Le Temps apparut à nos yeux
de Pierre Jean de BÉRANGER dans le Temps.
9
Particulièrement, succession des jours, des heures, des moments, considérée par rapport aux travaux, aux occupations.
Et la perte du temps ne se répare plus
de Jean de MAIRET dans Sophon. II, 4
Le temps est un trésor plus grand qu'on ne peut croire
de Pierre CORNEILLE dans Rodog. II, 2
Je vous conjure de prendre le temps de....
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Lett. 159
Les conseils où il assistait lui laissaient presque tout son temps
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans le Tellier.
Les chagrins qu'il me cause M'occuperont assez tout le temps qu'il repose
de Jean RACINE dans Brit. I, 1
Vous nous aviez laissé espérer.... que Marseille partagerait avec Aix les temps qu'il vous est libre de donner à l'une ou à l'autre de ces deux belles villes
de Mme DE GRIGNAN dans dans SÉV. t. x, p. 557, éd. RÉGNIER
Ceux qui emploient mal leur temps sont les premiers à se plaindre de sa brièveté
de Jean de LA BRUYÈRE dans XII
Le temps bien ménagé est beaucoup plus long que n'imaginent ceux qui ne savent guère que le perdre
de Bernard le Bouyer de FONTENELLE dans Marsigli.
Il [Lémery] a bien fait voir que qui ne perd point de temps en a beaucoup
de Bernard le Bouyer de FONTENELLE dans Lémery.
J'ai tout mon temps à moi : je griffonne des histoires, je songe à des tragédies, et, quand je ne souffre pas, je suis heureux
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Lett. d'Argental, 6 fév. 1757
Le temps est assez long pour quiconque en profite ; Qui travaille et qui pense en étend la limite
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans 6e disc.
Le temps nous pressait ; j'écrivis très rapidement le poëme
de Jean-François MARMONTEL dans Mém. x.
Le bonheur de la vie est dans l'emploi du temps
de ST-LAMBERT dans Saisons, hiver.
Une heure de temps, deux heures de temps.
En vérité tout cela mériterait bien que l'on donnât vingt-quatre heures de son temps à le voir
de Bernard le Bouyer de FONTENELLE dans les Mondes, 1er soir.
Prendre le temps de quelqu'un, lui dérober son temps, l'empêcher de travailler.
Perdre temps, et, plus habituellement, perdre le temps, perdre son temps, faire de vains efforts, perdre sa peine.
Tu perds temps de me secourir, Puisque je ne veux point guérir
de François de MALHERBE dans V, 18
Monsieur, j'ai perdu temps, votre homme se dédit
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans l'Ét. III, 2
Quand ils l'ont voulu faire, ils y ont perdu leur temps
de Blaise PASCAL dans Prov. v.
Le marquis de Torci, suppliant dans la Haye au nom de Louis XIV, s'adressa au prince Eugène et au duc de Marlborough, après avoir perdu son temps avec Heinsius
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Louis XIV, 21
Perdre le temps, perdre son temps, ne rien faire ou faire des choses inutiles.
Ne pas perdre temps, ne pas perdre de temps, faire sans aucun retard.
Je n'ai point perdu temps, et, voyant leur colère Au point de ne rien craindre, en état de tout faire, J'ajoute en peu de mots....
de Pierre CORNEILLE dans Cinna, I, 3
Je n'ai pas de temps à perdre, je n'ai pas de temps à employer inutilement.
Ce qui me fâche, c'est que je n'ai point de temps à jeter
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 23 mars 1689
Je n'ai pas de temps à perdre pour arriver à tel endroit, je n'ai que le temps nécessaire pour ne pas y arriver trop tard.
Il s'en va temps, il s'en allait temps, il est temps, il était temps.
Il s'en va temps que je reprenne Un peu de forces et d'haleine
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. Épilogue.
Réparer le temps perdu, réparer la perte du temps, faire du temps un meilleur usage qu'on n'en a fait par le passé.
Passer le temps, passer son temps à quelque chose, à faire quelque chose, l'y employer. Il passe son temps à jouer.
Nature : Absolument. Passer le temps, se distraire en attendant l'heure marquée pour quelque chose.
Sémantique : Familièrement. Passer bien le temps, son temps, se divertir.
Passer mal le temps, son temps, s'ennuyer beaucoup, et fig. Être fort maltraité.
Que sûrement Stanislas finira comme Teucer, et que Pharès, évêque de Cracovie, passera mal son temps
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Lett. d'Argental, 3 avril 1772
Si des regards il [Furia] eût pu mordre, j'aurais mal passé mon temps
de Paul Louis COURIER dans Lett. à M. Renouard.
Sémantique : Fig. Tuer le temps (voy. TUER).
Couler le temps, laisser écouler le temps dans l'attente d'une occasion plus favorable.
Pousser le temps avec l'épaule, différer l'exécution de quelque chose (voy. ÉPAULE, n° 1).
10
Bon temps, mauvais temps, le temps où l'on est bien, où l'on est mal.
Aidant au bon temps, supportant le mauvais
de Pierre Augustin Caron de BEAUMARCHAIS dans Barb. de Sév. I, 2
Nous n'avions pas le sou, mais nous étions contents ; Nous étions malheureux, c'était là le bon temps
de COL. D'HARLEV dans Mes souvenirs
Prendre du bon temps, se divertir.
À d'austères devoirs le rang de femme engage, Et vous n'y montez pas, à ce que je prétends, Pour être libertine et prendre du bon temps
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Éc. des f. III, 2
Alors, cher Cinéas, victorieux, contents, Nous pourrons rire à l'aise, et prendre du bon temps
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Épît. I
Le duc d'York [plus tard Jacques II], ayant mis sa conscience en repos par la déclaration de son mariage, crut qu'il pouvait donner un peu de bon temps à son inconstance, en vertu de ce généreux effort
de Antoine HAMILTON dans Gramm. 8
Je me donne actuellement du bon temps, attendu que j'ai été à la mort, il y a quinze jours
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Lett. Gaillard, 28 avril 1769
Sémantique : Fig. Avoir bon temps, n'être pas réprimandé, grondé.
