Définition de QUOI

DÉFINITIONS - REMARQUE - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : koi

DÉFINITIONS

1
Il s'emploie avec les noms indéterminés. Ce à quoi nous pensons. Ce sur quoi nous disputons. C'est en quoi vous vous trompez. Il n'est rien à quoi je ne sois disposé.
C'est tout ce de quoi j'ai besoin
de François de MALHERBE dans V, 7
Et tel blâme en autrui ce de quoi je l'estime
de Abbé Mathurin RÉGNIER dans Sat. V
Ce contre quoi vous devez être plus en garde, c'est contre cet état de tiédeur et de négligence dans les fonctions qui en anéantit tout le fruit
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Confér. Zèle contre les scandales
2
Il s'emploie d'une manière indéterminée aussi, pour représenter toute une proposition. Vous avez cité Cicéron, en quoi vous vous êtes trompé.
Flatter ceux du logis, à son maître complaire ; Moyennant quoi votre salaire Sera force reliefs de toutes les façons
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. I, 5
Un marchand grec en certaine contrée Faisait trafic ; un bassa l'appuyait, De quoi le Grec en bassa le payait
de Jean de LA FONTAINE dans ib. VIII, 18
Il [renard] relevait sa queue, il la faisait briller, Et cent mille autres badinages, Pendant quoi nul dindon n'eût osé sommeiller
de Jean de LA FONTAINE dans ib. XII, 18
Sémantique : En termes de palais, quoi faisant, en quoi faisant, en faisant laquelle chose.
Le tout quoi, tout ce dont il s'agit.
3
L'Académie dit que quoi s'emploie quelquefois pour le pronom relatif lequel, laquelle, tant au singulier qu'au pluriel, tant au masculin qu'au féminin.
On s'en sert avec les mots chose, point, qui ont quelque chose d'indéterminé.
En bonne foi, ce point sur quoi vous me pressez Est une affaire aussi qui m'embarrasse assez
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans le Dép. II, 1
L'éducation des enfants est une chose à quoi il faut s'attacher fortement
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Fourber. II, 1
Il y a de certaines choses sur quoi on se trouve disposé à souffler du bonheur, comme du temps des fées
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 29 déc. 1679
Voilà de bien belles choses à quoi saint Clément ne pense pas
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Nouv. myst. 14
Deux points à quoi je m'attache, et que je voudrais imprimer profondément dans vos esprits
de Louis BOURDALOUE dans myst. Ascens. de J. C. t. I, p. 393
On s'en sert aussi quand on peut assimiler la chose ou l'idée dont il s'agit à quelque chose d'indéterminé.
C'est donc la pensée qui fait l'être de l'homme, et sans quoi on ne le peut concevoir
de Blaise PASCAL dans dans COUSIN
C'est un infortuné.... qui, retombant sur son propre coeur, n'y trouve que lui-même, c'est-à-dire ses peines, ses dégoûts, ses inquiétudes, ses terreurs, avec quoi il puisse s'entretenir
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Carême, Prière 2
La somme de 39238 livres de France, à quoi se monte le total des deux envois
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Lett. à Cath. 81
Nous perdons l'unité de notre existence, en quoi consiste notre tranquillité
de Georges Louis Leclerc, comte de BUFFON dans Morc. choisis, p. 66
C'est encore ici une des raisons pour quoi je veux élever Émile à la campagne
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Ém. I
La mort seule, à quoi les athées veulent tout réduire, a besoin qu'on écrive en faveur de ses droits ; car elle a peu de réalité pour l'homme
de François René CHATEAUBRIAND dans Génie, I, V, 1
Enfin, dans le XIIe siècle, en n'hésitait pas à employer quoi avec tous les noms de chose comme le conjonctif ordinaire, et cet usage, loin d'être à rejeter, est aussi logique qu'élégant et rapide.
