Définition de LOISIR
Prononciation : loi-zir
DÉFINITIONS
1
État dans lequel il est permis de faire ce qu'on veut.Je me tiendrai toujours plus obligé à ceux par la faveur desquels je jouirai sans empêchement de mon loisir, que je ne serais à ceux qui m'offriraient les plus honorables emplois de la terre
de René DESCARTES dans Méth. VI, 12
La circonstance de leur mauvaise santé [la Rochefoucaud et Mme de la Fayette] qui les rendait comme nécessaires l'un à l'autre, et qui leur donnait un loisir de goûter leurs bonnes qualités
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 5 avr. 1680
Mais je ne trouve point de fatigue si rude Que l'ennuyeux loisir d'un plaisir sans étude, Qui, jamais ne sortant de sa stupidité, Soutient, dans les langueurs de son oisiveté.... Le pénible fardeau de n'avoir rien à faire
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Ép. X
Des problèmes qui.... n'étaient destinés qu'à amuser le loisir des écoles et la vanité des sophistes
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Carême, Vérité de la relig.
Un loisir inutile qu'on est bien aise d'amuser
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Carême, Parole.
Nous ne gagnerions à nous marier que le loisir de nous quereller à notre aise, et ce n'est pas là une partie de plaisir bien touchante
de Pierre de MARIVAUX dans le Legs, SC. 17
Ce même homme [Alberoni], étant depuis légat à Bologne, et ne pouvant plus entreprendre de bouleverser des royaumes, occupa son loisir à tâcher de détruire la république de Saint-Marin
Ainsi l'on dort tranquille ; et, dans son saint loisir, Devant son propre coeur on n'a point à rougir
de André CHÉNIER dans Élég. XVI
Oui, ma mie, il faut vous croire, Faisons-nous d'obscurs loisirs
de Pierre Jean de BÉRANGER dans Plus de pol.
Le temps s'est réveillé ; ma tâche recommence ; Adieu, besoins du coeur, solitude, silence, Adieu loisir, adieu loisir !
de SAINTE-BEUVE dans Poésies, au loisir.
Être de loisir, n'avoir rien à faire.
Hébé est de grand loisir, depuis que Ganymède verse le nectar en sa place
de François de Salignac de La Mothe FÉNELON dans t. XIX, p. 126
Quelques-uns de ces tigres [les conquérants tartares], à la vérité, ont été un peu astronomes quand ils ont été de loisir, après avoir saccagé tout le nord de l'Inde
Il parut plusieurs édits de quelques personnes qui, se trouvant de loisir, gouvernent l'État au coin de leur feu
Sémantique : Familièrement. Il est bien de loisir, il faut qu'il ait bien du loisir de reste, se dit de celui qui s'amuse à des bagatelles, ou qui se mêle d'affaires qui ne le regardent pas.
À loisir, tout à loisir, Nature : loc. adv. À son aise, à sa commodité, sans être dérangé.
Tu pourras me répondre, après, tout à loisir
de Pierre CORNEILLE dans Cinna, V, 1
Mais rien ne vient m'interrompre ; Je mange tout à loisir
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. I, 9
Mme de Chaulnes eut avant-hier au soir un si grand mal de gorge.... à Paris, on aurait saigné d'abord ; mais ici elle fut frottée à loisir avec du baume tranquille....
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 24 avr. 1689
Hélas ! oui, mon pauvre monsieur, vous êtes malade.... je suis touchée de la tristesse de votre état ; j'en vois toutes les conséquences, et j'en suis triste à loisir
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 13 juin 1685
Vous pouvez à loisir faire des voeux pour elle [la Grèce]
de Jean RACINE dans Iphig. I, 2
Il s'en repentira à loisir, il aura tout le loisir de s'en repentir, se dit d'un homme qui fait quelque chose dont on croit qu'il souffrira longtemps.
