Définition de DEBOUT
Prononciation : de-bou ; le t se lie : de-bou-t ou couché
DÉFINITIONS
1
Il se dit de ce qui est dressé et posé sur un de ses bouts. Mettre une colonne, un tonneau, une table debout.Pièce de bois placée debout, pièce placée de manière à résister suivant le sens des fibres du bois.
Être debout, être encore debout, se dit des choses qui ont échappé à une destruction presque inévitable.
Ils vivent cependant et leur temple est debout
de Jean RACINE dans Athal. II, 5
Nos cosaques n'auraient pas laissé une chaumière debout
de Jacques Henri BERNARDIN DE SAINT-PIERRE dans Voy. en Silésie.
Sémantique : Fig. Ce vieil empire était encore debout. Ce marchand, en dépit des pertes qu'il a faites, est encore debout.
2
Être droit sur ses pieds, en parlant d'une personne. Se tenir debout.Debout ou assis, on peut donner un mauvais jugement
Le roi et la reine mangent tristement ; Mme de Richelieu est assise, et puis les dames, selon leurs dignités, les unes assises, les autres debout
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans Lett. 22 janv. 1674
Debout à ses côtés le jeune Éliacin Comme moi le servait en long habit de lin
de Jean RACINE dans Athal. II, 2
Alors, la femme se tenant debout devant le seigneur, le prêtre lui découvrira la tête
de Isaac Louis Lemaistre de SACY dans Bible, Nombr. V, 18
Entrons ; d'être debout à la fin on se lasse
de BOURSAULT dans Merc. gal. II, 8
Nous avons dîné debout, remettant de manger mieux et plus à notre aise au soupé dans notre nouveau gîte
Tout un peuple debout sur le seuil les attend
de Casimir DELAVIGNE dans la Popularité, IV, 6
Debout, loc. interj. Lève-toi, levez-vous.
Le sommeil sur ses yeux commence à s'épancher ; Debout ! dit l'Avarice, il est temps de marcher
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Sat. VIII
Debout [à une fille qui était à genoux] ! Plus votre coeur répugne à l'accepter, Plus ce sera pour vous matière à mériter
Il était botté jusqu'à la ceinture, et, faisant claquer un maudit fouet qu'il tenait à la main : debout, monsieur le chevalier, s'écria-t-il en ouvrant mes rideaux
de Antoine HAMILTON dans Gramm. 3
Laisser quelqu'un debout, ne pas le faire asseoir. Il me laissa debout tout le temps que je restai avec lui.
Sémantique : Fig. et familièrement. Il ne peut que tomber debout, se dit d'un homme qui a des ressources pour se soutenir en dépit des disgrâces qui arrivent ou peuvent arriver. On dit dans le même sens tomber sur ses pieds.
3
Être debout, se tenir sur les pieds de derrière, en parlant des animaux.La marmotte mange debout comme l'écureuil
de Georges Louis Leclerc, comte de BUFFON dans Marmotte.
Sémantique : Terme de blason. Debout, se dit des animaux qui sont représentés droits et posés sur les pieds de derrière.
4
Être debout, être levé, hors de son lit. Tout le monde était debout dès le matin.Les soldats d'Alexandre couchent sur la terre, et jamais le jour ne les trouve que debout
de Claude Favre de VAUGELAS dans Q. C. III, 2
Sémantique : Fig.
Il crut qu'un évêque plus qu'un empereur devait mourir debout et dans l'exercice de sa charge
de Esprit FLÉCHIER dans Panég. I, p. 312
Nous sommes condamnés l'un et l'autre à mourir debout
L'ange exterminateur est debout avec nous
de Jean RACINE dans Athal. V, 4
Sémantique : Terme de vénerie. Mettre un animal debout, le lancer.
5
Dormir debout, éprouver un extrême besoin de sommeil.Conte à dormir debout, récit ennuyeux ; promesses en l'air.
