Définition de GRONDER

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : gron-dé

DÉFINITIONS

1
Faire entendre une voix sourde et menaçante, en parlant des animaux. Le chien se mit à gronder.
2
Sémantique : Par extension, murmurer, se plaindre entre ses dents, en parlant des hommes.
Grondant entre mes dents, je barbote une excuse
Tandis que dans un coin, en grondant je m'essuye, Souvent, pour m'achever, il survient une pluie
Tant que le jour est long, il gronde entre ses dents
Mais le sévère satirique [Boileau] Embrassait, encore en grondant, Cet aimable et tendre lyrique [Quinault], Qui lui pardonnait en riant
Activement.
Grondant quelques paroles
Souvenez-vous bien de venir avec cet air qu'on nomme le bel air, peignant votre perruque, et grondant une petite chanson entre vos dents, la, la, la, la
3
Faire un bruit sourd, en parlant des choses.
Ce n'est pas en vain qu'il [Dieu] lance le foudre, ni qu'il fait gronder son tonnerre
Les vents grondent, les flots se soulèvent
Dieu permit aux vents et à la mer de gronder et de s'émouvoir, et la tempête s'éleva
La mer grondait sourdement
Un bruit redoutable Gronde dans les airs ; Un voile effroyable Couvre l'univers
de Jean-Baptiste ROUSSEAU dans Cantate, Circé
Adieu, chansons ! mon front chauve est ridé ; L'oiseau se tait ; l'aquilon a grondé
de Pierre Jean de BÉRANGER dans Adieu chansons
Au milieu de ces préparatifs et dans l'instant où Napoléon passait en revue, dans la première cour du Kremlin, les divisions de Ney, tout à coup le bruit se répand autour de lui que le canon gronde vers Winkowo
Sémantique : Fig.
Durant ces troubles [les guerres des Hussites], des gens de métier qui commençaient à gronder dès le règne précédent, se mirent plus que jamais à parler entre eux de la réforme de l'Église
Dès qu'on ouït gronder l'orage qui vient de fondre sur l'Empire et la Hongrie, n'ajouta-t-elle pas à ses dévotions ordinaires une heure d'oraison par jour ?
4
Nature : V. a. Réprimander avec quelque humeur dans le ton, dans les paroles.
Hé, ma fille, comme vous voilà faite ! Mme de la Fayette vous grondera comme un chien : coiffez-vous demain pour l'amour de moi
Je repassai chez Mme de Coulanges ; on me gronde de m'en revenir
Une mère qui l'observe, qui la gronde, qui croit la bien élever en ne lui pardonnant rien
Je vous ai toujours aimé, et ne vous ai jamais manqué ; je suis en droit, par mon amitié, de vous gronder vivement, de vous reprocher votre humeur avec moi
J'aime mieux gronder mes jardiniers que de faire ma cour aux rois
Nature : Absolument.
Cependant laisse ici gronder quelques censeurs
Dites-leur combien il y a de petitesse d'esprit et de bassesse à gronder pour un potage mal assaisonné, pour un rideau mal plissé, pour une chaise trop haute ou trop basse
5
Se gronder, Nature : v. réfl. Se faire à soi-même une réprimande.
Je me gronde bien de ma paresse, mon cher et aimable ami ; mais j'ai été si indignement occupé de prose depuis un mois, que j'osais à peine vous parler de vers
Laissez-le seul [le mécontent], il se gronde lui-même
Se gronder, se gronder l'un l'autre. Ils sont toujours à se quereller, à se gronder.

HISTORIQUE

1
XIIe s.
Ne faire eissillier [ruiner] le païs, Que sans contraire as tot conquis ; Ne trouveras jà qui t'i gronde, E qui le tot ne t'i esponde [remette]
de Benoît de Sainte-Maure dans II, 14796
Isnelement font sans effroi Tout son comant li escuier, Mais sans grondre et sans enuier, De ce qu'il rueve s'entremettent
dans la Charrette, 6758
2
XIIIe s.
Ne set li las un mot repondre, Ne contre lui nen ose groindre
dans Ren. 12590
Chascun a la teste enchinée ; N'i ot un seul qui osast grondre, Li uns lest à l'autre respondre
dans ib. 17926
Si que il [les maris] n'osent un tout seul mot grondir
dans Hist. lilt. de la Fr. t. XXIII, p. 525
Une fontaine nest en mon champ ; je la met par mon champ et li done à boivre ; mi voisin desoz en grondent ; et l'en dit que ne le puis fere
dans Livre de just. 142
Une roche est en mer seans, Contre qui la mer gronde et tance
dans la Rose, 5947
3
XIVe s.
[Je] Ne sai comment il mort, mais bien sai qu'il scet grondre
dans Girart de Ross. V. 1115
4
XVIe s.
Ne marmottoit-elle pas des oraisons à l'oreille de l'enfant. ....L'enfant ne disoit que ce qu'elle lui grondoit dans l'oreille
Les chiens de garde que nous voyons souvent gronder en songeant
de Michel de MONTAIGNE dans II, 200

ÉTYMOLOGIE

1
Provenç. grondir ; du lat. grundire, forme parallèle à grunnire, grogner.
On trouve aussi dans le XIIe siècle grundiller
dans Lib. psalm. p. 55

Synonymes de GRONDER

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