L'oeuvre Odes et poésies diverses de Jean-Baptiste ROUSSEAU

Ecrit par Jean-Baptiste ROUSSEAU

Date : 1712-1723

Citations de "Odes et poésies diverses"

Pages 1

Utilisé pour le motCitation
ABEILLEEt semblable à l'abeille en nos jardins éclose, De différentes fleurs j'assemble et je compose Le miel que je produis
ACCOSTERAccostez-vous de fidèles critiques ; Fouillez, puisez dans les sources antiques ; Lisez les Grecs, savourez les latins ; Je ne dis tous, car Rome a ses Cotins
ADURENT, ENTEFièvre adurente et soif plus que cynique
AFFADI, IEEt n'estimant dignes d'être applaudis Que les héros par l'amour affadis
AMOUREUX, EUSEPour les âmes généreuses, Du vrai bonheur amoureuses, La mort même a ses douceurs
ANCIEN, IENNEIl est, dit-il, d'un maître tel que moi, De s'éloigner des routes anciennes
ANGARIERL'angariant, le vexant, l'excédant En cent façons....
ANTIDOTÉ, ÉENous instruisant par gracieux préceptes Et par sermons de joie antidotés
APOSTROPHERUn magister s'empressant d'étouffer Quelque rumeur parmi la populace, D'un coup dans l'oeil se fit apostropher
AUCUN, UNETel que le vieux pasteur des troupeaux de Neptune, Protée à qui le ciel père de la fortune Ne cache aucuns secrets
AUSSICar aussi bien quel est le grand salaire D'un écrivain au-dessus du vulgaire ?
AUTOMNEUne santé, dès lors florissante, éternelle, Vous ferait recueillir d'une automne nouvelle Les nombreuses moissons
AVENU, UEIl n'est rien que le temps n'absorbe et ne dévore, Et les faits qu'on ignore Sont bien peu différents des faits non avenus
AVERTINÔ le plaisant avertin D'un fou du pays latin
BASANÉ, ÉESes mains basanées, Aux palmes de Mars destinées
BILLETTEAmi, dit le billette, à tout pécheur Dieu fait rémission
BOUCANIÈREDont le mari lui dit : ha ! boucanière !
CADUC, CADUQUEAchève donc ton ouvrage, Viens, ô favorable mort, De ce caduc assemblage Rompre le fragile accord
CALMEMais ce calme si doux que le ciel vous renvoie N'est point le calme oisif d'une indolente joie
CALMERReviens de ta patrie en proie à la tristesse Calmer les déplaisirs
CARESSANT, ANTEJe n'ai point l'heureux don de ces esprits faciles Pour qui les doctes soeurs, caressantes, dociles, Ouvrent tous leurs trésors
CARESSESans songer que mêmes tendresses, Mêmes serments, mêmes caresses Trompèrent un autre avant lui
CASANIER, IÈRECrois-moi, suis plutôt l'exemple De tes amis casaniers, Et reviens goûter au Temple L'ombre de tes marronniers
CHAÎNEIl est comptable à sa patrie Des dons qu'il tient de leur bonté [des cieux] ; Cette influence souveraine N'est pour lui qu'une illustre chaîne Qui l'attache au bonheur d'autrui
CHARGEÔ vous que la bonne fortune Maintient à l'abri des revers, De la terre charge importune, Peuple inutile à l'univers
CHÉRISSABLEEt me rendre peut-être, à moi seul, chérissable La gloire périssable Des stériles travaux qui font tout mon emploi
CHIEN, CHIENNEQuel chien de train ! quelle chienne de vie !
CICATRICENe craignez rien, calomniez toujours ; Quand l'accusé confondrait vos discours, La place est faite ; et, quoiqu'il en guérisse, On en verra du moins la cicatrice
COLONNEBientôt l'État, privé d'une de ses colonnes, Se plaindrait d'un repos qui trahirait le sien
COLPORTEURMais dans les vers tous s'estiment docteurs, Bourgeois, pédants, écoliers, colporteurs
COMPAGNONL'inexpérience indocile Du compagnon de Paul-Émile Fit tout le succès d'Annibal
CONQUÉRANTQuels traits me présentent vos fastes, Impitoyables conquérants ?
