L'oeuvre Satires de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX

Ecrit par Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX

Date : 1660-1711

Citations de "Satires"

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MESURECe récit passe un peu l'ordinaire mesure
MESURÉ, ÉEÀ pas plus mesurés Qu'un doyen au palais ne monte les degrés
MESURERN'est-ce pas l'homme enfin dont l'art audacieux, Dans le tour d'un compas, a mesuré les cieux ?
MESUREREst-ce au pied du savoir qu'on mesure les hommes ?
MÉTAL....Cent fois la bête a vu l'homme hypocondre Adorer le métal que lui-même il fit fondre
MÉTALLa bonne foi.... N'alla pas jusqu'au temps du troisième métal
MÉTAPHOREEt, toujours bien mangeant, mourir par métaphore
MÉTIERMuse, changeons de style, et quittons la satire ; C'est un méchant métier que celui de médire
METTREJe me mets au hasard de me faire rouer
METTRETous mes sots à la fois, ravis de l'écouter, Détonnant de concert, se mettent à chanter
MEURTREJ'entends crier partout : au meurtre ! on m'assassine !
MIAULERL'un miaule en grondant comme un tigre en furie
MICROSCOPED'un nouveau microscope on doit en sa présence Tantôt chez Dalencé faire l'expérience
MIDASEt, s'il ne m'est permis de le dire au papier, J'irai creuser la terre, et, comme ce barbier, Faire dire aux roseaux par un nouvel organe, Midas, le roi Midas a des oreilles d'âne
MIDIJ'y cours, midi sonnant, au sortir de la messe
MIELComme on voit les frelons, troupe lâche et stérile, Aller piller le miel que l'abeille distille
MIENEt le mien et le tien, deux frères pointilleux
MIEUXJ'ai peu lu ces auteurs [les satiriques] ; mais tout n'irait que mieux, Quand de ces médisants l'engeance tout entière Irait la tête en bas rimer dans la rivière
MIEUXQu'il soit le mieux renté de tous les beaux esprits
MILIEUC'est en vain qu'au milieu de ma fureur extrême....
MINEDamon, ce grand auteur.... de qui le corps sec et la mine affamée....
MINE....Fais mine un peu d'en être mécontent, Pour la voir aussitôt, sur ses deux pieds haussée, Déplorer sa vertu si mal récompensée
MIROIRUn discours trop sincère aisément nous outrage ; Chacun dans ce miroir pense voir son image
MITREUne ville.... Où le vice orgueilleux s'érige en souverain, Et va la mitre en tête et la crosse à la main
MODEImportun à tout autre, à soi-même incommode, Il change, à tout moment, d'esprit comme de mode
MODELe mérite et l'esprit ne sont plus à la mode
MOIPrends-moi le bon parti, laisse là tous les livres
MOINSTous les hommes sont fous, et, malgré tous leurs soins, Ne diffèrent entre eux que du plus ou du moins
MOISIRLe Moïse [titre d'un poëme] commence à moisir par les bords
MOISSONNERLa parque.... a-t-elle moissonné l'espoir de sa famille ?
MOITIÉLe pain bis renfermé d'une moitié décrut
MOLINOSISMEPar les chemins fleuris d'un charmant quiétisme Tout à coup l'amenant au vrai molinosisme, Il lui fera bientôt, aidé de Lucifer, Goûter en paradis les plaisirs de l'enfer
MOMENTDebout, dit l'Avarice, il est temps de marcher.- Hé ! laisse-moi. - Debout. - Un moment. - Tu répliques !
MOMENTMais depuis le moment que cette frénésie [faire des vers] De ses noires vapeurs troubla ma fantaisie....
MONACAL, ALEPorte-la [ta cause] dans Trévoux, à ce beau tribunal [tenu par des Jésuites] Où de nouveaux Midas un sénat monacal....
MONASTÈRESi l'on vient à chercher pour quel secret mystère Alidor à ses frais bâtit un monastère
MONCEAUIl fallait que sa rage.... Allât encor de lois embrouiller le Digeste, Cherchât pour l'obscurcir des gloses, des docteurs, Accablât l'équité sous des monceaux d'auteurs....
MONDEPar le caprice du monde le plus bizarre
MONDE[Elle] Croit que c'est aimer Dieu que haïr tout le monde
MONDELe monde, à mon avis, est comme un grand théâtre, Où chacun en public, l'un par l'autre abusé, Souvent à ce qu'il est joue un rôle opposé
MONDEC'est [Alidor bâtissant un monastère] un homme d'honneur, de piété profonde, Et qui veut rendre à Dieu ce qu'il a pris au monde
MONDEDans ce grand monde où tu vas l'entraîner [ta femme]
MONSTRET'ai-je peint ces tristes Tisiphones [les femmes qui haïssent leurs enfants], Ces monstres pleins d'un fiel que n'ont point les lionnes ?
MONSTRESon avarice.... Le fit dans une avare et sordide famille Chercher un monstre affreux sous l'habit d'une fille
MONSTRUEUX, EUSERien n'égale en fureur, en monstrueux caprices, Une fausse vertu qui s'abandonne aux vices
MONTSi quelque objet pareil, chez moi, de çà les monts, Pour m'épouser entrait avec tous ces grands noms
MONTÉ, ÉE.... ses vers [de Chapelain] et sans force et sans grâces, Montés sur deux grands mots comme sur deux échasses
MONTÉEDeux servantes déjà, largement souffletées, Avaient à coups de pied descendu les montées
MONTERAussitôt sur un trône éclatant de rubis L'imposteur monte, orné de superbes habits
MONTEROu bien montez en chaire ; et là, comme un docteur, Allez de vos sermons endormir l'auditeur
MONTERMon bien se monte à tant : tenez, voilà le vôtre
MONUMENTQuel sujet, dira l'un, peut donc si fréquemment Mettre ainsi cette belle aux bords du monument ?
MOQUEUR, EUSETandis que mon faquin, qui se voyait priser, Avec un ris moqueur les priait d'excuser
MORALEEt tous ces lieux communs de morale lubrique Que Lully réchauffa du feu de sa musique
MORCEAUQu'avez-vous donc, dit-il, que vous ne mangez point ? Je vous trouve aujourd'hui l'âme tout inquiète, Et les morceaux entiers restent sur votre assiette
MORDANT, ANTEDont la parole mord en quelque sorte, Dans vos discours chagrins, plus aigre et plus mordant Qu'une femme en furie ou Gautier en plaidant
MORDANT, ANTE. Quand Juvénal, de sa mordante plume, Faisait couler des flots de fiel et d'amertume
MORDREDès que j'y veux rêver [à louer], ma veine est aux abois ; J'ai beau frotter mon front, j'ai beau mordre mes doigts
MORFONDREEt, bravant des sergents la timide cohorte, [le noble] Laissa le créancier se morfondre à sa porte
MORGUET'ai-je tracé la vieille à morgue dominante ?
