Définition de AVALER

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE - SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE -

Prononciation : a-va-lé

DÉFINITIONS

1
Abaisser, faire descendre, mettre en bas. Vieux dans ce sens. Avaler du vin dans la cave.
Quand autour du roi quelqu'un avalait son chaperon, les plus près du roi lui faisaient place, c'était une marque qu'il voulait parler au roi
Sémantique : En termes de jardinage, avaler une branche, la couper près du tronc.
Sémantique : Terme de chapelier. Avaler la ficelle, la faire descendre du haut de la forme jusqu'en bas.
Sémantique : Terme de chasse. Avaler la botte au limier, la lui ôter pour le laisser chasser en liberté.
Sémantique : Terme de métallurgie. Dans l'affinage, exposer la masse devant la tuyère et achever d'en chasser les matières étrangères.
2
Faire descendre par le gosier. Avaler un bouillon.
Ne faire que tordre et avaler, manger avidement, avaler sans mâcher.
Il avalerait la mer et les poissons, il a une grande soif.
Sémantique : Familièrement. Avaler sa langue, s'ennuyer, bâiller outre mesure.
Sémantique : Familièrement. Avaler quelqu'un, le regarder avec des yeux furieux.
Sémantique : Familièrement. J'ai cru qu'il m'avalerait, il s'est livré à une violente explosion de colère contre moi.
Mon neveu, vous êtes une huître. - Mon Dieu, ma tante, il ne faut pas m'avaler pour cela
de COIGNARD dans frères, Gusman ne connaît pas, à la fin
Argot maritime. Avaler sa gaffe, mourir.
Avaler sa cuiller, décamper.
Sémantique : Fig. Avaler le calice, avaler le morceau, être contraint d'endurer quelque chose de fâcheux.
Sémantique : Fig. et familièrement. Avaler des couleuvres, subir de dures mortifications.
3
Sémantique : Fig.
Il avalait à longs traits le plaisir de la voir
Elle avalait cela plus doux que les confitures
de Antoine HAMILTON dans ib. 9
On juge au hasard, on n'examine rien, on avale la calomnie comme du vin de Champagne
4
Contempler avec avidité, et comme si on avalait.
Ils l'avalent des yeux [l'huître], du doigt ils se la montrent ; à l'égard de la dent il fallut contester
5
Endurer, accepter.
Pour nous faire avaler nos tristes destinées
Pour lui faire avaler le soufflet
M. le prince fut forcé aussi d'avaler des louanges
Pour voir comme on pourra lui faire avaler cette affliction
Avalant les jours gras comme une médecine
En habile déclamateur il me faisait avaler à longs traits toute l'amertume de cette réflexion
Il n'y a que le premier obstacle qui coûte ; on avale, après, la honte
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Pensées, 9
Les Mailly trouvèrent cette place avec raison bien mauvaise, mais il la fallut avaler
Ils ne connaissent pas les horreurs que vous avalez comme l'eau
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Ferv.
Pour nous faire, sans rire, avaler ce morceau
De ces femmes aux beaux et louables talents Qui savent accabler leurs maris de tendresses, Pour leur faire avaler l'usage des galants
C'est à vous de l'y résoudre, et de lui faire avaler la chose du mieux que vous pourrez
Mme de Coulanges ne pouvait avaler mes excuses
Sémantique : Familièrement. Faire avaler, faire croire.
6
Nature : V. n. Descendre le courant. Vieux en ce sens. Ce bateau avale.
7
Sémantique : Terme de marine. Faire avaler ou boire la toile, ménager quelques plis en cousant une voile.
8
Sémantique : Terme de banque. Donner la garantie dite aval (voy. AVAL).
9
S'avaler, Nature : v. réfl. Pendre, descendre trop bas. Le ventre de cette jument s'avale.
10
Être avalé, au propre et au figuré. Ces pilules s'avalent sans peine. C'est un affront qui s'avalera difficilement.

