Définition de CIEL

DÉFINITIONS - PROVERBES - REMARQUE - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE - SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE -

Prononciation : sièl

DÉFINITIONS

1
Espace que nous apercevons étendu au-dessus de nos têtes en forme de voûte et circonscrit par l'horizon. Le ciel est pur. Le ciel est chargé. Ciel changeant. Ciel menaçant. Un ciel gris, sombre. Le ciel bleu. La voûte du ciel ou des cieux.
La lune est dans le ciel, et le ciel est sans voile
de Alphonse de LAMARTINE dans Harm. I, 10
Un monde est assoupi sous la voûte des cieux
de Alphonse de LAMARTINE dans ib. II, 4
Et la moitié du ciel pâlissait, et la brise Défaillait dans la voile, immobile et sans voix
de Alphonse de LAMARTINE dans ib. II, 2
Il [l'homme qui a fait une faute] rougit de lui-même, et combien qu'il ne sente Rien que le ciel présent et la terre présente, Pense qu'en se voyant tout le monde l'a vu
de François de MALHERBE dans I, 4
On ne voit ni ciel ni terre, se dit de ténèbres fort épaisses.
On dit de choses fort différentes, qu'elles sont éloignées comme le ciel et la terre.
Entre terre et ciel, dans l'air.
Couleur bleu de ciel.
Sous le ciel, sur la terre.
Tircis disait un jour à la jeune Amarante : Ah ! si vous connaissiez comme moi certain mal Qui nous plaît et qui nous enchante, Il n'est rien sous le ciel qui vous parût égal
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. VIII, 13
Élever quelqu'un jusqu'au ciel, le louer avec excès.
Tel porte jusqu'au ciel leur vertu sans égale
de Pierre CORNEILLE dans Hor. III, 2
On vous loua jusqu'au ciel
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 49
Et la France a les destinées Pour elle tellement tournées Contre les vents séditieux, Qu'au lieu de craindre la tempête, Il semble que jamais sa tête Ne fut plus voisine des cieux
de François de MALHERBE dans III, 2
Le Fils du ciel, l'empereur de Chine. Le ciel inférieur, la Chine.
2
Sémantique : Terme d'astronomie ancienne. Les diverses sphères cristallines et concentriques à la terre que les anciens avaient supposées pour expliquer les mouvements apparents des astres. Le ciel de la lune. Le ciel de Jupiter.
Comme le ciel mobile, éternel en son cours, Fait les siècles, les ans et les mois et les jours
de Abbé Mathurin RÉGNIER dans Sat. III
Tous ces ciels étaient supposés solides, et de là ces expressions-ci : Tombe sur moi le ciel, pourvu que je me venge !
de Pierre CORNEILLE dans Rod. V, 1
Sémantique : Familièrement. Si le ciel tombait, il y aurait bien des alouettes prises, se dit pour se moquer d'une supposition absurde.
Tomber du ciel, se dit d'une chose ou d'une personne qui arrivent tout à fait à l'improviste et qui d'ordinaire apportent quelque chose de très avantageux. Ce secours tombait bien véritablement du ciel. On l'avait regardé comme tombé du ciel pour cela.
Vous qui, dès le berceau, de bon oeil me voyez, Qui du troisième ciel mes destins envoyez, Belle et sainte planète, astre de ma naissance
de Abbé Mathurin RÉGNIER dans Élég. V
Être ravi au troisième ciel, au septième ciel, éprouver une vive joie.
3
Dans l'astronomie moderne, l'espace immense dans lequel les astres accomplissent leurs révolutions : à ce point de vue, la terre, étant une planète, est dans le ciel.
Par delà tous ces cieux le dieu des cieux réside
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Henr. VII
4
L'ensemble des constellations qui parent le ciel.
Les Égyptiens ont trouvé cette grande année qui ramène tout le ciel à son premier point
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Hist. III, 3
Et qui guide les cieux et leur course rapide ?
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. X, 1
Les influences du ciel, les prétendues influences qu'on attribuait aux astres sur la destinée humaine.
S'il ne sent point du ciel l'influence secrète, Si son astre en naissant ne l'a formé poëte
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Art p. I
5
Air, atmosphère, climat. Essuyer l'inclémence du ciel et des saisons. Vous y trouverez un ciel toujours pur et serein.
Jeunes et tendres fleurs par le sort agitées, Sous un ciel étranger comme moi transplantées
de Jean RACINE dans Esth. I, 1
Cherchant avidement sous un ciel étranger....
de Jean RACINE dans Mithr. III, 1
Sous un ciel plus heureux et plus digne de vous
de Jean RACINE dans ib. I, 3
Tout ciel est agréable où notre âme est paisible
de Jean-François DUCIS dans Macbeth, V, 2
Je ne puis comprendre pourquoi, toute la Grèce étant placée sous le même ciel et les Grecs nourris de la même manière, il se trouve néanmoins si peu de ressemblance dans leurs moeurs
de Jean de LA BRUYÈRE dans Caract. de Théophr. Avant-propos.
D'un vaste champ de fleurs je tire un peu de miel ; Tout m'enrichit, et tout m'appelle ; et, chaque ciel M'offrant quelque dépouille utile et précieuse, Je remplis lentement ma ruche industrieuse
de André CHÉNIER dans Élég. 24
Sémantique : Fig.
