Définition de OEUF
Prononciation : euf ; au pluriel, l'f ni l's ne se prononcent : des eû ; l's se lie : des eû-z au beurre noir ; d'ap
DÉFINITIONS
1
Masse qui se forme dans les ovaires et les oviductes des oiseaux, et qui, sous une enveloppe commune, renferme le germe animal futur (ovule), et certains liquides destinés à le nourrir pendant quelque temps. Des oeufs de rossignol. Les oiseaux viennent d'oeufs, pondent des oeufs, couvent des oeufs. On a pris la mère sur les oeufs.Dès qu'un oeuf est pondu, il commence à transpirer, et perd chaque jour quelques grains de son poids par l'évaporation des parties les plus volatiles de ses sucs
Ces oeufs [d'autruche] sont très durs, très pesants et très gros ; mais on se les représente quelquefois encore plus gros qu'ils ne sont, en prenant des oeufs de crocodiles pour des oeufs d'autruche
de Georges Louis Leclerc, comte de BUFFON dans ib. t. II, p. 252
L'oeuf de poule est composé de blanc, de jaune, de ligaments qu'on nomme glaire, de la cicatricule, d'une membrane mince intérieure, et d'une coquille solide placée au dehors et servant d'enveloppe à toutes les parties qui en constituent l'ensemble
de FOURCROY dans Connaiss. chim. t. X, p. 307, dans POUGENS
2
Nature : Absolument, oeufs se dit pour oeufs de poule, qui sont d'un grand usage comme aliment. Un oeuf mollet. Un oeuf dur. Une omelette de six oeufs.Elle [la grenouille] qui n'était pas grosse en tout comme un oeuf
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. I, 3
Notre laitière ainsi troussée Comptait déjà dans sa pensée Tout le prix de son lait, en employait l'argent, Achetait un cent d'oeufs, faisait triple couvée
de Jean de LA FONTAINE dans ib. VII, 10
Il [Charlemagne] ordonnait qu'on vendit les oeufs des basses-cours de ses domaines et les herbes inutiles de ses jardins
Pour juger qu'un oeuf est frais, les ménagères le présentent à la lumière d'une chandelle : s'il est transparent et plein, c'est la preuve qu'il vient d'être pondu
de PARMENTIER dans Instit. Mém. scienc. 1806, 2e sem. p. 47
Oeuf à la mouillette, oeuf à la coque, oeuf cuit dans la coquille de manière que le blanc soit seul pris, et que le jaune reste liquide.
Oeufs clairs, oeufs qui n'ont pas été fécondés par le coq.
Ces oeufs pondus sans coq sont ce qu'on appelle vulgairement des oeufs clairs, et l'on ne sait pourquoi ils ont été accusés d'être moins sains et moins savoureux que les autres
de PARMENTIER dans Instit. Mém. scienc. 1806, 2e sem. p. 37
Oeufs rouges, ou oeufs de Pâques, oeufs durcis dont la coque est teinte en rouge et qu'on vend vers le temps de Pâques. Autrefois c'était l'usage le lundi de Pâques de donner aux enfants des oeufs durcis et teints, avec lesquels ils jouaient à certains jeux ; cet usage tend à se remplacer par l'usage d'oeufs en carton dans lesquels on met comme dans une boîte de petits jouets et des bonbons.
Mme R... était vêtue d'un rouge foncé qui lui sied mal ; et notre ami lui disait : Comment ! chère soeur, vous voilà belle comme un oeuf de Pâques
de Denis DIDEROT dans Mém. t. I, p. 339, dans POUGENS
Oeufs de Pâques, dans le Midi, oeufs que les paroissiens donnent à leur curé qui va bénir les maisons.
Sémantique : Fig. et familièrement. Donner à quelqu'un ses oeufs de Pâques, lui faire quelque présent à Pâques.
Ô mes anges, daignez recevoir pour vos oeufs de Pâques ce Droit du seigneur [comédie de Voltaire]
Oeuf blanc, celui qui ne renferme pas de jaune.
Oeuf de coq ou cocatrix, oeuf regardé par la superstition populaire comme résultat de l'accouplement d'un serpent et d'une poule, ou d'un vieux coq et d'une couleuvre ; ce n'est qu'un oeuf avorté de poule qui a de la ressemblance avec les oeufs véritables de couleuvres, dont la présence est assez fréquente dans les poulaillers.
Le cultivateur du Bocage qui trouve un oeuf de coq dans sa basse-cour se signe et l'écrase du pied, de peur qu'il ne soit trouvé par un chat ; condition nécessaire pour qu'un basilic vienne au monde
de VIAUD-GRAND-MARAIS dans les Serpents de la Vendée, dans Revue de Paris, 20 nov. 1867, p. 286
Sémantique : Fig. Marcher sur des oeufs, aller avec précaution, ménagement.