C'est à M. de Grignan que je m'en prends [d'avoir laissé Mme de Grignan s'embarquer sur le Rhône] ; le coadjuteur a bon temps : il n'a été grondé que pour la montagne de Tarare
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 3 mars 1671
11
Terme préfix, durée limitée. Ses cheveux blanchissent avant le temps.
Cet hymen différé ne rompt point une loi, Qui, sans marquer de temps, lui destine ta foi
de Pierre CORNEILLE dans Cid, v, 8
Dieu, qui fait tout en son temps
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Hist, II, 4
Nous ferons en son temps ce qu'il faudra
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Lett. rel. 3
Peut-être avant le temps ce grand orgueil éclate
de Jean RACINE dans Alex. III, 1
Quel temps à mon exil, quel lieu prescrivez-vous ?
de Jean RACINE dans Phèdre, IV, 2
Tout n'a qu'un temps chez les hommes
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Louis XIV, 36
Sémantique : Terme de droit. Temps légaux, tout ce qui est relatif aux prescriptions, déchéances, délais, dates, durées, âges requis par la loi.
Sémantique : Terme d'eaux et forêts. Temps de coupe et de vidange, terme accordé à l'adjudicataire d'une vente pour couper et enlever les bois de cette coupe.
Il a fait son temps, se dit d'un homme qui, après un long service, sort d'un emploi, et aussi d'un homme usé.
Je n'ai que vingt ans, Et, comme toi, je n'ai pas fait mon temps
de Jean de LA FONTAINE dans Mazet.
Je suis encor de mise et n'ai pas fait mon temps
de BOISSY dans Impatient, III, 7
Avoir fait son temps, se dit des choses hors d'usage. Le paganisme avait fait son temps.
Cet habit a fait son temps, cet habit a été porté aussi longtemps qu'il pouvait l'être, il ne peut plus servir.
Il a fait son temps, se dit d'un soldat qui a achevé son temps de service.
Il se dit aussi d'un condamné à la détention, quand il a achevé la durée de sa peine.
12
Les siècles, les différents âges, les différentes époques. Les temps historiques. Les temps fabuleux.
Que ne peuvent, grand roi, tes hautes destinées Me rendre la vigueur de mes jeunes années ! Qu'ainsi qu'au temps du Cid je ferais de jaloux !
de Pierre CORNEILLE dans Au roi sur son retour de Flandres
En ce temps-là il n'y avait point de roi dans Israël
de Isaac Louis Lemaistre de SACY dans Bible, Juges, XVII, 6
Il y a des temps où la terre entière n'est qu'un théâtre de carnage, et ces temps sont trop fréquents
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Moeurs, 26
ö le bon temps que ce siècle de fer !
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Mondain.
Aigues-Mortes, qui est actuellement à plus d'une lieue et demie de la mer, était un port du temps de saint Louis
de Georges Louis Leclerc, comte de BUFFON dans Hist. nat. preuv. th. terr. Oeuv. t. II, p. 435
Dans tous les temps il y a eu la raison du peuple et la raison des sages ; dans tous les temps il y a eu le goût du vulgaire et le goût d'un monde plus cultivé
de Jean-François MARMONTEL dans Oeuv. t. x, p. 29
Presser les temps, resserrer les dates, les espaces chronologiques.
Sans trop presser les temps, il est aisé de voir qu'elle [Jocaste] n'a pas plus de trente-cinq ans
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Oedipe, lett. 5e.
Les hauts temps, les temps reculés dans l'antiquité. Les hauts temps de l'ancien français, le XIe et le XIIe siècle.
La nuit des temps, les siècles écoulés dans lesquels l'histoire se tait ou bien n'est qu'une vague tradition.
L'abîme des temps, les siècles lointains dans lesquels tout se perd, tout s'oublie.
Les jours, les mois, les années s'enfoncent et se perdent sans retour dans l'abîme des temps
de Jean de LA BRUYÈRE dans XIII
.... L'âme des chrétiens, prête à quitter le corps, De l'abîme des temps voit déjà les deux bords
de Alphonse de LAMARTINE dans Joc. v, 188
Sémantique : En termes de l'Écriture sainte, dans la plénitude des temps, dans le temps auquel Jésus-Christ est venu accomplir les prophéties.
À la consommation des temps, à la fin du monde.
Dans le cours des temps, dans la suite des temps, dans un temps futur très éloigné.
Le Livre des Temps, s'est dit des Paralipomènes.
Au temps jadis, autrefois.
La génisse, la chèvre et leur soeur la brebis, Avec un fier lion, seigneur du voisinage, Firent société, dit-on, au temps jadis
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. I, 6
Sémantique : Familièrement. Dans le temps, jadis, autrefois. Cela m'a coûté mille francs dans le temps.
Au temps, du temps que les bêtes parlaient, dans le temps des choses fabuleuses.
Du temps que les bêtes parlaient
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. IV, 1
Sémantique : Populairement. Du temps du roi Guillemot, du roi Dagobert, du temps qu'on se mouchait sur sa manche, se dit pour marquer des siècles éloignés, des siècles grossiers.
13
Le bon temps, le vieux temps, le temps de nos pères.
C'est l'amour du vieux temps, il n'est plus à la mode
de Thomas CORNEILLE dans l'Amour à la mode, IV, 1
Tu sais que d'un peu de bêtise Le bon vieux temps est accusé ; Mais dans ce siècle plus rusé J'ai grand regret à la franchise De l'âge d'or si méprisé
de BERNIS dans Épît. VIII
Le dîner, après la toilette, fut animé d'une gaieté du bon vieux temps
de Jean-François MARMONTEL dans Mém. x.
Chez vous, Français, nul bûcher n'est dressé, On ne rompt plus : le bon temps est passé
de Marie-Joseph CHÉNIER dans Épigr. 8
Sémantique : Par ironie, être du bon temps, être crédule, arriéré, etc.
Pour une jeune déesse, vous êtes bien du bon temps !