MORNE....à ce discours je te trouve un peu morne
MORSL'homme, en ses passions toujours errant sans guide, A besoin qu'on lui mette et le mors et la bride
MORTCes histoires de morts lamentables, tragiques
MORT...Ce marquis... qui sans cesse au jeu... Voit la vie ou la mort sortir de son cornet
MOTQuand la Toute-Puissance D'un mot forma le ciel, l'air, la terre et les flots
MOTAinsi, recommençant un ouvrage vingt fois, Si j'écris quatre mots, j'en effacerai trois
MOTMais mon esprit, tremblant sur le choix de ses mots, N'en dira jamais un s'il ne tombe à propos
MOTEt, sans dire un seul mot, j'avalais au hasard Quelque aile de poulet....
MOTTout beau, dira quelqu'un, vous entrez en furie ; à quoi bon ces grands mots ?....
MOTEt tel mot, pour avoir réjoui le lecteur, A coûté bien souvent des larmes à l'auteur
MOTUn jeune fou qui se croit tout permis, Et qui pour un bon mot va perdre vingt amis
MOTÀ ces mots.... reconnaissant ma faute
MOU, MOLLE....Mangez sur ma parole ; J'aime à voir aux lapins cette chair blanche et molle
MOUCHEOn ne sait bien souvent quelle mouche le pique
MOUSTACHEParis, rue Saint-Martin Quand un des campagnards relevant sa moustache ....
MOUVOIRSentiez-vous, dites-moi, ces violents transports Qui d'un esprit divin font mouvoir les ressorts ?
MUET, ETTELe vin au plus muet fournissant des paroles
MUGIRLorsqu'il entend de loin d'une gueule infernale La chicane en fureur mugir dans la grand'salle
MURMUREVingt carrosses bientôt, arrivant à la file, Y sont en moins de rien suivis de plus de mille [dans les embarras de Paris].... Chacun prétend passer.... Des mulets en sonnant augmentent le murmure
MURMURERDu rouge qu'on vous voit, on s'étonne, on murmure
MUSCADEAimez-vous la muscade ? on en a mis partout
MUSCATIl se lève, enflammé de muscat et de bile
MUSEMa muse en l'attaquant, charitable et discrète, Sait de l'homme d'honneur distinguer le poëte
MUSEDamon, ce grand auteur, dont la muse fertile Amusa si longtemps et la cour et la ville
MUSIQUEEt tous ces lieux communs de morale lubrique, Que Lulli réchauffa des sons de sa musique
MUSIQUETous mes sots.... Détonnant de concert, se mettent à chanter ; La musique sans doute était rare et charmante
MUTUEL, ELLENous ne sommes pas faits, je le vois, l'un pour l'autre ; Mon bien se monte à tant ; tenez, voilà le vôtre ; Partez ; délivrons-nous d'un mutuel souci
NAISSANCE....J'entends et je voi D'où vient que tu t'es fait secrétaire du roi ; Il fallait de ce titre appuyer ta naissance
NAÎTRENous naissons, nous vivons pour la société
NATIONConnais-tu la nation dévote ?
NATUREL'homme de la nature est le chef et le roi
NATUREL, ELLELe naturel toujours sort et sait se montrer ; Vainement on l'arrête, on le force à rentrer ; Il rompt tout, perce tout, et trouve enfin passage
NAVIGUERPuis bientôt en grande eau sur le fleuve de Tendre Naviger à souhait
NÉ, NÉEDès le temps nouveau-né, quand la Toute-Puissance D'un mot forma le ciel, l'air, la terre et les lots
NÉ, NÉEDès que l'impression fait éclore un poëte, Il est esclave-né de quiconque l'achète
NEVEUEt qu'enfin votre livre aille au gré de vos voeux Faire siffler Cotin chez nos derniers neveux
NEVEUJe vieillis, et ne puis regarder sans effroi Les neveux affamés dont l'importun visage De mes biens à mes yeux fait déjà le partage
NIMa maison ni mon lit ne sont point faits pour vous
NIPelletier écrit mieux qu'Ablancourt ni Patru
NICHEDont les noms.... placés comme en leurs niches, Vont de vos vers malins remplir les hémistiches
NOBLESSELa noblesse, Dangeau, n'est pas une chimère, Quand, sous l'étroite loi d'une vertu sévère, Un homme issu d'un sang fécond en demi-dieux Suit comme toi la trace où marchaient ses aïeux
NOBLESSEBientôt, pour subsister, la noblesse sans bien Trouva l'art d'emprunter et de ne rendre rien
NOIR, OIREDe chiffons ramassés dans la plus noire ordure
NOIR, OIRELa maligne aux yeux faux, au coeur noir
NOIR, OIREVoilà l'homme en effet, il va du blanc au noir
NOIR, OIREQuand je veux dire blanc, la quinteuse [la rime] dit noir
NOIRCEURDe ces femmes pourtant l'hypocrite noirceur Au moins pour un mari garde quelque douceur
NOIRCIRL'honneur.... Quel est-il ?... L'ambitieux le met souvent à tout brûler.... Ce poëte à noircir d'insipides papiers
NOIRCIRDe ce même pinceau dont j'ai noirci les vices....
NOMJe ne puis rien nommer si ce n'est par son nom, J'appelle un chat un chat, et Rollet un fripon
NOMEt transportant cent fois et le nom et le verbe, Dans mes vers recousus mettre en pièces Malherbe
NOMÀ mon gré, le Corneille est joli quelquefois
NOMBREPlus de douze attroupés craindre le nombre impair
NOMMERIl a tort, dira l'un ; pourquoi faut-il qu'il nomme ? Attaquer Chapelain ! ah ! c'est un si bon homme !
NOMMERPar toi l'humilité devint une bassesse ; La candeur se nomma grossièreté, rudesse
NONPAREIL, EILLESi je voulais vanter un objet nonpareil, Je mettrais à l'instant plus beau que le soleil
NORMAND, ANDE[Les oracles] Et sans crainte rendant leurs réponses normandes
NOTRENotre hôte cependant s'adressant à la troupe : Que vous semble, a-t-il dit, du goût de cette soupe ?
NOURRI, IEQu'est devenu ce teint dont la couleur fleurie Semblait d'ortolans seuls et de bisques nourrie ?
