L'oeuvre Satires de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX

Ecrit par Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX

Date : 1660-1711

Citations de "Satires"

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ERMITAGE ou HERMITAGEUn auvernat fumeux qui, mêlé de lignage, Se vendait chez Crenet pour vin de l'Ermitage
ERRERMais sans errer en vain dans ces vagues propos
ERRERLa même erreur les fait errer diversement
ESCADRONUn escadron coiffé [les femmes] d'abord court à son aide
ESCADRONQu'il trouve de pédants un escadron fourré
ESCALADERJe crains.... Que ce nouveau Titan n'escalade les cieux
ESCLAVEIl [un livre] est esclave né de quiconque l'achète
ESCORTEBientôt l'ambition et toute son escorte Dans le sein du repos vient le prendre à main forte
ESCRIMEDans les combats d'esprit savant maître d'escrime
ESCROQUERL'un et l'autre dès lors vécut à l'aventure Des présents qu'à l'abri de la magistrature Le mari quelquefois des plaideurs extorquait, Ou de ce que la femme aux voisins escroquait
ESPÉREROn doit tout espérer d'un monarque si juste
ESPOIRMais combien d'écrivains d'abord si bien reçus Sont de ce fol espoir honteusement déçus !
ESQUIVERL'autre esquive le coup, et l'assiette volant S'en va frapper le mur et revient en roulant
ESQUIVERJe saute vingt ruisseaux, j'esquive, je me pousse
ESSUYERJe ne sais point en lâche essuyer un outrage
ESSUYERTandis que dans un coin en grondant je m'essuie [d'éclaboussures], Souvent, pour m'achever, il survient une pluie
ESTOMACCar de tous mets sucrés, secs, en pâte ou liquides, Les estomacs dévots furent toujours avides
ESTROPIÉ, ÉEL'estropié marcha, l'aveugle ouvrit les yeux
ESTROPIERSe faire estropier sur les pas des Césars
ETPour moi qu'en santé même un autre monde étonne, Qui crois l'âme immortelle et que c'est Dieu qui tonne
ÉTAMINETout ce qui s'offre à moi passe par l'étamine
ÉTATEt d'un mot innocent faire un crime d'État
ÉTÉMais, qui l'aurait pensé ? pour comble de disgrâce, Par le chaud qu'il faisait nous n'avions point de glace ; Point de glace, bon Dieu ! dans le fort de l'été, Au mois de juin....
ÉTIQUEJe riais de le voir avec sa mine étique, Son rabat jadis blanc et sa perruque antique, En lapins de garenne ériger nos clapiers
ÉTONNERPour moi qu'en santé même un autre monde étonne
ÉVEILLER.... Les souris et les rats Semblent, pour m'éveiller, s'entendre avec les chats
EXALTEROui, l'honneur, Valincourt, est chéri dans le monde ; Chacun pour l'exalter en paroles abonde
EXERCERJe donne plein pouvoir à tous ceux qui ont tant critiqué mon ode sur Namur d'exercer aussi contre ma satire toute la rigueur de leur critique
EXHALER.... Lorsqu'autrefois Horace après Lucile Exhalait en bons mots les vapeurs de sa bile
EXORCISERAinsi qu'un possédé que le prêtre exorcise
EXPLÉTIF, IVEMoi l'est dans les exemples suivants : Prends-moi le bon parti ; laisse-là tous les livres
EXPRÈSJe sors de chez un fat qui, pour m'empoisonner, Je pense, exprès chez lui m'a forcé de dîner
EXQUIS, ISEDu nom de fierté noble on orna l'impudence, Et la fourbe passa pour exquise prudence
EXTORQUERL'un et l'autre dès lors vécut à l'aventure Des présents qu'à l'abri de la magistrature Le mari quelquefois des plaideurs extorquait, Ou de ce que la femme aux voisins escroquait
EXTRAVAGANT, ANTECrois-tu que d'une fille humble, honnête, charmante, L'hymen n'ait jamais fait de femme extravagante ?
FÂCHEUX, EUSELa fâcheuse [la raison] a pour nous des rigueurs sans pareilles
FAÇONNÉ, ÉESur une table longue et façonnée exprès, D'un tournoi de bassette ordonner les apprêts
FAÇONNIER, IÈREDe tous leurs sentiments [des précieuses] cette noble héritière Maintient encore ici leur secte façonnière
FACULTÉLes animaux ont-ils des universités ? Voit-on fleurir chez eux les quatre facultés ? Y voit-on des savants en droit et médecine Endosser l'écarlate et se fourrer d'hermine ?