CONSOLATEUR, TRICEJ'y trouve un consolateur Plus affligé que moi-même
CONSUMÉ, ÉEAccablé de mépris, consumé de douleurs
CONVULSIF, IVEToujours troublé de fureurs convulsives, De mon plancher ébranler les solives
COQUEEt ressemblez à l'oeuf cuit dans sa coque ; Plus on l'échauffe, et plus se rendurcit
COURBÉ, ÉETantôt vous tracerez la course de votre onde ; Tantôt d'un fer courbé dirigeant vos ormeaux, Vous ferez remonter leur séve vagabonde Dans de plus utiles rameaux
COURSENe murmurons donc plus contre les destinées Qui livrent sa jeunesse au ciseau d'Atropos, Et ne mesurons point au nombre des années La course des héros
CREUSETHélas ! j'aimais en vous un or faux et perfide, Par le creuset du temps en vapeur converti
CREVERUn gros garçon qui crève de santé, Mais qui de sens a bien moins qu'une buse
CROSSEAfin qu'un jour l'épée ou bien la crosse Trouvent un sot dans un Caton précoce
CRUAUTÉLes remparts abattus, les palais mis en cendre Sont de ta cruauté les plus doux monuments
CRÛMENTNon d'un vrai sec et crûment historique, Mais de ce vrai moral et théorique, Qui, nous montrant les hommes tels qu'ils sont, De notre coeur nous découvre le fond
CUIREUn aiguillon qui, prompt à la venger, Cuit plus d'un jour à qui l'ose outrager
DÉCOCHERAux moindres traits que sur toi l'on décoche....
DÉLICECraignez que de sa voix les trompeuses délices....
DÉSOLÉ, ÉECar il n'est point d'auteur si désolé Qui dans Paris n'ait un parti zélé ; Rien n'est moins rare : un sot, dit la satire, Trouve toujours un plus sot qui l'admire
DISCOURIR[On] Préférait l'art de bien vivre à l'art de bien discourir
DISSÉQUEURCertain frater grand disséqueur de corps
DISSIPÉ, ÉEVous m'offririez le laurier d'Euripide, Si, comme lui, dans quelque roche aride, Pour recueillir mon esprit dissipé, J'allais chercher un sépulcre escarpé
DOIGTOyez- le bien, vous toucherez au doigt Que l'Iliade est un conte plus froid Que Cendrillon, Peau-d'Âne ou Barbe-Bleue
DONNEROr prions Dieu qu'il leur doint paradis
DONT.... Il est un Dieu dans les cieux Dont le bras soutient l'innocence, Et confond des méchants l'orgueil ambitieux
DOUZAINEHé ! finissez, rimeur à la douzaine ; Vos abrégés sont longs au dernier point
EAUSous ce tombeau gît un pauvre écuyer, Qui tout en eau sortit du jeu de paume
ÉBLOUIRFortune dont la main couronne Les forfaits les plus inouïs, Du faux éclat qui t'environne, Serons-nous toujours éblouis ?
ÉCHAPPERTel que le vieux pasteur des troupeaux de Neptune, Protée, à qui le Ciel, père de la Fortune, Ne cache aucuns secrets, Sous diverse figure, arbre, flamme, fontaine, S'efforce d'échapper à la vue incertaine Des mortels indiscrets
ÉCHEVELÉ, ÉEOu tel que d'Apollon le ministre terrible, Impatient du dieu dont le souffle invincible Agite tous ses sens, Les yeux étincelants, la tête échevelée, Du temple fait mugir la demeure ébranlée Par ses cris impuissants
ÉCLATDu faux éclat qui t'environne, Serons-nous toujours éblouis ?
