Définition de FINESSE

DÉFINITIONS - SYNONYME - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : fi-nè-s'

DÉFINITIONS

1
Qualité de ce qui est fin, c'est-à-dire de ce qui a le caractère d'une élégante délicatesse. Il y a beaucoup de finesse dans cette plaisanterie. Réponse pleine de finesse. Finesse de vues, d'aperçus.
Jamais Lamotte n'aura ce style, disaient-ils ; quelle finesse et quelle grâce ! on reconnaît la Fontaine à chaque mot ; la fable était de Lamotte
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Mél. littér. à M. de Laharpe
2
Il se dit de ce qui a une forme délicate et élégante. La finesse des contours dans une figure, dans un dessin.
La tête a aussi plus de finesse ; ce qui lui rend la physionomie agréable
de Georges Louis Leclerc, comte de BUFFON dans Quadrup. t. XII, p. 109, dans POUGENS
C'était la belle Desfourniels qui, pour la régularité, la délicatesse des traits et leur finesse inimitable, était le désespoir des plus habiles peintres
de Jean-François MARMONTEL dans Mém. III
Sémantique : Terme de sculpture, de peinture et de gravure. Finesse de ciseau, de pinceau, de burin, manière délicate et gracieuse de sculpter, de peindre, de graver.
Elle est sans finesse.... mais tant mieux.... oui, mais j'entends sans finesse de pinceau
de Denis DIDEROT dans Salon de 1765, Oeuv. t. III, p. 343, dans POUGENS
Finesses de touche, finesses de ton, effets de touche, de ton, remarquables par leur grâce et leur délicatesse.
Qualité de ce qui est svelte et élégant. La finesse de la taille.
3
Qualité de ce qui est fin, délié, menu. Du linge d'une grande finesse. La finesse des cheveux, d'une dentelle.
4
Subtilité des sens. Il a l'ouïe d'une grande finesse.
5
Qualité qui fait que l'esprit, par la délicatesse, saisit et perçoit les choses fines. La finesse du jugement. La finesse du goût. La grâce et la finesse de la Fontaine.
Le mot de finesse ne saurait non plus l'avoir fâché en l'endroit où il est ; il ne signifie autre chose qu'adresse, que science, que subtilité
de Jean-Louis GUEZ de BALZAC dans Lettres, I, 4, dans RICHELET
Le sage nous avertit que la vraie finesse est de bien connaître non la voie des autres, mais sa voie propre
de NICOLE dans Ess. mor. 2e traité, chap. 5
.... Pour dire un mot faut-il tant de finesse ?
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Tart. I, 6
[L'esprit] C'est une finesse de raison qui s'évapore, et qui est d'autant plus faible et plus sujette à s'évanouir qu'elle est plus délicate et plus épurée
de Esprit FLÉCHIER dans Mme de Montausier.
Dans la conduite, finesse exprime toujours, comme dans les arts, quelque chose de délié
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Dict. phil. Finesse.
Par une grande finesse de discernement, on distinguera les pensées stériles des pensées fécondes
de Georges Louis Leclerc, comte de BUFFON dans Disc. de réception.
La finesse semble être la qualité dominante de son esprit ; mais il l'a portée à un si haut degré, il l'a si heureusement employée, et elle l'a si bien servi que cette qualité prend chez lui un caractère de grandeur, et produit ce sentiment d'admiration et d'étonnement qui semble réservé aux prodiges qu'en fantent la force et la profondeur du génie
de Marie-Jean Antoine Caritat, marquis de CONDORCET dans Daniel Bernoulli.
Nature : Absolument, finesse se dit pour finesse d'esprit. Sa physionomie exprime la finesse.
La finesse imagine au lieu de voir ; à force de supposer elle se trompe
de Charles Pinot, sieur DUCLOS dans Consid. moeurs, chap. 13
Parole, action qui dénote de la finesse.
Gardez-vous bien d'imiter ces personnes qui applaudissent aux enfants lorsqu'ils ont marqué de l'esprit par quelque finesse
de François de Salignac de La Mothe FÉNELON dans Éduc. des filles, chap. 9
Entendre finesse à quelque chose, y donner un sens fin et quelquefois malin, en tout cas ne pas la prendre dans le sens qui se présente.
Nous le verrions pendre que nous y entendrions encore quelque finesse
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 301
Ceux qui n'y entendaient point de finesse....
de Antoine HAMILTON dans Gramm. 10
On inspire la défiance en employant toujours la finesse ; on se trompe presque toujours en entendant finesse à tout
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Dict. phil. Finesse.
Ils sont au comble de l'esprit, lorsqu'ils savent entendre finesse à tout
de Charles-Louis de Secondat MONTESQUIEU dans Lett. pers. 82
On dit de même : chercher finesse à une chose. Il ne faut pas chercher de finesse à ce que je vous dis.
N'y pas savoir de finesse, ne pas vouloir tromper, faire illusion.
Il y en a parmi eux [les médecins] qui sont eux-mêmes dans l'erreur populaire, dont ils profitent ; et d'autres qui en profitent sans y être ; votre monsieur Purgon, par exemple, n'y sait point de finesse ; c'est un homme tout médecin, depuis la tête jusqu'aux pieds