C'est l'assidu travail à quoi je me soumets
de RACAN dans Ps. 29
Ce blasphème, seigneur, de quoi vous m'accusez
de Pierre CORNEILLE dans Andromède, I, 2
....Avec une adresse vigoureuse à quoi il ne s'attendait pas, je lui tirai le cimeterre du fourreau
de Paul SCARRON dans Rom. com. II, 14
Est-ce un sujet pour quoi Vous fassiez sonner vos mérites ?
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. IV, 3
Ce n'est pas le bonheur après quoi je soupire
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Tart. III, 3
Je trouve que je manque à faire plusieurs choses à quoi je suis obligé présentement
de Blaise PASCAL dans Lett. à Mlle de Roannez, 7
Nous sommes en peine de savoir si vous riez quand on vous harangue ; c'est une incommodité à quoi je craignais que vous ne fussiez sujette
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 26
M. de Longueville.... ouvre la barrière derrière quoi ils étaient retranchés [les Hollandais], et tue le premier qui se trouve sous sa main
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 3 juill. 1672
Mme de Coulanges.... voulut bien nous faire part des contes avec quoi l'on amuse les dames de Versailles
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 6 août 1677
Il en a fait une autre [lettre] qui, en vérité, est plus plate que la feuille de papier sur quoi elle est écrite
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 16 oct. 1676
Faites-vous envoyer les Fables de la Fontaine ; elles sont divines.... c'est une manière de narrer et un style à quoi l'on ne s'accoutume point
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans à Bussy, 20 juill. 1679
Cette censure du monde à quoi, malgré nous, vivants et mourants, nous sommes livrés....
de Louis BOURDALOUE dans Carême, t. I, p. 254
4
Quoi non précédé d'un substantif, s'emploie pour joindre deux propositions. Dites-moi en quoi je puis vous servir.
Voilà sur quoi je veux que Bajazet prononce
de Jean RACINE dans Bajaz. I, 3
À l'inquisition l'on force bien l'accusé de deviner de quoi on l'accuse, mais on ne le juge pas sans dire sur quoi
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Lett. de la Mont. 6
Nature : Absolument.
Toujours une soif et un besoin d'argent, en paix comme en guerre c'est [le jeune Sévigné] un abîme de je ne sais pas quoi ; car il n'a aucune fantaisie
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 429
Ne connaître qui ni quoi (proprement, ni quelle personne, ni quelle chose), ne faire attention à rien.
Comme vous êtes roi, vous ne considérez Qui ni quoi....
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. V, 18
Ni quoi ni qu'est-ce, aucune chose. Il ne dit ni quoi ni qu'est-ce.
Sans dire quoi ni qu'est-ce, au mépris de sa flamme, Le causeur est allé lui chanter même gamme
de Thomas CORNEILLE dans l'Amour à la mode, V, 2
5
De quoi...., ce qui est nécessaire pour.... capable de...
Cléopâtre a de quoi vous mettre tous en poudre
de Pierre CORNEILLE dans Pomp. II, 2
J'ai de quoi me défendre et de quoi vous répondre
de Jean de ROTROU dans Vencesl. I, 1
Là, cette femme [une devineresse] emplit sa bourse, Et, sans avoir d'autre ressource, Gagne de quoi donner un rang à son mari
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. VII, 15
C'est un garçon de quarante ans, qui a de quoi vivre
de Alain René LESAGE dans Diable boit. 10
Sa fille [de Charles 1er], depuis mariée au frère de Louis XIV, restait au lit, n'ayant pas de quoi se chauffer
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Louis XIV, 4
Lorsque nous sommes méchants, nous avons de quoi devenir meilleurs
de Etienne Bonnot de CONDILLAC dans Traité anim. II, 9
Il était dans l'âge où l'on est sensé, quand on a de quoi l'être
de Jean-François MARMONTEL dans Cont. mor. Bonne mère.
Avoir de quoi, avoir le pouvoir de, avec un nom de chose pour sujet.