EFFLANQUÉ, ÉEMais dans ce style efflanqué, sans vigueur, J'aime encor mieux l'insipide langueur
ÉGAYERMuses, gardez vos faveurs pour quelqu'autre, Ne perdons plus ni mon temps ni le vôtre Dans ces débats où nous nous égayons
ENGORGÉ, ÉELéger d'étude et d'orgueil engorgé, Maître Houdart se croit un petit aigle
ENGUENILLÉ, ÉETout le phébus qu'on reproche à Brébeuf, Enguenillé des rimes du Pont-Neuf
ENNEMI, IEUn ennemi, dit un célèbre auteur, Est un soigneux et docte précepteur, Fâcheux parfois, mais toujours salutaire Et qui nous sert sans gage ni salaire
ÉNORMEÉtrange vertu qui se forme Souvent de l'assemblage énorme Des vices les plus détestés
ENROUÉ, ÉEÀ chaque instant redoublent les injures, Les aigres sons, les enroués murmures
ENSERRERLes cieux instruisent la terre à révérer leur auteur ; Tout ce que leur globe enserre Célèbre un Dieu créateur
ENTERREURCertain curé, grand enterreur de morts, Au choeur assis, récitait le service ; Certain frater, grand disséqueur de corps, Tout vis-à-vis chantait aussi l'office
ENTRE-PLAIDER (S')Deux gens de bien, tels que Vire en produit, S'entre-plaidaient sur la fausse cédule
ENTRE-PRÊTER (S')Et le trio de louves surannées Qui, tour à tour à me mordre acharnées, Dans leur fureur semblent s'entre-prêter L'unique dent qui leur a pu rester
ÉPANDREOù Polycrène épand ses libérales eaux
ESCRIME....apprendre à ne leur plus répondre Que par des moeurs dignes de les confondre.... à fuir enfin toute escrime inégale Qui d'eux à nous remplirait l'intervalle
ESPRITSon plus beau feu [de l'esprit] se convertit en glace Dès qu'une fois il luit hors de sa place, Et rien enfin n'est plus froid qu'un écrit Où l'esprit brille aux dépens de l'esprit
ÉTINCELANT, ANTEOu tel que d'Apollon le ministre terrible, Impatient du Dieu dont le souffle invincible Agite tous ses sens, Les yeux étincelants, la tête échevelée....
ÉVANOUI, IEEt dans cette nuit funeste Je cherchais en vain le reste De mes jours évanouis
ÉVANOUIR (S')Mais au moindre revers funeste, Le masque tombe, l'homme reste, Et le héros s'évanouit
EXALTÉ, ÉEIls savent qu'un héros par son rang exalté Ne doit qu'à la vertu ce que doit le vulgaire à la nécessité
EXHALERC'était en ces discours que s'exhalait ma plainte
EXTATIQUEJe n'entends point l'extatique grimace D'un faux béat qui, le front vers les cieux, Aux chérubins fait partout les doux yeux
FACILEJe n'ai point l'heureux don de ces esprits faciles Pour qui les doctes soeurs, caressantes, dociles, Ouvrent tous leurs trésors
FALERNELa vertu du vieux Caton, Chez les Romains tant prônée, Était souvent, nous dit-on, De falerne enluminée
FAQUINEt j'aime mieux endurer une injure Que d'illustrer un faquin ignoré
FILGrands réviseurs, courage, escrimez-vous, Apprêtez-moi bien du fil à retordre
FORMULAIREElle est polie et de doux entretien, Connaît le monde, écrit et parle bien, Et de la cour sait tout le formulaire
FORTUNEFortune dont la main couronne Les forfaits les plus inouïs, Du faux éclat qui t'environne Serons-nous toujours éblouis ?
FRATERUn magister, s'empressant d'étouffer Quelque rumeur parmi la populace, D'un coup dans l'oeil se fit apostropher, Dont il tomba faisant laide grimace ; Lors un frater s'écria : place ! place ! J'ai pour ce mal un baume souverain
FRAUDEL'hypocrite en fraudes fertile Dès l'enfance est pétri de fard
FRISERCes odes-là frisent bien le Perrault
FROIDUREOh ! qu'après la triste froidure, Nos yeux amis de la verdure Sont enchantés de son retour !