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Mal. imag. III, 3
Moi, je n'y sais point de finesse ; j'avertis qu'elle finira une heure au moins plus tôt qu'une autre pièce
de Jean-François REGNARD dans Fol. amour. Prol.
Faire finesse d'une chose, ou, simplement, faire finesse, cacher, dissimuler ce qu'on ne devrait pas dissimuler.
Nous n'avions point dessein de vous faire de finesse
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 249
Je n'en ai pas fait de finesse à monsieur le chevalier
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 531
Je ne voudrais pas faire finesse de tout
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Lett. abb. 247
6
Il se dit de la chose même qui est difficile à saisir, à sentir.
On m'a prêté un exemplaire des remarques de M. de Vaugelas avec des notes écrites de la main de feu M. Chapelain, à qui aucune finesse de notre langue n'était inconnue
de Claude Favre de VAUGELAS dans Rem. not. Th. Corn. t. I, p. 40, dans POUGENS
Presque personne ne savait les finesses de la versification [avant Racine]
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Dict. phil. Art dramat.
Il [Aristote] veut que l'orateur connaisse les passions des hommes et les moeurs, les humeurs de chaque condition ; je ne crois pas qu'il y ait une seule finesse de l'art qui lui échappe
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans ib. Aristote.
Les finesses de l'art sont rarement dues aux premiers inventeurs
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Newton, II, 9
7
Supercherie, ruse.
Enfin j'ai vu le monde et j'en sais les finesses
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Éc. des femmes, IV, 5
Je vous ai soupçonnée de finesse ; je suis bien aise de m'être trompée
de Françoise d'Aubigné, marquise de MAINTENON dans Lett. à Mme de la Viefville, 23 fév. 1705
La finesse est l'occasion prochaine de la fourberie ; de l'une à l'autre le pas est glissant
de Jean de LA BRUYÈRE dans VIII
Avec les gens qui par finesse écoutent tout et parlent peu, parlez encore moins ; ou, si vous parlez beaucoup, dites peu de chose
de Jean de LA BRUYÈRE dans
Elles [les filles] estiment la finesse ; et comment ne l'estimeraient-elles pas, puisqu'elles ne connaissent pas de meilleure prudence ?
de François de Salignac de La Mothe FÉNELON dans Éduc. filles, ch. 9
La finesse est un mensonge en action ; et le mensonge part toujours de la crainte ou de l'intérêt, et par conséquent de la bassesse
de Charles Pinot, sieur DUCLOS dans Consid. moeurs, ch. 13
Il [Louis XI] introduisait trop souvent dans la politique la finesse, qui la supplée rarement et qui l'avilit toujours
de Charles Pinot, sieur DUCLOS dans Hist. de Louis XI, Oeuvres, t. III, p. 357, dans POUGENS.
La finesse n'a jamais réussi à personne dans les grandes choses
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Lett. Catherine, 21 sept. 1770
Acte de finesse, de ruse.
Bien qu'il parle de paix, ce n'est qu'une finesse Pour trouver un moyen de revoir la princesse
de DESMARETS dans Mirame, I, 1
On les voit [les animaux] attaquer et se défendre aussi industrieusement qu'on le puisse imaginer, ruser même ; et, ce qui est plus fin encore, prévenir les finesses, comme il se voit tous les jours à la chasse, où les animaux semblent montrer une subtilité exquise
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Connaiss. V, 1
Ce que j'appelle ici mauvaises finesses, ne sont pas seulement les finesses grossières ou les raffinements trop subtils, mais en général toutes les finesses qui usent de mauvais moyens
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Politique, V, II, 9
Jamais ces misérables finesses que les religieuses prennent pour habileté
de Françoise d'Aubigné, marquise de MAINTENON dans Lett. à Mme de la Viefville, 17 oct. 1707
Il n'est plus question de deviner les finesses des prêtres par des moyens qui pourraient eux-mêmes paraître trop fins ; un temps a été qu'on les a découvertes de toutes parts aux yeux de toute la terre, ce fut quand la religion chrétienne triompha hautement du paganisme
de Bernard le Bouyer de FONTENELLE dans Oracl. I, 17
C'étaient de petites finesses [d'Auguste] pour se faire donner ce qu'il ne croyait pas avoir assez acquis
de Charles-Louis de Secondat MONTESQUIEU dans Rom. XII
Prenez garde que toutes ces histoires de maîtres supposés sont de vieilles finesses, des moyens de comédie
de Pierre Augustin Caron de BEAUMARCHAIS dans Barb. de Sév. III, 2
Des finesses cousues de fil blanc, des artifices grossiers, métaphore prise des tailleurs mal habiles qui font des coutures grossières et avec du fil blanc.
Il est au bout de ses finesses, c'est-à-dire il est au bout de ses inventions pour tromper.

