Définition de REBUT

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : re-bu ; le t ne se prononce pas et ne se lie pas dans le parler ordinaire ; au pluriel, l's se lie :

DÉFINITIONS

1
Action de rebuter.
Lorsque par les rebuts une âme est détachée, Elle veut fuir l'objet dont elle fut touchée
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans le Dép. I, I
Si on ne trouvait plus de douceur dans le mépris, dans la pauvreté, dans le dénûment et dans le rebut des hommes, que dans les délices du péché
de Blaise PASCAL dans Lett. à Mlle de Roannez, 6
Il faut que le monde nous désabuse du monde ; ses appas ont assez d'illusions, ses faveurs assez d'inconstance, ses rebuts assez d'amertume
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans la Vallière.
On ne peut presque leur parler sans s'exposer à une réponse désagréable ; et l'on a beau prendre toutes les précautions possibles, il y a toujours de leur part quelque rebut à essuyer
de Louis BOURDALOUE dans Retraite spirit. 6e jour.
Quels rebuts, quelles traverses n'endure-t-on pas pour un fantôme de gloire mondaine !
de François de Salignac de La Mothe FÉNELON dans t. XVIII, p. 40
2
Ce qui est rebuté, ce qu'il y a de plus mauvais.
Elle [Rome] a le coeur trop bon pour se voir avec joie Le rebut du tyran dont elle fut la proie
de Pierre CORNEILLE dans Cinna, II, 2
Le rebut de madame est une marchandise Dont on aurait grand tort d'être si fort éprise
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Mis. V, 6
[L'homme] quel sujet de contradiction, juge de toutes choses, imbécile ver de terre.... gloire et rebut de l'univers !
de Blaise PASCAL dans Pens. VIII, 1, éd. HAVET.
Les ouvrages qui ont été les délices et l'admiration de la vieille cour sont le rebut des provinces et du peuple
de BOUHOURS dans Entret. d'Ar. et d'Eug. II
M'en irai-je moi seul, rebut de la fortune, Essuyer l'inconstance au Parthe si commune ?
de Jean RACINE dans Mithr. III, 1
Ces Juifs, dont vous voulez délivrer la nature, Que vous croyez, seigneur, le rebut des humains
de Jean RACINE dans Esth. III, 4
Vous serez rejeté comme une pierre de rebut
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Carême, Mauv. riche.
La fréquence et l'inutilité de ses sollicitations pour l'Académie, avait jeté un air de rebut sur ce candidat si opiniâtre et si malheureux
de Jean Le Rond D'ALEMBERT dans Éloges, Trublet.
C'est le rebut du genre humain, de la nature, se dit d'un homme vil et méprisable.
Marchandises de rebut, choses de rebut, marchandises, choses qui ont été rebutées ou qui méritent de l'être.
Forcée de vendre jusqu'aux meubles de rebut que vous lui aviez envoyés
de Pierre de MARIVAUX dans Marianne, 2e part.
On dit de même : être au rebut, mettre au rebut.
Nature : Elliptiquement. Au rebut, mettez, mettons au rebut.
Voici une paperasse qu'un savant Suisse me donne pour l'article Isis [dans l'Encyclopédie] ; si l'article n'est pas fait à Paris, si celui-ci est passable, faites-en usage ; sinon, au rebut
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Lett. d'Alembert, 29 févr. 1757
Sémantique : Terme d'administration des postes. Mettre une lettre au rebut, la mettre à l'écart, parce qu'on n'a pas trouvé le destinataire.

HISTORIQUE

1
XVIe s.
Le roy luy feit un fort aspre rebut pour ceste importune demande
de Jacques AMYOT dans Thém. 53
Depuis ce rebut là [échec] les Gaulois commencerent à perdre courage
de Jacques AMYOT dans Cam. 48
À l'advis d'Anacharsis, le plus heureux estat d'une police seroit où, toutes aultres choses estants eguales, la precedence se mesureroit à la vertu, et le rebut au vice
de Michel de MONTAIGNE dans I, 335

ÉTYMOLOGIE

1
Voy. REBUTER. On disait au XVe siècle reboutement au sens de rebut.

Synonymes de REBUT

Termes proches de REBUT