Définition de GRATTER

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : gra-té

DÉFINITIONS

1
Entamer légèrement la superficie. Gratter une écriture pour l'effacer.
Vandales.... qui viennent.... Tout restaurer, moeurs, peuple et monuments hélas ! Civiliser la Grèce et gratter Phidias
de Victor HUGO dans Crép. 12
Gratter une maison, enlever la couche noire mise par le temps. On dit de même : gratter un tableau.
Sémantique : Fig. et familièrement. Gratter le papier, le parchemin, gagner sa vie en travaillant dans la basse pratique.
Sémantique : Terme de graveur. Rendre plus nourries des tailles trop délicates.
Sémantique : Terme de chaudronnier. Gratter le cuivre, le bien nettoyer avant l'étamage, afin que l'étamage prenne.
Sémantique : Terme de relieur. Gratter un livre, en ouvrir le dos avec un instrument de fer dentelé, pour y faire entrer mieux la colle, avant de l'endosser.
Sémantique : Terme de marine. Gratter un vaisseau, racler le goudron qui est dessus et en purger la carène.
Sémantique : Terme de tailleur. Tirer avec l'aiguille le poil pour en couvrir quelque couture.
Sémantique : Terme de manége. Gratter le mur, se dit de l'élève qui, dans les exercices, approche trop du mur.
2
Remuer avec ses ongles, avec le sabot, en parlant de certains animaux. Les poules grattent le fumier pour y chercher des grains.
Il [Pégase] n'est plus cet animal fougueux qui hennit, gratte la terre du pied, se cabre et déploie ses grandes ailes
de Denis DIDEROT dans Salon de 1767, Oeuv. t. XIV, p. 234, dans POUGENS
3
Sémantique : Par extension. Gratter la terre, la labourer légèrement.
Il n'a eu, pour ainsi dire, qu'à gratter la terre sous un ciel plus fortuné, et cet avantage l'a plongé dans la misère et dans l'indolence
de Guillaume Thomas, abbé RAYNAL dans Hist. phil. XI, 25
Gratter la terre, se dit aussi de tout labour de la terre.
J'aime cent fois mieux vivre au fond de la campagne, Pauvre, grattant la terre, auprès d'une compagne
de Jean-François COLLIN D'HARLEVILLE dans Vieux célib. II, 2
Sémantique : Fig. et par exagération. J'aimerais mieux gratter la terre avec mes ongles que de.... c'est-à-dire j'endurerais plutôt toutes les extrémités que de....
4
Frotter légèrement et à diverses reprises la peau avec les ongles ou quelque chose de semblable. Gratter l'endroit qui démange.
Et de sa main noire souvent Le grattait derrière et devant
de Paul SCARRON dans Virg. VII
Sémantique : Fig. Gratter l'épaule à quelqu'un, chercher à se le rendre favorable.
Se gratter la tête, l'oreille, faire le geste de se gratter comme si la tête, l'oreille démangeait, ce qui est un signe d'embarras.
N'y pouvant rien gagner, je me gratte la tête
de Abbé Mathurin RÉGNIER dans Sat. X
Lors je dis, me grattant l'oreille : Autant il nous en pend à l'oeil
de Paul SCARRON dans Virg. II
...Je lui disais donc, en me grattant la tête, Que je voulais dormir
de Jean RACINE dans Plaid. I, 2
Sémantique : Par extension, faire une impression désagréable sur le sens du goût. Ce vin gratte le gosier.
5
Sémantique : Fig. et familièrement. Flatter, caresser.
Ses contrôles perpétuels sur le pain et le vin, le bois, le sel et la chandelle, ne sont rien que pour vous gratter et vous faire sa cour
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans l'Av. III, 5
Il le gratte par où il se démange
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Bourg. gent. III, 4
Un âne gratte l'autre, se dit de deux personnes de peu de mérite qui se louent réciproquement.
6
Nature : V. n. Fouiller avec la patte, le pied, le sabot, etc. Les poules aiment à gratter.
Sémantique : Fig.
M. de Grignan a bien du caquet ; il commence à gratter du pied
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 110
Sémantique : Fig. Faire de petits profits ou de petites économies. C'est un homme qui trouve à gratter sur tout.
7
Gratter à une porte, se dit d'une manière respectueuse d'avertir qu'on désire entrer.
Comme je commençais d'entrer en matière, Ondedey gratta à la porte
de Jean-François Paul de Gondi, cardinal de RETZ dans IV, 213
Pour commencer par la porte de la maison d'un prince ou d'un grand seigneur, ce serait incivilité, en cas qu'elle fût fermée, de heurter fort et plus d'un coup ; à la porte des chambres ou du cabinet, c'est ne pas savoir le monde que de heurter ; il faut gratter ; et, quand on gratte à la porte chez les rois et chez les princes, et que l'huissier vous demande votre nom, il le faut dire et jamais ne se qualifier de monsieur
dans Nouv. traité de la civilité, etc. Paris, 1673, ch. 4
Gratter du peigne à la porte De la chambre du roi
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Impromptu, remercîment.
Un de la suite de M. de Lorraine gratta, l'huissier demanda qui est-ce ?
de Louis de Rouvroy, duc de SAINT-SIMON dans 72, 184
C'était une foule d'écrivains de tout rang, de tout état et de tout âge qui grattaient à la porte et qui priaient la critique de les laisser entrer
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Goût.
8
Sémantique : Par plaisanterie. Gratter de la guitare, gratter du piano, jouer de ces instruments.
Gratter le quatuor, la symphonie, y faire une partie d'instrument à archet.
9
Se gratter, Nature : v. réfl. Exercer un frottement sur la peau. Cet enfant se gratte sans cesse, il a quelque éruption. Ce cheval se gratte contre la muraille.
Sémantique : Fig. Se flatter soi-même.
De qui l'esprit rogneux de soi-même se gratte
de Abbé Mathurin RÉGNIER dans Sat. IX
Ce sont deux ânes qui se grattent, se dit de deux ignorants qui s'encensent mutuellement.
Ces ânes, non contents de s'être ainsi grattés, S'en allèrent dans les cités L'un l'autre se prôner
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. XI, 5

