Définition de PENSION

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : pan-sion ; en vers, de trois syllabes

DÉFINITIONS

1
Tribut, péage (vieilli en ce sens).
Viviers et réservoirs lui [au cormoran] payaient pension
2
Gages en général.
M. d'Elboeuf avait été douze ou quinze ans en Flandre, à la pension d'Espagne
Il donne pension à un homme qui n'a point d'autre ministère que de siffler des serins au flageolet, et de faire couver des canaries
de Jean de LA BRUYÈRE dans XIII
3
Somme annuelle que paye un État, un souverain, un particulier à quelqu'un comme récompense ou libéralité. Pension sur l'État. Pension viagère. Pension de retraite.
Ci gît, oui gît, par la morbleu, Le cardinal de Richelieu, Et ce qui cause mon ennui, Ma pension avecque lui
de BENSERADE dans dans RICHELET
Les pensions que l'on donne en France ne valent jamais rien qu'un an ou deux, d'autant qu'elles ne sont point assurées
Le cardinal [de Richelieu], le voyant [Vaugelas, à qui il venait de donner une pension] entrer dans sa chambre, s'avança avec cette majesté douce et riante qui l'accompagnait presque toujours, et s'adressant à lui : Hé bien, monsieur, lui dit-il, vous n'oublierez pas du moins dans le dictionnaire le mot de pension
Interdire à mes vers.... L'entrée aux pensions où je ne prétends pas
Le roi donna hier une pension de deux mille livres à Mlle de Scudéry
Au lieu de pensions, ils [les anciens rois de l'Orient] donnaient à ceux qu'ils voulaient gratifier des villes, et quelquefois même des provinces qui, sous le nom de pain, de vin, devaient leur fournir tout ce qui était nécessaire pour entretenir leur maison
On ne sait pas assez que Fontenelle, en 1713, fut sur le point de perdre ses pensions, sa place et sa liberté pour avoir rédigé en France, vingt ans auparavant, le traité des Oracles du savant Van Dale
Louis XIV donnait six mille livres de pension aux Valincourt, aux Pellisson, aux Racine et aux Despréaux pour faire son histoire qu'ils ne firent point
On m'a ôté, je ne sais comment, du moins on ne me paye plus, une pension de deux mille livres que j'avais avant que Louis XV fût sacré
Vous avez dans Paris une voix prépondérante, et Alexandre voulait plaire aux Athéniens ; je ne sais si c'est en donnant douze cents francs de pension qu'il s'écriait : ô gens d'Athènes, voyez ce qu'il m'en coûte pour être loué de vous
Le roi a renvoyé à l'académie des sciences la pension vacante par la mort de Clairaut, due à d'Alembert, qui n'est pas riche, et contestée par Vaucanson, qui a quarante mille livres de rente
de Denis DIDEROT dans Mém. t. II, p. 265, dans POUGENS
Pension alimentaire, celle qu'on donne à une personne pour assurer sa subsistance.
4
En matière bénéficiale, somme à prendre annuellement sur les fruits d'un bénéfice.
Un bénéficier peut [disent les casuites] désirer la mort de celui qui a une pension sur son bénéfice
5
Somme que l'on donne pour être logé et nourri.
Le roi me conta, il y a deux jours, qu'il payait la pension de trois filles dans un couvent : il en est mort une il y a cinq ans, et ces bonnes filles reçoivent la pension de trois
De pauvres personnes qui ont des affaires à Paris, et trop peu de bien pour donner de grosses pensions dans des couvents
Demi-pension, ce que donne celui qui ne fait que prendre ses repas, sans coucher au lieu où il est en pension.
Lieu où l'on est logé et nourri pour un certain prix.
J'avais quelquefois envie de me mettre en pension ; mais cette façon de vivre a ses désagréments
Demi-pension, maison où l'on reçoit des demi-pensionnaires.
Sémantique : Populairement. Être en pension, se dit d'une chose engagée.
Pour avoir mis, sans réflexion, Le portrait de madame une heure en pension Chez cette chienne-là que Lucifer confonde
On dit aussi : tenir, mettre des chevaux, des chiens en pension.
On voit, dans les Indes, des hôpitaux de souris qu'on met en pension et qu'on nourrit comme personnes de mérite
6
Maison d'éducation où les élèves sont nourris et couchés. Maître de pension.
Tous les élèves d'une pension. Une pension nombreuse.
Être en demi-pension, se dit d'un élève qui est externe, mais qui prend ses repas avec les pensionnaires.
Demi-pension, maison où l'on reçoit des demi-pensionnaires.
Demi-pension, ce que paye un demi-pensionnaire.

HISTORIQUE

1
XIVe s.
Il y en avoit plusieurs [cardinaux] qui estoient à luy [Charles V] et de sa pension
dans Chr. de St Denis, t. III, f° 40
À mestre Jehan le mie [mire, médecin] pour se [sa] pension de le demie année, x livres
de CAFFIAUX dans Abattis de maisons, p. 11
2
XVe s.
On ne le tient pas [Charles VI] en estat ni en forme de roi, car il ne peut faire du sien sa volonté ; on l'a mis à pension et la roine aussi
Et le roy luy eust donné à sa vie certaine pension
de Eustache DESCHAMPS dans Suppl. au roi.
3
XVIe s.
Le gouverneur d'un elephant desrobboit à touts les repas la moitié de la pension qu'on luy avoit ordonnée
de Michel de MONTAIGNE dans II, 176
À maistre Mathée Dalnassar, de Veronne, graveur dudit seigneur [le roi] la somme de 615 livres tournois par forme de pention et bienfaict
dans Bibl. des ch. 6e série, t. I, p. 479

ÉTYMOLOGIE

1
Provenç. pensio ; espagn. pension ; ital. pensione ; du lat. pensionem, payement, qui vient de pensum, supin de pendere (2ème e bref), payer, peser (voy. POIDS).

Synonymes de PENSION

Termes proches de PENSION

Phonétiquement proche de PENSION