Le premier [Villeroy] était vendu au duc du Maine ; l'autre [l'évêque de Troyes], marchant sur des oeufs, n'osait être que complaisant
Dubois avait marché sur des oeufs à l'égard du parlement
Je marche sur des oeufs entre ces deux partis
de Mme DU DEFFAND dans Lett. à H. Walpole, t. II, p. 207, dans POUGENS
Plein comme un oeuf, tout à fait plein.
Être plein comme un oeuf, avoir bien mangé.
Chercher à tondre sur un oeuf, agir en avare qui cherche à faire du profit sur les moindres choses.
Sémantique : Fig. Il pond sur ses oeufs, il couve ses oeufs, se dit d'un homme riche qui n'a pas besoin de travailler.
Sémantique : Fig. Mettre tous ses oeufs dans un même panier, mettre tout son avoir dans une même entreprise, dans un même placement, de manière que, s'il y a un revers, on perdra tout ; et aussi faire dépendre d'une seule chose son sort, sa fortune, son bonheur.
Je jure de ne plus mettre Tous mes oeufs dans un panier
de BOURSAULT dans Lett. nouv. t. III, p. 394, dans POUGENS
Se ressembler comme deux oeufs, se dit de choses qui se ressemblent tout à fait.
Un oeuf n'est pas plus semblable à un oeuf que les observations de Bullus le sont aux miennes
de JURIEU dans dans BOSSUET 6e avert. 80
Cela est égal comme deux oeufs, se dit d'une chose indifférente.
Sémantique : Fig. Donner un oeuf pour avoir un boeuf, faire de petits présents dans l'espérance d'en recevoir de gros en retour.
Comme il n'y a pas de proportion entre ces choses-là, je n'aime point à donner un oeuf pour avoir un boeuf
Je ne lui ai dit ni oeuf ni boeuf, je ne lui ai dit ni grosse ni petite injure.
Il ne saurait pas tourner un oeuf, se dit d'un maladroit qui ne sait rien faire.
Il aimerait mieux deux oeufs qu'une prune, se dit d'un homme qui ne fait pas le dégoûté.
Ris-t-en, Jean, on te frit des oeufs, se dit pour se moquer de quelqu'un qui rit.
Sémantique : Populairement. Elle a cassé ses oeufs, se dit d'une femme qui accouche avant terme.
3
Sémantique : Par extension, le nom d'oeufs se donne aux produits, analogues aux oeufs des oiseaux, qui se forment dans le corps des femelles appartenant à de tout autres classes d'animaux. Oeufs de couleuvre. Oeufs de brochet. Un oeuf de tortue. Des oeufs de ver à soie.Il est des oeufs d'insectes qui ont une sorte de couvercle que le petit fait sauter ou qu'il soulève pour venir au jour
Oeufs de fourmis, très petits oeufs, presque imperceptibles, qui donnent naissance aux larves et nymphes, dites improprement oeufs de fourmis (voy. FOURMI).
4
Chez les mammifères, on donne le nom d'oeuf au produit de la conception, quand il est parvenu dans la matrice ; jusque-là il porte celui d'ovule.5
En un sens plus général, dans le langage des physiologistes, oeuf désigne à la fois l'ovule ou germe dont l'existence est absolument générale, et l'oeuf proprement dit qui résulte de l'addition successive à l'ovule de nouvelles parties durant son évolution et son trajet.Harvey prétend que l'homme et tous les animaux viennent d'un oeuf, que le premier produit de la conception chez les vivipares est une espèce d'oeuf, et que la seule différence qu'il y ait entre les vivipares et les ovipares, c'est que les foetus des premiers prennent leur origine, acquièrent leur accroissement, et arrivent à leur développement entier dans la matrice, au lieu que les foetus des ovipares prennent à la vérité leur première origine dans le corps de la mère, où ils ne sont encore qu'oeufs...
Il [Vallisnieri] ajoute qu'il est persuadé que l'oeuf est caché dans la cavité du corps glanduleux [l'ovaire], et que c'est là où se fait tout l'ouvrage de la fécondation, quoique, dit-il, ni moi ni aucun des anatomistes en qui j'ai eu pleine confiance, n'ayons jamais vu, ni trouvé cet oeuf
de Georges Louis Leclerc, comte de BUFFON dans ib.
6
Sémantique : Terme d'anatomie. Oeufs de Graaf, ou vésicules de Graaf, petits sacs membraneux qui se trouvent dans l'ovaire.Oeufs de Naboth, nom donné à des concrétions globuleuses distendant les follicules qui occupent la membrane interne du col de l'utérus.
7
Oeuf de serpent, espèce d'amulette des druides, auquel ils attribuaient de grandes vertus, et qu'ils croyaient formé de la bave des serpents, lorsqu'ils étaient entortillés ensemble.8
Oeuf primitif, ou oeuf d'Orphée, symbole mystérieux de certains philosophes anciens pour désigner le principe intérieur de fécondité.Oeuf philosophique, la matière préparée des alchimistes, pour produire le grand oeuvre, ou transmutation des métaux.