FUREUR[Les esprits faciles qui] N'éprouvèrent jamais en maniant la lyre Ni fureurs ni transports
FUREURIl n'eût point eu le nom d'Auguste Sans cet empire heureux et juste Qui fit oublier ses fureurs
GALÉNIQUECertain ivrogne après maint long repas Tomba malade ; un docteur galénique Fut appelé
GÉNIETel, aux premiers accès d'une sainte manie, Mon esprit alarmé redoute du génie L'assaut victorieux
GODENOT....Et de là vient que l'archi-godenot, Depuis trente ans que seul il se fait rire, N'a jamais su faire rire qu'un sot
GUERRIER, IÈREMontrez-nous, guerriers magnanimes, Votre vertu dans tout son jour ; Voyons comment vos coeurs sublimes Du sort soutiendront le retour
HABILEHabile seulement à noircir les vertus
HÉBÉTÉ, ÉEÉcrire en sage et vivre en hébété.... Muses, gardez vos faveurs pour quelque autre
HÉROSMontrez-nous, héros magnanimes, Votre vertu dans tout son jour ; Voyons comment vos coeurs sublimes Du sort soutiendront le retour
HOMICIDERegard homicide
HONORERQuoi ! Rome et l'Italie en cendre Me feront honorer Sylla !
IDOLEJusque à quand, trompeuse idole [Fortune], D'un culte honteux et frivole Honorerons-nous tes autels ?
IGNORERMonsieur l'abbé, vous n'ignorez de rien, Et ne vis onc mémoire si féconde
IMMATRICULERIl est sauvé s'il peut prouver Qu'au rang des sots Phébus l'immatricule
IMMOBILELe temps, cette image mobile De l'immobile éternité
IMPATIENT, ENTEImpatient du dieu dont le souffle invincible Agite tous ses sens, Le regard furieux, la tête échevelée
INCONCEVABLEÔ doux amusement ! ô charme inconcevable à ceux que du grand monde éblouit le chaos !
INDISPUTABLEL'origine et la source antique De ces dieux, fantômes charmants, De votre verve prophétique Indisputables éléments
INDOCILEL'inexpérience indocile Du compagnon de Paul Émile Fit tout le succès d'Annibal
INDULGENT, ENTEOvide, en vers doux et mélodieux, Sut débrouiller l'histoire de ses dieux : Trop indulgent au feu de son génie, Mais varié, tendre, plein d'harmonie
INEXPÉRIENCEL'inexpérience indocile Du compagnon de Paul Émile Fit tout le succès d'Annibal
INJURIEUX, EUSEEt que leurs noms, vainqueurs de la nuit la plus sombre, Ont su dissiper l'ombre Dont les obscurcissait le sort injurieux
INOUÏ, ïEFortune dont la main couronne Les forfaits les plus inouïs
IVRESSELe réveil suit de près vos trompeuses ivresses, Et toutes vos richesses S'écoulent de vos mains
LANGUEMais de ces langues diffamantes Dieu saura venger l'innocent
LARMOYERPar passe-temps un cardinal oyoit Lire les vers de Psyché, comédie ; Et, les oyant, pleuroit et larmoyoit
LENT, ENTELe bras de la justice, Quoique lent à frapper, se tient toujours levé
LIEN.... Ô jour épouvantable, Où la mort saisira ce fortuné coupable, Tout chargé des liens de son iniquité
LOSÔ Catinat, quelle voix enrhumée De te chanter ose usurper l'emploi ? Mieux te vaudrait perdre ta renommée, Que los cueillir de si chétif aloi
LOUP-GAROUJe ne prends pas pour vertu Les noirs accès de tristesse D'un loup-garou revêtu Des habits de la sagesse
MAGISTERUn magister s'empressant d'étouffer Quelque rumeur parmi la populace, D'un coup dans l'oeil se fit apostropher
MAGNANIMEMontrez-nous, héros magnanimes, Votre vertu dans tout son jour, Voyons comment vos coeurs sublimes Du sort soutiendront le retour
MAL, ALEMais qui sait mal, n'apprendra jamais bien
MANIETel aux premiers accès d'une sainte manie Mon esprit alarme redoute du génie L'assaut victorieux
