Définition de FLATTER

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : fla-té

DÉFINITIONS

1
Caresser par quelque attouchement (sens étymologique et primitif). Flatter un enfant. Flatter un cheval avec la main. Le chien flatte avec la queue.
Puis, me flattant l'épaule, il me fit librement L'honneur que d'approuver mon petit jugement
De la main qui le flatte, il se croit redouté
Ce qui prouve que c'est le besoin qui le rendait souple et caressant [un chien métis de loup], c'est que dans d'autres circonstances il cherchait souvent à mordre la main qui le flattait
Ton cou nerveux [d'un cheval] de sa main fut flatté ; Moins douce était la timide gazelle
de MILLEV. dans Chants élégiaques, l'Arabe.
Cymodocée flattait son vieux père de sa belle main, et, caressant sa barbe argentée....
Se flatter, flatter, caresser à soi-même.
Thibouville à son tour parla, et en se flattant le menton de la main pour faire admirer sa turquoise
Sémantique : Par extension.
Que cette parole m'est douce, et qu'elle flatte mes désirs !
Lui parmi les transports, affable en son orgueil, à l'un tendait la main, flattait l'autre de l'oeil
Sémantique : Terme de manége. Flatter un cheval fougueux, céder à sa fantaisie, de manière à ralentir peu à peu ses mouvements.
Flatter la corde d'un instrument de musique, la toucher doucement.
Sémantique : Terme de jeu. Flatter le dé, jeter doucement les dés dans l'espoir illusoire de n'amener qu'un petit nombre de points.
Sémantique : Fig. Flatter le dé, déguiser, adoucir quelque chose de fâcheux pour quelqu'un. Il ne faut pas flatter le dé, c'est-à-dire il faut parler franchement.
Flatter le courant d'une rivière qu'on veut détourner d'un bord qu'elle menace, lui opposer non une digue qui résiste en face, mais une surface qui, ne faisant d'abord qu'un angle léger avec son courant, l'écarte peu à peu du bord.
Flatter les vagues, opposer des digues à l'impétuosité des eaux en formant un talus sur lequel elles glissent sans briser.
2
Traiter avec trop de douceur et de ménagement.
On ne guérit point les grands maux en les flattant
dans Dict. de l'Acad.
Je ne cherche point à flatter mon mal
Flatter une plaie, n'y appliquer que des remèdes trop doux.
3
Adoucir.
Mais que je tâche en vain de flatter nos tourments
Tant qu'un espoir de paix a pu flatter ma peine
Mais je n'en conçois rien qui flatte mon ennui
de Pierre CORNEILLE dans ib. III, 2
Ne croyez pas que, pour consoler ou pour flatter votre douleur, je veuille exagérer la vertu de celle que vous pleurez
Bérénice d'un mot flatterait mes douleurs
Mais toujours quelque espoir flattait mes déplaisirs
de Jean RACINE dans ib. I, 4
4
Charmer, délecter, en parlant des sens. La musique flatte l'oreille. Le bon vin flatte le palais.
Les biens qui flattent les sens
Les plaisirs dont vous flattez les hommes
Tout y flattait son goût
La terre des Gangarides produit tout ce qui peut flatter les désirs de l'homme
5
Causer une vive satisfaction. Une telle préférence me flatte. Cela doit bien flatter le coeur d'une mère.
En un sens analogue.
Les douceurs de l'amour, celles de la vengeance, N'ont point assez d'appas pour flatter ma raison
Les Juifs pleins des biens qui flattaient leur cupidité
de Blaise PASCAL dans Figuratifs, 27, édit. FAUGÈRE.
Je me laisse flatter à cette aimable vérité
Et Mathan par ce bruit qui flatte sa fureur [d'Athalie]
Quoi ! tu crois, cher Osmin, que ma gloire passée Flatte encor leur valeur et vit dans leur pensée ?
....Non, non, je le connais, mon désespoir le flatte
L'amour avidement croit tout ce qui le flatte
Le joug du devoir n'a rien qui flatte l'orgueil
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Carême, Culte.
Il ne faut pas croire que les rois soient bien flattés de toutes les flatteries dont on les accable ; la plupart ne viennent pas jusqu'à eux
Ces fables flattent la crédulité, mais malheureusement ce ne sont que des fables
Les réponses qu'elle y faisait, pleines d'esprit, de grâce et de délicatesse, flattaient son amour-propre [d'un homme] sans jamais flatter son amour
6
Favoriser. Ceux que flatte la fortune.
Le vent qui nous flattait nous laisse dans le port
7
Donner des louanges vraies ou fausses dans le dessein de plaire, de séduire.
Un chef de conjurés flatte la tyrannie !
Flattez-les [les rois], payez-les d'agréables mensonges
Plus on aime quelqu'un, moins il faut qu'on le flatte ; à ne rien pardonner le pur amour éclate
Je vous conjure de ne me point flatter du tout et de me dire nettement votre pensée
Mais tout ce beau discours dont il vient vous flatter N'est rien qu'un piége adroit....
Nature : Absolument. Il ne sut jamais flatter.
Nature : Substantivement.
Les muses hautaines et braves Tiennent le flatter odieux, Et, comme parentes des dieux, Ne parlent jamais en esclaves
de François de MALHERBE dans IV, 5
8
Excuser par une complaisance répréhensible. Flatter les défauts de quelqu'un.
Je flattais ta manie afin de t'arracher Du honteux précipice où tu vas trébucher