Il est temps qu'en son ciel cet astre aille reluire
de Pierre CORNEILLE dans Nicom. II, 2
Sémantique : Terme de marine. Ciel fin, ciel clair et sans nuage. Ciel gros, ciel couvert de gros nuages. Le ciel se hausse, il s'éclaircit.
Le feu du ciel, la foudre.
Pourquoi vous troublez-vous, enfants de l'Évangile ? à quoi sert dans les cieux ton tonnerre inutile, Disent-ils au Seigneur ?...
de Alphonse de LAMARTINE dans Harm. I, 5
Un ciel d'airain, des cieux d'airain, un temps sec et sans pluie, et qui dure depuis assez longtemps pour que les biens de la terre en souffrent
Sémantique : Fig. Un ciel d'airain, les rigueurs inexorables du destin.
Sémantique : Familièrement. Remuer ciel et terre, faire tous ses efforts pour arriver à un but.
6
Sémantique : Terme de théologie. Le séjour des bienheureux. Ne désirer que le ciel. Les joies du ciel.
Je prétendais autant qu'aucun autre à gagner le ciel
de René DESCARTES dans Mét. I, 11
L'honneur leur appartient d'avoir ouvert la porte à quiconque osera, d'une âme belle et forte, Pour vivre dans le ciel, en la terre mourir
de François de MALHERBE dans I, 4
Voir les cieux ouverts, ressentir une indicible joie.
Ce n'est pas le ciel ouvert, mais enfin on n'a pas mieux, et c'est un parti forcé
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Lett. Mme du Deffant, 6 janv. 1764
Sémantique : Fig. Les choses, les puissances célestes, divines, Dieu, la Providence. Les dons, les bénédictions du ciel.
Le ciel sur nos souhaits ne règle pas les choses
de Pierre CORNEILLE dans Pomp. V, 2
Ciel, à qui voulez-vous désormais que je fie Le secret de mon âme et le soin de ma vie ?
de Pierre CORNEILLE dans Cinna, IV, 2
Sire, puisque le ciel entre les mains des rois Dépose la justice et la force des lois....
de Pierre CORNEILLE dans Hor. V, 2
Et dédaigne de voir le ciel qui le trahit
de Pierre CORNEILLE dans Pomp. II, 2
Le ciel vous le fait voir un poignard à la main ; Le ciel est juste et sage et ne fait rien en vain
de Jean RACINE dans Ath. II, 5
Cieux, écoutez ma voix, terre, prête l'oreille
de Jean RACINE dans Athal. III, 7
Nous préservent les cieux d'un si funeste abus !
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Brut. II, 4
Mais le plaisir à ma philosophie Révèle assez des cieux intelligents
de Pierre Jean de BÉRANGER dans Dieu des b. gens.
Ô nuits, déroulez en silence Les pages du livre des cieux
de Alphonse de LAMARTINE dans Harm. I, 2
Mais comment consentir à ce que vous voulez, Sans offenser le ciel, dont toujours vous parlez
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Tart. IV, 5
J'aurais une douleur extrême qu'une personne que j'ai chérie tendrement devînt un exemple funeste de la justice du ciel
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans le Festin, IV, 9
On n'a pas besoin de lumière quand on est conduit par le ciel
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans ib. IV, 12
Vous me voyez revenu de toutes mes erreurs, je ne suis plus le même d'hier au soir, et le ciel tout d'un coup a fait en moi un changement qui va surprendre tout le monde
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans ib. V, 1
On le verra bientôt, pompeux en cette ville, Marcher encore chargé des dépouilles d'autrui, Et jouir du ciel même irrité contre lui
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Sat. I
Grâce ou grâces au ciel, exclamation par laquelle on se félicite de quelque chose d'heureux.
Je suis revenu, grâces au ciel, de toutes mes folles pensées
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans le Festin, IV, 9
Ciel ! ô ciel ! juste ciel ! justes cieux ! exclamations qui expriment l'admiration, la joie, la douleur, la crainte, etc.
Ciel ! quel nombreux essaim d'innocentes beautés....
de Jean RACINE dans Esth. I, 2
7
La piété, la vertu pieuse.
La tendre hypocrisie, aux yeux pleins de douceur, Le ciel est dans ses yeux, l'enfer est dans son coeur
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Henr. VII
Venez, enfants du ciel, orphelins sur la terre ; Il est encor pour vous un asile ici-bas
de Alphonse de LAMARTINE dans Harm. I, 11
8
Sémantique : Terme de peinture. Partie d'un tableau qui représente le ciel. Ce peintre fait bien les ciels.
Aspect particulier du ciel de tel ou tel pays. Ce peintre reproduit bien les ciels de l'Italie.
9
Le couronnement, le haut d'un lit. Des ciels de lit.
Elle n'eut.... Autre ciel pour objet que le ciel de son lit
de Abbé Mathurin RÉGNIER dans Sat. XII
Le dais qu'on porte au-dessus du St-Sacrement.
Le haut, le plafond d'une carrière. Des infiltrations percent les ciels de carrière.
Dieu les amincissant [les contours des blocs de rocher] en immenses spirales Les sculpte comme un lustre au ciel des cathédrales
de Alphonse de LAMARTINE dans Joc. II, 82
Carrière à ciel ouvert, carrière qu'on exploite en enlevant à fur et à mesure la terre qui recouvre le gisement.
Dans les machines à vapeur, le dessus d'un fourneau. Le pluriel est aussi ciels.

