Définition de COUR

DÉFINITIONS - REMARQUE - SYNONYME - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE - SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE -

Prononciation : kour

DÉFINITIONS

1
Domaine rural : sens primitif, tombé en désuétude, et qui ne se trouve plus qu'en composition et écrit court dans des noms de lieux en Normandie, en Picardie, en Lorraine : Harcourt, Brucourt, etc.
Se dit, en Normandie, du terrain et des plantations dépendant immédiatement du bâtiment de la ferme.
2
Terrain enfermé de murs et à découvert qui fait partie d'une habitation et de ses commodités (c'est ici le tout pris pour la partie ; l'ancienne court comprenant le logis, la cour, la basse-cour et les terres d'exploitation). Cour d'entrée. Cour de derrière. Cour intérieure.
Madame, Massinisse est dans la grande cour, Qu'on prendrait pour un temple où tout le monde accourt
Cour d'honneur, la principale cour d'un palais, d'un château.
Basse-cour, cour d'une ferme, d'une maison de campagne, où l'on nourrit la volaille. Basse-cour, cour séparée de la cour principale et où sont les écuries, les équipages.
Sémantique : Fig. et familièrement. Nouvelles de la basse-cour, de basse-cour, bruits populaires, nouvelles fausses, ridicules.
Basse-cour s'écrit au pluriel basses-cours.
Dans les grandes villes, cour, nom de certains passages, et aussi d'enceintes de maisons. Cour des Miracles.
3
Le palais du prince : ainsi dit parce que les rois de la première et de la deuxième race et les seigneurs demeuraient habituellement dans des domaines ruraux nommés court. Je me rends à la cour.
Avoir bouche à cour, ou bouche en cour, avoir droit de manger à quelqu'une des tables entretenues par le prince.
Le prince et son conseil. Recevoir un ordre de la cour.
Être bien en cour, être en faveur.
Vous êtes bien en cour ? Pourvoyez-nous d'une riche abbaye
de Pierre Jean de BÉRANGER dans Dauph.
Le gouvernement du prince dans ses rapports diplomatiques. La cour de France, d'Espagne. Les trois cours du Nord sont d'accord.
4
Les principales personnes qui composent l'entourage d'un prince, et aussi l'air, le ton de la cour, la manière d'y vivre. La cour est partie à la suite du roi.
Et ta honte et sa gloire entretiennent la cour
Pour moi, j'ai de la cour autant comme il m'en faut
De moi ni de ma cour il n'aura la présence
Et vous qu'avec tant d'art cette feinte a voilée, Recours des impuissants, haine dissimulée, Digne vertu des rois, noble secret des cours
Les silences de cour ont de la politique
Je définis la cour un pays où les gens, Tristes, gais, prêts à tout, à tout indifférents, Sont ce qu'il plaît au prince, ou, s'ils ne peuvent l'être, Tâchent au moins de le paraître
Selon que vous serez puissant ou misérable, Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir
La cour veut toujours unir les plaisirs avec les affaires ; par un mélange étonnant, il n'y a rien de plus sérieux ni ensemble de plus enjoué ; enfoncez : vous trouverez partout des intérêts cachés, des jalousies délicates qui causent une extrême sensibilité, et, dans une ardente ambition, des soins et un sérieux aussi triste qu'il est vain ; tout est couvert d'un air gai ; vous diriez qu'on ne songe qu'à s'y divertir
La bonté de cette princesse qui, malgré les divisions ordinaires dans les cours, lui gagna d'abord tous les esprits
Ceux qui ont vu de quel front il [Charles 1er] a paru dans la salle de Wetsminster et dans la place de Whitehall, peuvent juger aisément combien il était intrépide à la tête de ses armées, combien auguste et majestueux au milieu de son palais et de sa cour
Toi [Dangeau] donc, qui de mérite et d'honneurs revêtu, Des écueils de la cour as sauvé ta vertu