NOURRI, IEQu'il paraît bien nourri ! quel vermillon ! quel teint ! Le printemps dans sa fleur sur son visage est peint
NOURRI, IESon coeur toujours nourri dans la dévotion
NOURRIRTrois lapins.... qui.... Sentaient encor le chou dont ils furent nourris
NOYÉ, ÉEEt le monde effrayé Vous regarde déjà comme un homme noyé
NOYERDes pois verts qui se noyaient dans l'eau
NUDITÉTriste et honteux de voir sa nudité, Il sut qu'il n'était plus, grâce à sa vanité, Qu'un chétif animal pétri d'un peu de terre
NUETandis que dans les airs mille cloches émues D'un funèbre concert font retentir les nues
NUITAinsi loin du vrai jour par toi toujours conduit, L'homme ne sortit plus de son épaisse nuit
OBSCUR, URE....Vous croyez dans vos rimes obscures Aux Saumaises futurs préparer des tortures
OBSTINÉ, ÉEDepuis plus d'une année, J'éludais tous les jours sa poursuite obstinée [une invitation à dîner]
OBSTINERL'Académie en corps a beau le censurer [le Cid] ; Le public révolté s'obstine à l'admirer
OCCUPEROn ne peut pas toujours travailler, prier, lire : Il vaut mieux s'occuper à jouer qu'à médire
ODIEUX, EUSEJe sais que d'un conte odieux Vous avez comme moi sali votre mémoire
ODORATÀ côté de ce plat paraissaient deux salades, Dont l'huile de fort loin saisissait l'odorat
OEILCombien n'a-t-on point vu de belles aux doux yeux, Avant le mariage anges si gracieux...
OEILTout Paris pour Chimène a les yeux de Rodrigue
OEUVRELa Pucelle [poëme de Chapelain] est encore une oeuvre bien galante
OFFICEJ'en suis fourni, Dieu sait [de poivre] ! et j'ai tout Pelletier Roulé dans mon office en cornets de papier
OFFRANTDe mes sonnets flatteurs lasser tout l'univers, Et vendre au plus offrant mon encens et mes vers
OFFRIR[La dévote qui....] les yeux vers le ciel, pour se le faire ouvrir, Offre à Dieu les tourments qu'elle me fait souffrir
OMBRAGÉ, ÉEEt son feutre à grands poils ombragé d'un panache
OMBREC'est une ombre au tableau qui lui donne du lustre
ONC'est d'un roi que l'on tient cette maxime auguste, Que jamais on n'est grand qu'autant que l'on est juste
ONDECar le feu dont la flamme en onde se déploie Fait de notre quartier une seconde Troie
OPÉRAPar toi-même bientôt conduite à l'Opéra, De quel air penses-tu que ta sainte verra D'un spectacle enchanteur la pompe harmonieuse.... Entendra ces discours sur l'amour seul roulants, Ces doucereux Renauds, ces insensés Rolands... ?
OPPRESSÉ, ÉEPour la voir aussitôt de douleur oppressée
ORC'est pour eux [ses amants] qu'elle étale et l'or et le brocart
ORCar, si l'éclat de l'or ne relève le sang, En vain l'on fait briller la splendeur de son rang
ORTous les jours à la cour un sot de qualité Peut juger de travers avec impunité, à Malherbe, à Racan préférer Théophile, Et le clinquant du Tasse à tout l'or de Virgile
ORAGESans succomber pourtant tu soutins cet orage
ORAISONElle lit Rodriguez, fait l'oraison mentale
ORDONNANCETous mes sots, à l'instant changeant de contenance, Ont loué du festin la superbe ordonnance
OREILLEJ'irai creuser la terre, et, comme ce barbier, Faire dire aux roseaux par un nouvel organe : Midas, le roi Midas a des oreilles d'âne
ORIGINESi, tout sorti qu'il est d'une source divine, Son coeur [du noble] dément en lui sa superbe origine
OSTRACISMELa vertu n'était point sujette à l'ostracisme
ÔTERCinq et quatre font neuf, ôtez deux, reste sept
L'entrée aux pensions où je ne prétends pas
OUBLIEt souvent, sans ces vers qui les ont fait connaître, Leur talent dans l'oubli demeurerait caché
OUBLIERL'esprit dans ce nectar heureusement s'oublie : Chapelain veut rimer, et c'est là sa folie
OURSMais, sans examiner si vers les antres sourds L'ours a peur du passant, ou le passant de l'ours
OUTRAGEJe ne sais point en lâche essuyer les outrages D'un faquin orgueilleux qui vous tient à ses gages
OUTRAGERUn discours trop sincère aisément nous outrage
OUVRAGEAinsi, recommençant un ouvrage cent fois, Si j'écris quatre mots, j'en effacerai trois
OUVRIRJ'entends déjà partout les charrettes courir, Les maçons travailler, les boutiques s'ouvrir
PACIFIQUECar, sitôt que du soir les ombres pacifiques D'un double cadenas font fermer les boutiques
PACTOLEMais l'honneur en effet qu'il faut que l'on admire, Quel est-il, Valincour ? pourras-tu me le dire ? L'ambitieux souvent le met à tout brûler, L'avare à voir chez lui le Pactole rouler
PAGETous les jours malgré moi, cloué sur un ouvrage, Retouchant un endroit, effaçant une page
PAGELe duc et le marquis se reconnut aux pages
PALComposa tous ces mots de cimier et d'écart, De pal, de contre-pal, de lambel et de fasce
PALAISDes sottises d'autrui nous vivons au palais : Messieurs, l'huître était bonne ; adieu, vivez en paix
PÂLE.... Cet air sombre et sévère, Et ce visage enfin plus pâle qu'un rentier à l'aspect d'un arrêt qui retranche un quartier
PÂLIRL'auteur pâlissant de courroux
PÂLIRAprès cela, docteur, va pâlir sur la Bible
PÂLIR[La satire], bravant l'orgueil et l'injustice, Va jusque sous le dais faire pâlir le vice
PALMEEt, passant du Jourdain les ondes alarmées, Cueillir mal à propos les palmes idumées ?
PANACHEQuand un des campagnards, relevant sa moustache, Et son feutre à grands poils ombragé d'un panache
PANÉGYRIQUEUn éloge ennuyeux, un froid panégyrique Peut pourrir à son aise au fond d'une boutique
PANTHÈREEt voit-on, comme lui [l'homme], les ours ni les panthères S'effrayer sottement de leurs propres chimères ?
PAPIERMes vers, comme un torrent, coulent sur le papier
PAPIEREt s'il ne m'est permis de le dire au papier
PARADISEn me tirant d'erreur m'ôte du paradis
PARAÎTREPradon, comme un soleil, en nos ans a paru
PARAÎTREPour paraître honnête homme, en un mot, il faut l'être
PARAÎTRELoin de les décrier [des poëtes critiqués], je les ai fait paraître
PARCHEMINIl ne peut rien offrir aux yeux de l'univers Que de vieux parchemins qu'ont épargnés les vers
PARDONNERIl ne pardonne pas aux vers de la Pucelle
PARENTLions contre lions, parents contre parents
PARLERCe long amas d'aïeux que vous diffamez tous, Sont autant de témoins qui parlent contre vous
PARLERAssez de sots sans moi feront parler la ville
PARNASSELui-même il s'applaudit, et d'un esprit tranquille Prend le pas au Parnasse au-dessus de Virgile
PARNASSENon, non, sur ce sujet pour rimer avec grâce, Il ne faut point monter au sommet du Parnasse
PAROLELe vin au plus muet fournissant des paroles
PAROLESi, pour nous réformer, le ciel prudent et sage De la parole enfin lui [à l'âne] permettait l'usage
PAROLECes pigeons sont dodus ; mangez sur ma parole
PARQUEQu'on ne voit point mes pas sous l'âge chanceler, Et qu'il reste à la Parque encor de quoi filer
PARQUELa Parque, ravissant ou son fils ou sa fille, A-, t-elle moissonné l'espoir de sa famille ?