2
Espace de temps nécessaire pour faire quelque chose à son aise.Mais pour les mieux choisir [les champions], Nos chefs ont voulu prendre un peu plus de loisir
de Pierre CORNEILLE dans Hor. I, 4
Nous n'avons pas loisir d'un plus long entretien
de Pierre CORNEILLE dans Ment I, 3
Au sortir de Pharsale, un si grand capitaine Saurait mal son métier s'il laissait prendre haleine, Et s'il donnait loisir à des coeurs si hardis De relever du coup dont ils sont étourdis
de Pierre CORNEILLE dans M. de Pomp. II, 4
À peine eus-je loisir de lui dire un adieu
de Pierre CORNEILLE dans D. Sanche, II, 1
Je vous demanderais le loisir d'y penser
de Pierre CORNEILLE dans Nicom. IV, 3
Je n'ai fait celle-ci [lettre] plus longue que parce que je n'ai pas eu le loisir de la faire plus courte
de Blaise PASCAL dans Prov. XVI
Sans avoir eu le loisir d'établir ses affaires
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Hist. III, 5
Achitoas, qui avait eu le loisir de cacher sa jalousie
On a toujours du loisir, quand on sait s'occuper ; ce sont les gens qui ne font rien, qui manquent de temps pour tout
de Mme ROLAND dans Mémoires, XV, 164
3
Temps qui reste disponible après les occupations.Soit que tu donnes ton loisir à prendre quelque autre plaisir
de François de MALHERBE dans IV, 5
J'abuse trop, seigneur, d'un précieux loisir
de Pierre CORNEILLE dans Sertor. I, 3
Je reverrai tout au premier loisir
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Lett. Corn. 90
Là, dans le seul loisir que Thémis t'a laissé, Tu me verras souvent à te suivre empressé
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Épît. VI
Un roi victorieux vous a fait ce loisir
de Jean RACINE dans Poésies, 3
Quel moyen de pouvoir tenir contre des gens qui ne savent pas discerner votre loisir, ni le temps de vos affaires ?
de Jean de LA BRUYÈRE dans Théophraste, III
La chose qui me manque le plus, c'est le loisir
SYNONYME
1
LOISIR. OISIVETÉ. Loisir, qui vient du verbe latin licere, être permis, est un temps de liberté, où l'on a permission d'agir ou de ne pas agir. L'oisiveté est un temps d'inaction.HISTORIQUE
1
XIe s.Sa coustume est qu'il parole à leisir
dans Ch. de Rol. X
2
XIIIe s.Diex ! est-ce jà que [je] la tienne à celée Entre mes bras, nu à nu, à loisir ?
de VIDAME DE CH. dans Romanc. p. 114
La traïson [ils] de visent entre eux trois à loisir, Berte, XIII De vous afestoier [je] n'ai ores pas loisir
dans ib. LXXXVII
3
XIVe s.Ce que aucun eslit et fait selon longue preparacion et qu'il delivre par grant loisir et par cogitacion ou pensée, il semble moins estre fait selon habit
de Nicolas ORESME dans Eth. 88
4
XVe s.Là put-on voir dames noblement parées et richement atournées, qui eust loisir
de Jean FROISSART dans I, I, 31
Sans leur donner loysir de tirer ung coup de flesche
de Philippe de COMMINES dans I, 3
Il advertist bien les amys secrets de ce qu'ils avoient à faire, et se mist en la mer à son beau loysir
de Philippe de COMMINES dans III, 4
5
XVIe s.Heureuse la mort qui oste le loisir aux apprests de tel equipage !
de Michel de MONTAIGNE dans I, 90
Hommes de loisir et curieux de nouveautez
de J. PELLETIER dans dans LIVET, la Gramm. franç. p. 144
Vous qui les ruisseaux d'Helicon frequentez, Vous qui les jardins solitaires hantez Et le fond des bois, curieux de choisir L'ombre et le loisir
de RAPIN dans Vers métr. sur Ronsard.
ÉTYMOLOGIE
1
Picard, laisi ; wallon, légi ; bourguig. loizi, lesy. Loisir est un infinitif, anciennement usité, qui signifiait être permis, du latin licere (voy. LICET). Le loisir est donc proprement licence, permission, d'où le sens de temps accordé, temps laissé libre.