Définition de MORFONDRE

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : mor-fon-dr'

DÉFINITIONS

1
Ancien terme de vétérinaire. Causer un coryza, un catarrhe nasal, chez le cheval.
2
Causer un froid qui pénètre. L'air glacial de la nuit l'a morfondu.
3
Se morfondre, Nature : v. réfl. Prendre froid.
Il pleure souvent les victoires de ce prince, et se morfond auprès de leurs feux de joie
de Jean-Louis GUEZ de BALZAC dans Disc. à la régente.
Pendant que sa peur le fait fuir jusque dans le jardin de l'hôtellerie, où il hasarde de se morfondre
de Paul SCARRON dans Rom. com. II, 7
Sémantique : Fig.
J'aime mieux Bergerac et sa burlesque audace, Que ces vers où Motin se morfond et nous glace
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Art p. IV
4
Perdre du temps à attendre.
La vogue [d'une devineresse] était passée Au galetas ; il avait le crédit ; L'autre femme se morfondit
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. VII, 15
Un amant qui sans lui se serait morfondu
de Jean de LA FONTAINE dans Coupe.
Et, bravant des sergents la timide cohorte, [le noble] Laissa le créancier se morfondre à sa porte
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Sat. V
On peut vous reprocher de vous être venu morfondre plus d'un an devant une bicoque
de J. BRUSLÉ dans Lucien en belle humeur, t. I, p. 379, dans POUGENS
J'avais cru qu'il ne s'agissait que de diminuer le ressort du parlement de Paris, et de ne plus obliger les pauvres provinciaux de courir deux cents lieues pour aller se ruiner et se morfondre dans l'antichambre d'un conseiller au parlement
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Lett. Mme de St-Jullien, 6 avril 1777
Pendant les cinq ou six mois que les équipages des navires européens se morfondent ou périssent à Hoang-fou, les agents du commerce font leurs ventes et leurs achats à Canton
de Guillaume Thomas, abbé RAYNAL dans Hist. phil. V, 25
Sémantique : Fig.
Au lieu de vous morfondre tristement dans cette vue, osez prendre un plus grand essor
de VAUVENARGUES. dans Conseils, X
Avec ellipse du pronom se.
Clarice : Je prendrai du plaisir du moins à le confondre. - Isabelle : J'en prendrais davantage à le laisser morfondre
de Pierre CORNEILLE dans le Ment. III, 3
Sémantique : En termes de boulangerie, la pâte se morfond, elle perd la force de fermentation.

HISTORIQUE

1
XIVe s.
S'aucun cheval est morfondu, il le convient tantost faire seigner des jambes devant au plus bas, et au hault du plat des cuisses, et recueillir le sang, et d'icelluy oindre les piés, puis torchier de foing moullié...
dans Ménagier, II, 3
2
XVe s.
Eux et leurs chevaux, après la grand chaleur du soleil que ils auront eue le jour, morfondront, ne jà ne s'en sauront garder
de Jean FROISSART dans II, III, 61
3
XVIe s.
S'il temporise, il pourra veoir morfondre son ennemy et se desfaire soy-mesme
de Michel de MONTAIGNE dans I, 356
Le chaud du jour les estouffoit, et le froid de la nuit les morfondoit
de Ambroise PARÉ dans XXIV, 52

ÉTYMOLOGIE

1
On a dit mort et fondre : fondre jusqu'à la mort. Mais, comme le mot est originairement de l'art vétérinaire, il faut y voir, avec Ménage : morve et fondre.

Synonymes de MORFONDRE

Termes proches de MORFONDRE