FACULTÉComme un recteur suivi des quatre facultés
FADEÀ côté de ce plat paraissaient deux salades, L'une de pourpier jaune et l'autre d'herbes fades
FAIBLEQuelque léger dégoût vient-il le travailler, Une faible vapeur le fait-elle bâiller ?
FAIMEt la fièvre bientôt terminant son destin Fit par avance en lui ce qu'aurait fait la faim
FAIREEt toujours mécontent de ce qu'il vient de faire, Il plaît à tout le monde et ne saurait se plaire
FAIXMais, pour comble, à la fin, le marquis en prison Sous le faix des procès vit tomber sa maison
FAIXMon corps n'est point courbé sous le faix des années
FAMÉLIQUELa famélique et honteuse lésine
FANGEEt qu'à moins d'être au rang d'Horace ou de Voiture, On rampe dans la fange avec l'abbé de Pure
FANTAISIECette frénésie [faire des vers] De ses noires vapeurs troubla ma fantaisie
FANTASQUE...La fantasque inégale, Qui, m'aimant le matin, souvent me hait le soir
FAQUINAlors le noble altier, pressé de l'indigence, Humblement du faquin rechercha l'alliance
FARDC'est pour eux [les étrangers] qu'elle étale et l'or et le brocard, Que chez toi se prodigue et le rouge et le fard
FARDEROn a beau se farder aux yeux de l'univers
FARINEOn ne la verrait point, vantant son origine, à son triste mari reprocher la farine
FAROUCHESouvent de tous nos maux la raison est le pire ; C'est elle qui, farouche au milieu des plaisirs, D'un remords importun vient brider nos désirs
FASCEComposa tous ces mots de cimier et d'écart, De pal, de contre-pal, de lambel et de fasce
FASTUEUX, EUSETous les jours on y voit.... L'ignorant s'ériger en savant fastueux
FATMais je ne puis souffrir qu'un fat, dont la mollesse N'a rien pour s'appuyer qu'une vaine noblesse, Se pare insolemment du mérite d'autrui
FATJe sors de chez un fat qui, pour m'empoisonner, Je pense, exprès chez lui m'a forcé de dîner
FATAL, ALESans ce métier fatal au repos de ma vie, Mes jours pleins de loisir couleraient sans envie
FAUSSAIREEndurcis-toi le coeur, sois arabe, corsaire, Injuste, violent, sans foi, double faussaire
FAUSSAIREMais pour quelques vertus si pures, si sincères, Combien y trouve-t-on d'impudentes faussaires !
FAUSSETL'un traîne en longs fredons une voix glapissante ; Et l'autre, l'appuyant de son aigre fausset, Semble un violon faux qui jure sous l'archet
FAUTEÀ ces mots, mais trop tard, reconnaissant ma faute, Je le suis en tremblant dans une chambre haute
FÉCOND, ONDEAux temps les plus féconds en Phrynés, en Lais, Plus d'une Pénélope honora son pays
FEINDREJe ne sais ni tromper, ni feindre, ni mentir ; Et, quand je le pourrais, je n'y puis consentir
FENDREDe cent coups de marteau me va fendre la tête
FENDREEn quelque endroit que j'aille, il faut fendre la presse D'un peuple d'importuns qui fourmille sans cesse
FEROn vit avec le fer naître les injustices
FERMECrois-tu que, toujours ferme au bord du précipice, Elle [la femme] marche toujours sans que le pied lui glisse ?
FERMERMais en ma chambre à peine ai-je éteint la lumière, Qu'il ne m'est plus permis de fermer la paupière
FERTILELa satire en leçons, en nouveautés fertile, Sait seule assaisonner le plaisant et l'utile
FESTINMoi qui ne compte rien, ni le vin, ni la chère, Si l'on n'est plus au large assis en un festin Qu'aux sermons de Cassagne ou de l'abbé Cotin
FÊTERAinsi qu'un possédé que le prêtre exorcise, Fêter dans ses serments tous les saints de l'Église
FEUMais moi, grâce au destin, qui n'ai ni feu ni lieu, Je me loge où je puis et comme il plaît à Dieu
FEUPuisqu'ici la vertu n'a plus ni feu ni lieu
FEUAussitôt malgré moi tout mon feu se rallume
FEUILLETERFeuilletez à loisir tous les siècles passés
FEUTREEt son feutre à grands poils ombragé d'un panache
FIER, IÈREEn vain, tout fier d'un sang que vous déshonorez
FIERTÉEt n'ayant rien de grand qu'une sotte fierté
FIÈVRECependant, à l'entendre, il se soutient à peine, Il eut encore hier la fièvre et la migraine
FILEVingt carrosses bientôt arrivent à la file
FILEREt qu'il reste à la Parque encor de quoi filer
FILLECrois-tu que, d'une fille humble, honnête, charmante, L'hymen n'ait jamais fait de femme extravagante ?