PARTAGECes neveux affamés dont l'importun visage De mes biens à mes yeux fait déjà le partage
PARTAGEQuiconque est riche est tout ; sans sagesse il est sage ; Il a, sans rien savoir, la science en partage
PARTAGERJamais, pour s'agrandir, voit-on dans sa manie Un tigre en factions partager l'Hyrcanie ?
PARTERREUn clerc pour quinze sous, sans craindre le holà, Peut aller au parterre attaquer Attila
PARTIVeux-tu voir tous les grands à ta porte courir ? Dit un père à son fils, dont le poil va fleurir ; Prends-moi le bon parti, laisse-là tous les livres
PASOn ne voit point mes pas sous l'âge chanceler
PASUn valet le portait, marchant à pas comptés, Comme un recteur suivi des quatre facultés
PASQu'est-ce que la sagesse ? une égalité d'âme.... Qui marche en ses conseils à pas plus mesurés Qu'un doyen au palais ne monte les degrés
PASBientôt l'ambition.... L'envoie en furieux.... Se faire estropier sur les pas des Césars
PASLui-même il s'applaudit, et d'un esprit tranquille Prend le pas au Parnasse au-dessus de Virgile
PASSABLEMa foi, tout est passable [dans ce dîner], il le faut confesser ; Et Mignot sur ce point s'est voulu surpasser
PASSAGEDes paveurs en ce lieu me bouchent le passage
PASSERChacun prétend passer, l'un mugit, l'autre jure
PASSERJe crois déjà les voir [des neveux] au moment annoncé Qu'à la fin sans retour leur cher oncle est passé...
PASSION[La savante] Pèse sans passion Chapelain et Virgile
PÂTREEt si, sur un édit des pâtres de Nubie, Les lions de Barca videraient la Libye
PÂTUREChez lui deux bons chevaux de pareille encolure Trouvaient dans l'écurie une pleine pâture
PAUPIÈREMais en ma chambre à peine ai-je éteint la lumière, Qu'il ne m'est plus permis de fermer la paupière
PAUVRETÉ[Elle] Pèse sans passion Chapelain et Virgile, Remarque en ce dernier beaucoup de pauvretés
PAVÉ[Sur le ruisseau d'une rue] Un ais sur deux pavés forme un étroit passage
PAVILLONEt sur l'art de former un nouvel embarras Devant elle Rolet [un procureur] mettrait pavillon bas
PAYERL'un est payé d'un mot, et l'autre d'un coup d'oeil
PÉDANTLa pédante au ton fier, la bourgeoise ennuyeuse
PEINDRERien n'apaise un lecteur toujours tremblant d'effroi, Qui voit peindre en autrui ce qu'il remarque en soi
PEINEÀ peine le soleil fait ouvrir les boutiques
PÉNÉLOPEAux temps les plus féconds en Phrynés, en Laïs, Plus d'une Pénélope honora son pays
PÉNÉTRERPlus on crut pénétrer, moins on fut éclairci
PÉNITENT, ENTEPlus défait et plus blême Que n'est un pénitent sur la fin d'un carême
PENSÉEMais l'homme, sans arrêt dans sa course insensée, Voltige incessamment de pensée en pensée
PENSERUn discours trop sincère aisément nous outrage : Chacun dans ce miroir pense voir son visage
PENSERPensant qu'au moins le vin dût réparer le reste
PENSIONInterdire à mes vers.... L'entrée aux pensions où je ne prétends pas
PERCERN'est-ce pas l'homme.... Dont la vaste science, embrassant toutes choses, A fouillé la nature, en a percé les causes ?
PERCLUS, USEEt qu'enfin tout dévot a le cerveau perclus
PERFECTIONUne bigote altière Qui, dans son fol orgueil aveugle et sans lumière, à peine sur le seuil de la dévotion, Pense atteindre au sommet de la perfection
PERMIS, ISEMais c'est un jeune fou qui se croit tout permis, Et qui pour un bon mot va perdre vingt amis
PERSILDeux assiettes suivaient, dont l'une était ornée D'une langue en ragoût de persil couronnée
PÉTRIFIERAi-je par un écrit Pétrifié sa veine [de Chapelain] et glacé son esprit ?
PÉTRIROn dirait que le ciel est soumis à sa loi [du noble infatué], Et que Dieu l'a pétri d'autre limon que moi
PEUDans peu tu te maries
PEUPLEEn quelque endroit que j'aille, il faut fendre la presse D'un peuple d'importuns qui fourmillent sans cesse
PEUPLÉ, ÉEIl [le riche] peut dans son jardin, tout peuplé d'arbres verts, Recéler le printemps au milieu des hivers
PHÉBUSIl est vrai que du roi la bonté secourable Jette enfin sur la muse un regard favorable, Et, réparant du sort l'aveuglement fatal, Va tirer désormais Phébus de l'hôpital
PHRYNÉAux temps les plus féconds en Phrynés, en Laïs...
PIÈCEEt, transportant cent fois et le nom et le verbe, Dans mes vers recousus mettre en pièces Malherbe
PIÈCESa robe, en vain de pièces rajeunie
PIEDEst-ce au pied du savoir qu'on mesure les hommes ?
PIERREÀ tous ces beaux discours j'étais comme une pierre, Ou comme la statue est au Festin de Pierre
PIÉTÉC'est un homme d'honneur, de piété profonde, Et qui veut rendre à Dieu ce qu'il a pris au monde
PIGEONJe riais de le voir, avec sa mine étique.... En lapins de garenne ériger nos clapiers, Et nos pigeons cauchois en superbes ramiers
PILOTEL'homme, venez au fait, n'a-t-il pas la raison ? N'est-ce pas son flambeau, son pilote fidèle ?
PIQUEROn ne sait bien souvent quelle mouche le pique
PLACERMes mots viennent sans peine et courent se placer
PLACETUn lit et deux placets composaient tout son bien
PLAIREMais moi, grâce au destin, qui n'ai ni feu ni lieu, Je me loge où je puis, et comme il plaît à Dieu
PLAIREEt, toujours mécontent de ce qu'il vient de faire, Il plaît à tout le monde et ne saurait se plaire
PLAISANCELe couvert était mis dans ce lieu de plaisance [un appartement où l'on étouffait]
PLAISIRJe me fais un plaisir, à ne vous rien céler, De pouvoir, moi vivant, dans peu les désoler [mes héritiers]
PLAT, ATEUn vin.... qui, rouge et vermeil, mais fade et doucereux, N'avait rien qu'un goût plat et qu'un déboire affreux
PLATEt sur les bords du plat six pigeons étalés Présentaient pour renfort leurs squelettes brûlés
PLEIN, EINECes monstres [de mauvaises mères] pleins d'un fiel que n'ont pas les lionnes
PLEUVOIREt des couvreurs grimpés au toit d'une maison En font pleuvoir l'ardoise et la tuile à foison
PLUIEOu quelque longue pluie, inondant vos vallons, A-, t-elle fait couler vos vins et vos melons ?