Sa mort a de quoi vous apprendre La honte qu'il prévient et qu'il vous faut attendre
de Pierre CORNEILLE dans Pomp. IV, 1
Voici de quoi détruire et de quoi renverser Ce colosse orgueilleux si fort à terrasser
de Jean de ROTROU dans Bélis. IV, 5
On ne partait qu'à trois heures ; c'était de quoi dormir la grasse matinée
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 375
Une telle imposture a de quoi me surprendre
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Mérope, IV, 2
Nature : Absolument.
Ne vous inquiétez pas ; en vérité, il n'y a pas de quoi
de Stéphanie Félicité Ducrest de St-Albin, comtesse de GENLIS dans Théât d'éduc. la Bonne mère, III, 4
Il n'y a pas de quoi, se dit, dans le langage familier, pour se défendre d'un remercîment qu'on trouve trop grand.
Il n'en ordonne pas moins des prières pour remercier Dieu de ce qu'il n'y a eu que trois ou quatre cents malheureux qui aient été brûlés ; je m'imagine que Dieu répondra qu'il n'y a pas de quoi
de Jean Le Rond D'ALEMBERT dans Lett. à Voltaire, 9 janv. 1773
De quoi, pris substantivement.
Où pourrai-je trouver de quoi te faire un don Qui puisse tenir lieu d'une reconnaissance ? Je l'ai, mon Dieu, j'ai ce de quoi Te faire une agréable offrande
de Pierre CORNEILLE dans Imit. IV, 13
6
De quoi, ce qui suffit.
Ils trouvaient aux champs trop de quoi
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. I, 8
Et que, tant que le jeu me laissera de quoi, Si tu prends à crédit, j'irai payer pour toi
de Thomas CORNEILLE dans Galant doublé, V, 3
Un huissier.... Qui vend table et couchette Et trouve encor de quoi Pour le roi
de Pierre Jean de BÉRANGER dans On s'en fiche.
Sémantique : Populairement. Avoir de quoi, être dans l'aisance.
Vous devriez, ma fille, en l'âge où je vous voi, être riche, contente, avoir fort bien de quoi
de Abbé Mathurin RÉGNIER dans Sat. XII
Il faut aider les malheureux qui n'ont pas de quoi
de CARMONTELLE dans Prov. le Lièvre, sc. 2
Nature : Substantivement. De quoi, l'avoir. L'on ne m'a pas donné depuis trois années la moitié de ce qu'il m'a fallu pour subsister, et j'ai consommé mon petit de quoi, Lettres de Chénier, ingénieur des mines, à Colbert, 20 nov. 1668, Lettres, etc. de Colbert, IV, 582.
7
De quoi, de ce que.
Je ne m'étonne plus de quoi je gagne tant
de Pierre CORNEILLE dans Gal. du Palais, IV, 13
Voilà bien de quoi ! ce n'est pas la peine de tant se récrier.
Hé bien ! qu'est-ce que cela, soixante ans ? voilà bien de quoi ! c'est la fleur de l'âge
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans l'Av. II, 6
Est-ce là tant de quoi ? est-ce une chose si grave ? est-ce là de quoi faire tant de bruit ?
Angélique : Hé bien, ta perfidie est-elle en évidence ? - Alidor : Est-ce là tant de quoi ? Angélique : Tant de quoi ! l'impudence ! Après mille serments il me manque de foi, Et me demande encor si c'est là tant de quoi
de Pierre CORNEILLE dans Place Roy. II, 3
8
Comme quoi, voy. COMME, n° 4.
9
Je ne sais quoi, voy. SAVOIR.
10
Quoi que, quelque chose que, toutes les choses que. Quoi qu'il arrive. Quoi qu'il en soit.
Quoi que c'en soit... je craindrais fort de vous être indifférent
de Jean-Louis GUEZ de BALZAC dans liv. IV, lett. 16
Prête à souffrir un siége et soutenir pour vous Quoi que du ciel injuste eût osé le courroux
de Pierre CORNEILLE dans Sophon. III, 6
À quoi qu'en reprenant on soit assujettie, Je ne m'attendais pas à cette repartie
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Mis. III, 5
Tu crois, quoi que je fasse, Que mes propres périls t'assurent de ta grâce
de Jean RACINE dans Bajaz. II, 1
Enfin, quoi que ce puisse être que le soleil, il ne paraît nullement propre à être habité
de Bernard le Bouyer de FONTENELLE dans Mond. 4e soir.