FIN, FINE....Tu sais de leur art et le fort et le fin
FIXERC'est bien fait ; il est temps de fixer tes désirs ; Ainsi que ses chagrins, l'hymen a ses plaisirs
FLAMBEAUL'homme, venez au fait, n'a-t-il pas la raison ? N'est-ce pas son flambeau, son pilote fidèle ?
FLANQUÉ, ÉESur un lièvre flanqué de six poulets étiques S'élevaient trois lapins, animaux domestiques
FLATTERVous vous flattez peut-être, en votre vanité, D'aller comme un Horace à l'immortalité
FLATTEUR, EUSEUn poëme insipide et sottement flatteur Déshonore à la fois le héros et l'auteur
FLEURI, IEPar les chemins fleuris d'un charmant quiétisme
FLEURI, IEQu'est devenu ce teint dont la couleur fleurie Semblait d'ortolans seuls et de bisques nourrie ?
FLEURIRVeux-tu voir tous les grands à ta porte courir ? Dit un père à son fils dont le poil va fleurir
FLOTIl [l'homme] a, comme la mer, ses flots et ses caprices
FLOTOu bien quand Juvénal, de sa mordante plume Faisant couler des flots de fiel et d'amertume, Gourmandait en courroux tout le peuple latin
FLOTEt pour calmer enfin tous ces flots d'ennemis
FLOTTANT, ANTESon coeur, toujours flottant entre mille embarras, Ne sait ni ce qu'il veut ni ce qu'il ne veut pas
FOIÀ ces discours trompeurs le monde ajoute foi
FOIQui méprise Cotin n'estime point son roi, Et n'a, selon Cotin, ni dieu, ni foi, ni loi
FOISONÀ peine ai-je senti cette liqueur traîtresse, Que de ces vins mêlés j'ai reconnu l'adresse ; Toutefois avec l'eau que j'y mets à foison, J'espérais adoucir la force du poison
FOLIEChacun veut en sagesse ériger sa folie, Et, se laissant régler à son esprit tortu, De ses propres défauts se fait une vertu
FONDRENon, mais cent fois la bête a vu l'homme hypocondre Adorer le métal que lui-même il fit fondre
FONDRELe ciel qui se fond tout en eau
FONTANGECombien n'a-t-on pas vu de belles aux yeux doux, Tout à coup se changer en bourgeoises sauvages.... Et, découvrant l'orgueil de leurs rudes esprits, Sous leur fontange altière asservir leur maris
FORÇATL'ambition, l'amour, l'avarice, la haine, Tiennent comme un forçat son esprit à la chaîne
FORCÉ, ÉEJe ne puis arracher du creux de ma cervelle Que des vers plus forcés que ceux de la Pucelle
FORCENÉ, ÉEC'est ainsi que souvent par une forcenée Une triste famille à l'hôpital traînée Voit ses biens en décret
FORCERQue si tous mes efforts ne peuvent réprimer Cet ascendant malin qui vous force à rimer
FORMEMais il faut les prouver en forme. - J'y consens
FORMERLà, malgré les volets, le soleil irrité Formait un poêle ardent au milieu de l'été
FORMIDABLEEt bientôt la censure au regard formidable, Sait, le crayon en main, marquer nos endroits faux
FORT, ORTETe prouver à toi-même en grec, hébreu, latin, Que tu sais de leur art et le fort et le fin
FORT, ORTEPoint de glace, bon Dieu ! dans le fort de l'été, Au mois de juin....
FORTUNEJe ne vais point au Louvre adorer la fortune
FOU ou FOL, FOLLETous les hommes sont fous, et, malgré tous leurs soins, Ne diffèrent entre eux que du plus ou du moins
FOU ou FOL, FOLLEUn avare idolâtre et fou de son argent
FOU ou FOL, FOLLEQui vous a pu souffler une si folle audace ?
FOUILLERN'est-ce pas l'homme.... Dont la vaste science, embrassant toutes choses, A fouillé la nature, en a percé les causes ?