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Amph. Prologue.
14
Il se dit des différents âges de la vie.
La Providence nous conduit avec tant de bonté dans tous ces temps de notre vie, que nous ne les sentons quasi pas ; cette pente va doucement, elle est imperceptible : c'est l'aiguille du cadran que nous ne voyons pas aller
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans Lett. au président de Moulceau, 27 janv. 1687
Il y a des temps dans la vie où les forces épuisées demandent à ceux qui ont un peu d'honneur et de conscience de ne pas pousser les choses à l'extrémité
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 20 sept. 1684
Le redouté capitaine tombe au plus beau temps de sa vie
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Anne de Gonz.
Il n'y a personne qui, dans le cours de sa vie, n'ait quelques événements heureux, des temps ou des moments agréables
de Bernard le Bouyer de FONTENELLE dans Du bonheur.
Le jeune temps, le temps de la jeunesse.
.... Dans mon jeune temps, le suivant [l'aigle] sur ces cimes, Mon pied comme mon oeil se jouait des abîmes
de Alphonse de LAMARTINE dans Jocel. II, 73
De vieux temps, depuis longtemps.
Son père, de vieux temps, est grand ami du mien
de Pierre CORNEILLE dans le Ment. II, 3
De mon temps, alors que j'étais jeune.
Il me semble que de mon temps il y avait encore une espèce de générosité et de franchise dans les malices mêmes de l'envie
de Françoise d'Aubigné, marquise de MAINTENON dans Lett. au duc de Noailles, 3 sept. 1710
Il dit en voyant de fort belles pêches qu'on avait servies : de mon temps, les pêches étaient bien plus grosses qu'elles ne le sont à présent ; la nature s'affaiblit de jour en jour
de Alain René LESAGE dans Gil Blas, IV, 7
En son temps, pendant qu'il vivait.
Ce fut un sot, en son temps, très insigne
de Jean de LA FONTAINE dans Mandragore.
Le premier temps. le second temps, le bon temps d'un artiste, les phases diverses de son talent.
Votre soeur [Mme Denis, dans Mérope] a joué comme Mlle Duménil ; je dis comme Mlle Duménil dans son bon temps
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Lett. Mme de Fontaine, 5 nov. 1759
15
Une grande époque prévue.
Le temps prédit par l'état du peuple juif, par l'état du peuple païen, par l'état du temple, par le nombre des années
de Blaise PASCAL dans Pens. XVIII, 3, édit. HAVET.
Le temps était arrivé que notre sage ministre devait être montré à son prince et à sa patrie
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans le Tellier.
Les temps sont accomplis, princesse, il faut parler
de Jean RACINE dans Athal. I, 2
Les temps prédits par la sibylle à leur terme sont parvenus : Nous touchons au règne tranquille Du vieux Saturne et de Janus
de Jean-Baptiste ROUSSEAU dans Odes, II, 1
Un temps viendra que tous les hommes, soumis à la seule pensée, se conduiront par les clartés de l'esprit
de François René CHATEAUBRIAND dans Mart. XVI
On dit dans le même sens : les signes du temps, certains signes qui annoncent la gravité des événements.
Les derniers temps, les temps très voisins du jugement dernier.
Oh ! disaient les peuples du monde, Les derniers temps sont-ils venus ? Nos pas, dans une nuit profonde, Suivent des chemins inconnus
de Victor HUGO dans Odes, I, 9
16
Il se dit par rapport à l'état où sont los choses pour le gouvernement d'un pays, les manières de vivre, les modes, etc. Espérons en des temps meilleurs. Le socialisme est la question du temps.
Deux fois, en grand politique, ce judicieux favori [Mazarin] sut céder au temps et s'éloigner de la cour
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans le Tellier.
Hélas ! qu'est devenu ce temps, cet heureux temps Où les rois s'honoraient du nom de fainéants ?
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Lutr II
Vous, ministre de paix dans les temps de colère....
de Jean RACINE dans Athal. II, 5
Non, non, le temps n'est plus que Néron, jeune encore, Me renvoyait les voeux d'une cour qui l'adore
de Jean RACINE dans Brit. I, 1
ô temps, ô moeurs, locution exclamative pour se plaindre des temps et des moeurs.
Voilà donc les pauvres Sirven déboutés de leur demande ; ô temps, ô moeurs !
de Jean Le Rond D'ALEMBERT dans Lett. à Voltaire, 18 fév. 1768
Les temps sont durs, il y a de la gêne, de la souffrance.
Le moyen d'estimer un contemporain autant qu'un homme mort il y a plus de deux cents ans !.... personne n'ose convenir franchement des richesses de son siècle ; nous sommes comme les avares, qui disent toujours que le temps est dur
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Aux auteurs du Nouvelliste.
Les temps sont durs ; accordez-lui le délai qu'il demande
de Denis DIDEROT dans Père de famille, II, 1
Le temps qui court, le temps qu'il fait, les circonstances telles qu'elles se comportent.
C'est entre les dévots un étrange commerce, Un trafic par lequel, au joli temps qui court, Toute affaire fâcheuse est facile à la cour
de Abbé Mathurin RÉGNIER dans Sat. XII
Les hommes sont chers par le temps qu'il fait, et comme vous les demandez surtout
de Florent Carton, sieur d'Ancourt, dit DANCOURT dans la Gazette, sc. 1
Être de son temps, avoir les idées du temps où l'on vit, et aussi se conformer aux usages de son temps.
Le temps des scélérats, des délateurs, le temps qui leur est favorable, ou il y en a beaucoup.
17
Délai. Accorder du temps. Obtenir du temps.
On vous donne du temps ; Et jusques à demain je ferai surséance
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Tart. v, 4
Il faudrait prendre du temps, deux ou trois mois pour le moins
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Lett. abb. 163
Ne chercher qu'à gagner du temps, différer.
En vain [l'orateur qui reste court], pour gagner temps, dans ses transes affreuses, Traîne d'un dernier mot les syllabes honteuses
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Lutr. VI
18
Intervalle suffisant, loisir. Revenez plus tard, je n'ai pas le temps de vous écouter.