PLUMEMa plume aurait regret d'en épargner aucun
PLUTÔTNouveau prédicateur aujourd'hui, je l'avoue, Ecolier ou plutôt singe de Bourdaloue
POÊLE ou POILEEt malgré les volets le soleil irrité Formait un poêle ardent au milieu de l'été
POËTEQuelle verve indiscrète Sans l'aveu des neuf soeurs vous a rendu poëte ?
POIGNARDVoilà jouer d'adresse, et médire avec art, Et c'est avec respect enfoncer le poignard
POILVeux-tu voir tous les grands à ta porte courir ? Dit un père à son fils dont le poil va fleurir
POILEt son feutre à grand poil ombragé d'un panache
POINTSur ce point, un jambon d'assez maigre apparence Arrive sous le nom de jambon de Mayence
POINTILLEUX, EUSEEt le mien et le tien, deux frères pointilleux
POISJe consens.... Qu'à Paris le gibier manque tous les hivers, Et qu'à peine au mois d'août l'on mange des pois verts
POISONToutefois avec l'eau que j'y mets à foison, J'espérais adoucir la force du poison
POLICEOu si, par un arrêt, la grossière police D'un jeu si nécessaire interdit l'exercice
POLIMENTEt qu'un démon jaloux de mon contentement M'inspira le dessein d'écrire poliment
POMMEC'est alors [par les casuistes] que l'on sut qu'on peut pour une pomme, Sans blesser la justice, assassiner un honme
POMMEToi.... Qui, par l'éclat trompeur d'une funeste pomme Et tes mots ambigus, fis croire au premier homme....
POMPEUX, EUSEOn le verra bientôt, pompeux en cette ville, Marcher encor chargé des dépouilles d'autrui
PORCELAINEChercher jusqu'au Japon la porcelaine et l'ambre
PORTEJ'ai gagné doucement la porte sans rien dire
PORTEVeux-tu voir tous les grands à ta porte courir....
PORTE[Il] Laissa le créancier se morfondre à sa porte
PORTERCependant mon hâbleur, avec une voix haute, Porte à mes campagnards la santé de notre hôte
PORTERQuel démon vous irrite et vous porte à médire ? Un livre vous déplaît ; qui vous force à le lire ?
PORTIER, IÈRESon mari, qu'une affaire appelle dans la ville, Et qui, chez lui, sortant, a tout laissé tranquille, Se trouve assez surpris, rentrant dans la maison, De voir que le portier lui demande son nom
POSTÉRITÉMais la postérité d'Alfane et de Bayard, Quand ce n'est qu'une rosse, est vendue au hasard
POTENTATChacun a débité ses maximes frivoles, Réglé les intérêts de chaque potentat
POUDREUX, EUSEPuis de là tout poudreux, [vos écrits] ignorés sur la terre, Suivre chez l'épicier Neuf-Germain et la Serre
POULETJamais, contre un renard chicanant un poulet, Un renard de son sac n'alla charger Rolet
POURPIERÀ côté de ce plat paraissaient deux salades, L'une de pourpier jaune, et l'autre d'herbes fades
POURRI, IEJe ne vois rien en vous qu'un lâche, un imposteur.... Et d'un tronc fort illustre une branche pourrie
POURRIRUn éloge ennuyeux, un froid panégyrique Peut pourrir à son aise au fond d'une boutique
POURSUITEJe sors de chez un fat qui.... chez lui m'a forcé de dîner.... Depuis près d'une année J'éludais tous les jours sa poursuite obstinée
POURSUIVREMais tout fat me déplaît et me blesse les yeux ; Je le poursuis partout comme un chien fait sa proie
POUSSERMais puisque vous poussiez ma patience à bout, Une fois en ma vie il faut vous dire tout
POUSSERJe saute vingt ruisseaux, j'esquive, je me pousse
POUTRELà sur une charrette une poutre branlante Vient menaçant de loin la foule qu'elle augmente
POUVOIRSans songer où je vais, je me sauve où je puis
POUVOIRJe ne puis cette fois que je ne les excuse
PRÊCHERIl l'épouse ; et bientôt son hôtesse nouvelle, Le prêchant, lui fit voir....
PRÉCIEUSEMais qui vient sur ses pas ? c'est une précieuse, Reste de ces esprits longtemps si renommés, Que d'un coup de son art Molière a diffamés
PRÉCIEUX, EUSELe mérite pourtant m'est toujours précieux
PRÉDICATEURNouveau prédicateur, aujourd'hui je l'avoue.... Je me plais à remplir mes sermons de portraits
PRÉFACEUn auteur à genoux, dans une humble préface, Au lecteur qu'il ennuie a beau demander grâce
PRENDREPrends-moi le bon parti : laisse-là tous les livres
PRENDRENos braves s'accrochant se prennent aux cheveux
PRÈSEt Socrate, l'honneur de la profane Grèce, Qu'était-il en effet, de près examiné, Qu'un mortel par lui-même au seul mal entraîné ?
PRESCRIRECe hardi suborneur [le faux honneur].... Avant tout aux mortels prescrit de se venger
PRESSÉ, ÉEUn long cordon d'alouettes pressées
PRÉSUMERIl n'est rien où d'abord son soupçon attaché Ne présume du crime et ne trouve un péché
PRÊT, ÊTEIl faut partir, les matelots sont prêts
PRÉTENDREDe lui seul il prétend qu'on reçoive la loi
PRÉTENDREInterdire à mes vers, dont peut-être il fait cas, L'entrée aux pensions où je ne prétends pas
PRÉTENTIONCar, grâce au droit reçu chez les Parisiens, Gens de douce nature et maris bons chrétiens, Dans ses prétentions une femme est sans bornes
PRÊTERBientôt se parjurer cessa d'être un parjure ; L'argent à tout denier se prêta sans usure
PRÊTRISEQuand Luther et Calvin.... Vinrent du célibat affranchir la prêtrise
PRIERVous ? mon Dieu ! mêlez-vous de boire, je vous prie
PRINTEMPSIl [le riche] peut dans son jardin tout peuplé d'arbres verts Recéler le printemps au milieu des hivers
PRINTEMPSLe printemps dans sa fleur sur son visage est peint
PRISERTandis que mon faquin qui se voyait priser
PRISON[Elle] Hante les hôpitaux, visite les prisons
PRISONMaudit soit le premier dont la verve insensée Dans les bornes d'un vers renferma sa pensée, Et, donnant à ses mots une étroite prison, Voulut avec la rime enchaîner la raison !
PRIVILÉGEEt croit que devant Dieu ses fréquents sacriléges Sont, pour entrer au ciel, d'assurés priviléges
PRIXCe n'est qu'à prix d'argent qu'on dort en cette ville [Paris]
PRIXOn croirait à vous voir, dans vos libres caprices, Décider du mérite et du prix des auteurs....