FOULEUne poutre branlante Vient menaçant de loin la foule qu'elle augmente
FOULEMais j'ai des biens en foule et je puis m'en passer
FOURBESors d'ici, fourbe insigne
FOURBEDu nom de fierté noble on orna l'impudence, Et la fourbe passa pour exquise prudence
FOURMILLERUn peuple d'importuns qui fourmillent sans cesse
FOURNIRUn mari ne veut pas fournir à ses besoins
FOURNIRJe veux que la valeur de ses aïeux antiques Ait fourni de matière aux plus vieilles chroniques
FOURRÉ, ÉEIl trouve de pédants un escadron fourré
FOURRERY voit-on des savants en droit, en médecine, Endosser l'écarlate et se fourrer d'hermine ?
FRANCCent francs au denier cinq, combien font-ils ? - Vingt livres
FRANÇAIS, AISEÀ mon gré, le Corneille est joli quelquefois ; En vérité pour moi j'aime le beau françois
FRANCHEMENTEst-ce donc là médire ou parler franchement ?
FRAPPÉ, ÉETous ces dogmes affreux, d'anathème frappés
FRAPPÉ, ÉELe public détrompé, D'un pareil enjouement ne se sent plus frappé
FRAPPER[Il] Lui jette pour défi son assiette au visage ; L'autre esquive le coup ; et l'assiette volant S'en va frapper le mur et revient en roulant
FRAPPERQui frappe l'air, bon Dieu ! de ces lugubres cris ? Est-ce donc pour veiller qu'on se couche à Paris ?
FRAUDERCe marquis [met son honneur] à savoir frauder ses créanciers
FREDONL'un traîne en longs fredons une voix glapissante
FREDONNEREt la troupe, à l'instant cessant de fredonner, D'un ton gravement fou s'est mise à raisonner
FREINMais de combattre en elle et dompter ses faiblesses.... Mettre un frein à son luxe, à son ambition
FRELONComme on voit les frelons, troupe lâche et stérile, Aller piller le miel que l'abeille distille
FRÉNÉSIEOui, depuis le moment que cette frénésie [faire des vers] De ses noires vapeurs troubla ma fantaisie....
FRÉQUEMMENTQuel sujet, dira l'un, peut donc si fréquemment Mettre ainsi cette belle au bord du monument ?
FRÉQUENTÉ, ÉELe bois le plus funeste et le moins fréquenté Est, au prix de Paris, un lieu de sûreté
FRIMASEt dès que l'aquilon, ramenant la froidure, Vient de ses noirs frimas attrister la nature
FRIPON, ONNEJ'appelle un chat un chat, et Rollet un fripon
FRIVOLEJamais docteur armé d'un argument frivole Ne s'enroua chez eux sur les bancs d'une école
FROCIl [l'homme] tourne au moindre vent, il tombe au moindre choc, Aujourd'hui dans un casque, et demain dans un froc
FROID, OIDEEncor si, pour rimer, dans sa verve indiscrète, Ma muse au moins souffrait une froide épithète
FROISSERL'un me heurte d'un ais dont je suis tout froissé
FRONTJ'ai beau frotter mon front, j'ai beau mordre mes doigts ; Je ne puis arracher du creux de ma cervelle Que des vers plus forcés que ceux de la Pucelle
FROTTERJ'ai beau frotter mon front, j'ai beau mordre mes doigts
FRUCTIFIERVous verriez tous les ans fructifier vos vers
FRUGALITÉSa table toutefois sans superfluité N'avait rien que d'honnête en sa frugalité
FRUIT[Ces femmes qui] prenant en dégoût les fruits nés de leurs flancs
FUITEIl [Cotin, en lisant ses vers] met chez lui voisins, parents, amis en fuite
FUMÉELa maison abîmée Entraîne aussi le feu qui se perd en fumée
FUMÉEQui vint à ces festins conduit par la fumée
FUMÉEEt par l'espoir du gain votre muse animée Vendrait au poids de l'or une once de fumée
FUNÈBRELà d'un enterrement la funèbre ordonnance D'un pas lugubre et lent vers l'église s'avance
FUNÈBRE....Mille cloches émues D'un funèbre concert font retentir les nues
FUREUR....J'étais si transporté, Que, donnant de fureur tout le festin au diable....
FURIEEt que sert à Cotin la raison qui lui crie : N'écris plus, guéris - toi d'une vaine furie ?
FURIEUX, EUSE....L'ambition.... L'envoie en furieux au milieu des hasards
FURIEUX, EUSEEt qu'ont produit mes vers de si pernicieux Pour armer contre moi tant d'auteurs furieux ?