MANOEUVRECe n'est pas tout de briller par vos oeuvres : Il faut encor des ressorts, des manoeuvres
MAQUIGNONUn maquignon de la ville du Mans Chez son évêque était venu conclure Certain marché de chevaux bas-normands
MASQUEMais au moindre revers funeste Le masque tombe, l'homme reste, Et le héros s'évanouit
MAUDISSONPour un procès tous deux étant émus, De maudissons lardaient leurs oremus
MESSAGER, ÈREEt messagère indifférente Des vérités et de l'erreur, Sa voix en merveilles féconde Va chez tous les peuples du monde, Semer le bruit et la terreur
MEURTRI, IEEt ces enfants meurtris entre leurs bras sanglants
MOISSONUne santé dès lors florissante, éternelle, Vous ferait recueillir d'une automne nouvelle Les nombreuses moissons
MONTRERMontrez-nous, héros magnanimes, Votre vertu dans tout son jour ; Voyons comment vos coeurs sublimes Du sort soutiendront le retour
MORTTu dis qu'il faut brûler mon livre ; Les tiens auront un meilleur sort, Ils mourront de leur belle mort
NASARDEChacun pourra lui [à un auteur] donner sa nasarde, L'appeler buffle et stupide achevé
NAUFRAGEGarantissez du naufrage du temps Les noms fameux et les faits éclatants
NICHÉ, ÉELors je lui dis : te voilà mal niché, Petit larron ; cherche une autre retraite : Celle du coeur sera bien plus secrète
NOMBREUX, EUSEEt mes nombreux forfaits ont surpassé le nombre Des sables de la mer
NOURRISSANT, ANTEMuses, jadis mes premières nourrices, De qui le sein me fit, presque en naissant, Téter un lait plus doux que nourrissant
OPÉRATEUR, TRICEHom ! disait l'un, jamais n'entonnerai-je Un requiem sur cet opérateur ?
ORJe veux mourir si pour tout l'or du monde Je voudrais être aussi savant que vous
ORAISONDe ces grands mots, clinquant de l'oraison
ORÉMUSCertain curé, grand enterreur de morts, Au choeur assis récitait le service ; Certain frater, grand disséqueur de corps, Tout vis-à-vis chantait aussi l'office ; Par un procès tous deux étant émus, De maudissons lardaient leurs orémus
ORIPEAUCar vous savez qu'un air de mode impose à nos Français plus que toute autre chose, Et que par là le plus mince oripeau Se vend parfois mieux que l'or le plus beau
ORMEAUÀ la source d'Hippocrène, Homère ouvrant ses rameaux, S'élève comme un vieux chêne Entre de jeunes ormeaux
OUVRIRVous couvrirez de fleurs les bords du précipice Qui s'ouvre sous vos pas
PAIXCertain huissier, étant à l'audience, Criait toujours : paix-là ! messieurs, paix-là
PALLIATIF, IVEMais, par hasard, si ce palliatif N'opère rien sur leur esprit rétif
PANDECTESÀ commenter dans leurs scènes dolentes Du doux Quinault les pandectes galantes
PAREt qui, père de sa patrie, Compte ses jours par ses bienfaits
PARPar trop bien boire un curé de campagne De son pauvre oeil se trouvait déferré
PARASITEFuis les longueurs, évite les redites, Bannis enfin tous ces mots parasites Qui, malgré vous, dans le style glissés, Rentrent toujours, quoique toujours chassés
PARESSESubjuguant la paresse engourdie, Lâche tyran qui n'entraîne après lui Que l'ignorance et le stupide ennui
PARTJe compris donc qu'aux oeuvres de génie Où la raison s'unit à l'harmonie, L'âme toujours a la première part
PARTIRSoucis cuisants au partir de Caliste Jà commençaient à me supplicier
PASTEURTel que le vieux pasteur des troupeaux de Neptune, Protée, à qui le ciel, père de la fortune, Ne cache aucuns secrets
PATIENT, ENTEEst-il permis de braver sur l'échelle Un patient jugé par la Tournelle ?