PRIXLe bois le plus funeste et le moins fréquenté Est au prix de Paris un lieu de sûreté
PROCÈSCe n'est point tous ses droits ; c'est le procès qu'elle aime ; Pour elle un bout d'arpent qu'il faudra disputer Vaut mieux qu'un fief entier acquis sans contester
PROCÈSLe plus sage est celui qui ne pense point l'être, Qui.... Se regarde soi-même en sévère censeur.... Et fait, sans se flatter, le procès à son vice
PRODIGUELui-même [un homme économe] le sentit [qu'il dépensait trop], reconnut son péché, Se confessa prodigue, et, plein de repentance....
PRODIGUER....Chez toi se prodigue et le rouge et le fard
PROFÈS, ESSEEt qui s'est dit profès dans l'ordre des coteaux [association de gourmets]
PROFOND, ONDEC'est un homme d'honneur, de piété profonde, Et qui veut rendre à Dieu ce qu'il a pris au monde
PROFOND, ONDEMais à quoi bon ici du profond des enfers... Rappeler Arius, Valentin et Pélage ?
PROMENERAu milieu de Paris il promène sa vue
PROMENERChacun suit dans le monde une route incertaine, Selon que son erreur le joue et le promène
PRÔNERQue nous prônez-vous là ? Quoi qu'en ses beaux discours Saint-Évremont nous prône
PROPOSMais, pour borner enfin tout ce vague propos
PROPOSUn libertin.... qui.... Tient que ces vieux propos de démons et de flammes Sont bons pour étonner des enfants et des femmes
PROSPÉRERMais je veux que le sort, par un heureux caprice, Fasse de vos écrits prospérer la malice
PROVINCESache quelle province enrichit les traitants, Combien le sel au roi peut fournir tous les ans
PROVINCEL'enragé qu'il était [Alexandre], né roi d'une province Qu'il pouvait gouverner en bon et sage prince
PRUDEL'un et l'autre, à mon sens, ont le cerveau troublé, Répondra, chez Fredoc, ce marquis sage et prude
PUCELAGEEt combien la Neveu.... A de fois au public vendu son pucelage
PUISEt puis comment percer cette foule effroyable De rimeurs affamés....
PUISERTout prêt à la laisser, pourvu qu'elle s'apaise, Dans ton coffre, à pleins sacs, puiser tout à son aise
PUNIRAh ! que, pour la punir de cette comédie [feindre d'être malade], Ne lui vois-je une vraie et triste maladie ?
QUALITÉTous les jours à la cour un sot de qualité Peut juger de travers avec impunité
QUANDQuand un livre au Palais se vend et se débite, Que chacun par ses yeux juge de son mérite, Que Bilaine l'étale au deuxième pilier, Le dégoût d'un censeur peut-il le décrier ?
QUARTIERPlus pâle qu'un rentier à l'aspect d'un arrêt qui retranche un quartier
QUARTIEREh bien je m'adoucis, votre race est connue ; Depuis quand ? répondez ; depuis mille ans entiers, Et vous pouvez fournir deux fois seize quartiers
QUATORZESans cesse au jeu, dont il fait son étude, Attendant son destin d'un quatorze ou d'un sept
QUATREAinsi, recommençant un ouvrage vingt fois, Si j'écris quatre mots, j'en effacerai trois
QUEQu'avez-vous donc, dit-il, que vous ne mangez point ?
QUÊTER....Va pour les malheureux quêter dans les maisons
QUIÉcrive qui voudra ; chacun à ce métier Peut perdre impunément de l'encre et du papier
QUIEn un mot qui voudrait épuiser ces matières, Peignant de tant d'esprit les diverses manières, Il compterait plutôt combien dans un printemps Guénaud et l'antimoine ont fait mourir de gens
QUIEntre tant d'animaux qui sont ceux qu'on estime ?
QUICONQUEQuiconque est riche est tout ; sans sagesse il est sage
QUINTEUX, EUSESouvent j'ai beau rêver du matin jusqu'au soir ; Quand je veux dire blanc, la quinteuse [rime] dit noir
RACEHé bien, je m'adoucis ; votre race est connue, Depuis quand ? répondez. - Depuis mille ans entiers
RADOTERUn pédant.... Croit qu'un livre fait tout, et que sans Aristote La raison ne voit goutte et le bon sens radote
RAFFINERMais vous, qui raffinez sur les écrits des autres, De quel oeil pensez-vous qu'on regarde les vôtres ?
RAFFINERQuand on parle de sauce, il faut qu'on y raffine
RAGELa colère dans l'âme, et le feu dans les yeux, Il distilla sa rage en ces tristes adieux
RAGESans mentir, l'avarice est une étrange rage
RAGOÛTUne langue en ragoût, de persil couronnée
RAILLERDe choquer un auteur qui choque le bon sens, De railler d'un plaisant qui ne sait pas vous plaire, C'est ce que tout lecteur eut toujours droit de faire
RAILLERIERépondez, mon esprit ; ce n'est plus raillerie
RAISONIl est d'autres erreurs dont l'aimable poison D'un charme bien plus doux enivre la raison
RAISONSans raison il [l'homme] est gai, sans raison il s'afflige
RAISONNEREt la troupe, à l'instant cessant de fredonner, D'un ton gravement fou s'est mise à raisonner
RAJEUNI, IESa robe en vain de pièces rajeunie
RAJEUNIRAvec elle [la femme plaideuse] il n'est point de droit qui s'éclaircisse, Point de procès si vieux qui ne se rajeunisse
RALLUMERAussitôt malgré moi tout mon feu se rallume
RAMAGECar à peine les coqs, commençant leur ramage Auront de cris aigus frappé le voisinage
RAMASSÉ, ÉEMais qui pourrait compter le nombre de haillons.... De chiffons ramassés dans la plus noire ordure, Dont la femme, aux bons jours, composait sa parure ?
RAMERIl [un forçat] plaint par un arrêt injustement donné L'honneur en sa personne à ramer condamné
RAMIERJe riais de le voir avec sa mine étique, En lapins de garenne ériger nos clapiers, Et nos pigeons cauchois en superbes ramiers
RAMPANT, ANTEUn insecte rampant qui ne vit qu'à demi
RAPETASSÉ, ÉESes souliers grimaçants, vingt fois rapetassés
RARERare et fameux esprit [Molière] dont la fertile veine Ignore, en écrivant, le travail et la peine
RASSEMBLEREt quel fâcheux démon, durant les nuits entières, Rassemble ici les chats de toutes les gouttières
RATAFIAChez lui [un directeur de femmes], sirops exquis, ratafias vantés, Confitures surtout, volent de tous côtés
RAVAGERSi dans les droits du roi sa funeste science, Par deux ou trois avis n'eût ravagé la France
RAVALERSeulement pour l'argent un peu trop de faiblesse De ces vertus en lui ravalait la noblesse
RAVIRLa Parque, ravissant ou son fils ou sa fille, A-, t-elle moissonné l'espoir de sa famille ?