HISTORIQUE

1
XIe s.
Si comme il put, du pin [il] est avalet
dans Ch. de Rol. LXXIX
2
XIIe s.
Entre col et l'escu a ses brans avalé
dans Ronc. p. 195
Et cil s'en tournent, avalent les degrez
dans ib. p. 203
Uns escuiers as degrés de la sale Est descendus, si destrousse sa male ; Bele Doette les degrés en avale
dans Romancero, p. 46
3
XIIIe s.
Ensi li dus avala le letrin et s'ala agenoiller devant l'autel Saint-Marc, moult plorant
Une riviere [elle] treuve qui d'un pendant avale
dans Berte, XXVII
Nes un tout seul morcel n'en a elle avalé
dans ib. XLV
Vers Paris [elle] s'en avale l'amirable cité
dans ib. LXXXI
Et s'avisa qu'elle feroit avaler une corde et le meteroit outre les creniaus, jus [en bas] del mur
dans Ch. de Rains, 32
Car dant Costant venoit après Sor un cheval à grant eslès, Qui moult s'escrie à l'avaler
dans Ren. 1219
Ô [avec] haute voix, o longe aleine De bien chanter chascun se peine ; L'uns à l'autre son chant avale
dans ib. 13557
Cum l'iaue qui s'avale toute, N'il n'en retorne arriere goute
dans la Rose, 375
Ou il entrast par les fenestres, Qu'il set bien de l'ostel les estres, Par une corde s'avalast
dans ib. 12721
Et li fix du fil au fil mon fil [le fils du fils du fils de mon fils] m'est el quart degré en avalant
de Philippe de BEAUMANOIR dans XIV, 4
Pourceque il peussent la viande mascher et avaler aval
Sitost comme je fu avalé là où le tresor estoit
4
XIVe s.
Mais ne voldrai de pain ne de vin avaler, Si vous voldrai trestous à un arbre encroer
dans Guesclin. 20390
Le cerf doit avoir le ventre bien avalé
dans Modus, f° XIV, recto
5
XVe s.
Environ deux cents lances s'avalerent devers Maing
Le varlet prit la lettre que les chevaliers lui baillerent, puis le firent avaler es degrés
Puis fit ouvrir la porte du chastel, et avaler le pont, et issir ses gens
C'est dur morcel à avaller
Ô bon vin, liqueur souveraine, Entre chez moi.... Qui me veoira tout avaler, Ne s'en estonne
de BASSELIN dans XLIII
Il le me convient avaler Sans mascher....
dans Patel. 1319
Il eut de l'estrain [paille] largement, qu'il avala [jeta] dedans la fosse et y bouta le feu
de LOUIS XI dans Nouv. LVI
6
XVIe s.
Si je montoys aussi bien comme j'avalle, je feusse, piece ha, hault en l'aer
Il l'avalla, comme ung cormoran feroyt ung petit poisson
Lors il s'avalla le mieulx que il peut, en sorte que il touchoyt les piedz en terre
de François RABELAIS dans ib.
Pantagruel luy vouloyt avaller [abattre] la teste tout net
de François RABELAIS dans ib. II, 29
Pensant avoir avalé une espingle avecques son pain
de Michel de MONTAIGNE dans I, 100
La majesté royale s'avalle plus difficilement du sommet au milieu qu'elle ne se precipite du milieu au fond
de Michel de MONTAIGNE dans I, 121
Regorger la viande comme on l'a avallée
de Michel de MONTAIGNE dans I, 61
Elle avoit les joues avallées, et le nez trop poinctu
de Michel de MONTAIGNE dans I, 296
Fuir à bride avallée
de Michel de MONTAIGNE dans I, 368
Quelques années aprez voilà le busc du pourpoinct avalé jusques entre les cuisses
de Michel de MONTAIGNE dans I, 369
Les epicuriens ne peuvent avaller un dieu en forme de boule
de Michel de MONTAIGNE dans II, 201
Elle lui disoit mille injures ; mais il les avaloit toutes avec un verre de vin
Il n'y avoit ny aucuns passans, ny batteaux montans ou avallans
de Jacques AMYOT dans Publ. 35
Ce que la mer va mimant petit à petit en long temps et à grand peine, luy l'a avallé tout à un coup [un qui avait mangé son bien sis au bord de la mer]
de Jacques AMYOT dans Caton, 16
Cinglant le jour à voiles avalées et baissées, et la nuict haussées
de Jacques AMYOT dans Lucul. 6
Ilz le suivoient les cheveux nonchalamment avallez
de Jacques AMYOT dans Cicéron, 40
Son chapeau rouge, avalé en capuchon par derriere
dans Sat. Mén. p. 55
La squinance empesche la viande d'estre avallée en l'estomach
de Ambroise PARÉ dans VI, 8

ÉTYMOLOGIE

1
Bourguig. evaulai ; de aval. Avaler veut dire proprement faire descendre, mettre en bas ; et il n'a eu longtemps que ce sens-là ; puis, comme faire arriver les aliments dans l'estomac est aussi les faire descendre, il a pris peu à peu ce sens, et le primitif est tombé en désuétude, ne restant plus que dans quelques locutions techniques et dans certains patois.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

1
Sémantique : Terme d'exploitation houillère. Foncer, creuser un puits.

Synonymes de AVALER

Termes proches de AVALER