Définition de OMBRAGE

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : on-bra-j'

DÉFINITIONS

1
Réunion d'arbres, de branches, de feuilles qui donnent de l'ombre.
Les cerfs sont étonnés d'y perdre leurs ombrages
Mes arrière-neveux me devront cet ombrage
Je trouve des promenades que j'ai faites, et dont le plant me donne un ombrage qui me fait souvenir que je ne suis pas jeune
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans Lettre à Bussy, 9 oct. 1675
Je reposais sous l'ombrage, Quand Néris vint m'éveiller
de Pierre Jean de BÉRANGER dans Double ivr.
Sémantique : Poétiquement. Les ombrages verts, l'ombre que font les arbres quand ils sont garnis de leurs feuilles.
2
Sémantique : Par analogie. Obscurcissement, absence de lumière.
Prenez garde comme l'art de la peinture y est bien observé, soit aux raccourcissements, soit aux ombrages ou aux proportions
de D'URFÉ dans Astrée, I, 11
Et j'ai devant les yeux toujours quelque nuage Qui m'offusque la vue et m'y jette un ombrage
Nos sens sont des trompeurs dont les fausses images à notre entendement n'offrent rien d'assuré, Et ne lui font rien voir qu'à travers cent nuages Qui jettent mille ombrages Dans l'oeil mal éclairé
Comme le jour des nuits efface les ombrages, Ou comme le soleil dissipe les nuages
de SENECÉ dans Lett. à Mme ***.
Faire ombrage, projeter une ombre qui nuit.
Je fais jeter de grands arbres à bas, parce qu'ils font ombrage
3
Sémantique : Fig. Soupçon, défiance (attendu que l'ombre excite la défiance et l'inquiétude, particulièrement chez les chevaux).
Ton esprit amoureux n'aura-t-il point d'ombrage ?
L'un conçoit de l'envie et l'autre de l'ombrage
Grâces aux immortels, l'effort de mon courage Et ma grandeur future ont mis Rome en ombrage
La prudence et l'honnêteté peuvent bien diminuer la jalousie que l'intérêt fait naître entre les égaux ; mais elles ne peuvent jamais ôter tout l'ombrage que met dans l'esprit des supérieurs le soin de leur sûreté
Quand d'un injuste ombrage Votre raison saura me réparer l'outrage
Vivez, solennisez vos fêtes sans ombrage
Son humeur aigrie et portée à la défiance et aux ombrages par des malheurs continuels
Faire ombrage, causer de l'inquiétude, des soupçons.
Tout vous nuit, tout vous perd, tout vous fait de l'ombrage
Un visir aux sultans fait toujours quelque ombrage
Il pourrait même, sans un grand raffinement d'amour-propre, être humilié de cette bienveillance dédaigneuse, et se plaindre de ne faire à personne assez d'ombrage pour mériter au moins un ennemi
de Jean Le Rond D'ALEMBERT dans Élog. St-Aulaire.
On murmure, on m'alarme, et tout me fait ombrage
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Oreste, II, 3
Prendre ombrage, devenir jaloux, se chagriner, s'inquiéter.
Si bien que le sénat, prenant un juste ombrage D'un empire si grand sous un si grand courage....
Et mon mari, de vous, ne peut prendre d'ombrage
Tout autre aurait pour moi pris les mêmes ombrages
Donner ombrage, donner de la jalousie, de l'envie, de l'inquiétude.
Le moindre vaisseau dans la plage Nous donne aussitôt de l'ombrage
Je sais qu'Idoménée a eu le malheur de vous donner des ombrages ; mais il est aisé de guérir toutes vos défiances
Sous Domitien, la religion chrétienne commença à donner quelque ombrage au gouvernement

HISTORIQUE

1
XIIIe s.
Fai nous oeil à oeil sans ombrage, Face à face, non par image, Ton fill veoir en majesté
dans le Miserere du reclus de Moliens, dans GODEFROY, Lex. de Corneille
2
XVIe s.
Un cler ruisseau bruyant près de l'umbrage
de Clément MAROT dans III, 293
Ils ont aperceu seulement de loin et en ombrage ce que nous voyons aujourd'hui en pleine clarté
Ce sont des ombrages qui leur viennent de quelques conceptions informes
de Michel de MONTAIGNE dans I, 188
Cette femme sentant les premiers ombrages de grossesse....
de Michel de MONTAIGNE dans II, 14
Ils sacrifioient des pourceaux en figure, payants Dieu en peincture et en umbrage
de Michel de MONTAIGNE dans II, 136
Epicurus tient l'homme sage n'avoir qu'un umbrage et similitude du bonheur
de Michel de MONTAIGNE dans II, 268
Les dogmatistes les plus fermes sont contraints en cet endroit, de se rejecter à l'abry des umbrages de l'Academie
de Michel de MONTAIGNE dans II, 304
Tes bois Dont l'ombrage incertain lentement se remue
de Pierre de RONSARD dans Forêt de Gastine.

ÉTYMOLOGIE

1
Provenç. umbratge ; du lat. umbraticus, qui vient de umbra, ombre. Dans l'ancienne langue, ombrage est adjectif et signifie soit ombreux, obscur :
La prison onbrage
de QUESNES dans Romanc. p. 94
Gardés que vous ne soiiez ombrage vers lui, ne changeans de vostre talent
de H. DE VALENC. dans XII

Synonymes de OMBRAGE

Termes proches de OMBRAGE