HISTORIQUE

1
XIIe s.
En la cuisine feroit meilleur caufer [se chauffer] ; Quant lui plaisoit, bien s'i porroit gratter
dans Guill. d'Orange, Variantes, t. II, p. 310
2
XIIIe s.
Et on dist el proverbe : tant grate kievre [chèvre] que mal gist
dans Chr. de Rains, p. 74
Nus ymagiers paintres ne doit ne ne puet vendre chose pour dorée, de laquele li ors ne soit assis seur argent, et, se li ors est assis seur estain, et il le vent pour dorée sans dire, l'euvre est fausse, et doit l'ors et li estains et toutes les autres couleurs estre gratées tout hors
dans Liv. des mét. 158
Quant on voit que le [la] letre est gratée et rescrite el liu [lieu] que le [la] grature fu
de Philippe de BEAUMANOIR dans XXXV, 9
3
XVe s.
Il convient que trop parler nuyse, Ce dit-on, et trop grater cuise
de Charles D'ORLÉANS dans Rondeau.
4
XVIe s.
Les pauvres maris s'en gratent la teste, voyans la pauvreté venir en poste chez eux sur les pierreries des Indes et les toiles d'or d'Italie
de Francois LANOUE, dit Lanoue Bras de Fer dans 162
Lui, ayant senti se grater où il lui demangeoit, a incontinent forgé en imagination un dessein
de Francois LANOUE, dit Lanoue Bras de Fer dans 166
Il y trouva entr'autres Fervaques fort attaché à l'oreille du roi, et le roi attentif à son discours, tellement qu'on avoit esté plus d'une heure et demie à lui gratter les pieds sans qu'il pensast à se coucher
de Théodore Agrippa D'AUBIGNÉ dans Hist. II, 187
À ce tressaillir, du plaisir qu'il [Socrate] sent à gratter sa jambe, après que les fers en furent hors
de Michel de MONTAIGNE dans II, 120
Après la feste on grate sa teste [après avoir dépensé, on se repent]
de Randle COTGRAVE dans
Qui naist de geline, il aime à grater [on hérite des inclinations de ses parents]
de Randle COTGRAVE dans
Qui suit les poules apprend à grater la terre
de Randle COTGRAVE dans

ÉTYMOLOGIE

1
Génev. gratter la rogne à quelqu'un, le flatter ; provenç. et espagn. gratar ; ital. grattare ; bas-lat. cratare ; du germanique : anc. haut-allem. chrazôn ; isl. kratta ; allem. kratzen.

Synonymes de GRATTER

Termes proches de GRATTER

Phonétiquement proche de GRATTER