SYNONYME

1
1. FINESSE, SUBTILITÉ., La subtilité de l'esprit est la finesse poussée à l'excès et devenue un défaut.
2
2. FINESSE, PÉNÉTRATION., La pénétration perce les choses difficiles, obscures. La finesse discerne les choses fines et qui échappent facilement à la vue.
3
3. FINESSE, RUSE., La finesse, en ce sens, n'est que la finesse d'esprit conduite jusqu'à un mauvais usage. Il reste donc toujours quelque chose de fin, de délié, qui peut manquer tout à fait à la ruse.

HISTORIQUE

1
XVe s.
Jouer une finesse [jouer un mauvais tour]
de Victor Henri-Joseph Brahain, dit DU CANGE dans fictitia.
Leur administrer bastons ou armeures deffensables pour faire leurs finesses [leur mauvais coup]
de Victor Henri-Joseph Brahain, dit DU CANGE dans ib.
Et à qui que feisse finesse [courtoisie, service], Il ne m'aymoit que pour le myen
de François de Montcorbier, dit VILLON dans Regrets de la belle Heaulmyère.
2
XVIe s.
Combattre de vertu, non de finesse [adresse]
de Michel de MONTAIGNE dans I, 23
Je ne meslois à mes jeux ni tricotterie ni finesse [astuce]
de Michel de MONTAIGNE dans I, 109
Quelqu'un proposoit contre Cleanthes des finesses dialectiques
de Michel de MONTAIGNE dans I, 190
Il leur feit cognoistre que toutes leurs finesses n'estoient que jeux d'enfans
de Jacques AMYOT dans Philop. 22
Finesse est une parolle mitoyenne entre la prudence et la tromperie
de Étienne PASQUIER dans Recherches, liv. VIII, p. 756, dans LACURNE

ÉTYMOLOGIE

1
Fin 2 ; provenç. fineza, pureté ; catal. finesa ; espagn. fineza ; ital. finezza.

Synonymes de FINESSE

Termes proches de FINESSE