Souvenez-vous, quoi que le coeur vous dise, De ne former jamais nulle hantise Qu'avec des gens dans le monde approuvés
de Jean-Baptiste ROUSSEAU dans Épît. II, 6
Quoi que, avec de et un substantif.
Et, quoi que mon amour ait sur moi de pouvoir, Je ne consulte pas pour suivre mon devoir
de Pierre CORNEILLE dans Cid, III, 3
Quoi qu'on ait pour soi-même ou d'amour ou d'estime
de Pierre CORNEILLE dans Tite et Bérén. I, 2
Cette façon de parler n'est pas française, il fallait dire, quelque pouvoir que mon amour ait sur moi
dans Acad. sentim. Cid
Quoi que ce soit, avec une négation, rien. Il n'a pu réussir à quoi que ce soit.
Je n'en témoignai quoi que ce soit [de ce que je savais], et je demeurai dans ma conduite ordinaire à l'égard de M. le cardinal [Mazarin]
de Jean-François Paul de Gondi, cardinal de RETZ dans II, 74
11
Quoi qui, quelque chose qui.
Dans chaud, le d ne se prononce jamais, quoi qui suive
de CHIFFLET dans Gramm. p. 212
Quoi qui vous afflige, soyez toujours constant
de CHIFFLET dans ib. p. 64
12
Quoi interrogatif, quelle chose ? En quoi différons-nous d'avis ? à quoi de fâcheux devons-nous nous attendre ?
Hélas ! de quoi me sert ce dessein salutaire, Si pour en voir l'effet tout me devient contraire ?
de Pierre CORNEILLE dans Héracl. I, 1
Il [Dieu] leur donne [aux illustres païens] pour récompense la gloire des hommes ; récompense qui ne vient pas jusqu'à eux, qui s'efforce de s'attacher, à quoi ? peut-être à leurs médailles ou à leurs statues déterrées
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Louis de Bourbon
Mais à quoi auraient abouti tant de qualités héroïques, si Dieu ne l'avait éclairé ?
de Esprit FLÉCHIER dans Turenne
À quoi vous divertissez-vous, à quoi passez-vous le temps ? vous demandent les sots et les gens d'esprit
de Jean de LA BRUYÈRE dans XXII
Si j'allais dire la même chose [qu'elle est jolie] à une demoiselle comme vous, elle me recevrait bien, je crois. - Émilie : C'est selon. - Hubert : C'est selon quoi ?
de TH. LECLERCQ dans Prov. dram. les Préventions, sc. 23
Quoi.... que ? quelle chose.... si ce n'est... ?
À quoi vous y occupez-vous, qu'a des inutilités dont votre foi gémit en secret ?
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Avent, Concept.
À quoi se réduit l'Évangile tout entier qu'à cette vérité ?
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Mystères, Visitat.
De quoi, pourquoi, d'où ? (locution vieillie).
Revenez, belles fugitives ; De quoi versez-vous tant de pleurs ?
de François de MALHERBE dans II, 4
De quoi donc connaissez-vous monsieur ?
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Am. méd. II, 2
De quoi, pour en quoi ? (locution vieillie).
De quoi peut satisfaire un coeur si généreux Le sang abject et vil de ces deux malheureux ?
de Pierre CORNEILLE dans Pomp. IV, 2
13
Quoi pris elliptiquement peut être considéré comme sujet. Quoi ? que dit-il ? On sait ce que c'est, quoi ? Quoi de plus heureux que ce qui vous arrive ? Dict. de l'Acad.
Quand on dit que le chaud n'est que le mouvement de quelques globules.... cela nous étonne ; quoi ? que le plaisir ne soit que le ballet des esprits ?
de Blaise PASCAL dans Pens. XXV, 10 éd. HAVET.