J'étudiai leur coeur, je flattai leurs caprices
Ils [les saints] nous ont appris par la vie pénitente qu'ils ont menée à ne pas flatter notre négligence
de Esprit FLÉCHIER dans t. I, p. 29
J'ai compris que ce père aimait d'un amour raisonnable un de ses enfants qui a de la vertu, et qu'il ne flattait point l'autre dans ses déréglements
9
Sémantique : Terme de peinture. Flatter une personne, la représenter plus belle qu'elle n'est.
Vous avez un portrait de moi qui me flatte beaucoup
L'estampe que nous en avons dans les hommes illustres de Perrault, le [la Fontaine] flatte un peu
de OLIVET dans Hist. Acad. t. II, p. 332, dans POUGENS
Ce miroir flatte, il fait paraître les traits plus agréables.
Sémantique : Par extension. Ta muse, en le flattant, réfléchit mon génie, LAMART., Harm. Pièces diverses, A un poëte anglais qui avait traduit une harmonie.
Il se dit d'un portrait fait de vive voix ou par écrit.
Clitandre : Voilà, ma soeur, madame Dorothée, Dont mon père tantôt nous a dit tant de bien. - Angélique : Nul mérite, je crois, n'est comparable au sien ; Mon père ne l'a point flattée
de Florent Carton, sieur d'Ancourt, dit DANCOURT dans Enfant de Paris, III, 13
10
Tromper en déguisant la vérité d'une manière avantageuse pour celui à qui on s'adresse. Vous me flattez dans cette affaire-là.
Pour ne vous point flatter, je n'en veux pas répondre
J'ai su qu'elle avait exigé du médecin et de nos tantes de me flatter sur son état, et de ne m'en laisser aucune inquiétude
Il se dit, en un sens analogue, des choses qui trompent, qui font illusion.
Maurice à quelque espoir se laissant lors flatter
Et mon coeur qui sans cesse en sa faveur me flatte
de Pierre CORNEILLE dans ib. v, 2
Messieurs de cour, adieu ; Suivez jusques au bout une ombre qui vous flatte
Vain espeir qui me flatte !
.... Je vois ce qui la flatte : Sa beauté la rassure
11
Faire espérer.
L'esprit de l'homme, étant si faible, si sujet à s'égarer, est en même temps si présomptueux, qu'il n'y a rien dont il ne se puisse croire capable, pourvu qu'il se trouve des gens qui l'en flattent
de NICOLE dans Ess. mor. 1er traité, ch. 9
La distribution dont il flattait le peuple
C'est toi qui me flattant d'une vengeance aisée....
Ne m'as-tu pas flatté d'une fausse espérance ?
De quoi viens-tu flatter mon esprit désolé ?
Néoptolème l'avait flatté que, dès qu'il se montrerait, tous les Macédoniens du parti opposé se rangeraient sous ses drapeaux
On m'a flatté que vous pourriez venir dans nos retraites
12
Se flatter, Nature : v. réfl. Être trop prévenu à son avantage.
La jeunesse se flatte et croit tout obtenir
Il ne faut pas se flatter, les plus expérimentés dans les affaires font des fautes capitales
Un roi qui se flatte sur ses prétentions
Tirer vanité. Se flatter de sa naissance, de ses talents.
J'ai vu Éphraïm comme une autre Tyr, se flattant de sa force et de sa beauté
de Isaac Louis Lemaistre de SACY dans Bible, Osée, IX, 13
Tirer contentement.
....Je l'ai trop informé Qu'il peut bien se flatter du bonheur d'être aimé
Avant que tous les Grecs vous parlent par ma voix, Souffrez que j'ose ici me flatter de leur choix
Je ne me flatte point d'une gloire insensée
Ils se flattent tous deux du choix de votre mère
13
Se donner l'un à l'autre des louanges excessives.
Si les hommes ne se flattaient point les uns les autres, il n'y aurait point de société
de VAUVENARGUES. dans Max.
14
S'entretenir d'une espérance. Il se flatte qu'on aura besoin de lui.
Quoi ! voilà donc enfin de quoi vous vous flattez !
Vous vous flattez peut-être, en votre vanité, D'aller comme un Horace à l'immortalité
S'est-il flatté de plaire et connaît-il l'amour ?
Je ne me flattais pas d'y rencontrer un port
Puis-je encor me flatter de régner dans ton coeur ?
Mais ton orgueil ici se serait-il flatté D'effacer Orosmane en générosité ?
Nature : Absolument. Conserver des espérances au sujet d'un malade en danger.
Ma mère eut alors un courage au-dessus du mien ; car elle ne se flattait plus, et moi je me flattais encore
Entretenir quelque sentiment qui plaît.
Ne vous flattez point tant que de le présumer
Je n'ose me flatter de cette pensée
Toute autre raison n'est qu'un vain prétexte dont nous nous flattons
de Louis BOURDALOUE dans Avent, Nativ. de J. C. 247
Les papes se flattaient alors de donner l'empire d'Orient et d'Occident
15
Se persuader, aimer à croire. Il se flatte que vous approuverez sa conduite.
Je me flatte, j'espère.... Qu'on verra de David l'héritier détestable Abolir tes autels..
J'ose me flatter Que le vengeur du trône a seul droit d'y monter
Je me flatte que cette lettre arrivera à bon port
Ce malade se flatte, il croit être moins mal qu'il n'est réellement.
Il se dit aussi de ceux qui espèrent qu'un malade est moins mal qu'il n'est réellement.
La veille, ma tante était extraordinairement mal.... Mlle de la Trousse se flattait et croyait que c'était qu'elle avait besoin de nourriture