REBELLEMais qui m'assurera qu'en ce long cercle d'ans, à leurs fameux époux vos aïeules fidèles Aux douceurs des galants furent toujours rebelles ?
REBORDOu de trente feuillets réduits peut être à neuf, Parer, demi-rongés, les rebords du Pont-Neuf
REBUTERRien ne le rebuta, ni sa vue éraillée [de la femme qu'il voulait épouser], Ni sa masse de chair bizarrement taillée
RECÉLERIl [le riche] peut, dans son jardin tout peuplé d'arbres verts, Recéler le printemps au milieu des hivers
RECEVOIRRecevant les amants sous le doux nom d'amis
RECEVOIRMon homme en m'embrassant m'est venu recevoir
RÉCHAUFFEREt tous ces lieux communs de morale lubrique Que Lulli réchauffa des sons de sa musique
RECHERCHERAlors le noble altier, pressé de l'indigence, Humblement du faquin rechercha l'alliance
RECLUS, USEEt je suis, à Paris, triste, pauvre et reclus
RECOMMENCERAinsi, recommençant un ouvrage vingt fois, Si j'écris quatre mots, j'en effacerai trois
RECOMMENCERFinissons ; mais demain, Muse, à recommencer
RECONNAÎTRELe duc et le marquis se reconnut aux pages
RECOUSU, UEDans mes vers recousus mettre en pièces Malherbe
RECTEUR....Marchant à pas comptés, Comme un recteur suivi des quatre facultés
REÇU, UECar, grâce au droit reçu chez les Parisiens, Gens de douce nature et maris bons chrétiens, Dans ses prétentions une femme est sans borne
RECUEILOn ne voit point mes vers, à l'envi de Montreuil, Grossir impunément les feuillets d'un recueil
REDOUBLÉ, ÉEChez tous les conviés la joie est redoublée
REDOUTERFait même à ses amants trop faibles d'estomac Redouter ses baisers pleins d'ail et de tabac
RÉDUIRENon, il est question de réduire un mari à chasser un valet dans la maison chéri....
RÉFORMERChacun a débité ses maximes frivoles.... Corrigé la police et réformé l'État
RÉFORMERA-t-on par quelque édit réformé la cuisine ?
REGARDIl est vrai que du roi la bonté secourable Jette enfin sur la muse un regard favorable
REGARDEREt l'honneur dans ce choix [un mariage] ne fut pas regardé
RÉGENT, ENTEMais lui, qui fait ici le régent du Parnasse, N'est qu'un gueux revêtu des dépouilles d'Horace
RÉGLERChacun veut en sagesse ériger sa folie, Et, se laissant régler à son esprit tortu, De ses propres défauts se fait une vertu
RÉGLERL'épouse que tu prends, sans tache en sa conduite, Aux lois de son devoir règle tous ses désirs
RÉGNERAutour de cet amas de viandes entassées, Régnait un long cordon d'alouettes pressées
REGRETEn vain je veux au moins faire grâce à quelqu'un [des mauvais auteurs] ; Ma plume aurait regret d'en épargner aucun
REHAUSSÉ, ÉE[Une personne fière de sa noblesse] Le sourcil rehaussé d'orgueilleuses chimères
RÉJOUIREt tel mot, pour avoir réjoui le lecteur, A coûté bien souvent des larmes à l'auteur
RELEVÉ, ÉEJe le déclare donc.... Pradon comme un soleil en nos ans a paru.... Saufal est le phénix des esprits relevés
REMARQUER[Une savante] Pèse sans passion Chapelain et Virgile, Remarque en ce dernier beaucoup de pauvretés
REMÈDEUn escadron coiffé d'abord court à son aide, L'une chauffe un bouillon, l'autre apprête un remède
REMERCIERAfin qu'en ta vieillesse un livre en maroquin Aille offrir ton travail à quelque heureux faquin Qui, pour digne loyer de la Bible éclaircie, Te paye en l'acceptant d'un je vous remercie
REMPLACÉ, ÉELes voilà tous chassés [les valets], Et chez elle à l'instant par d'autres remplacés
REMPLIRÉcolier ou plutôt singe de Bourdaloue, Je me plais à remplir mes sermons de portraits
REMPLIRColletet, Pelletier, Titreville, Quinault, Dont les noms en cent lieux, placés comme en leurs niches, Vont de vos vers malins remplir les hémistiches
REMUEREt qu'ont fait tant d'auteurs pour remuer leur cendre ?
RENCONTRERJe ne puis pour louer rencontrer une rime ; Dès que j'y veux rêver, ma veine est aux abois
RENCONTRERTout, hormis toi, chez toi rencontre un doux accueil ; L'un est payé d'un mot, et l'autre d'un coup d'oeil
RENDREC'est un homme d'honneur, de piété profonde, Et qui veut rendre à Dieu ce qu'il a pris au monde
RENFERMERMaudit soit le premier dont la verve insensée Dans les bornes d'un vers renferma sa pensée !
RENTÉ, ÉEQu'il [Chapelain] soit le mieux renté de tous les beaux esprits
RENTIER, IÈREEt ce visage enfin plus pâle qu'un rentier, à l'aspect d'un arrêt qui retranche un quartier
RENTRERJe me retire donc, encor pâle d'effroi [d'un incendie] ; Mais le jour est venu quand je rentre chez moi
RENVERSÉ, ÉEL'un me heurte d'un ais dont je suis tout froissé ; Je vois d'un autre coup mon chapeau renversé
RÉPARERJ'approuvais tout [d'un festin] pourtant de la mine et du geste, Pensant qu'au moins le vin dût réparer le reste
REPARTIRMêlez-vous de boire, je vous prie, A l'auteur sur le champ aigrement reparti
REPENTANCELui-même le sentit, reconnut son péché, Se confessa prodigue, et, plein de repentance, Offrit sur ses avis [de sa femme avare] de régler sa dépense
REPENTIR (SE)....Trop tard, dans le naufrage, Confus on se repent d'avoir bravé l'orage
REPENTIR (SE)Dans ce hardi métier [la satire] La peur plus d'une fois fit repentir Régnier
RÉPONDREJe ne te réponds pas qu'au retour [de l'Opéra], moins timide, Digne écolière enfin d'Angélique et d'Armide, Elle n'aille.... Avec quelque Médor pratiquer ces leçons
REPOSEt, dès qu'un mot plaisant vient luire à mon esprit, Je n'ai point de repos qu'il ne soit en écrit
REPOSERJe fais pour reposer un effort inutile
REPRENDREIl est vrai que Quinault est un esprit profond, A repris certain fat....
RÉPRIMERCet ascendant malin qui vous force à rimer
RÉPUBLIQUEA-t-on vu quelquefois, dans la plaine d'Afrique, Déchirant à l'envi leur propre république, Lions contre lions, parents contre parents, Combattre follement pour le choix des tyrans ?