PAUVREIl brûle d'un feu sans remède, Moins riche de ce qu'il possède, Que pauvre de ce qu'il n'a pas
PERDREPerdrai-je l'oeil ? lui dit Messer Pancrace [qui avait reçu un coup dans l'oeil]. - Non, mon ami ; je le tiens dans ma main
PERDU, UEOu perdu dans la foule obscure
PESERIl tient la balance éternelle Qui doit peser tous les humains
PEUPLERPour échapper à tant d'essaims divers D'âpres censeurs qui peuplent l'univers
PINDARIQUELe chant fini, le pindarique oison, Se rengorgeant, rentre dans la maison
PIREEt nos aïeux, plus méchants que leurs pères, Mirent au jour des fils plus méchants qu'eux, Bientôt suivis par de pires neveux
PLAIDERConseillez-vous au palais, en Sorbonne ; Puis, quand vos cas seront bien décidés, Accordez-vous, si votre affaire est bonne ; Si votre cause est mauvaise, plaidez
PLATONIQUEMais direz-vous, ce triomphe héroïque N'est qu'une idée, un songe platonique
POÉTISERMaître Clément, ce grand forgeur de mètres, Si doucement n'eût su poétiser
POINDREEt moi chétif, de vos suivants le moindre, Combien de fois, las ! me suis-je vu poindre De traits pareils !
POINTVos abrégés sont longs au dernier point
POINTU, UECes vains amas d'antithèses pointues, D'expressions flasques et rebattues, Dont nous voyons tant d'auteurs admirés Farcir leurs vers, du badaud révérés
PRÉCONISEURNe pense pas pourtant qu'en ce langage Je vienne ici, préconiseur peu sage, Tenter ton zèle, humble religieux, Par un encens à toi-même odieux
PREMIER, IÈRELe premier moment de la vie Est le premier pas vers la mort
PRÉSENT, ENTEEt sur l'absent qui le mérite, Le présent qui les sollicite Est toujours sûr de l'emporter
PROFANATEUR, TRICEAinsi le glaive fidèle De l'ange exterminateur Plongea dans l'ombre éternelle Un peuple profanateur
PRÔNÉ, ÉELa vertu du vieux Caton, Chez les Romains tant prônée, Étoit souvent, nous dit-on, De Falerne enluminée
PROPREPréparez-vous à voir ces oppresseurs Dans les accès de leur rage ennemie Vous barbouiller de leur propre infamie
PROSAÏSERMaître Vincent [Voiture], ce grand faiseur de lettres, Si bien que vous n'eût su prosaïser
PROTÉETel que le vieux pasteur des troupeaux de Neptune, Protée, à qui le ciel, père de la fortune, Ne cache aucuns secrets, Sous diverse figure, arbre, flamme, fontaine, S'efforce d'échapper à la vue incertaine Des mortels indiscrets
PROTOTYPE[Gens] qui, sans savoir, sans règles, sans principes, Du bel esprit se font les prototypes
PROVIGNERC'est celui qui, sous Apollon, Prend soin des haras du Parnasse, Et qui fait provigner la race Des bidets du sacré vallon
PUPITREAmi Marot, l'honneur de mon pupitre, Mon premier maître, acceptez cette épître
QUAIQui, sur les quais, sans avoir été lu, Voit expirer son livre vermoulu
QUELQUE... QUEJustes, ne craignez point le vain pouvoir des hommes ; Quelque élevés qu'ils soient, ils sont ce que nous sommes
QUOISouvenez-vous, quoi que le coeur vous dise, De ne former jamais nulle hantise Qu'avec des gens dans le monde approuvés
RACLERPhébus, voyant sa mine constipée [d'un abbé qui récite ses vers], Dit : quelle est donc cette muse éclopée Qui vient ici racler du violon En manteau court ?
RANÇONEt dans ce jour fatal [le jugement dernier] l'homme à l'homme inutile Ne paîra point à Dieu le prix de sa rançon
RAPIDITÉDans la rapidité d'une course bornée
RÂTELÉEUn compagnon disait sa râtelée à certain carme
RAVIREt ces ailes de feu qui ravissent une âme Au céleste séjour
RÉCHAUFFERJ'irai, Seigneur, dans vos temples Réchauffer par mes exemples Les mortels les plus glacés
REDEVOIRSi ces dieux dont un jour tout doit être la proie Se montrent trop jaloux de la fatale soie Que vous leur redevez
REFORMERUn nouveau monde vient d'éclore ; L'univers se reforme encore Dans les abîmes du chaos
RÈGNE[Le sultan] Qui, paisible oppresseur de la Grèce abattue, Partage à notre vue La plus belle moitié du règne des Césars
REGORGERDe leurs grains les granges sont pleines, Leurs celliers regorgent de fruits
REMETTREDans la rapidité d'une course bornée, Sommes-nous assez sûrs de notre destinée Pour la remettre au lendemain ?