Mais ne leur donnez pas, tardant trop à punir, Le temps de se remettre et de se réunir
de Pierre CORNEILLE dans Héracl. III, 4
Ils ont leurs temps où ils se rendent inaccessibles
de Esprit FLÉCHIER dans Panég. saint Louis.
Afin que Télémaque eût le temps d'acquérir plus de gloire et plus de vertu
de François de Salignac de La Mothe FÉNELON dans Tél. XVII
19
Conjoncture, occasion propre, moment.
.... adieu, l'amour vous presse, Et je serais marri qu'un soin officieux Vous fit perdre pour moi des temps si précieux
de Pierre CORNEILLE dans Méd. I, 1
Le temps de chaque chose ordonne et fait le prix
de Pierre CORNEILLE dans Pomp. I, 3
Vous le saurez quand il en sera temps
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Psyché, III, 3
J'ai pris le temps de sortir pendant que vous dormiez
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans G. Dand. III, 8
Elle [Mme de Grignan] est dans un temps de mauvaise santé, à quoi elle est accoutumée
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 9 fév. 1683
Vous savez qu'il faut prendre les temps à propos
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 13 mars 1680
Voilà tout ce que je vous puis dire ; vous saurez le reste dans son temps
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 27 juin 1672
Dans un temps où tout un royaume se remue pour la conversion des hérétiques
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Louis de Bourbon.
Fidèle dans leurs disgrâces, il osa les louer et les servir [ses amis] en des temps où les autres n'osaient presque pas les plaindre
de Esprit FLÉCHIER dans Duc de Mont.
S'il en est temps encor, cours et sauve la reine
de Jean RACINE dans Mithr. v, 4
Et juge s'il est temps, ami, que je repose
de Jean RACINE dans Iphig. I, 1
Il [Télémaque] attaque les Dauniens par derrière, dans un temps où ils croyaient l'armée des alliés enveloppée
de François de Salignac de La Mothe FÉNELON dans Tél. XVII
Elle cachait ses vrais sentiments, et faisait semblant de ne vouloir vivre que pour lui dans le temps même où elle ne pouvait le souffrir
de François de Salignac de La Mothe FÉNELON dans ib. III
Ce qu'on appelle un fâcheux est celui.... qui choisit le temps du repas et que le potage est sur la table pour dire qu'ayant pris médecine....
de Jean de LA BRUYÈRE dans Théophr. X
Semblable à cette femme qui prenait le temps de demander son masque, lorsqu'elle l'avait sur son visage
de Jean de LA BRUYÈRE dans XI
Sa mère [de Thalès] le pressant de se marier, il répondit d'abord qu'il n'était pas encore temps ; et, quand plusieurs années se furent écoulées, il répondit qu'il n'était plus temps
de Charles ROLLIN dans Hist. anc. Oeuv. t. II, p. 614
Prince, il est temps, marchez à notre tête
de Charles ROLLIN dans Adél. du Guesclin. I, 4
Prendre son temps, prendre bien son temps, prendre mal son temps, saisir le moment favorable ou défavorable pour faire quelque chose.
Le mulet prend le temps
de Abbé Mathurin RÉGNIER dans Sat. III
Qui peut, sans s'émouvoir, supporter une offense, Peut mieux prendre à son point le temps de sa vengeance
de Pierre CORNEILLE dans Méd. I, 5
Un temps bien pris peut tout, pressez l'occasion
de Pierre CORNEILLE dans Sophon. I, 4
Aucun n'aide aux chevaux à se tirer d'affaire ; Le moine disait son bréviaire : Il prenait bien son temps !
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. VII, 9
Bonjour et bon an, mon cher cousin ; je prends mon temps de vous demander pardon après une bonne fête
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans à Bussy, 2 janv. 1681
Est-ce bien prendre son temps que d'aller troubler par des larmes la joie d'un festin ?
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Panégyr. Ste Magdel.
Franchement, vous ne pouviez pas prendre plus mal votre temps
de LA MOTTE dans Minutolo, sc. 3
Je sais quelle est votre bonté et votre indulgence, et qu'on prend toujours bien son temps avec vous
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Lett. d'Argental, 26 fév. 1736
Pour réussir en France il faut prendre son temps
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans ib. 2 mars 1772
Prendre son temps que...., saisir le moment où....
Le malheureux prend son temps que Damon....
de Jean de LA FONTAINE dans Coupe.
Mme de Langeron, prenant son temps qu'il [le prince de Condé] avait les pattes croisées comme le lion, lui fit mettre un juste-au-corps avec des boutonnières de diamants
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 399
Nature : Absolument. Prendre son temps, guetter et saisir l'instant favorable.
Dans l'abord il [le moucheron] se met au large, Puis prend son temps, fond sur le cou Du lion qu'il rend presque fou
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. II, 9
Ayant pris leur temps, ils se jettent sur lui, lui ôtent son épée, et, avec sa propre ceinture, ils lui lient les mains derrière le dos
de Charles ROLLIN dans Hist. anc. Oeuv. t. VII, p. 152
Prendre son temps sur quelqu'un, attaquer quelqu'un au moment où on a l'avantage.
Deux ennemis secrets.... Qui, dans leur juste haine animés et constants, Sur l'ennemi commun sauront prendre leur temps
de Pierre CORNEILLE dans Héracl. v, 6
Prendre son temps, faire une chose sans se presser.
Prendre le temps de quelqu'un, attendre le moment qui convient à quelqu'un dont on a besoin.
S'il s'agit de vous faire une remontrance.... vous croyez avoir droit d'exiger qu'on prenne votre temps, qu'on entre dans votre esprit
de Louis BOURDALOUE dans Car. II, Zèle, 169
Prendre quelqu'un sur le temps, saisir une occasion subite et favorable auprès de quelqu'un, ou ne pas lui laisser le temps de la réflexion.
