Définition de AISE
Prononciation : ê-z'
DÉFINITIONS
1
Sentiment de bien-être et de contentement. Ils avaient toute l'aise que la situation comportait. L'aise est vive et peut se manifester par des mouvements du corps. Tressaillir d'aise.Saint Jean l'entend et il saute d'aise
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans II, Visit. 1
Ce pêcheur d'aise tout transporté
de Pierre CORNEILLE dans D. Sanc. V, 8
Vous le pardonnerez à l'aise de vous voir
de Pierre CORNEILLE dans le Ment. I, 5
L'aise de voir la terre à son pouvoir soumise
de Pierre CORNEILLE dans Pomp. III, 1
Ne dois-je point encore en témoigner de l'aise ?
de Pierre CORNEILLE dans Médée, I, 5
En l'aise de la victoire Rien n'est si doux que la gloire
de François de MALHERBE dans II, 2
Aime.... maintenant l'aise de nos yeux
de François de MALHERBE dans II, 8
Sans jamais en son aise un mal-aise éprouver
de François de MALHERBE dans I, 4
Prince, l'aise et l'amour des âmes et des yeux
de RACAN dans Sonnet.
2
État commode et agréable, liberté. Il est à son aise partout, comme s'il était chez lui.J'étais là bien à mon aise pour mentir
de François René CHATEAUBRIAND dans Itin. 209
Je me trouve fort à mon aise toute seule
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 222
Il est bien à son aise quand il est avec elle
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 580
Que j'en ai de vous voir belle et bien à votre aise
de Abbé Mathurin RÉGNIER dans Sat. XII
Voilà les ecclésiastiques bien à leur aise
de Blaise PASCAL dans Prov. 6
À votre aise, elliptiquement, à votre commodité, quand vous voudrez.
Être mal à son aise, être indisposé.
J'étais mal à mon aise
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 359
Quand l'enfant pleure, il est mal à son aise
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Ém. I
Être mal à son aise, être embarrassé. Devant lui il était mal à son aise.
3
Mettre quelqu'un à son aise, l'encourager, dissiper sa timidité.Le prêtre l'écoutait, le mettait à son aise
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Ém. IV
Se mettre à son aise, pousser la familiarité jusqu'à l'oubli des convenances. Il se met à son aise partout, et nulle considération ne le gêne.
4
Sémantique : Familièrement. N'en prendre qu'à son aise, travailler en son temps, ne faire que ce qui plaît.5
En parler à son aise, discourir de sang-froid des choses au succès desquelles on n'est pas intéressé.Vous en parlez bien à votre aise
de Blaise PASCAL dans Prov. 2
Vous en parlez bien à l'aise
À votre aise vous en parlez
Ce missionnaire fait son métier, il en parle bien à son aise
de Esprit FLÉCHIER dans Serm. II, 208
Elle lui dit qu'il en parlait fort à son aise
de Antoine HAMILTON dans Gramm. 10
6
Être, vivre à son aise, être dans une situation de fortune modeste, mais heureuse.Des louanges toutes pures ne mettent pas un homme à son aise
On ne vaut et l'on n'est heureux qu'autant qu'on se voit à son aise et bien pourvu
de Louis BOURDALOUE dans Exhort. t. I, p. 465
L'argent est rare, c'est pour cela que les paysans sont à leur aise
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Hél. I, 23
Celui qui travaille est aussi à son aise que celui qui a cent écus de revenu sans travailler
Voilà un homme bien riche, bien à son aise
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 608
Ceux qui sont mal à leur aise
de Blaise PASCAL dans Prov. 8
Il n'est malade que de trop d'aise, se dit d'un homme riche qui a de fréquentes incommodités.
7
Paix et aise, doucement, commodément. Il n'a pas un grand bien, mais il vit chez lui paix et aise (vieux dans cette construction). Je ne demande que paix et aise.8
Nature : S. f. plur. Les commodités de la vie.Dieu se contente de vous priver d'une partie de vos aises
de Esprit FLÉCHIER dans Serm. II, 203
Les petites règles qu'il s'est faites et qui tendent toutes aux aises de sa personne
de Jean de LA BRUYÈRE dans II, 45
Elle nous prive du commode, c'est-à-dire des aises de la vie qui, quoique absolument permises, ne laissent pas de fomenter la rébellion de la chair
de Louis BOURDALOUE dans Carême, t. I, p. 86
9
À l'aise, Nature : loc. adv. Commodément, librement.Qu'on est assis à l'aise aux sermons de Cottin
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Sat. IX
Celui qui n'a de partage avec ses frères que pour vivre à l'aise bon patricien, veut être officier
de Jean de LA BRUYÈRE dans 6
Mettre à l'aise, donner de l'espace. Les spectateurs étaient fort serrés ; on les mit à l'aise avec des bancs qu'on apporta.