C'est cet usage qui justifie Lamartine d'avoir fait de quoi un sujet dans une phrase où il n'est pas pris elliptiquement : Quoi donc était hier ce qu'il sera demain ? Jocel. 2e époque.
14
Quoi ! interjection qui marque l'étonnement, l'indignation, etc.
Quoi ! mes plus chers amis ! quoi ! Cinna ! quoi ! Maxime ! Les deux que j'honorais d'une si haute estime !
de Pierre CORNEILLE dans Cinna, IV, 1
Son pays le crut fou, petits esprits ! mais quoi ! Aucun n'est prophète chez soi
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. VIII, 26
Le roi voulait le faire arrêter dans Vaux : Quoi ! au milieu d'une fête qu'il vous donne ? lui dit la reine
de Jean RACINE dans Fragm. hist. Fouquet.
Quoi donc ! répondit Télémaque, pouvais-je refuser à Calypso de lui raconter mes malheurs ?
de François de Salignac de La Mothe FÉNELON dans Tél. IV
Quoi ! ce sénat n'avait fait évanouir tant de rois que pour tomber lui-même dans le plus bas esclavage de quelques-uns de ses plus indignes citoyens !
de Charles-Louis de Secondat MONTESQUIEU dans Rom. 15
On y ajoute quelquefois l'interjection eh. Eh quoi ! vous n'êtes pas encore parti !

REMARQUE

1
1. Ce pronom quoi a donné occasion à plusieurs de la compagnie de demander si cette manière de parler ordinaire à plusieurs auteurs : quoi de plus noble ? quoi de plus glorieux ? devait être tolérée, Acad. observ. sur Vaugel. p. 68, dans POUGENS. L'Académie condamna cette locution ; condamnation qui n'a pas été ratifiée.
2
2. Corneille l'a dit d'une personne, avec un sens indéterminé :
On vous les a nommés, mais sans vous les prescrire ; On vous obéira, quoi qu'il vous plaise élire
de Pierre CORNEILLE dans D. Sanche, I, 2

HISTORIQUE

1
XIe s.
Et dist al rei : de quei avez pesance [chagrin] ?
dans Ch. de Rol. LXV
2
XIIe s.
N'ai fil ne fille de quoi fasse mon hoir
dans Ronc. p. 122
[Son beau visage] Par quoi mes cuers [mon coeur] se mist en l'acointance
dans Couci, XVII
Bele Yolans, je vous chastoi ; Ma fille estes, faire [je] le doi. - Ma dame mere, es-vous de coi ?
dans Romancero, p. 53
Mere, de coi me chastoiez ? Est-ce de coudre ou de tailler ?
dans ib. p. 54
Li plus hardis des trois voussist [voudrait] estre à Paris, Pour coi Mansel [les Manceaux] ne fussent de lor vies saisi [maîtres]
dans Sax. XXIV
3
XIIIe s.
Ma volonté ferez, quoi qu'il doie couster
dans Berte, CXII
Dont [il] i a bien de quoi je me doie esmaier
dans ib. XXXIX
[Impôts établis] De quoi la povre gent estoit moult malbaillie
dans ib. LX
Coi ! dist une autre, c'avés dit ?
dans Lai d'Ignaurès
Bel-acueil ne s'ose complaindre, Ne dire li [à elle] quoi ne comment
dans la Rose, 12764
L'ocoison pour quei il sont bani, Bibl. de chartes, 2e sér. t. III, p. 423. Et le roy me respondi que il n'avoit de quoy
de Jean, PRINCE DE JOINVILLE dans 212
4
XIVe s.
À quoi le savez-vous ? dist la dame erranment ; Et celle li a dist : je le sais vraiement.
dans Guesclin. 148
5
XVe s.
