Définition de SUFFISANCE

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE - SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE -

Prononciation : su-fi-zan-s'

DÉFINITIONS

1
Ce qui suffit, ce qui est assez. Avoir suffisance de blé.
Avant qu'elle [une dame] en eût pris sa suffisance [de danse]
de Antoine HAMILTON dans Gramm. 10
On avait dès le matin renvoyé Mme de Verneuil à Paris, trouvant qu'elle en avait eu sa suffisance [de la fête]
de Louis de Rouvroy, duc de SAINT-SIMON dans 3, 57
2
Il s'est dit de la grâce dans les querelles qu'elle a suscitées.
Supposez que tous les hommes aient des grâces suffisantes ; il n'y a rien de plus naturel que d'en conclure que la grâce efficace n'est donc pas nécessaire pour agir, puisque la suffisance de ces grâces générales exclurait la nécessité de toutes les autres
de Blaise PASCAL dans Prov. II
N'est-ce point ici quelque chose de semblable à cette suffisance qui ne suffit pas ?
de Blaise PASCAL dans ib. IV
3
Capacité intellectuelle.
Qu'est-ce qu'on peut dire à la louange de messieurs les secrétaires d'État, qui ne soit au-dessous de leur inestimable suffisance et de leur incomparable probité ?
de François de MALHERBE dans à M. de Luynes, trad. du XXXIIIe liv. de Tite Live.
Quand on est assuré de la suffisance de son guide, il n'y a que plaisir à être mené
de Jean-Louis GUEZ de BALZAC dans liv. v, lett. 12
Broussel, personnage d'une ancienne probité, de médiocre suffisance, et qui avait vieilli dans la haine des courtisans
de François, duc de LA ROCHEFOUCAULD dans Mém. 28
Homme de suffisance, homme de capacité
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Mar. forcé, 6
Nous ne pouvons pas seulement voir un avocat en soutane et le bonnet en tête, sans une opinion avantageuse de sa suffisance
de Blaise PASCAL dans Pens. III, 3, éd. HAVET.
La vie des hommes est trop importante, on y agit avec plus de respect ; les lois ne l'ont pas soumise à toutes sortes de personnes, mais seulement aux juges dont on a examiné la probité et la suffisance
de Blaise PASCAL dans Prov. XI
On estime les choses à proportion du degré de suffisance qui est requis pour les bien faire
de Charles-Louis de Secondat MONTESQUIEU dans Esp. XXI, 13
4
Il s'est dit pour capacité, droit politique. Le roi étant informé de sa capacité et suffisance.
La plupart des citoyens, qui ont assez de suffisance pour élire, n'en ont pas assez pour élus
de Charles-Louis de Secondat MONTESQUIEU dans Espr. II, 2
5
Vanité, présomption ridicule.
À son ton naturellement tranchant, il ajouta la suffisance d'un parvenu
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Confess. IX
Jusqu'à ce que la suffisance soit devenue la mesure du mérite, il faudrait se garder d'en prendre le ton
de Denis DIDEROT dans Claude et Nér. II, 17
Décidant avec suffisance, à la fois pédant et superficiel
de Stéphanie Félicité Ducrest de St-Albin, comtesse de GENLIS dans Veillées du château t. I, p. 347, dans POUGENS
Il a bien de la suffisance pour avoir de l'esprit
de Stéphanie Félicité Ducrest de St-Albin, comtesse de GENLIS dans Théât d'éducation, le Voyageur, I, 2
On dit souvent d'un sot présomptueux, que rien n'égale sa suffisance, si ce n'est son insuffisance.
Il se dit aussi des manières.
La suffisance de son maintien et de ses manières
de Stéphanie Félicité Ducrest de St-Albin, comtesse de GENLIS dans Mèr. riv. t. III, p. 43, dans POUGENS
6
À suffisance, en suffisance, Nature : loc. adv. Suffisamment, assez. Il y a eu cette année du blé en suffisance.
Il y avait abondance de munitions de guerre et de bouche, et de l'artillerie à suffisance
de Louis de Rouvroy, duc de SAINT-SIMON dans t. VIII, p. 441, éd. CHÉRUEL.
Il peut, sans préjudice de sa félicité, ignorer la nature de l'or et de l'argent, pourvu qu'il en possède à suffisance de ses besoins
de BOULAINVILLIERS dans Réfut. de Spinosa, p. 147

HISTORIQUE

1
XIIIe s.
Si ne fait pas richesse riche Celi qui en tresor la fiche ; Car sofisance [contentement] solement Fait homme vivre richement
dans la Rose, 4993
2
XIVe s.
Quant l'en a de teles choses à soufisance pour vie humaine, oncor celuy qui est juste a mestier d'autres choses
de Nicolas ORESME dans Éth. 315
3
XVe s.
Il a acquis un très grand tresor, qui est a suffisance, et c'est la propre richesse, ny point n'en est d'autre
de BOUCIQ. dans IV, 6
4
XVIe s.
Ils en acquirent à suffisance pour s'en servir à la necessité
de Michel de MONTAIGNE dans I, 194
Ma suffisance ne va pas si avant que d'oser entreprendre....
de Michel de MONTAIGNE dans I, 206
Les unes se contentent de suffisance honneste ; les autres ne se plaisent qu'en l'abondance
de Francois LANOUE, dit Lanoue Bras de Fer dans 162
Il n'estoit pas moins bien né à la temperance et à la simplicité et suffisance de peu que luy
de Jacques AMYOT dans Agés. et Cléom. 25
Qui a suffisance a prou de bien ; qui n'a suffisance, il n'a rien
de Henri ESTIENNE dans Précell. p. 88

ÉTYMOLOGIE

1
Suffisant.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

1
Ajoutez :
Suffisance à, habileté à.
L'amas des consolations, L'éclat des révélations, Ne sont pas du mérite une marque fort sûre ; Et ni par le degré plus haut, Ni par la suffisance à lire l'Écriture, On ne juge bien ce qu'il vaut
de Pierre CORNEILLE dans Imit. III, 953, ch. VII

Synonymes de SUFFISANCE

Termes proches de SUFFISANCE