9
Oeuf de vache, oeuf de chamois, espèce de bézoard, qui se trouve dans le ventre de ces animaux.10
Tout ce qui a la forme d'un oeuf. Les femmes se servent d'oeufs en bois pour raccommoder les bas.11
Se disait, chez les Grecs, de petites pièces de poésie, dont les vers, de différentes longueurs et placés les uns sous les autres, représentaient grossièrement la forme d'un oeuf ; on en trouve des exemples dans l'Anthologie.12
Sémantique : Terme de marine. Oeuf d'autruche, sorte de bouchon pour boucher les trous de boulet.13
Oeufs fossiles, pierres qui paraissent être des échinites.14
Oeuf du diable, espèce de champignon.Petits oeufs, espèce d'agarics.
Oeufs à l'encre, à la neige, divers champignons.
15
Oeuf marin, oursin.Oeuf de poule ou oeuf papyracé, coquille univalve.
Oeuf de vanneau, autre coquille univalve.
HISTORIQUE
1
XIIIe s.....Comme est l'escaille d'un uef, qui enclost et enserre ce qui est dedanz
de Brunetto LATINI dans Trés. p. 110
Et maintenant fist atourner cuir de beuf de quatre doubles, ausi ront come un oef
dans Ch. de Rains, p. 95
Une geline oï cover, Que desor li avoit douze oes
dans Ren. 23389
Atant es vos une mesenge Sor la branche d'un chesne crues [creux], Où ele avoit repost ses oes
dans ib. 1728
2
XIVe s.Un vaisselet d'argent à mangier oeufs, que donna à Monseigneur Mons r d'Estampes
de Léon de LABORDE dans Émaux, p. 424
Une couppe d'un euf d'autruce, et est d'argent blanc, greneté dedans
de Léon de LABORDE dans ib. p. 407
Lesquelz allerent demander leur potage, que en appelle eufs de pasques
de Victor Henri-Joseph Brahain, dit DU CANGE dans ovum.
3
XVe s.Mais se je truis [si je trouve] le kokin et le sourt, Lequel on dit qu'il voelt [veut] nos oes humer...
de Jean FROISSART dans Poésies mss. p. 300 dans LACURNE
Et estoit son scel, sa bouche et son dire lettriage, leal comme or fin et entier comme un oeuf
de CHASTEL. dans Éloge du bon duc Philippe.
4
XVIe s.M'as-tu donc baillé ceste bride ? M'as-tu pellé cest oeuf mollet [joué ce mauvais tour] ?
dans Rec. de farces, etc. p. 393
Huile d'oeufs
de Ambroise PARÉ dans V, 29
Alembic, calcinatoires, fours secrets des philosophes, oeufs des philosophes, cornue
de Ambroise PARÉ dans t. III, p. 638
Il partiroit un oeuf en deux ; il trouveroit à tondre sur un oeuf ; il ne donneroit pas un gros oeuf pour un menu ; pour dire il est avare
de Henri ESTIENNE dans Précell. p. 77 et 78
Il est fait comme quatre oeufs [mal fait, de mauvaise grâce]
de Antoine OUDIN dans Curios. franç.
À l'aventure met on les oeufs couver
de Antoine LE ROUX DE LINCY dans Prov. t. I, p. 187
Je mange un oeuf mollet, je suis bien empesché
de Antoine LE ROUX DE LINCY dans ib. t. II, p. 205
Ne romps l'oeuf mollet, si ton pain n'est apresté
de Antoine LE ROUX DE LINCY dans ib. p. 354
Tel cuide avoir des oeufs au feu, qui n'a que des escailles
de Antoine LE ROUX DE LINCY dans ib. p. 420
Un oeuf ne vault guere sans sel
de Antoine LE ROUX DE LINCY dans ib. p. 432
Aigle né dans le haut des plus superbes aires, Ou bien, oeuf supposé, puisque tu degeneres, Degeneré Henri
ÉTYMOLOGIE
1
Berry, oeu ; bourg. eu ; wallon, oû ; picard, ué, oeuf, u, oeufs ; provenç. ov, uov, ueu ; cat. ou ; espagn. huevo ; port. ovo ; ital. uovo ; du lat. ovum ; all. Ei ; angl. egg. ; gaél. ubh ; bas-bret. ui ; irl. ugh. Comme on a pour le grec les formes dialectales argien et lesbien, on peut supposer, pour forme grecque primitive, répondant à ovum, et que Benfey, approuvé par Curtius, a conjecturé représenter en sanscrit un avyam, qui serait un adjectif venant d'avi, oiseau.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
1
Oeuf de Nuremberg, nom ancien d'une espèce de montre fabriquée en Allemagne.Ce sont les ouvriers de Nuremberg qui firent les premières montres portatives que l'on avait à la cour de Charles IX et de Henri III.... les plus ordinaires, de forme ovale ou d'amande, étaient nommées à Paris, dit-on, des oeufs de Nuremberg
dans Journ. offic. 28 août 1876, p. 6649, 3e col.