Je te prends sur le temps ; Pour rendre à mon égard ta conduite louable, Emploie en ma faveur le crédit favorable
de BOISSY dans Deh. tromp. II, 10
20
La saison propre à chaque chose. Le temps de la moisson, des vendanges.
Les temps des plaisirs absorbent ceux des devoirs
de Esprit FLÉCHIER dans Panég. St Louis.
En médecine et en chirurgie, on distingue le temps de nécessité et celui d'élection : le temps de nécessité est celui où l'on est forcé d'employer tel ou tel médicament, de pratiquer telle ou telle opération, pour empêcher la maladie de s'aggraver ; le temps d'élection est celui où l'on se décide à agir, parce qu'il est plus convenable à la nature de la maladie et à l'état du malade.
Le temps de Pâques, le temps pascal, les jours pendant lesquels les fêtes de Pâques se célèbrent.
Le temps des vacances, l'époque de l'année où les tribunaux, les colléges, etc. sont fermés.
Quatre-Temps, voy. QUATRE-TEMPS.
Sémantique : Terme de liturgie. Le propre du temps, voy. PROPRE, n° 18.
21
État de l'atmosphère. Le temps est couvert. Être exposé aux injures du temps. Temps calme, serein, variable.
Que faisiez-vous au temps chaud ? Dit-elle à cette emprunteuse
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. I, 1
....certain soir qu'il faisait un temps fort brun
de Jean de LA FONTAINE dans Berc.
Le beau temps et la pluie, et le froid et le chaud Sont des fonds [de conversation] qu'avec elle on épuise bientôt
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Mis. II, 5
Le temps et mes humeurs ont peu de liaison ; j'ai mes brouillards et mon beau temps au dedans de moi
de Blaise PASCAL dans Pens. VI, 47
Il a fait un horrible temps ces jours passés
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 473
Il fait un temps épouvantable
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 477
J'aime les temps bas ; mais, quand ils sont si bas qu'ils tombent sur notre nez, et qu'il pleut, et qu'on ne voit goutte, j'ai envie de pleurer
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 13 déc. 1684
Il s'échappe seul à pied, toutes les nuits, par toute sorte de temps, à toute heure
de Denis DIDEROT dans Père de famille, I, 5
Un temps gris, qui ternit et confond tous les objets
de Anne Staël-Holstein, dite Mme DE STAËL dans Corinne, XVI, 8
Aussi vous aidais-je à semer, ou à serrer vos gerbes, quand le temps menaçait d'orage
de Paul Louis COURIER dans 2e lett. partic.
Sémantique : Fig. et familièrement. Faire la pluie et le beau temps, avoir un grand crédit dans une maison, dans un pays, etc.
Sémantique : Fig. Prendre le temps comme il vient, s'accommoder à tous les événements.
Il faut prendre le temps comme il vient, et je sens que je suis de cet heureux tempérament
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans à Bussy, 14 mai 1686
Disposé à prendre toujours le temps comme il viendrait
de Bernard le Bouyer de FONTENELLE dans Dial. morts anc. 4
Couleur du temps, couleur bleue.
Oiseau bleu, couleur du temps, Vole à moi promptement
de COMTESSE D'AULNOY dans Oiseau bleu.
Sémantique : Fig. La couleur du temps, la nature des circonstances.
Selon l'amant du jour et la couleur du temps
de Jean-Baptiste Louis GRESSET dans le Méchant, I, 2
Il fait un temps de demoiselle, ni pluie, ni vent, ni soleil.
Le temps est haut, les nuages sont élevés.
Sémantique : Fig. Haut comme le temps, plein de fierté, très hautain.
Sémantique : Fig. Hausser le temps, voy. HAUSSER, n° 2.
22
Gros temps, temps d'orage en mer ou sur une rivière.
Ils se mirent ensuite dans un petit bateau le long de la rivière, où ils essuyèrent un si gros temps, qu'ils ne savaient où se mettre
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 24 déc. 1688
Les deux jours suivants, le gros temps ne nous permit pas de faire voile
de BOUGAINVILLE dans Voy. t. I, p. 211
De gros temps, assez ordinaires en hiver, dans ces parages
de Guillaume Thomas, abbé RAYNAL dans Hist. phil. XI, 3
Sémantique : Terme de marine. Coup de temps, coup de vent.
23
Sémantique : Terme de vénerie. Voie de vieux temps, voie d'un jour ou deux.
Aller de temps, se dit du chien quand la voie n'est pas ancienne et qu'il en remontre. Cette voie n'est pas de temps, elle est vieille.
Revoir de bon temps, trouver une voie fraîche et de la nuit.
Tirer sur le temps, tirer au moment favorable.
Sémantique : Fig. Tirer sur le temps, profiter de l'occasion favorable.
Comme il [Puysieux] avait beaucoup d'esprit et de connaissance du roi, il s'avisa de tirer hardiment sur le temps
de Louis de Rouvroy, duc de SAINT-SIMON dans 141, 61
24
Sémantique : Terme d'escrime. Se dit du moment favorable que l'on doit choisir pour fondre sur son adversaire.
Coup de temps, coup pris d'opposition sur un développement.
Sémantique : Fig. et populairement. Voir le coup de temps, s'apercevoir d'un contre-temps assez tôt pour le déjouer.
Prendre sur le temps, frapper son adversaire d'une botte au moment où il s'occupe de quelque mouvement.
Tirer sur le temps, pousser une botte, au moment où l'adversaire se prépare lui-même à en tirer une.
25
Sémantique : Terme de manége. Se dit de chaque mouvement accompli, de quelque allure que ce soit. Cet exercice se fait en trois temps. Un temps de cheval.
S'applique aussi à quelques-unes des aides que donne le cavalier. Un temps de jambes.
Temps d'arrêt, action de la main pour ralentir le mouvement.
Sémantique : Fig. Temps d'arrêt, ralentissement, suspension dans quelque opération.
Temps de langue, appel de la langue.
Temps de galop, voy. GALOP.
26
Dans l'art militaire, en instruction de détail, l'action d'exercice qui s'exécute à un commandement, et qui se divise en mouvements pour en faciliter l'exécution.