REMPLACERAndromaque, en moins d'un lustre, Remplaça deux fois Hector
RENDREEt quand la mort vient nous rendre visite, Achille est-il plus heureux que Thersite ?
RENOUERNe délibérez plus, tranchez mes destinées, Et renouez leur fil à celui des années Que vous lui réservez
RÉPANDRE[Un roi qui] N'ouvre les mains que pour répandre, Et ne reçoit que pour donner
REPENTIRLa volupté, des repentirs suivie
RÉPÉTERLes récompenses les plus dues Sont souvent des dettes perdues, Pour qui tarde à les répéter
REPRÉSENTERPar nous d'en bas la pièce [les affaires, le gouvernement] est écoutée ; Mais nous payons, utiles spectateurs ; Et, quand la farce est mal représentée, Pour notre argent nous sifflons les acteurs
RESSASSEREt ce faux bruit, tant soit-il insensé, Ne manquera d'être encor ressassé
RESTREINDRED'où nous pouvons conclure sans rien craindre, Qu'au présent seul l'homme doit se restreindre
RÉSULTERQuel plus sublime cantique Que ce concert magnifique De tous les célestes corps !... Quelle divine harmonie Résulte de leurs accords !
RÉVEILDans un sommeil profond ils ont passé leur vie, Et la mort a fait leur réveil
RÉVÉRERLes cieux instruisent la terre à révérer leur auteur
RÉVOLTELes révoltes du coeur
ROGATONLorsqu'à Pluton le messager Mercure Eut apporté le Banquet de Platon, Il fit venir le maître d'Épicure, Et lui dit : tiens, lis-moi ce rogaton
RUELLEIl leur enseigne de traiter galamment Les grands sujets en style de ruelle
SAILLIEOn admira bien plus que ses concerts D'un tel amour la bizarre saillie [Orphée descendant aux enfers pour sa femme]
SAINT, AINTEUn des saints du paganisme
SATISFAIT, AITECalme ton âme inquiète ; Némésis est satisfaite, Et ton tribut est payé
SECONDERTant que sa faveur [du sort] vous seconde, Vous êtes les maîtres du monde, Votre gloire nous éblouit
SEINPour eux la fertile rosée, Tombant sur la terre embrasée, Rafraîchit son sein altéré
SELLa vérité demande un peu de sel, Et l'enjouement est son air naturel
SERVIETTES'il conte un fait, la dame du logis De ses bons mots pâme sur son assiette, Et le laquais en rit sous sa serviette
SIFFLERL'air siffle ; une horrible tempête Aujourd'hui gronde sur ta tête ; Demain tu seras dans le port
SINISTREInfidèles politiques, Qui nous cachez vos pratiques Sous tant de voiles épais, Cessez de troubler la terre, Moins terribles dans la guerre Que sinistres dans la paix
SOIFGuérissez-moi ma fièvre seulement, Et pour ma soif ce sera mon affaire
SOLACIERQuand Cupidon, qui me vit pâle et triste, Me dit : ami, pourquoi te soucier ? Lors m'envoya, pour me solacier, Tout son cortége et celui de sa mère
SOLEILMon dernier soleil se lève, Et votre souffle m'enlève De la terre des vivants
SOLEILPlongée, à ton départ, dans une nuit profonde, Ses yeux n'ont vu lever que de tristes soleils
SOMNIFÈREOrateurs somnifères
SORTMontrez-nous, héros magnanimes, Votre vertu dans tout son jour ; Voyons comment vos coeurs sublimes Du sort soutiendront le retour
SOUCIERQuand Cupidon, qui me vit pâle et triste, Me dit : pourquoi te soucier ?