Je dis que ce sont des contes à dormir debout
Les contes à dormir debout, dont vous me régalâtes l'année passée
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Préf. de Cath. Vadé.
6
On dit que du bétail passe debout dans une ville, quand il n'y couche point, n'y est point vendu et n'y doit point les droits d'entrée ; et, par extension, passer debout se dit des marchandises qui, traversant une ville ou un pays, y passent sans payer de droit ou sans être visitées.7
Sémantique : Terme de marine. Avoir vent debout, ou de bout, suivant l'orthographe de quelques-uns (ce qui n'est autre que résoudre le mot en ses éléments), avoir vent contraire, c'est-à-dire vent soufflant sur la proue du vaisseau.Être debout au vent, à la lame, au courant, y présenter l'avant du vaisseau.
Aborder un bâtiment debout au corps, lui mettre l'éperon dans le flanc.
Debout les avirons ! signal de lever en l'air les avirons, ce qui est un salut d'honneur.
8
Sémantique : Terme de menuiserie. Bois debout, bois coupé, scié, travaillé perpendiculairement au fil. Le bois debout ne peut pas se bien raboter ni polir.HISTORIQUE
1
XIIe s.Tut de but [à côté] se tenerent cil trei [ces trois] partut al rei, Ne il ne voleient faire pur Deu ne ço ne quei
dans Th. le mart. 69
2
XIIIe s.Li pors [le porc] qui tant curu [couru] avoit, En l'espié se feri debot
dans Ren. 22514
Non pas pour ce, mon escient, à moi [le juge] se tiendra tout debout [pour cela le juge ne sera pas de mon côté]
de LE COMTE DE BRETAGNE dans Romancero, p. 163
Aucunes fois avient que li barons [mari] est trouvés mors debout [à côté] se [sa] fame, et le [la] fame debout son baron ; et quant il avient, l'en doit penre garde au mort, se il pert [apparaît] l'en li ait che fet ; et se il li pert, che est grant presomption contre le vivant se il ne cria
de Philippe de BEAUMANOIR dans dans LACURNE
Car Haibers vot [voulut] avoir debout [absolument] Partie del roiaume ou tout
de PH. MOUSKES dans ms. p. 38, dans LACURNE
La langue li prent à fremir De lecherie et de corroz ; En la fosse sailli deboz, Por ce qu'il en voloit avoir
dans Ren. 24640
3
XVe s.Dieu, prevoiant leurs faultes futures, leur a souffert de longue main preparer à deux debouts de leur clos deux verges, Bordeaux et Carais
de CHASTEL. dans Chron. du duc Philippe, Proesme.
4
XVIe s.Puys furent introduictz les empoisonnez ; elle leur sonna une aultre chanson, et gens debout
de François RABELAIS dans Pant. V, 20
L'empereur Vespasien estant malade de la maladie dont il mourut.... et dans son lict mesme depeschoit plusieurs affaires de consequence ; et son medecin l'en tansant comme de chose nuisible à sa santé : il faut, disoit-il, qu'un empereur meure debout
de Michel de MONTAIGNE dans III, 89
ÉTYMOLOGIE
1
De et bout, comme le prouvent les anciens exemples : un soliveau est de bout, parce qu'il est sur le bout, et, par assimilation, un homme est de bout. Cependant des étymologistes ont voulu voir, dans debout, terme de marine (vent debout), un composé hybride avec la préposition de et l'anglosaxon bow, danois bug, anglais bow, qui signifient l'avant d'un vaisseau ; mais il n'y a aucune raison pour aller chercher si loin une étymologie, et bout suffit bien à ce sens particulier, car l'avant est le bout du vaisseau.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
1
Sape debout, voy. SAPE.2
Nature : S. m. Sémantique : Terme d'ancienne coutume, en Bretagne. Debouts à éteinte de chandelle, vente qui se faisait à l'aide de bougie ou à extinction de feu.