La cour de Claudius, en esclaves fertile, Pour deux que l'on cherchait, en eût présenté mille
.... Hélas ! dans cette cour, Combien tout ce qu'on dit est loin de ce qu'on pense !
de Jean RACINE dans ib. V, 1
Le changement, madame, est commun à la cour
de Jean RACINE dans ib. V, 3
Enfin la cour nous hait ; le peuple nous déteste
Selon qu'il vous menace ou bien qu'il vous caresse, La cour autour de vous ou s'écarte ou s'empresse
Quelques femmes de la ville ont la délicatesse de ne pas savoir ou de n'oser dire le nom des rues, des places et de quelques endroits publics.... en cela moins naturelles que les femmes de la cour qui, ayant besoin, dans le discours, des halles, du châtelet, disent les halles, le châtelet
La cour ne rend pas content ; elle empêche qu'on ne le soit ailleurs
de Jean de LA BRUYÈRE dans VIII
Mille gens à la cour y traînent leur vie à embrasser, serrer et congratuler ceux qui reçoivent, jusqu'à ce qu'ils y meurent sans rien avoir
de Jean de LA BRUYÈRE dans ib.
La ville dégoûte de la province ; la cour détrompe de la ville et guérit de la cour
de Jean de LA BRUYÈRE dans ib.
On dit à la cour du bien de quelqu'un pour deux raisons : la première, afin qu'il apprenne que nous disons du bien de lui, la seconde, afin qu'il en dise de nous
de Jean de LA BRUYÈRE dans VIII
Il n'y a rien à la cour de si méprisable qu'un homme qui ne peut contribuer en rien à notre fortune
de Jean de LA BRUYÈRE dans ib.
N'espérez plus de candeur, de franchise, d'équité, de bons offices, de service, de bienveillance, de générosité, de fermeté dans un homme qui s'est depuis quelque temps livré à la cour, et qui, secrètement, veut sa fortune
de Jean de LA BRUYÈRE dans ib.
La cour est comme un édifice bâti de marbre, je veux dire qu'elle est composée d'hommes fort durs, mais fort polis
de Jean de LA BRUYÈRE dans ib.
Un esprit sain puise à la cour le goût de la solitude et de la retraite
de Jean de LA BRUYÈRE dans ib.
C'est une chose délicate à un prince religieux que de réformer la cour et de la rendre pieuse
de Jean de LA BRUYÈRE dans XIII
On trouve à la cour une délicatesse de goût en toutes choses, qui vient d'un usage continuel des superfluités d'une grande fortune
La cour offre à nos yeux de superbes esclaves, Amoureux de leur chaîne, et fiers de leurs entraves, Qui, toujours accablés sous des riens importants, Perdent les plus beaux jours pour saisir des instants
de BERNIS dans Épît. IV, Indép.
Adieu, il y a une dame de la cour qui m'attend
Je vais au palais d'une altesse Et j'achète un habit de cour
de Pierre Jean de BÉRANGER dans Habit de cour.
Être effronté comme un page de cour, être hardi jusqu'à l'impudence.
Sémantique : Fig.
[ô Versailles] Tout a fui ; des grandeurs tu n'es plus le séjour ; Mais le sommeil, la solitude, Dieux jadis inconnus, et les arts et l'étude Composent aujourd'hui ta cour
Dans les champs que l'hiver désole, Flore vient rétablir sa cour ; L'alcyon fuit devant Éole, Éole le fuit à son tour
de Jean-Baptiste ROUSSEAU dans Cantate, Circé
...Et comme on voit d'abord le bûcheron, Quand le roi des forêts, victime désignée, Doit fatiguer enfin le fer de la cognée, Abattre autour de lui dans un vaste contour La foule d'arbrisseaux qui composait sa cour
de MASSON dans Helvétiens, III
L'avare, d'autre part, n'aime que la richesse ; C'est son roi, sa faveur, sa cour et sa maîtresse
La cour céleste, le ciel où est Dieu avec les anges.
5
Homme de cour, celui qui fait partie de la cour, qui a les manières de la cour.
Y a-t-il esclave plus esclave que tout ce qui s'appelle gens de la cour ?
de Louis BOURDALOUE dans Pensées, t. II, p. 485