27
Sémantique : Terme de marine. Intervalle que l'on met après chaque coup de canon d'un salut.
Partie d'un signal de nuit.
Subdivision des divers commandements de l'exercice des bouches à feu.
28
En chirurgie, on appelle temps les opérations simples dont la réunion constitue les opérations composées.
Opérations en deux temps ou en plusieurs temps, celles qu'on cesse après avoir fait certaines parties, pour les reprendre une ou plusieurs fois et les terminer plus tard.
29
Sémantique : Terme de danse. Moments précis pendant lesquels il faut faire certains mouvements divisés par des pauses.
Si les temps de l'entrechat ne sont ni coupés ni battus, et qu'ils soient au contraire, frottés et roulés l'un sur l'autre, il n'y aura pas de clair qui fasse valoir les ombres
de NOVERRE dans Lett. sur la danse, p. 305, dans POUGENS
L'élégance de sa taille et la longueur de ses membres s'associaient à merveille aux temps développés et aux pas hardis de la danse
de ID. dans ib. p. 342
30
Sémantique : Terme de musique. La division la plus immédiate de la mesure, constituant une unité de durée divisible et subdivisible elle-même en deux et en trois parties. Mesure à deux temps. Mesure à deux temps ternaires. Mesure à trois temps binaires.
Dans les mesures à deux temps et à quatre temps, temps forts, temps frappés ou temps impairs ; temps faibles, temps levés ou temps pairs.
Appuyer sur les temps forts, les faire sentir
Sémantique : Par extension.
Dans l'accent naturel de la parole, ainsi que dans celui du chant, dans la quantité prosodique et dans la mesure vocale, il y a des temps forts et des temps faibles
de Jean-François MARMONTEL dans Oeuv. t. VIII, p. 458
Demi-temps, durée de la moitié d'un temps.
31
Durée qu'on emploie à prononcer les syllabes.
Il y a à observer le temps que l'on met à prononcer chaque syllabe ; les unes sont prononcées en moins de temps que les autres, et l'on dit de celles-ci qu'elles sont longues, et de celles-là qu'elles sont brèves ; les brèves sont prononcées dans le moins de temps qu'il est possible ; aussi dit-on qu'elles n'ont qu'un temps, c'est-à-dire une mesure, un battement ; au lieu que les longues en ont deux
de DUMARS. dans Oeuv. t. IV, p. 45
32
Dans la déclamation, pauses qu'on observe entre certaines phrases, entre certains mots.
Souvenez-vous de ne rien précipiter, d'animer tout, de mêler des soupirs à votre déclamation, de mettre de grands temps
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Lett. Mlle Gaussin, décembre 1730
À l'égard des temps, il faut observer que toute action est relative à un temps, puisqu'elle se passe dans le temps ; les rapports de l'action au temps sont marqués en quelques langues par des particules ajoutées au verbe
de DUMARS. dans Oeuv. t. IV, p. 343
Temps primitifs, se dit des temps des verbes qui servent à former les autres.
Temps seconds, temps dérivés des temps primitifs.
Temps seconds, se dit, dans la grammaire grecque, d'une seconde forme de certains temps
33
À temps, loc. adv.
Assez tôt, ni trop tôt, ni trop tard.... pourvu qu'il [le bonheur] nous vienne, il vient toujours à temps
de Abbé Mathurin RÉGNIER dans Élég. II
Dans cette confusion on ne pouvait se mouvoir de concert ; les ordres ne venaient jamais à temps
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Hist. III, 5
À temps de..., avec un infinitif. à temps d'agir.
Vous qui ne différez de vous convertir que parce que vous croyez que vous serez assez à temps, au lit de la mort, de vous donner à Dieu
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Carême, Impén.
Pour un temps limité. Travaux forcés à temps.
Le mal était que cet emploi n'était qu'à temps, mais il mettait en état de chercher et d'attendre
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Confess. IV
Ses membres [d'un corps politique], participant à la constitution des deux extrêmes, seront partie à temps et partie à vie
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Gouv. de Polog. 8
On ne peut engager ses services qu'à temps et pour une entreprise déterminée
dans Code civ. art. 1780
34
Sur le temps, au moment même.
Je fais d'excellents impromptus à loisir ; mais, sur le temps, je n'ai jamais rien fait ni dit qui vaille
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Confess. III
35
En même temps, au même temps, à la même heure, dans le même moment, ensemble.
Jésus-Christ est venu enseigner sa loi à tous les hommes, et leur donner au même temps les exemples de l'accomplir
de Esprit FLÉCHIER dans Panég. I, 247
Descartes a dit : à même temps. Si la quantité de ces vapeurs n'est à même temps augmentée, Pass. 131.
36
Dans le même temps, sans tarder, incontinent.
Si par hasard il a appris ce qui aura été dit dans une assemblée de ville, il court dans le même temps le divulguer
de Jean de LA BRUYÈRE dans Théophr VII
37
Tout d'un temps, aussitôt, sans tarder.
Et tout d'un temps on le voit y voler
de Pierre CORNEILLE dans Hor. IV, 2
Bonsoir, car tout d'un temps je vais me renfermer
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Éc. des mar. III, 2
En arrivant, j'allai recevoir cette lyre, et tout d'un temps je la vendis
de Jean-François MARMONTEL dans Mém. II
En même temps.
Il lui sera facile D'apaiser tout d'un temps les mânes de Camille
de Pierre CORNEILLE dans Hor. v, 3
Emmenez avec vous les souffleurs [alchimistes] tout d'un temps
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. II, 13
Mais je voudrais qu'on cherchât tout d'un temps....
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Épigr. XXX
38
De tout temps, de tous temps, toujours.
Et mon dessein a été de tout temps de plaire à peu de personnes
de Jean-Louis GUEZ de BALZAC dans Liv. I, lett. 2
Tu sais que, de tout temps à l'amour opposée, Je rendais souvent grâce à l'injuste Thésée
de Jean RACINE dans Phèd. II, 1
39
De temps en temps, de temps à autre, de fois à autre, quelquefois.
