Définition de FOUDROYER

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : fou-dro-ié ; d'autres disent foudroi-ié

DÉFINITIONS

1
Frapper de la foudre.
Après que, dans l'ardeur d'une juste vengeance, Son bras [de Jupiter] eut des Titans foudroyé l'insolence
de BRÉBEUF dans Pharsale, I
Il [Orphée] fut foudroyé par Jupiter, comme la plupart des héros des temps fabuleux
de Denis DIDEROT dans Opin. des anc. phil. (Grecs).
Quant à Jupin, je viens d'apprendre Qu'il a foudroyé deux pigeons
de Pierre Jean de BÉRANGER dans Bluets.
Que le ciel me foudroie, sorte d'affirmation, de serment dans le style élevé.
Je vous aime, Émilie, et le ciel me foudroie Si cette passion ne fait toute ma joie
de Pierre CORNEILLE dans Cinna, III, 4
Mais que plutôt le ciel à tes yeux me foudroie Qu'à des pensers si bas je puisse consentir
de Pierre CORNEILLE dans Poly. III, 5
2
Battre, renverser à coups de canon. Foudroyer une ville, un bastion.
Frapper avec une arme à feu quelconque.
Au bord de quelque bois sur un arbre je grimpe, Et, nouveau Jupiter, du haut de cet olympe, Je foudroie à discrétion Un lapin qui n'y pensait guère
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. X, 15
Inutilement on les foudroyait du haut du parapet, sans qu'ils pussent se défendre
de Guillaume Thomas, abbé RAYNAL dans Hist. phil. XVI, 21
3
Frapper, renverser comme avec la foudre.
Quand mon bras de Milan foudroyait les murailles
de Pierre CORNEILLE dans Perthar. I, 4
Du creux de leur tombeau sortira cette voix qui foudroie toutes les grandeurs : vous êtes devenu semblable à nous
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Duch. d'Orl.
On sait que Louis foudroie les villes plutôt qu'il ne les assiége, et tout est ouvert à sa puissance
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Mar.-Thér.
D'une main il foudroyait les Amalécites
de Esprit FLÉCHIER dans Tur.
Bruxelle attend le coup qui la doit foudroyer
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Lutr. IV
C'est lui [Mardochée] qui, devant moi refusant de ployer, Les [les Juifs] a livrés au bras qui les va foudroyer
de Jean RACINE dans Esth. II, 1
Mahomet vous protége ; et son juste courroux, Prêt à tout foudroyer, peut s'arrêter par vous
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Fanat. IV, 6
4
Sémantique : Fig. Interdire, étonner comme avec la foudre.
Ah ! sire, répondit Mme de Maintenon, elle serait foudroyée d'un seul de vos regards
de Stéphanie Félicité Ducrest de St-Albin, comtesse de GENLIS dans Mme de Maintenon, t. II, p. 217, dans POUGENS
5
Terrasser, confondre.
C'est l'anathème dont il fut foudroyé
de PATRU dans Plaidoyer 8, dans RICHELET
La Rappinière fut foudroyé de ce discours, à quoi il ne s'attendait pas
de Paul SCARRON dans Rom. com. II, 15
C'était là que Dieu l'attendait pour foudroyer son orgueil
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Hist. II, 4
Combattre avec véhémence, frapper de réprobation.
C'est là [dans ses Essais] qu'il [Montaigne] foudroie l'impiété horrible de ceux qui osent dire que Dieu n'est point
de Blaise PASCAL dans Entretien avec Saci.
L'Église ne foudroie pas toujours les erreurs naissantes
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Variat. 15
Il y a mille choses que le prédicateur foudroie tous les jours en chaire
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Mystères, Visit.
Je pouvais suivre mon ancienne maxime, d'honorer l'auteur titulaire et de foudroyer l'ouvrage
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Conf. XI
6
Nature : V. n. Se dit de la foudre qui éclate.
Ô toi [Jupiter] qui grêles, qui tonnes et qui foudroies sur les impies
de D'ABLANC. dans Lucien, Timon.
Nature : Absolument.
Tu jettes leur orgueil et leur nom [des méchants] dans la poudre, Et ton doigt les éteint comme il éteint la foudre Quand elle a foudroyé
de Alphonse de LAMARTINE dans Harm. IV, 12
Sémantique : Fig. Éclater en reproches.
D'abord de part et d'autre on vous attend sans bruit ; Un jour se passe, deux, trois, quatre, cinq, six, huit ; Enfin, n'espérant plus, on éclate, on foudroie
de Pierre CORNEILLE dans Suite du Ment. I, 1
Sémantique : Fig. Avoir l'éclat et la force de la foudre, en parlant d'un orateur, d'un poëte.
C'est le foudre qui a tiré le monde de sa léthargie : ce n'était pas Luther qui parlait, c'était Dieu qui foudroyait par sa bouche [discours des protestants]
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Var. I, § 6
Au milieu de leur plus grande violence [Pindare et Sophocle], durant qu'ils tonnent et qu'ils foudroient, pour ainsi dire, souvent leur ardeur vient mal à propos à s'éteindre, et ils tombent malheureusement
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Longin, Sublime, XXVII
7
Sémantique : Terme de métier. On dit que la cuve foudroie lorsque la violence des matières mises en fermentation cause des accidents, comme dans la préparation de l'indigo.

HISTORIQUE

1
XIIe s.
La splendur de la tue fuildrante hanste
dans Liber psalm. p. 240
2
XIIIe s.
Foudroie esclarcissement [coruscationem], et les departiras ; met hors tes sajetes, et si les trobleras
dans Psautier, f° 173
Li diex cuideroient, espoir, Que j'assaillisse paradis, Cum firent les geans jadis : S'en pourroie estre foldriez
dans la Rose, 5449
.... Qui se vint guerroier Mes anemis et fouldroier, Pour leur tres grant orgueil abatre
de Jean Chopinel, dit Jean DE MEUNG dans Tr. 779
3
XVe s.
Et en cheminant et allant, ils [les serfs révoltés] abattoient et foudroyoient, ainsi que une tempeste, maisons de avocats et de procureurs de la cour du roi et de l'archevesque
de Jean FROISSART dans II, II, 108
Tempest du ciel, toute male aventure Descende là, tant que tout se foudroie
de Eustache DESCHAMPS dans Poésies mss. f° 208, dans LACURNE
4
XVIe s.
Dieu nous tient là enserrez, comme s'il devoit foudroyer sur nos testes
de Jean CALVIN dans Instit. 416
Le dixseptiesme jour, après avoir foudroié deux heures, pendant que les armées se mettoient en bataille, tout donne à l'assaut d'un temps
de Théodore Agrippa D'AUBIGNÉ dans Hist. II, 203
Ilz marcherent droit à luy d'une grande fureur, comme si d'arrivée ilz eussent deu foudroyer tout
de Jacques AMYOT dans Marcell. 7

ÉTYMOLOGIE

1
Foudre 1.

Synonymes de FOUDROYER

Termes proches de FOUDROYER