PROVERBES

1
Exemple : Le ciel rouge au soir, blanc au matin, c'est la journée du pèlerin.
2
Exemple : Les mariages se font au ciel, locution dont on se sert pour exprimer qu'on les attribue à la direction même de la Providence. On dit dans le même sens : cela était écrit au ciel.
3
Exemple : Ciel pommelé et femme fardée ne sont pas de longue durée, sage conseil donné aux femmes et fondé, quant à l'expression, sur ce qu'en effet un ciel pommelé ne dure pas.

REMARQUE

1
Le ciel, à proprement parler, est cette partie de la voûte azurée que nous voyons ou que nous concevons comme renfermée dans un horizon déterminé. C'est dans ce sens qu'on dit : le ciel de la Provence et celui de l'Italie sont bien différents des ciels de l'Angleterre et de l'Écosse ; ce peintre réussit admirablement dans les ciels. Les ciels de lit tirent leur nom de leur forme et de leur position au-dessus de nos têtes ; et ces exemples nous montrent que, quand on compte les ciels, c'est-à-dire quand on passe au pluriel entendu dans la rigueur de la définition, on le forme régulièrement en ajoutant un s au singulier. Le mot cieux, au contraire, indique non la pluralité, mais l'universalité indivise de la sphère céleste, ou, au figuré, la Providence, le pouvoir céleste
de JULLIEN dans