Messieurs les gens de cour prétendent juger décisivement de la délicatesse des plaisirs
de ST-ÉVREM. dans dans BOUHOURS
Pour un esprit de cour et nourri chez les grands, Tes yeux dans leurs secrets sont bien peu pénétrants
Savoir la cour, être au fait des manières de la cour.
Son père sait la cour
Vous êtes peu du monde et savez mal la cour
Elle sait mieux sa cour que les plus vieux courtisans
Pompadour était un grand homme, triste et froid, la plus grande partie de sa vie sans cour et sans servir
En mauvaise part et indiquant frivolité, complaisance servile, etc. Abbé de cour.
Vous n'écoutez point ces docteurs de cour
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Préd. 1
En mauvaise part et indiquant peu de sûreté dans le commerce.
Renards de cour
de Jean-Louis GUEZ de BALZAC dans dans BOUHOURS
Mainte peste de cour fit tant, par maint ressort, Que la candeur du juge, ainsi que son mérite, Furent suspects au prince....
6
Un ami de cour, un ami qui ne l'est qu'en apparence.
Et c'est un faible appui des amitiés de cour, Qu'une vieille amitié contre un nouvel amour
Allons, ferme, poussez, mes bons amis de cour
De l'eau bénite de cour, vaines promesses, protestations de services et d'amitié qui ne produisent rien.
7
Cour plénière, grande assemblée de vassaux que convoquaient les anciens rois de France. Tous ceux qui se présentaient à la cour plénière étaient traités aux frais du prince.
Sémantique : Par extension.
Gengis tint dans les plaines de Toncat une cour plénière générale
Sémantique : Fig. et familièrement. Avoir, tenir cour plénière, avoir chez soi plus de monde qu'à l'ordinaire, recevoir très nombreuse compagnie.
Que ne lui vit-on pas donner Dans le temps qu'il tint cour plénière Pour une fête singulière ? Chantilly fut la scène...
de Jean de LA FONTAINE dans Lettres, XX
La cour du roi Pétaud, endroit où chacun commande et où tout est confusion, et aussi où chacun veut parler à la fois.
Oui je sors de chez vous fort mal édifiée ; Dans toutes mes leçons j'y suis contrariée ; On n'y respecte rien, chacun y parle haut, Et c'est tout justement la cour du roi Pétaud
8
Sémantique : Fig. Entourage de gens empressés à plaire à une personne. Depuis qu'il est en place, il a une petite cour.
ar extension, respects et hommages qu'on rend à une personne, assiduités qu'on a auprès d'elle pour gagner ses bonnes grâces. Faire la cour aux grands. Faire la cour à une jeune personne pour l'épouser.
Je le sais, ma princesse, et qu'il vous fait la cour
[Il] Agit contre son rang pour mieux faire sa cour
Héraclius vivrait pour te faire la cour !
Et son âme ployante attendant l'avenir Sait faire également sa cour et la tenir
L'autre hiver, faisant ici ma cour
Mais si j'aime, c'est mal me faire votre cour
Je ne voudrais pas qu'il fît mal sa cour auprès de madame
Messieurs les courtisans, cessez de vous détruire ; Faites, si vous pouvez, votre cour sans vous nuire
Elle [la belette] porta chez lui [le lapin] ses pénates un jour Qu'il était allé faire à l'aurore sa cour Parmi le thym et la rosée
de Jean de LA FONTAINE dans VII, 16
Il fit mal sa cour au ministre
Le plaisir qu'il aura de bien faire sa cour
Nous fîmes le soir notre cour à la reine
Si j'étais reine, je croirais qu'elle veut me faire la cour
J'espérais aller leur faire ma cour
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Lett. 283
Je ferai bien votre cour à M. le nonce
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Lett. quiét. 376
Non, non, sans m'abaisser à lui faire la cour
Il ne s'agit point de faire sa cour en applaudissant à ses écrits
Sémantique : Familièrement. Faire un doigt de cour à une personne, témoigner par quelques légers respects ou hommages qu'on veut gagner sa faveur.
