Définition de VIOLENCE

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : vi-o-lan-s'

DÉFINITIONS

1
Qualité de ce qui agit avec force.
Comme un enfant que sa mère arrache d'entre les bras des voleurs, doit aimer, dans la peine qu'il souffre, la violence amoureuse et légitime de celle qui procure sa liberté
Sa constance [de la reine d'Angleterre] par laquelle, n'ayant pu vaincre la violence de la destinée, elle en a si noblement soutenu l'effort
Ô mort, éloigne-toi de notre pensée, et laisse-nous tromper pour un peu de temps la violence de notre douleur par le souvenir de notre joie
Hé bien ! de leur amour tu vois la violence
Ce mal dont vous craignez, dit-il, la violence, A souvent sans péril attaqué son enfance
de Jean RACINE dans ib. v, 5
Un style clair, noble, simple, éloigné de l'affectation, de la violence qui caractérise aujourd'hui l'esprit du siècle
La violence du feu dépend presque en entier de la rapidité du courant de l'air qui l'anime
de Georges Louis Leclerc, comte de BUFFON dans Hist. min. introd. Oeuv. VI, p. 88
La violence des désirs du roi [Philippe V] faisait la force de la reine
de Charles Pinot, sieur DUCLOS dans Oeuv. t. VI, p. 113
La ville du Cap.... est composée d'environ mille maisons, toutes bâties de briques, et, à cause de la violence des vents, couvertes de chaume
2
Emportement, irascibilité.
Un peu de violence M'a fait de vos raisons combattre la puissance
Je sais quelle est sa violence : Il est fier, implacable, aigri par son malheur
Il [Socrate] eut de la peine à réprimer la violence de son caractère, soit que ce défaut paraisse le plus difficile à corriger, soit qu'on se le pardonne plus aisément
3
Force dont on use contre quelqu'un, contre les lois, contre la liberté publique, etc.
La violence est juste où la douceur est vaine
Je vous l'ai dit ailleurs, et je vous le redis encore, la violence et la vérité ne peuvent rien l'une sur l'autre
Qui ne sait les violences que la reine de Navarre [Jeanne d'Albret] exerça sur les prêtres et les religieux ?
Quelque haut qu'on puisse remonter pour rechercher dans les histoires les exemples des grandes mutations, on trouve que jusqu'ici elles sont causées ou par la mollesse ou par la violence des princes
Je vous dis de ne point repousser la violence par la violence ; mais, si quelqu'un vous frappe sur la joue droite, présentez-lui encore la gauche, c'est-à-dire souffrez sans bruit, sans animosité, sans fiel
de Louis BOURDALOUE dans Exhort. sur le soufflet don. à J. C. t. I, p. 493
Des violences dans le pouvoir, qui enfantent d'autres violences dans le peuple
Je puis, je le sais trop, user de violence
Sémantique : Fig.
Et la nature souffre extrême violence, Lorsqu'il [le ciel] en fait [des femmes] d'humeur à garder le silence
Les violences dont l'art y opprime [à Versailles] la pauvre nature
Ainsi la vérité gémissait captive sous une telle contrainte, et souffrait violence en eux [les philosophes païens]
Dans toutes les occasions où la nature souffre violence
de BOISGUILLEBERT dans Factum de la France, XI
Faire violence à une femme, la prendre de force.
Un livre classique de la Chine regarde comme un prodige de vertu de se trouver seul dans un appartement reculé avec une femme sans lui faire violence
Sémantique : Fig. Faire violence à la loi, à un texte, y donner un sens contraire à son véritable esprit.
Il [Basnage] soutient que toutes les guerres des prétendus réformés sont justes ; et en même temps il fait violence à toutes les histoires, pour nous faire accroire que la religion n'y a point de part
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Déf. Var. 1er disc. 15
Il me semble que par là il fait violence à bien des passages des anciens
de Etienne Bonnot de CONDILLAC dans Conn. hum. II, 1
4
Sémantique : Terme de jurisprudence. Contrainte exercée sur une personne pour la forcer à s'obliger. Violence morale. Violence indirecte.
5
Nature : Au plur. Actes, paroles de violence.
Un amant dédaigné ne voit pas de bon oeil Ceux qui du même objet ont un plus doux accueil, Et, pour peu qu'on le pousse, il court aux violences
de Pierre CORNEILLE dans Suiv. II, 13
Finissons toutes ces violences, lui ai-je dit
de LETOURNEUR dans Trad. de Cl. Harl. lett. 53
6
Sémantique : Terme de spiritualité. Ardeur incessante de la dévotion.
Les maximes crucifiantes, la violence, l'humilité, le renoncement à soi-même
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Carême, Mot. de conv.
Sa grâce [du Seigneur], comme son royaume, est le prix de la seule violence
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Carême, Prière 2
7
Effort qu'on fait sur soi ; combat intérieur.
L'amour que j'ai pour vous a commis cette offense, Lui seul à mon devoir fait cette violence
Se faire violence, faire des efforts pour se vaincre.
La violence qu'on se fait pour demeurer fidèle à ce qu'on aime, ne vaut guère mieux qu'une infidélité
Je l'ai juré, ma fille, je vais finir [ma lettre] ; je me fais une violence pour vous quitter
C'est que la vraie sévérité, la sévérité chrétienne, doit consister à se faire violence, et à contredire la nature et l'amour-propre
de Louis BOURDALOUE dans Sévérité évang. 2e avent, p. 447
Combien s'est-il [Ulysse] fait de violence pour ne se point découvrir [à son fils] !
Sémantique : Familièrement. Une douce violence, action d'insister pour que quelqu'un accepte, fasse quelque chose qu'il refuse d'accepter, de faire, et qui pourtant lui est agréable.
C'est me faire une aimable et douce violence
de BOISSY dans Deh. tromp. I, 6
Faites-vous une douce violence, se dit pour faire accepter à quelqu'un une chose qu'il refuse par façon.

HISTORIQUE

1
XIVe s.
Que les fassies [bandes] puissent estre ostées sans violence
de Henri DE MONDEVILLE dans f° 41, verso.
Le quatrieme jour le desliay [un blessé], et estoit la medecine toute seiche, et ne la povoie avoir sans violence
de LANFRANC dans f° 14, verso.
2
XVe s.
Tantost furent appareillées les nourrices qui devoient les enfans garder au temple par six jours, et la chevalerie qui le temple devoit garder, lesquels n'y firent violence [ne s'y refusèrent pas]
dans Perceforest, t. I, f° 103
3
XVIe s.
Estant averty que ses soudards faisoient quelques violences par les chemins
de Jacques AMYOT dans Pomp. 17
Par l'insolidité du fondement et violence des eaux, l'artifice se deserta dans quelque temps
de Olivier DE SERRES dans 756

ÉTYMOLOGIE

1
Lat. violentia, de violentus, violent.

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