Définition de ABHORRER
Prononciation : a-bo-rré
DÉFINITIONS
1
Éprouver de l'horreur pour, repousser avec horreur. Abhorrer quelqu'un. Se faire abhorrer de quelqu'un. Il abhorre la cruauté. Abhorrer le nom de roi.Dans l'éternel oubli je dormirais encore ; Mes yeux n'auraient pas vu ce faux jour que j'abhorre
de Alphonse de LAMARTINE dans Médit. XVIII
Il déteste l'autre, il l'abhorre, parce qu'il y voit tout à la fois et Dieu déshonoré et l'homme perdu
de Louis BOURDALOUE dans Pens. t. III, p. 367
Le Roi n'avait point donné d'ouverture ni de prétexte aux excès sacriléges dont nous abhorrons la mémoire
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans R. d'Anglet.
C'est ce qui me le fait justement abhorrer
de Jean RACINE dans Phèd. I, 5
Honteux d'avoir poussé tant de voeux superflus, Vous l'abhorriez : enfin, vous ne m'en parliez plus
de Jean RACINE dans Andr. I, 1
.... Oracles que j'abhorre, Sans vos ordres, sans vous, mon fils vivrait encore
Sauvez-moi du tourment d'être à ce que j'abhorre
2
S'abhorrer, v. réfl.3
Se haïr réciproquement. Ces deux hommes s'abhorrent.4
Se haïr soi-même.Je hais le monde entier, je m'abhorre moi-même
SYNONYME
1
ABHORRER, DÉTESTER, HAÏR. Les deux premiers mots marquent également des sentiments d'aversion, dont l'un est l'effet du goût naturel ou du penchant du coeur, et l'autre, l'effet de la raison et du jugement. Ou pour mieux dire, suivant l'étymologie, on abhorre tout ce pour quoi on a une horreur, une répulsion ; on déteste tout ce que l'on veut écarter, tenir loin de soi. Dans abhorrer et détester, le sentiment que l'on ressent n'est pas le même : avec le premier on frissonne, avec le second on repousse. C'est pour cela que les auteurs de synonymes ont dit que détester s'applique à ce qu'on ne peut estimer, à ce que l'on condamne, à ce que l'on juge mauvais ; et que abhorrer s'applique à ce qui excite antipathie, répugnance. Cela exposé, on voit quelle nuance sépare ces deux verbes, et comment ils peuvent être pris l'un pour l'autre. Haïr est le terme général, par conséquent il exprime une nuance moins forte. On hait tout ce qu'on déteste et ce qu'on abhorre ; mais dans haïr ne sont pas marquées les distinctions qu'impliquent détester et abhorrer.HISTORIQUE
1
XVIe s.C'est la cause pour quoi de tous sont hués et abhorryz
de François RABELAIS dans Garg. I, 40
Ilz crachoient dedans les platz, affin que les houstes [hôtes], abhorrens leurs infames crachatz, desistassent manger
de François RABELAIS dans Pant. III, 16
Ceux qui soufroient de fait tout ce que font les rois à leurs subjets, detestoient et abhorrissoient encore neantmoins ce nom de roi
de Jacques AMYOT dans Ant. 16
ÉTYMOLOGIE
1
Provenç. aborrir, aorrir ; espagn. aborrecer ; ital. aborrire ; de abhorrere, de ab, indiquant séparation, et de horrere, avoir horreur (voy. HORREUR). La conjugaison a été en ir en provençal, en français et en italien, le verbe latin ayant été transformé en abhorire. C'est après le XVIe siècle qu'on a dit, d'après le latin, abhorrer au lieu d'abhorrir.