Définition de CONTRARIER

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE - SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE -

Prononciation : kon-tra-ri-é

DÉFINITIONS

1
Dire, vouloir, faire le contraire de. Il me contrarie toujours. Contrarier une opinion, la contredire.
Il en vient jusque-là que de se méconnaître, De contrarier tout et de faire le maître
Nature : Absolument. Il aime à contrarier.
2
Faire obstacle. Les conjonctures contrarièrent nos projets. Un mouvement qui en contrarie un autre. Contrarier une interprétation.
Et lui du même temps, par une erreur extrême, Pour nous contrarier est contraire à lui-même
On voyait ce médecin toujours suivre la nature, l'aider quelquefois et ne la contrarier jamais
3
Sémantique : Familièrement. Causer du dépit. Je n'ai pas réussi, cela me contrarie.
4
Se contrarier, Nature : v. réfl. Se causer réciproquement de la contrariété. Ils prenaient plaisir à se contrarier.
Se contrarier, éprouver de la contrariété. Cet homme est susceptible, il se contrarie facilement.
Être en contradiction.
Vous dites des choses qui se contrarient
de René DESCARTES dans Rép. 2
Se faire obstacle. Ces mouvements se contrarient.

HISTORIQUE

1
XIe s.
Li archevesques les ot [ouit] contrarier
dans Ch. de Rol. CXXX
Pour Deu [je] vous prie, ne vous cuntraliez
de René DESCARTES dans ib.
2
XIIe s.
[Il] Oit [entend] Olivier qui si le contralie
dans Ronc. p. 82
Li arcivesque les ouit contrarier
dans ib. p. 83
Pas [il] nel salue, ainz l'a contralié
dans ib. p. 186
Carles, tort en a Bueves qui si vous contralie
dans Sax. X
Li quens Raoul ot moult le cuer irié Por les borgois qui l'ont contraloié
dans Raoul de C. 59
3
XIIIe s.
Et li remanans demourroient ici et garderoient le castiel, et contralieroient les François et lor feroient despendre les deniers le roi
dans Ch. de Rains, p. 66
S'il sunt esleu deus arbitre, ou quatre, ou six ou plus, mais qu'il soient per, et se le [la] moitié des persones se contrarient de l'opinion as autres à rendre lor dit, il est de nule valor
de Philippe de BEAUMANOIR dans XLI, 5
4
XIVe s.
Les gens ont en haine ceulz qui contrarient à leur mouvement et à leur volentés
Quant un homme nuist et fait peine hors la loy à aucun qui ne li contrarioit pas ou nuisoit, il fait injuste
de Nicolas ORESME dans ib. 167
Li chastelains estoit dessus la tour antie, Et voit le roi Henri qui ainsi contralie
dans Guesclin. 14484
Non pourquant se commenche moult fort à courrechier, Et li sergans se painne de lui contralier
dans Baud. de Seb. VII, 417
5
XVe s.
Il sentoit encore plusieurs villes et chasteaux qui contrarioient grandement le pays
D'Arras, Noyon et des païs divers Vont les princes pour lui contrarier [s'opposer à lui]
de Eustache DESCHAMPS dans Conseils des François.
6
XVIe s.
Il faut dire que l'Escriture se contrarie, ou que Dieu regarde les merites de ceux qu'il elit
Les promesses de salut ne contrarient nullement à la predestination des reprouvez
de Jean CALVIN dans ib. 788
Nous ne pourrons autrement discerner entre les conciles qui se contrarient l'un à l'autre
de Jean CALVIN dans ib. 939
Celui qui ne se soucie de lui [Dieu] contrarier, mal-aisement se pourra-il accorder avec les hommes
Il le feit bannir comme contrariant au bien et à l'authorité du peuple
de Jacques AMYOT dans Péric. 18
Ilz luy persuaderent que, chassant de la ville ceulx qui luy voudroient contrarier, il meist....
de Jacques AMYOT dans Pélop. 10

ÉTYMOLOGIE

1
Berry, contralier ; provenç. et espagn. contrariar ; ital. contrariare ; du latin contrarius, contraire. Contralier se trouve, dans l'ancien français, concurremment avec contrarier ; est-ce le même mot, avec changement de l'r en l ? ou bien faut-il voir, dans contralier, un autre mot dérivé de contra alium ? contraloier n'est qu'une autre forme du même mot, comme loier pour lier, proier pour prier.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

1
Deux cheminées sont dites se contrarier, quand on ne peut allumer du feu en même temps dans toutes les deux.

Synonymes de CONTRARIER

Termes proches de CONTRARIER