Ceux de Calais virent bien que le secours en quoi ils avoient fiance leur estoit failli
de Jean FROISSART dans I, I, 320
Les manieres des assauts, comment et de quoi, je le vous veux declarer, et pleinement deviser
de Jean FROISSART dans I, I, 257
Et se retrairent les François à leur logis et passerent la nuit à paix et aise ; ils avoient bien de quoi [sujet]
de Jean FROISSART dans II, III, 23
Donnez-lui du vostre largement ; s'il vous demande quoi que ce soit, accordez-lui tout ; car c'est la voie par laquelle vous le gagnerez
de Jean FROISSART dans III, IV, 50
Et faisoit on plusieurs exactions, specialement sur ceux qu'on sçavoit avoir de quoy
de Jean JUVÉNAL DES URSINS dans Charles VI, 1418
[L'avocat au client :] Amis, fay la geline pondre, Et apporte assez, c'est de quoy ; Car en ton faict goute ne voy
de Eustache DESCHAMPS dans dans Hist. litt. de la Fr. t. XXIV, p. 416
Andromata, qui estoit assise au plus près de Blanche, pour quoy la journée se faisoit....
dans Perceforest, t. III, f° 8
Les gens de quoy ils s'estoient faitz forts n'y estoient point joinctz
de Philippe de COMMINES dans I, 3
Le roy envoya devant faire excuse audit connestable de quoy il l'avoit tant fait attendre
de Philippe de COMMINES dans III, 11
Ainsi ala Guillaume Bernard parler au comte, lequel le mena en sa chambre et luy demanda quoy nous ne savons
dans le Jouvencel, f° 66, dans LACURNE
6
XVIe s.
Diogenes interrogé à quelle heure doibt l'homme repaistre, respondit : Le riche, quand il aura faim ; le paoure, quand il aura de quoy
de François RABELAIS dans Pant. IV, 64
La nation de quoy estoit le conte
de Michel de MONTAIGNE dans I, 22
Ces circonstances à quoy ils veulent asservir leur foi
de Michel de MONTAIGNE dans I, 36
À quoi faire fuit on la servitude des courts, si.... ?
de Michel de MONTAIGNE dans I, 51
Quoy qu'il en soit, je ne vouldrois pas....
de Michel de MONTAIGNE dans I, 59
Mais quoy ? les....
de Michel de MONTAIGNE dans I, 73
L'un se plainct de quoy [de ce que] la mort lui rompt le train....
de Michel de MONTAIGNE dans I, 79
N'avoir de quoy payer
de Michel de MONTAIGNE dans I, 119
Je sçay bon gré à la fortune dequoy ce feut un gascon que....
de Michel de MONTAIGNE dans I, 118
Ces vers ont je ne sçay quoy de plus vif
de Michel de MONTAIGNE dans I, 222
L'ame a de quoy recevoir et de quoy donner
de Michel de MONTAIGNE dans I, 279
Ce Labienus, de quoy je parle, eut plusieurs envieux de sa vertu
de Michel de MONTAIGNE dans II, 89
Ils voyent que rien ne rend les hommes subjects à sa cruauté [du tyran], que les biens ; qu'il n'y a aucun crime envers luy digne de mort, que le de quoy [l'avoir]
de Étienne de LA BOÉTIE dans 67
[Le peuple] estant encor pincé par la subtile main des financiers, c'est merveille dequoy il subsiste
de Francois LANOUE, dit Lanoue Bras de Fer dans XIII
....Et c'est dequoy. nous parlerons à la fin
de Francois LANOUE, dit Lanoue Bras de Fer dans 21
Solon estoit filz d'Excestides, homme qui avoit dequoy moyennement
de Jacques AMYOT dans Solon, 1
Sa mere estoit cousine germaine de la mere de Pisistratus ; au moyen dequoy il y eut du commencement amitié grande entre eulx
de Jacques AMYOT dans ib.
Je ne te dis chose, que je ne te montre de quoy, si tu veux venir en mon cabinet
de Bernard PALISSY dans 46
Le tout quoy, pour obvier aux abus, sera reprins....
dans Coust. génér. t. II, p. 976

ÉTYMOLOGIE

1
Bourg. quei ; du lat. quid (portant l'accent tonique), neutre de quis, qui.

Synonymes de QUOI