SOUFFERT, ERTESouffert des grands, quelquefois recherché
SOUFFLEImpatient du dieu dont le souffle invincible Agite tous ses sens [de la pythie]
SOUFFLERCe n'est pas tout d'agencer des paroles, Et de souffler de froides hyperboles
SOULEVERMais la déesse de mémoire, Favorable aux noms éclatants, Soulève l'équitable histoire Contre l'iniquité du temps
SOURCILLEUX, EUSEDépouillez donc votre écorce, Philosophes sourcilleux
STRUCTURECe grand et superbe ouvrage [le monde] N'est point pour l'homme un langage Obscur et mystérieux ; Son admirable structure Est la voix de la nature Qui se fait entendre aux yeux
STUDIEUX, EUSELe sage De son loisir studieux Doit faire un plus noble usage
SUBIRLe riche et l'indigent, l'imprudent et le sage, Sujets à même loi, subissent même sort
SUBTERFUGELa fraude heureuse en subterfuges
SUBTIL, ILEEt la morsure du serpent Est moins aiguë et moins subtile, Que le venin caché que sa langue répand
SUCCÈSL'inexpérience indocile Du compagnon de Paul Émile Fit tout le succès d'Annibal
SUCCESSEURLes grandeurs ont leur cours ; vous succédez à d'autres ; Mais d'autres quelque jour seront vos successeurs
SUFFRAGEIl vous apprend qu'un ignorant suffrage N'est pas moins sot qu'un ignorant ouvrage
SUIVRELa force craint la loi ; la peine suit le crime
SUPERBEHé ! mes amis, un peu moins de superbe
SUPRÊMESouvent la sagesse suprême Sait tirer notre bonheur même Du sein de nos calamités
TALONNERTu me talonnes quand je sors, Tu m'attends quand je me retire, Tu me poursuis jusques aux bains
TARDIF, IVE[La justice divine] .... n'en est pas moins redoutable Pour être tardive à punir
TEMPSLe temps, cette image mobile De l'immobile éternité
TEMPSLes temps prédits par la sibylle à leur terme sont parvenus : Nous touchons au règne tranquille Du vieux Saturne et de Janus
TENIRLe seul remède à ses caprices [de la fortune], C'est de s'y tenir préparé
TÊTEFais tête au malheur qui t'opprime
TOUT, TOUTEQuelquefois même aux bons mots s'abandonne, Mais doucement et sans blesser personne ; Toujours discret et toujours bien disant, Et sur le tout, aux belles complaisant
TRAÎNERComme un torrent fougueux qui, du haut des montagnes Précipitant ses eaux, traîne dans les campagnes Arbres, rochers, troupeaux par son cours emportés
TRAIT[Apollon] Ne nous vend qu'à ce prix ces traits de vive flamme, Et ces ailes de feu qui ravissent une âme Au céleste séjour
TRANSLATEURLongepierre, le translateur, De l'antiquité zélateur, Imite les premiers fidèles
TRANSPORT[Ces esprits faciles].... Qui, dans les douceurs d'un tranquille délire, N'éprouvèrent jamais, en maniant la lyre, Ni fureurs ni transports
TRAVESTI, IEEt j'admirais l'orgueil en vertu travesti
TRIBUTAIREEt que, tout fiers que nous sommes, Nous naissons tous, faibles hommes, Tributaires des douleurs
TROPLes dieux t'ont laissé vivre assez pour ta mémoire, Trop peu pour l'univers
VAILLANCEJ'appellerai vertu guerrière Une vaillance meurtrière Qui dans mon sang trempe ses mains !
VALUESi sais-je bien qu'Amour en son clapier Onc n'eut lapin de si mince value
VAUTOURÀ ces vautours de la société, Qui, comme l'eau, boivent l'iniquité
VEILLEDes veilles, des travaux un faible coeur s'étonne
VELOUTÉ, ÉEQu'il n'est poison souvent moins redouté, Que le venin d'un fourbe velouté
VERSLe premier moment de la vie Est le premier pas vers la mort
VIEQuel chien de train, quelle chienne de vie !
VOISIN, INEPardonnez : je songeais que de votre héritage Vous avez beau vouloir élargir les confins ; Quand vous l'agrandiriez trente fois davantage, Vous aurez toujours des voisins
VOUÉ, ÉEEt dont la main vouée au crime Ne connaît rien de légitime Que le meurtre et l'iniquité
ZÉNONISMEMais je vois déjà d'ici Frémir tout le zénonisme, D'entendre traiter ainsi Un des saints du paganisme

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