Sémantique : Fig. L'expédient pour rendre intelligible un auteur si concis et étroitement enveloppé dans son style, c'est de mettre ses pensées plus à l'aise dans une juste étendue de discours.
À son bel aise, Nature : loc. adv. À son aise.
À son bel aise aura lieu de s'instruire
de Jean de LA FONTAINE dans Mazet.
REMARQUE
1
Locution vicieuse : On ne peut pas avoir tous ses aises ; dites : on ne peut pas avoir toutes ses aises.SYNONYME
1
AISES, COMMODITÉS. Les aises disent quelque chose de voluptueux et qui tient de la mollesse. Les commodités expriment quelque chose qui facilite les opérations ou la satisfaction des besoins, et qui tient de l'opulence. Les gens délicats et valétudinaires aiment leurs aises. Les personnes de goût, et qui s'occupent, recherchent leurs commodités, GUIZOT.HISTORIQUE
1
XIIe s.Car qui a à la gloire celestial partir, Li covient estre el cors à les eises fuïr, Ensi cum sainz Polz dict....
dans Th. le Mart. 79
Jamais [nous] n'aurons tel aise [facilité] de nos hontes vengier
dans Sax. VI
2
XIIIe s.Lors furent li nostre mout à aise et mout riche
de Geoffroi de VILLEHARDOUIN dans CXXXII
3
XVe s.L'aise que j'ay, dire je ne sauroye
de Charles D'ORLÉANS dans Bal. 38
En ce mortel monde ne faut y prendre ses aises ni constituer sa fin
de Alain CHARTIER dans Consolation des trois vertus.
Et ainsi qu'ils venoient [les Écossais], ils se logeoient à l'usage de leur pays, et n'avoient pas tous leurs aises
de Jean FROISSART dans II, II, 235
C'est un mol chevalier qui ne veut autre chose que ses aises, de boire et de manger et de aloer le sien follement
de Jean FROISSART dans II, III, 12
Je le remercie grandement des beaux presens qu'il m'a presentés ; mais ce n'est mie l'aise ni la paix du roi d'Angleterre, monseigneur, que je les retienne
de Jean FROISSART dans I, I, 300
Pour avoir l'aise de eux et de leurs chevaux
de Jean FROISSART dans II, II, 3
Le roy d'Angleterre lequel aymoit fort ses aises et ses plaisirs
de Philippe de COMMINES dans IV, 3
Et prierent le dit Anthoine qu'il se parteist de leur escot et les laissast à leur privé et faire leur aise
de Victor Henri-Joseph Brahain, dit DU CANGE dans aisamenta.
4
XVIe s.Ne pleurons plus si ce n'est de grand'aise, Puis qu'en vers nous l'ire de Dieu s'appaise, Tant nous aymant, que de mortel mesaise Tire le roy
de Clément MAROT dans II, 272
Et de ma part, tant pour vostre aise que pour la nostre, il vous en prie autant que luy est possible
Je sens vostre aise tel pour avoir Mme la Mareschale avecques vous, qu'il ne vous souvient de vos amys
Là, assis à nos aises, chacun dira quelque histoire
de Marguerite de Navarre, dite aussi de Valois, ou d'Angoulême, reine de Navarre dans Nouv. Préface
Vous en parlez bien à votre aise ; mais....
Elle vequit longtemps, par sa finesse fort à son aise ; - c'est un aise bien malheureux, dit Oisille, quand il est fondé sur le peché
Se mettre à son ayse
de Michel de MONTAIGNE dans I, 8
L'ame doibt faire luire jusques au dehors son repos et son aise
de Michel de MONTAIGNE dans I, 175
Les soeurs de Pernette estoient jalouses de son aise, et de ce qu'elle marchait la première
de Bonaventure DESPÉRIERS dans Contes, CXXIX
Puis l'ayant prié de prendre son aise [de s'asseoir], commencerent à deviser de diverses choses
de Jacques YVER dans p. 638
Le reste de l'armée eut tout loisir de marcher à son aise jusques là
de Jacques AMYOT dans Fab. 17
Ceste nouvelle joye survenue par dessus l'aise de la victoire....
de Jacques AMYOT dans Marius, 38
ÉTYMOLOGIE
1
Bressan, éso ; franc-comtois, aze ; bourguign. ase ; wallon, âhe ; namurois, auje ; provenç. ais ; anc. ital. asio ; ital. mod. agio ; anc. catal. aise ; portug. azo ; angl. ease ; anglo-sax. âdhe, eadhe, facile ; vieux sax. ôdhi, ôthi, facile ; gaél. âthais, adhais, aise ; corn. aizia, mettre à l'aise ; bas-bret. éaz, ez, aisé. Mot d'origine incertaine. On l'a rattaché au gothique azêts, aisé. Quant au basque, aisia, aisina, il paraît venir du provençal et non en être l'origine. En somme, il y a dans l'allemand et dans le celtique une racine adh, az, ais, qui est sans doute la source du mot roman.