Faire la cour de quelqu'un, lui rendre un bon office auprès d'un tiers. J'ai vu le ministre, je lui ai fait votre cour.
Faire sa cour aux dépens de quelqu'un, chercher à plaire en le desservant.
Faire sa cour aux dépens d'autrui
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Honneur, 1
Faire sa cour d'une chose à quelqu'un ou auprès de quelqu'un, se faire un mérite auprès de lui de lui annoncer une chose qui l'intéresse.
Il n'en avait pas fait sa cour à sa mère
Moi, j'en tiens cent louis [de Condé], chacun m'en fait la cour
de Jean de LA FONTAINE dans Lett. XX
Le loup en fait sa cour, daube au coucher du roi Son camarade absent....
Faire la cour se dit aussi des choses qui concilient la faveur, les bonnes grâces.
Crenay m'avait demandé si je voulais bien être du détachement pour les sacs ; j'acceptai les sacs, parce que je sentis que cela ferait ma cour
9
Siége de justice où l'on plaide (ainsi dit, parce que les cours de justice résidaient primitivement dans la cour du roi ou des seigneurs). Autrefois il se disait de la plupart des tribunaux ; aujourd'hui on ne le dit que des tribunaux supérieurs. Cour d'assises.
Cour d'appel, juridiction supérieure dont l'attribution principale est de juger les appels des jugements de première instance. Conseiller à la cour d'appel.
La cour suprême, se dit quelquefois pour la cour de cassation.
Haute cour, tribunal exceptionnel de haute justice.
Sous la monarchie parlementaire, la cour des pairs, la chambre des pairs constituée en haute cour de justice pour connaître d'un crime d'État.
Sous la république de 1848, il y eut aussi une haute cour chargée de juger les crimes contre l'État.
Cour des comptes, juridiction chargée de juger les comptes des comptables de deniers publics et de surveiller l'exécution des lois de finances.
La cour des monnaies, c'était jadis une compagnie souveraine qui jugeait des différends survenant au sujet des monnaies et des manufactures d'or et d'argent.
La cour de parlement, c'était jadis tout le parlement, composé de plusieurs chambres : la grand'chambre, la tournelle civile, la tournelle criminelle, les cinq chambres des enquêtes, les deux chambres des requêtes, et les requêtes de l'hôtel.
La cour des aides, c'était jadis une compagnie souveraine qui jugeait en dernier ressort les causes civiles et criminelles regardant les aides, les impôts, les gabelles, etc.
La cour des aides n'est pas loin, dicton jovial et jeu de mots sur aide, qui s'emploient pour exprimer que, si un mari néglige sa femme, d'autres le remplaceront.
Autrefois, en matière criminelle, hors de cour signifiait qu'il n'y avait pas assez de preuves pour asseoir une condamnation.
Aujourd'hui, mettre hors de cour, mettre hors de cour et de procès, déclarer qu'il n'y a pas lieu à suivre.
Nous sommes renvoyés hors de cour
Nous pouvons condamner à la potence ou renvoyer hors de cour
Nature : Substantivement. Un hors de cour. Prononcer un hors de cour.
Les membres d'une cour. La cour va en délibérer.
Lieu où siége une cour de justice. Je vais à la cour de cassation.
Sémantique : En termes d'ancienne pratique, cour signifiait pouvoir de juger. Ravoir la cour, obtenir le renvoi d'une cause.
La partie menait son seigneur avec elle, afin que, si la défaute n'était pas prouvée, il pût ravoir sa cour
Dans le moyen âge, cour d'amour, société provençale de personnes des deux sexes qui traitait ou jugeait des questions de galanterie.
Il y avait en Provence la fameuse cour d'amour, et la Picardie, rivale de la Provence, avait aussi ses plaids et gieus sous l'ormel
de Bernard le Bouyer de FONTENELLE dans Hist. théât. fr. Oeuvres, t. III, p. 13, dans LACURNE.