RÉPUTÉ, ÉEPour une fille honnête et pleine d'innocence Croit-elle en ses valets voir quelque complaisance, Réputés criminels, les voilà tous chassés
RÉSOUDREDieu résolut enfin, terrible en sa vengeance, D'abîmer sous les eaux tous ces audacieux
RÉSOUDRERésous-toi, pauvre époux, a vivre de couleuvres
RESPECTT'ai-je tracé la vieille à morgue dominante, Qui veut, vingt ans encore après le sacrement, Exiger d'un mari les respects d'un amant ?
RESPECTERPourquoi donc voulez-vous que par un sot abus Chacun respecte en vous un honneur qui n'est plus ?
RESSORTCar de penser alors qu'un Dieu tourne le monde, Et règle les ressorts de la machine ronde...
RESTEC'est une précieuse, Reste de ces esprits jadis si renommés, Que d'un coup de son art Molière a diffamés
RETIRÉ, ÉEEt, retiré chez lui, le paisible marchand Va revoir ses billets et compter son argent
RETOUCHERTous les jours, malgré moi, cloué sur une page, Retouchant un endroit, effaçant un passage
RETRANCHERPlus pâle qu'un rentier à l'aspect d'un arrêt qui retranche un quartier
RETRANCHERIls [de mauvais écrivains] ont bien ennuyé le roi, toute la cour, Sans que le moindre édit ait, pour punir leur crime, Retranché les auteurs, ou supprimé la rime
REVÊCHEIl faut y joindre encor la revêche bizarre, Qui sans cesse, d'un ton par la colère aigri, Gronde, choque, dément, contredit un mari
REVÊTU, UEMais lui, qui fait ici le régent du Parnasse, N'est qu'un gueux revêtu des dépouilles d'Horace
REVÊTU, UEDe ce même pinceau dont j'ai noirci les vices Et peint du nom d'auteur tant de sots revêtus
RÉVOLTÉ, ÉEL'Académie en corps a beau le censurer [le Cid], Le public révolté s'obstine à l'admirer
RHÉE....nous chanter que, dès le temps de Rhée, La chasteté déjà, la rougeur sur le front, Avait chez les humains reçu plus d'un affront
RICHEQuiconque est riche est tout
RICHESSEC'est ainsi qu'à son fils un usurier habile Trace vers la richesse une route facile
RIDICULEOn sera ridicule, et je n'oserai rire !
RIENPasser.... La nuit à bien dormir et le jour à rien faire
RIENCelle qui toujours parle et ne dit jamais rien
RIENMoi qui ne compte rien ni le vin ni la chère, Si l'on n'est plus au large assis en un festin Qu'aux sermons de Cassagne ou de l'abbé Cotin
RIENIl engagea ce rien [le peu qu'il possédait] pour chercher la fortune
RIENÀ quoi bon mettre au jour tous ces discours frivoles, Et ces riens enfermés dans de grandes paroles ?
RIGOUREUX, EUSEêtre doux pour tout autre et rigoureux pour soi
RIGOUREUX, EUSEPour ne point s'en servir aux plus rigoureux mois, Dans le fond d'un grenier on séquestra le bois
RIGUEUREt tel qui n'admet point la probité chez lui, Souvent à la rigueur l'exige chez autrui
RIMEDe grâce, enseigne-moi l'art de trouver la rime ; Ou, puisque enfin tes soins y seraient superflus, Molière, enseigne-moi l'art de ne rimer plus
RIMESi je pense exprimer un auteur sans défaut, La raison dit Virgile et la rime Quinault
RIMEVais-je d'un pape illustre [Innocent X], armé contre tes crimes [de l'équivoque], à tes yeux mettre ici toute la bulle en rimes ?
RIMERQuand je veux d'un galant dépeindre la figure, Ma plume pour rimer trouve l'abbé de Pure
RIMERIl est vrai, s'il [Chapelain] m'eût cru, qu'il n'eût point fait de vers ; Il se tue à rimer ; que n'écrit-il en prose ?
RIMERMuse, c'est donc en vain que la main vous démange ; S'il faut rimer ici, rimons quelque louange
RIMEURMais moi, qu'un vain caprice, une bizarre humeur Pour mes péchés, je crois, fit devenir rimeur
RIMEURFaut-il d'un froid rimeur dépeindre la manie....
RINCER[Des verres] Où les doigts des laquais, dans la crasse tracés, Témoignaient par écrit qu'on les avait rincés
RIREMais un auteur malin qui rit et qui fait rire....
RIREJe riais de le voir avec sa mine étique, Son rabat jadis blanc et sa perruque antique....
RIREEt je serai le seul qui ne pourrai rien dire ! On sera ridicule, et je n'oserai rire !
RISL'une [assiette] de champignons avec des ris de veau
RISÉEIl en revint couvert de honte et de risée
RIVIÈRETout n'irait que mieux, Quand de ces médisans l'engeance tout entière Irait la tête en bas rimer dans la rivière
RIVIÈREEt les nombreux torrents qui tombent des gouttières, Grossissant les ruisseaux, en ont fait des rivières
RIVIÈREEt fit de sang chrétien couler tant de rivières
ROBEEt, feuilletant Louet allongé par Brodeau, D'une robe à longs plis balayer le barreau
ROIL'homme de la nature est le chef et le roi
ROICe maître prétendu qui leur donne des lois, Ce roi des animaux, combien a-t-il de rois ?
ROIOu, querellant tout bas le ciel qu'elle regarde, à la bête gémir d'un roi venu sans garde
RÔLELe monde, à mon avis, est comme un grand théâtre Où chacun en public, l'un par l'autre abusé, Souvent à ce qu'il est joue un rôle opposé
ROMANUn roman, sans blesser les lois ni la coutume, Peut conduire un héros au dixième volume
RONDEUn si galant exploit réveillant tout le monde, On a porté partout des verres à la ronde
RONGÉ, ÉEVous pourrez voir.... vos écrits.... Parer, demi-rongés, les rebords du pont Neuf
ROSAT....Des flots de vinaigre rosat
ROSE[Une dame] Dans quatre mouchoirs de sa beauté salis Envoie au blanchisseur ses roses et ses lis
ROSEAUIrai-je dans une ode, en phrases de Malherbe, Troubler dans ses roseaux le Danube superbe ?
ROSSE....La postérité d'Alfane et de Bayard, Quand ce n'est qu'une rosse, est vendue au hasard
RÔTJ'allais sortir enfin quand le rôt a paru
RÔTIAussitôt de chez eux tout rôti disparut ; Le pain bis renfermé d'une moitié décrut
ROTUREMais enfin par le temps le mérite avili Vit l'honneur en roture et le vice ennobli
ROUED'un carrosse, en tournant, il accroche une roue, Et du choc le renverse en un grand tas de boue
ROUEAinsi de la vertu la fortune se joue : Tel aujourd'hui triomphe au plus haut de la roue....

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