Le Dieu, dont vous parlez, de temps en temps sévère
de Pierre CORNEILLE dans Attila, v, 3
Et c'est pour m'affranchir de cette dépendance Que.... de temps en temps, j'irrite ses ennuis
de Jean RACINE dans Brit. II, 2
40
En temps et lieu, dans le temps et le lieu convenables.
Je te remercie de ta protection, et je ne manquerai pas de la réclamer en temps et lieu
de Louis-Benoît PICARD dans Deux Philiberts, I, 11
41
Suivant ou selon le temps, suivant ou selon les temps, conformément aux circonstances.
42
Dans le temps que, au temps que, Nature : loc. conj. Dans le temps où, pendant que.
Vous les avez poursuivis l'épée à la main au temps de leur affliction, au temps que leur iniquité était à son comble
de Isaac Louis Lemaistre de SACY dans Ézéchiel, XXXV, 5
Jésus-Christ est venu surprendre la reine dans le temps que nous la croyions la plus saine, dans le temps qu'elle se trouvait la plus heureuse
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Mar.-Thér.
43
Au même temps que, et, plus rarement, à même temps que..., justement dans l'instant où.
Et à même temps qu'avec la houssine il renversa les marmousets dans le bassin, l'armée navale des ennemis fit naufrage
de Jean-Louis GUEZ de BALZAC dans le Barbon.
44
Entre temps, dans l'intervalle. Entre temps il alla dîner.

PROVERBES

1
Exemple : Le temps perdu ne se répare point, ne se recouvre point.
2
Exemple : Le temps est un grand maître.
Le temps est un grand maître, il règle bien des choses
de Pierre CORNEILLE dans Sertor. II, 4
3
Exemple : Chaque chose a son temps, Exemple : il y a temps pour tout.
Dame il y a temps pour tout
de Pierre de MARIVAUX dans Pays. parv. 6e part.
Il y a quelque temps qu'on ne parlait que des jésuites ; et à présent on ne s'entretient que des escargots ; chaque chose a son temps
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Colimaçons, 1
4
Exemple : Qui a temps a vie, quand le terme où l'on doit satisfaire à une obligation est éloigné, on a du loisir pour s'y préparer.
5
Exemple : Qui gagne du temps gagne tout.
6
Exemple : Le temps est à Dieu et à nous, nous avons le loisir de faire ce dont il s'agit, ou, en général, de faire ce qu'il nous plaît.
7
Exemple : Il y a temps de rire et temps de pleurer, temps de parler et temps de se taire.
8
Exemple : Il est un temps pour s'en aller et prendre congé, se dit des importuns.
9
Exemple : Après ce temps-ci il en viendra un autre, se dit pour se consoler dans la misère du temps.
10
Exemple : Il viendra un temps où les chiens auront besoin de leur queue, un temps viendra où l'on aura besoin des gens ou des choses qu'on néglige maintenant.
11
Exemple : Tout vient à temps pour qui peut ou qui sait attendre, il faut attendre l'occasion pour en profiter, sans la provoquer.
12
Exemple : Du temps faut parler pour propos renouveler.
13
Exemple : Changement de temps, entretien de sot.
14
Exemple : Autre temps, autres moeurs.
15
Exemple : Après bon temps on se repent, se dit aux prodigues qui se préparent un avenir malheureux.
16
Exemple : Il n'y a point de temps perdu, les uns ont le bon, les autres le mauvais.

HISTORIQUE

1
XIe s.
Il est mult vielz, si ad sun tens uset
dans Ch. de Rol. XXXIX
Morz est li quens [le comte], de sun tens ni ad plus
dans ib. CXIX
Demorent trop, n'i puent estre à tens
dans ib. CXXXVI
Cuntre paiens [il] fut tuz tens campiuns
dans ib. CLXIII
Dist l'emperere : tens est del herberger
dans ib. CLXXVII
2
XIIe s.
E cel jor [il] ne li dist rien ; mais, quant il vit son tens, appelé à conseil, il respondit....
dans Machab. II, 14
Li noviaus tanz et mais et violete
dans Couci, VI
Encor viendra lieus et tens De ma très grant joie avoir
de ID. dans XII
Quant [je] voi venir le bel tanz et la flor
de ID. dans XVII
À la douzor del tens qui raverdoie, Chantent oisel et florissent vergier
de ID. dans XXI
Guiteclins de Sassoigne, quant ce vint à son tans, De sa premiere feme ot deus vaslez efans
dans Sax. v
N'i [en une belle femme] perdi pas nature ses uevres ne son tans
dans ib.
3
XIIIe s.
Car à nos tans est perdus li sains lieus
de QUESNES dans Romancero, p. 94
On n'aime pas dame pour parenté [sa famille], Ains quant ele est bele, courtoise et sage ; Vous en saurez par tens la verité
dans ib. p. 110
À l'issue d'avril un temps dous el joli
dans Berte, I
Grant temps [ils] furent ensemble, car ainsi plut à Dieu
dans ib. III
Cil jour [il] fit mout lait temps et de froide maniere
dans ib. xx
Devant la mienuit li temps un peu s'escure
dans ib. XLII
Lors [elle] se musse au buisson ; si lait le tans [le mauvais temps] passer
dans ib. XLIII
Si avint, un tans après la mort de Godefroi et le roi Baudoin, son frere, qu'il ot un roi en France qui ot nom Loeys li Justicieres
dans Chr. de Rains, p. 2
Il lui fist en tans et en lieu Sentir son pooir et sa force
dans Lai de l'ombre
Si cum vous le verrez en tens
dans la Rose, 6637
Je me fais apeler Oiseuse, Dist ele, à tous mes congnoissans ; Si sui riche fame et poissans ; S'ai d'une chose moult bon tens ; Car à nule riens je no pens Qu'à moi joer et solacier
dans ib. 585
Et est desormais bien tans, Qu'ele ait o li un escuier
dans Bl. et Jeh. 193
Il soloit estre k'on se vengeoit, par droit de guerre, dusqu'au septisme degré de lignage, et ce n'estoit pas merveille el tans d'adont
de Philippe de BEAUMANOIR dans LIX, 20
La seconde [cause de servitude] si est parce que el tans cha en arriere, par grant devotion, moult se donnoient aus [eux] et lor oir et lor cozes as sains et as saintes
de Philippe de BEAUMANOIR dans XLV, 19
Onques homme lay [laïque] de nostre temps ne vesquit si saintement
de Jean, PRINCE DE JOINVILLE dans 191
Ausi parole il del jor dou joïse [du jugement] comme se il fust passez ; car Escriture met un tens por autre assez sovent
dans Psautier, f° 117
4
XIVe s.