REMARQUE

1
1. Vaugelas condamnait la locution : être bien en cour ; Thomas Corneille la défend ; et l'usage l'a sanctionnée. Écrire en cour, se dit pour adresser des lettres à des personnes qui appartiennent à la cour.
2
2.
C'est Fontainebleau et point de cour à faire... plût à Dieu que je pusse vous faire la mienne
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Corresp. générale, 13 mars 1741

SYNONYME

1
HOMME DE COUR, HOMME DE LA COUR. L'homme de cour est celui qui a le ton, les manières, l'esprit de la cour. L'homme de la cour est celui qui en fait partie. On peut être un homme de la cour sans être un homme de cour.

HISTORIQUE

1
XIe s.
Qu'il issit à dreit en la curt....
dans Lois de Guill. 6
Meillur vassal n'aveit en la curt nul
dans Ch. de Rol. XVI
2
XIIe s.
[Il fut] à cort de roi et serviz et losez
dans Ronc. p. 18
En ceste cort [il] vous vient au roi pleger
dans ib. p. 185
Je deïsse et l'estre et l'errement De la grant court de France au dous renom, Où toute valor se baigne
de HUES DE LA FERTÉ dans Romancero, p. 182
La corz fu moult pleniere ; quatorze rois i ot
dans Sax. XVII
À la cort le manda l'hostes par un garçon
dans Sax. XXII
E quant [il] vus volt tolir vostre curt e fauser, E apele autre curt, de ço le poez [tu le peux] grever
dans Th. le mart. 44
Se [il] ne peüst le roi dunc el païs trover, Le prelat esteüst à la justice aler [il faudrait que le prélat allât à la justice], Ço qu'al rei apartint en real curt finer, Ço qu'atainst al prelat en sa curt terminer
dans ib. 60
Les portes arses, e, en la cort, les herbes nées aussi come en bois
dans Machab. I, 4
3
XIIIe s.
Et furent huit jours à court, ains qu'il peussent iestre oï
dans Chr. de Rains, 123
Et avoec els [eux] avoit grant plenté de bones gens, et moult sembloit bien court à riche prince
Si comme je vous ai dit, tint li empereres sa court au Noel
de H. DE VALENC. dans XV
.... Lasse ! mortes sommes, Mes sires, ou ne sai quex hommes Est entrés dedens nostre court
dans la Rose, 14431
Ele [Courtoisie] ere en toutes cors bien digne D'estre emperieris ou roïne
dans ib. 1251
Il deit faire recorder les dittes conoissances en la court pleniere
dans Ass. de J. 89
En la court laie pren un pou d'esperance ; En cort des clers n'aie jà jor fiance, En nus prelas nule bone attendance, Proverbes ruraux et vulgaus. Se bature est fete devant juge, en cort vestue, l'amende est à la volenté du seigneur
de Philippe de BEAUMANOIR dans XXX, 20
Aussi bien convient il que la cors soit garnie por fere recort comme por jugement
de Philippe de BEAUMANOIR dans XXXIX, 8
Sire evesque, fist le roy, entre vous avez establi que l'en ne doit oyr nul escommenié en court laie
Entre les chevaliers que monsieur Jehan de Valenciennes ramena, je en y trouvai bien quarante de la cort de Champaingne
4
XVe s.
Depuis avint que messire jean de Ghistelles fut si mal de cour [en cour] que....
De tous poissons ot illec [à un repas] cours pleniere
de Eustache DESCHAMPS dans Poésies mss. f° 134, dans LACURNE
Aulcuns flatteurs envieux.... comme assez de telles gens a en cour communement
dans Bouciq. III, ch. 11
Au chevet du lit pour tous jeux, Pend un benoistier qui est gourd, Avec un aspergès joyeulx, Tout plain d'eaue benoiste de cour
de COQUILL. dans Droits nouveaux.
Puis remonta à cheval, et s'en alla au palais, qui estoit tendu et pavé moult noblement ; et là tint il court pleniere, et y souppa, et avecques luy à sa table soupperent les pairs de France et ceux de son sang
de Enguerrand de MONSTRELET dans t. III, p. 88, dans LACURNE
Et disoit on que le dit banquet seroit fait à tous venans et comme court ouverte
dans ib. p. 77
À longueur de temps aura raison, si la cour, c'est à entendre le prince en son auctorité soubz lequel il vit, n'est contre luy
de Philippe de COMMINES dans V, 18
À la cort le roi, chascuns y est pour soi
de Antoine LE ROUX DE LINCY dans Prov. t. II, p. 75
5
XVIe s.
Si tu sçavois vivre de choux, tu ne ferois pas la court à un tyran
de Michel de MONTAIGNE dans II, 346
Conseiller en la cour de parlement
de Michel de MONTAIGNE dans III, 205
J'ay mes loix et ma cour pour juger de moy
de Michel de MONTAIGNE dans III, 260
Miserable à mon gré, qui n'a chez soy où estre à soy, où se faire particulierement la court, où se cacher !
de Michel de MONTAIGNE dans III, 289
Je veois soubs moy mon jardin, ma bassecourt, ma court
de Michel de MONTAIGNE dans III, 288
À chasque court son traistre
de Antoine LE ROUX DE LINCY dans Prov. t. II, p. 75
Le seigneur peut faire saisir le fief de son vassal par faute de service de cour et de plaids [c'est-à-dire quand il a manqué à assister aux plaids de sa seigneurie]
dans Coustum. génér. t. I, p. 538

ÉTYMOLOGIE

1
Norm. court, grande ferme ; bourguig. cor ; provenç. cort ; ital. et espagn. corte ; du bas-latin, curtis, cortis, dérivé du latin cohors ou cors, basse-cour, enclos ; le mot grec a le même radical que le latin hortus, et l'allemand Garten, jardin. Le t qui appartient à cour dans tous les anciens textes et dans toutes les langues romanes, et qui se retrouve dans tous les dérivés, courtois, courtisan, etc. montre que le mot vient de curtis et non de curia, fausse étymologie qui commença à se montrer dans le XIVe siècle où l'on se mit à nommer en latin les gens de cour curiales. Curtis a signifié d'abord la cour, l'enclos, la ferme, puis la résidence rurale des seigneurs et des rois, puis la résidence de leur conseil, de leur autorité et aussi de la justice. Dans l'ancien français, au nominatif singulier la cors, au régime la cort ; au nominatif pluriel, les cort, au régime, les cors.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

1
Sémantique : En termes de théâtre, cour et jardin, la droite et la gauche, en souvenir du théâtre de Versailles qui se trouvait entre cour et jardin.

Synonymes de COUR

Phonétiquement proche de COUR