Définition de FAT
Prononciation : d'après l'Académie, le t se prononce ; au XVIIe siècle, Chifflet, Gramm. p. 217, note aussi que le t
DÉFINITIONS
1
Sot, niais.Mais suis-je pas bien fat de vouloir raisonner Où de droit absolu j'ai pouvoir d'ordonner ?
Nature : Substantivement.
Monsieur, sortons aussi, ne faisons point les fats ; Ces deux messieurs pourraient revenir sur leurs pas
de Noël LEBRETON, sieur de HAUTEROCHE dans le Souper, 23
Me voilà pris comme un fat, et, sans un peu d'effronterie, j'aurai peine à sortir d'intrigue
de Florent Carton, sieur d'Ancourt, dit DANCOURT dans Été des coquettes, sc. 21
Autrefois sur l'honneur on était délicat ; Un mari qui s'en pique à présent est un fat
de Philippe Néricault DESTOUCHES dans Irrésolu, I, 7
Ce sens, qui est le sens propre, a vieilli.
2
Qui est à la fois sans jugement et plein de complaisance pour lui-même.Qu'importe d'être fat ou de ne l'être pas ? On croit toujours ne le pas être
de DE CAILLI dans dans RICHELET
Il se dit quelquefois des choses.
Il y a peut-être je ne sais quoi de fat à vous envoyer sa médaille
Nature : Substantivement.
Mais je ne puis souffrir qu'un fat, dont la mollesse N'a rien pour s'appuyer qu'une vaine noblesse, Se pare insolemment du mérite d'autrui
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Sat. v
....Voyant un fat s'applaudir d'un ouvrage Où la droite raison trébuche à chaque page
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans ib. IX
Écoutez tout le monde, assidu consultant ; Un fat quelquefois ouvre un avis important
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Art p. IV
Quelle horrible peine à un homme.... qui n'a que beaucoup de mérite pour toute recommandation.... de venir au niveau d'un fat qui est en crédit !
de Jean de LA BRUYÈRE dans II
On écarte tout cet attirail qui t'est étranger pour pénétrer jusqu'à toi qui n'es qu'un fat
de Jean de LA BRUYÈRE dans ib.
Tout le monde dit d'un fat qu'il est fat, personne n'ose le lui dire à lui-même
de Jean de LA BRUYÈRE dans XI
Un fat est celui que les sots croient un homme de mérite
de Jean de LA BRUYÈRE dans XII
Le fat est entre l'impertinent et le sot, il est composé de l'un et de l'autre
de Jean de LA BRUYÈRE dans ib.
Si le fat pouvait craindre de mal parler, il sortirait de son caractère
de Jean de LA BRUYÈRE dans ib.
Plus il voulut faire le fat, plus il prouvait qu'il n'était qu'un sot
de Charles Pinot, sieur DUCLOS dans Acajou, Oeuvres, t. VIII, p. 361, dans POUGENS
Molière et Boileau l'ont employé comme simple terme de mépris.
Il faut que de ce fat j'arrête les complots, Et qu'à l'oreille un peu je lui dise deux mots
Je sors de chez un fat qui, pour m'empoisonner, Je pense, exprès chez lui m'a forcé de dîner
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Sat. III
3
Il se dit de celui qui a des prétentions auprès des femmes, ou dont la parure est très recherchée.Silvia : Volontiers un bel homme est fat, je l'ai remarqué. - Lisette : Oh ! il a tort d'être fat, mais il a raison d'être beau
Va, ma pauvre enfant, les mots de fat et de coquette ont été inventés par l'envie pour dénigrer les hommes aimables et les jolies femmes
de SAURIN dans Moeurs du temps, sc. 14
Il devient entreprenant sans désirs, et fat par mauvaise honte
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Ém. IV
Nature : Substantivement.
Il ne serait plus rien s'il cessait d'être un fat
de LA CHAUSSÉE dans Retour imprévu I, 2
Quoi ! le peu qui lui restait, Frétillon a pu le vendre Pour un fat qui la battait
de Pierre Jean de BÉRANGER dans Frétillon.
HISTORIQUE
1
XVIe s.Fat est un vocable de Languegoth [Languedoc], et signifie non sallé, sans sel, insipide, fade : par metaphore signifie fol, niays, despourveu de sens, esventé de cerveau
de François RABELAIS dans Pant. v, Prol.
Xerxes estoit un fat, qui, enveloppé en toutes les voluptez humaines, alloit proposer prix à qui luy en trouveroit d'aultres ; mais non gueres moins fat est celuy qui retrenche celles que nature luy a trouvées
de Michel de MONTAIGNE dans IV, 293
ÉTYMOLOGIE
1
Provenç. fat, fou, ignorant ; espagn. et ital. fatuo ; du latin fatuus, fade, insipide, fou, niais (voy. FADE).SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
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FAT. Ajoutez : - REM. L'Académie dit que fat n'est usité qu'au masculin. Voici un exemple du féminin :Cette émigration fate [les émigrés à Bruxelles, en 1792] m'était odieuse