HISTORIQUE

1
XIIe s.
Onc [je] ne la soi [sus] losengier ne flater
dans Couci, XII
2
XIIIe s.
Quant li moiens devient granz sires, Lor vient flaters et nait mesdires ; Qui plus en seit, plus a sa grace
de RUTEBEUF dans 21
3
XVIe s.
Un adultere condamnera paillardise en general : cependant il se flattera en sa paillardise
Ce n'est pas raison que Dieu pardonne les pechez ausquels nous nous flattons
de Jean CALVIN dans ib. 475
Le dez ne ira point à soubhayct, quoy que on le flatte
Nous ne prestons volontiers à la devotion que les choses qui flattent nos passions
de Michel de MONTAIGNE dans II, 144
Un atheïste se flatte à ramener touts aucteurs à l'atheisme....
de Michel de MONTAIGNE dans II, 150
Les bestes nous flattent, nous menacent et nous requierent
de Michel de MONTAIGNE dans II, 157
Ou je me flatte, ou encores y a il en cet estat dequoy se soubtenir
de Michel de MONTAIGNE dans III, 198
Je cherche à flatter [adoucir] la mort par ces frivoles circonstances
de Michel de MONTAIGNE dans IV, 120
Chacun se flatte en son affection
de Joachim DU BELLAY dans p. 490, dans LACURNE
Pour ne vous point flatter le dos, c'est trop longtemps temporiser
dans Contes de Cholières, f° 233, dans LACURNE
Qui flate, il grate
de Randle COTGRAVE dans

ÉTYMOLOGIE

1
Bourguign. flaittai ; provenç aflatar ; d'après Diez, du germanique : scandinave, flat, plat, uni ; anc. h. allem. flaz ; de sorte que flatter serait proprement rendre uni, comme quand on passe la main. Ainsi la série des sens est : caresser avec la main, adoucir, charmer, délecter, aduler. Le germanique flat correspond au mot grec traduit par large, au sanscrit prithu ( i avec un accent bref), étendu.

Synonymes de FLATTER

Termes proches de FLATTER

Phonétiquement proche de FLATTER