HISTORIQUE

1
Xe s.
Qu'elle Deo raneiet [renie], chi maent [demeure] sus en ciel
dans Eulalie
2
XIe s.
N'a tel vassal sous la cape du ciel
dans Ch. de Rol. X
Souz cel n'i a plus encrismé felon
dans ib. XCII
Mors est Rolans ; Deus en a l'ame es cels
dans ib. CLXXIII
3
XIIe s.
Qui fit le ciel et la terre et la mer
dans Roncisv. p. 32
Charles regarde amont vers les hauz ciez
dans ib. p. 112
[Je] N'en donroie le desir Pour tout l'avoir dessouz ciel
dans Couci, XI
4
XIIIe s.
Dame, merci, pour Dieu qui fit ciel et rosée
dans Berte, XVI
Comment diable ! estes vos tiex [tel] ? Quidiez-vos monter as sainz ciex, Avec Dame Dieu là amont ?
dans Ren. 24746
Il sembloit que ce fust uns anges, Qui fust tantost venu du ciau
dans la Rose, 907
Des roses i ot grans monciaus ; Si beles ne vit homs sous ciaus
dans ib. 1646
Et ce face dire deus ou trois feiz, ainsi que les esteilles aperent ou ciel
dans Ass. de Jér. 82
Li cuers le conte est à Citiaux, Et l'arme [âme] là sus en sains ciaux, Et li cors en gist outre mer
de RUTEBEUF dans 59
Et la contrée du ciel ne aide pas sans plus à la force des corps, ainczois vault moult à la force des couraiges
de Jean Chopinel, dit Jean DE MEUNG dans Végèce, I, 2
5
XIVe s.
Mais aucuns qui se voient en fortune tramper, Cuident aucune fois jusques au ciel aler, Et ne regardent pas des degrez avaler
dans Guesclin. 15180
Dix huit ais de blanc bois, dont on fist le chiel de la dite chapelle
dans Bulletin du comité de la langue, t. II, n° 1, p. 54
6
XVe s.
Il est ravy trop plus hault qu'aux tiers cieulx Et prend pour soy tousjours la chose aux mieulx
de Alain CHARTIER dans Le débat des deux fortunes.
Veux tu mettre ta bouche au ciel [t'en prendre aux grands], parler des grands seigneurs auxquels on ne peut dire : pourquoy faictes vous ainsi ?
de GERSON dans Harangue au roi Charles VI, p. 17
Le roy entra en la ville ; sur lequel quatre gentilhommes et chevaliers demeurans en icelle porterent un ciel ou dais, et estoient toutes les rues par où il passoit tendues à ciel
de J. CHARTIER dans Hist. de Charles VII, p. 209, dans LACURNE
7
XVIe s.
Le ciel ou poisle [de l'autel] est un cedre embasmant Les coeurs humains
de Clément MAROT dans I, 173
Et firent oster de dessus son berceau les ciels, poisles et daix qui y estoient, avec les rideaux et tour du lict
de Vincent CARLOIX dans III, 17
Le soleil est de trois epicycles, c'est à dire ciels ou estages, au dessus de la lune [c'est-à-dire ceux de Mercure, de Vénus et le sien propre]
de Ambroise PARÉ dans Monstr. ap. 4
Je m'asseuroy qu'au changement des cieux Cest an nouveau romproit ma destinée
de Pierre de RONSARD dans Amours, I, 180
De ces nations qui n'ont aulcune cognoissance de vestements, il s'en treuve d'assises environ soubs mesme ciel que le nostre et soubs bien plus rude ciel que le nostre
de Michel de MONTAIGNE dans I, 259
Ce ciel de lit tout enflé d'or et de perles n'a aulcune vertu à rappaiser les trenchées d'une verte colique
de Michel de MONTAIGNE dans I, 326
Ciel immobile on ne cognoist
de Antoine LE ROUX DE LINCY dans Prov. t. I, p. 97

ÉTYMOLOGIE

1
Picard, ciu ; bourguig. cier ; bressan, ciar ; franc-comtois, cié ; wallon, sîr ; provenç. cel ; espagn. et ital. cielo ; du latin coelum, qui se rattache au mot grec qui signifie creux (car l'orthographe caelum paraît devoir être rejetée). Notre pluriel cieux est le cas régime, dans l'ancien français le nominatif pluriel étant li ciel.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

1
Sémantique : En termes de marin, le vieux ciel, le ciel tel qu'il était avant qu'il se couvrît de nuages.
Dès qu'ils [les nuages] sont coupés, et que l'on aperçoit entre eux l'azur du ciel, ou, comme s'expriment les marins, le vieux ciel, on est assuré que le coup de vent touche à sa fin
de LA COUDRAYE dans Théorie des vents et des ondes, p. 45
2
Au théâtre, ciel ouvert, sorte de toiture au-dessus de la scène.
On nous écrit de Lyon : à sept heures et demie environ le ciel ouvert, formant toiture au-dessus de la scène, s'est effondré, et dès lors on put considérer l'incendie comme terminé
dans Gaz. des Trib. 6 nov. 1875, p. 1071, 4e col.
3
Arbre du ciel, le gingko biloba, du Japon
de BAILLON dans Dict. de bot. p. 247

Synonymes de CIEL