Comme une aronde seule ne signifie pas le temps de ver [printemps], ne un seul biau jour ne le fait pas
de Nicolas ORESME dans Eth. x, 16
Bonne delettacion qui se devroit ensuir ou temps à venir
de Nicolas ORESME dans ib. 132
Baron, ce dist li rois, je vous tien à sachans ; Veilliez moi conseiller ; car il en est bien tamps
dans Guesclin. 8452
Si vous prions cherement, que en le temps moien [dans l'intervalle] vous veullez conforter
de Victor Henri-Joseph Brahain, dit DU CANGE dans tempus medium.
5
XVe s.
Quand le roi vit sa soeur que grant temps n'avoit vue
de Jean FROISSART dans I, I, 6
Et ils ne pouvoient bonnement plus avant hostoyer, ni guerroyer pour l'hiver temps qui entré estoit
de Jean FROISSART dans I, I, 157
Ceux du chastel virent bien que le faix leur estoit grand, et, si le roi David maintenoit son propos [de les assiéger aussi vivement], ils auroient fort temps
de Jean FROISSART dans I, I, 163
Quant ces gens d'armes [du duc d'Anjou] se trouverent en ce pays [de Calabre] si bon et si gras et rempli de tous biens, ils se tinrent tout aises et s'en donnerent du bon temps
de Jean FROISSART dans II, II, 137
On a vu le temps que il ne l'eust pas fait pour nul avoir
de Jean FROISSART dans II, II, 206
Ils perdoient là leur temps
de Jean FROISSART dans II, II, 230
On doit le temps ainsi prendre qu'il vient ; Tous dis ne puet durer une fortune : Un temps se pert, et puis l'autre revient
de Jean FROISSART dans Poésies mss. p. 337, dans LACURNE
Je veuil laisser aux autres faire Leur temps, car le mien est passé
de Alain CHARTIER dans la Belle dame.
Quand tout vray et tout clair est que la chose va ainsi, et non de nouvel, mais de tout temps
de CHASTEL. dans Exposit. sur verité.
Prince qui veult que le bon temps reviengne, Les trois estas en bonnes meurs repringne
de Eustache DESCHAMPS dans Souffr. du peuple
Seez vous, beau sire, Il est bien temps de le vous dire : Mais je suis ainsi gracieux
dans Patelin
.... et tenoit le roi pour homme craintif, et estoit vray que par temps il l'estoit
de Philippe de COMMINES dans III, 12
Ceste maladventure ne luy advint pas seulle, car tout en ung temps fut prins le conte de Roussy son filz
de Philippe de COMMINES dans IV, 4
Autant estimé et requis de ses voisins ung temps a esté que nul prince qui fust en chrestienté
de Philippe de COMMINES dans v, 9
Au moins celluy qui aura bonne cause et la pourchassera bien et deffendra largement, à longueur de temps aura raison si....
de Philippe de COMMINES dans V, 18
Ilz ont le meilleur temps de France, Sans soucy, sans melencolye
dans Rec. de farces, p. 292
6
XVIe s.
Car ils prennent pour grand' louange Quand on les estime inconstants, Et disent que le tans se change, Et que le sage suit le tans
de Philippe DESPORTES dans Diverses amours, XLI, Chanson.
Je laisse au philosophe et aux gens de loisir à mesurer le tans par mois et par journées ; Je conte, quant à moi, le tans par le desir
de Philippe DESPORTES dans Cleonice, IV
Temps c'est la difference du verbe selon le present, preterit, futur
de RAMUS dans dans LIVET, Gramm. franç. p. 225
Non qu'ilz feissent ce grand voyage tout d'une tire, mais à plusieurs reprises, marchans tous les ans sur le temps nouveau [printemps] plus avant en païs, de sorte que par long traict de temps ilz traverserent ainsi toute la terre ferme de l'Europe
de Jacques AMYOT dans Marius, 18
Au temps que les bestes parloient, il n'y a pas trois jours
de François RABELAIS dans Pant. II, 15
La rose à la parfin devient un gratecu, Et tout avecq' le temps par le temps est vaincu
de Pierre de RONSARD dans 164
Il sçavoit par sur tous laisser courre et lancer, Bien demesler d'un cerf les ruses et la feinte, Le bon temps, le vieil temps, l'essuy, le rembuscher
de Pierre de RONSARD dans 210
Vostre apprehension et vostre seul penser Un temps furent à moy ; or' vostre amour me laisse : Le temps peut toutes choses à la fin effacer
de Pierre de RONSARD dans 274
Le temps s'en va, le temps s'en va, ma dame ; Las, le temps, non, mais nous, nous en allons
de Pierre de RONSARD dans Poés. diverses.
Le temps corrige tout, quand on le conduit bien
de GARN. dans Hippol. III, 269
On ne doit contraindre le temps, ne sur Dieu haster le pas
de GÉNIN dans Récréat. t. II, p. 245
Au temps qui court
de PALSGRAVE dans p. 811
Qui previent les temps, fort souvent il s'en plaint
de SULLY dans Mém. t. IX, p. 476

ÉTYMOLOGIE

1
Wallon, tain ; provenç. temps ; espagn. tiempo ; portug. et ital. tempo ; du lat tempus, temps ; comparez l'angl. time, l'angl.-sax tima, le gaél. tim, tiom.

Synonymes de TEMPS

Termes proches de TEMPS