Définition de QUOIQUE

DÉFINITIONS - REMARQUE - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : koi-k'

DÉFINITIONS

1
Il exprime une opposition et gouverne toujours le subjonctif.
Notre père Lamy prouve fort bien cette doctrine, quoique, par un trait d'humilité, il la soumette aux lecteurs prudents
Quoique Dieu et la nature aient fait tous les hommes égaux, en les formant d'une même boue, la vanité humaine ne peut souffrir cette égalité
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Gornay.
Quoique M. de Montausier aimât la gloire, il la cherchait dans ses actions, non pas dans le témoignage des hommes
On peut dire quoique en faisant ellipse du verbe être.
Et, quoique amis enfin, je suis tout des premiers...
Le bon père dont je souffre toujours les discours, quoique avec bien de la peine
Quoique invisibles, il est toujours deux témoins qui nous regardent : Dieu et la conscience
de François de Salignac de La Mothe FÉNELON dans Dial. Dion et Gélon.
Quoique, au lieu de se répéter, peut être remplacé par que.
J'y reçus une de vos lettres ; et, quoiqu'il ne soit que lundi et que celle-ci ne parte que mercredi, je commence à causer avec vous
2
Sémantique : Populairement. Quoique ça, néanmoins. Il me trompe ; quoique ça, je l'aime.
Peut-être la locution doit-elle s'interpréter autrement : quoi que ça, quoi que ça soit !

REMARQUE

1
1. L'e de quoique ne s'élide que lorsqu'il est suivi de il, ils, elle, elles, on, un, une. Mais on écrit sans apostrophe : Quoique amis, ils ne se voient pas souvent.
2
2. Quoique s'unit avec un participe présent : Quoique souffrant, je suis sorti ; mais l'usage n'admet pas qu'il s'unisse à un participe passé. On ne dit pas : Quoique n'ayant pu le voir, je... mais : Quoique je n'aie pu le voir, je....
3
3. On a dit qu'il ne doit pas non plus se construire avec le participe passé, et qu'il ne faut pas dire : quoique aimé de tous, mais : quoiqu'il soit aimé. Cette remarque n'est pas fondée ; car ce qui empêche la construction avec le participe présent, c'est qu'on ne peut sous-entendre le verbe être ; cette raison n'existe pas pour le participe passé.
Seigneur, ainsi qu'à vous la liberté m'est chère : Quoique né sous un roi, j'en goûte les appas
4
4. Vaugelas a employé quoique avec le conditionnel : Quoique quelques-uns seraient d'avis, etc. On le trouve aussi avec le futur : En attendant, on laissera tout faire au cardinal, quoique l'on parera plusieurs de ses coups les plus impertinents et les plus nuisibles, Mém. d'Argenson, t. III, p. 357 (in-8°, 1860).
5
5. Dans le XVIIe siècle, on le trouve quelquefois avec l'indicatif ; ce qui n'est plus usité.
Il [Ménage] apporte un endroit de M. d'Ablancourt où quoique est mis avec l'indicatif d'une manière agréable, mais c'est qu'il y a deux ou trois mots entre quoique et le verbe : Quoiqu'à dire vrai je ne suis guère en état de le faire
Quoiqu'il est superflu de dire
de Roger de RABUTIN, Comte de Bussy, dit BUSSY-RABUTIN dans Hist. amour. des Gaules, t. I, p. 50 (éd. in-12).
La mienne, quoique aux yeux elle n'est pas si forte
Jamais les Pères ne l'ont reprochée [une certaine loi], ni pendant la vie ni après la mort, ni à Valentinien, ni à Justine, cette prétendue seconde femme, quoique, devenue arienne et persécutrice des catholiques, elle n'avait pas mérité d'être flatée
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Déf. Var. 1er disc. 63

HISTORIQUE

1
XIVe s.
Hé, m'amie, dist-il, hé car ne m'oubliez, Quoique je soie pauvre et mal enlinagiez
dans Baud. de Seb. III, 89
2
XVe s.
Quoi qu'il fust là armé et en grand arroy, si ne veoit-il goute et estoit aveugle
Il s'est jà bouté au chastel, et montre qu'il le voudra tenir, quoique nous devenons Anglais
3
XVIe s.
Quoyqu'elles en prennent divers moyens
de Michel de MONTAIGNE dans I, 69

ÉTYMOLOGIE

1
Quoi et que ; bourguig. queique. C'est la locution quoi que (quoi qu'il fasse) qui est devenue une conjonction adversative.

Synonymes de QUOIQUE

Termes proches de QUOIQUE