Définition de AUTRUI

DÉFINITIONS - PROVERBES - REMARQUE - SYNONYME - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : ô-trui

DÉFINITIONS

1
Les autres, le prochain. Remarquant les défauts d'autrui. Exiger la probité chez autrui. La rigueur envers autrui. Souffrir des maux d'autrui.
Il est beaucoup de geais à deux pieds comme lui, Qui se parent souvent des dépouilles d'autrui
De quel front donnerais-je un exemple aujourd'hui Que mes lois dès demain puniraient en autrui ?
N'ayez aucune peur, je ne veux rien d'autrui
Dans le bonheur d'autrui je cherche mon bonheur
Un noble coeur ne peut soupçonner en autrui La bassesse et la malice Qui ne sont point en lui
Mon fils, dit-il, si je fus votre appui Dans l'âge tendre où l'homme sans autrui à se conduire est encore inhabile
de MALF. dans Narcisse, ch. II
Heureux ou malheureux, l'homme a besoin d'autrui ; Il ne vit qu'à moitié s'il ne vit que pour lui
Pour consumer autrui, le monstre se consume
Prendre son coeur par autrui, se mettre à la place des autres. Locution qui vieillit.
2
Sémantique : En termes d'ancienne chancellerie, l'autrui, le droit d'autrui, le bien d'autrui. Sauf en autres choses notre droit et l'autrui en toutes : locution qui était encore d'usage commun au commencement du XVIIe siècle.
Le monstre infâme d'envie à qui rien de l'autruy ne plaist
de François de MALHERBE dans IV, 5
Qui sans prendre l'autrui, vivent en bons chrestiens

PROVERBES

1
Exemple : Mal d'autrui n'est que songe, c'est-à-dire le mal des autres ne nous touche guère.
2
Exemple : Qui s'attend à l'écuelle d'autrui a souvent mal dîné, c'est-à-dire il ne faut pas compter sur les autres.

REMARQUE

1
1. Le substantif autrui est toujours complément d'un verbe ou d'une préposition, et n'est jamais sujet d'une phrase.
2
2. Autrui étant un substantif, on peut le suppléer, dans le second membre d'une phrase, par les adjectifs possessifs son, sa, ses, et dire par exemple : en épousant les intérêts d'autrui, nous ne devons pas épouser ses passions. En effet ce mot est dans la catégorie du mot chacun : et l'on dit : chacun a ses défauts. Bossuet l'a construit avec le pronom il : Quand nous croyons facilement sur le rapport d'autrui, sans songer qu'il peut nous tromper ou se tromper lui-même.... Connaiss. I, 16.

SYNONYME

1
AUTRUI, LES AUTRES. Quand on dit : exiger la probité chez autrui ou chez les autres, et s'en affranchir soi-même, l'emploi n'offre pas de nuance bien appréciable. Mais il n'en est plus de même quand on dit : ravir le bien d'autrui ; le bien des autres ne serait pas ici de bon usage. En effet les autres est plus général que autrui ; les autres, c'est tout le monde excepté nous ; autrui, c'est spécialement cet autre-ci, comme le montre l'étymologie. Voilà pourquoi autrui s'oppose plus précisément à la personne qui parle ou dont on parle, que les autres.

HISTORIQUE

1
XIe s.
Si home fait plaie à altre e il doive otrei faire les amendes....
dans L. de Guill. 11
[Il] Ne fait damage ne de mei ne d'altrui
dans Ch. de Rol. CXLIV
Qui traïst home, sei occit et altroi
dans ib. CCXC
2
XIIe s.
Jamais crerez [croirez] moi ne autrui
dans Ronc. p. 11
Se par autrui ne sui avant ocis
dans ib. p. 87
Que jà à moi [vous] ne faites beau semblant ; Ains le faites autrui pour moi grever
dans Couci, X
Jà par autrui [je] n'i aurai delivrance
dans ib. X
Autrui [vous] amastes, si [vous] oubliastes nous
dans Romancero, p. 50
3
XIIIe s.
N'encor n'avoit fet roi ne prince Meffais qui l'autrui tolt et pince
dans la Rose, 8484
Il ne loist [n'est pas permis] pas à apeler por autrui que por soi, ou que por son lignage, ou por son seigneur lige
de Philippe de BEAUMANOIR dans LXIII, 1
4
XVe s.
Lors le dit roy de France recevra le dit roy d'Angleterre au dit hommage, sauf son droit et l'autruy
On fit un ban [de par Philippe d'Artevelle], que nul ne pillast ne efforçast maison, ne prensist rien de l'autrui s'il ne le payoit
Retenir l'autruy ou luy oster le sien par toutes voyes qui nous sont possibles
de Philippe de COMMINES dans V, 18
Jà Dieu ne me lairra tant vivre, qu'autrui que vous ait part ne demie en ce qui est entierement à vous
de LOUIS XI dans Nouv. XXXIII
5
XVIe s.
Convaincus par leur conscience retenir de l'aultruy
de Michel de MONTAIGNE dans I, 30
Aller sur les traces d'aultruy
de Michel de MONTAIGNE dans I, 34
La violence et la convoitise d'usurper à force l'autruy estoient lors louées entre les barbares
de Jacques AMYOT dans Numa, 6
Numa osta aux siens l'envie de guerroyer, à fin qu'ilz ne feissent tort à autruy
de Jacques AMYOT dans Lyc. et Num. 3

ÉTYMOLOGIE

1
Provenç. altrui, autrui ; ital. altrui ; de alter-huic, cet autre, à un cas régime : voilà pourquoi autrui est toujours au régime, et pourquoi autrui est moins général que les autres. Dans la locution de chancellerie l'autrui, il ne faut pas prendre le pour l'article d'autrui ; il y a sous-entendu bien, droit ; le bien, le droit autrui, ce qui, par la vertu du régime dans l'ancienne langue, équivaut à ce que nous dirions : le droit d'autrui.

Synonymes de AUTRUI

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