FUTUR, UREEt déjà vous croyez dans vos rimes obscures Aux Saumaises futurs préparer des tortures
FUTUR, URETon beau-père futur vide son coffre-fort
GAGEUn faquin orgueilleux qui vous tient à ses gages
GAGNERIl ne gagnera rien sur ce juge irrité
GAGNERJ'ai gagné doucement la porte sans rien dire
GAI, GAIESans raison il [l'homme] est gai, sans raison il s'afflige
GAI, GAIEDût ma muse par là choquer tout l'univers, Riche, gueux, triste ou gai, je veux faire des vers
GALANT, ANTELa Pucelle [de Chapelain] est encore une oeuvre bien galante
GALANT, ANTEDonner chez la Cornu rendez-vous aux galants
GALANTERIEEnfin, bornant le cours de tes galanteries, Alcippe, il est donc vrai, dans peu tu te maries ?
GANOSe plaindre d'un gano qu'on n'a point écouté
GARDERGardez-vous, dira l'un, de cet esprit critique
GAZETTEEt, cherchant sur la brèche une mort indiscrète, De sa folle valeur embellir la gazette
GÉNÉREUX, EUSENe va point sottement faire le généreux
GÉNIEJe sens que mon esprit travaille de génie
GENOUUn auteur à genoux, dans une humble préface, Au lecteur qu'il ennuie a beau demander grâce
GENSCar, grâce au droit reçu chez les Parisiens, Gens de douce nature et maris bons chrétiens
GESTEJ'approuvais tout pourtant de la mine et du geste
GIGANTESQUE... Un orgueil insensé Armant de ses neveux [d'Adam] la gigantesque engeance, Dieu résolut enfin, terrible en sa vengeance, D'abîmer sous les eaux tous ces audacieux
GINGEMBRERapporter de Goa le poivre et le gingembre
GLACEPar le chaud qu'il faisait nous n'avions point de glace ; Point de glace, bon Dieu ! dans le fort de l'été, Au mois de juin !...
GLACÉ, ÉEOn pourra voir la Seine à la Saint-Jean glacée
GLACERAi-je par un écrit Pétrifié sa veine et glacé son esprit ?
GLAPISSANT, ANTEL'un traîne en longs fredons une voix glapissante
GLISSERCrois-tu que, toujours ferme au bord du précipice, Elle pourra marcher sans que le pied lui glisse ?
GLORIEUX, EUSEJe ne sais pas pourquoi l'on vante l'Alexandre ; Ce n'est qu'un glorieux qui ne dit rien de tendre
GLOSEJe sais que c'est un texte où chacun fait sa glose
GLOSERQuoi ! pour un maigre auteur que je glose en passant
GODIVEAU.... Un godiveau tout brûlé par dehors Dont un beurre gluant inondait tous les bords
GOURMANDEROu bien quand Juvénal de sa mordante plume Gourmandait en courroux tout le peuple latin
GOÛTNotre hôte cependant, s'adressant à la troupe : Que vous semble, a-t-il dit, du goût de cette soupe ?
GOUTTIÈREEt les nombreux torrents qui tombent des gouttières, Grossissant les ruisseaux, en ont fait des rivières
GOUTTIÈRE....Elle a, dans sa gouttière, à suivre Jupiter passé la nuit entière
GRAND, ANDEQue jamais on n'est grand qu'autant que l'on est juste
GRAND, ANDELa chicane en fureur mugit dans la grand'salle
GRAND, ANDEIl faut avec les grands un peu de retenue
GRAVEMENTEt la troupe, à l'instant cessant de fredonner, D'un ton gravement fou se mit à raisonner
GRIFFONNEREt déjà le notaire a, d'un style énergique, Griffonné de ton joug l'instrument authentique
GRIMAÇANT, ANTESes souliers grimaçants vingt fois rapetassés
GRIMAUDMais, bien que ses durs vers, d'épithètes enflés, Soient des moindres grimauds chez Ménage sifflés, Lui-même il s'applaudit....
GRONDERTandis que dans un coin, en grondant je m'essuye, Souvent, pour m'achever, il survient une pluie
GUENILLONMais qui pourrait compter le nombre de haillons, De pièces, de lambeaux, de sales guenillons, Dont la femme, aux bons jours, composait sa parure ?
GUERRELe vice audacieux, des hommes avoué, à la triste innocence en tous lieux fit la guerre
GUERREOù l'honneur a toujours guerre avec la fortune
GUERRIER, IÈREUn injuste guerrier, terreur de l'univers
GUÊTREDe ces nobles sans nom, que, par plus d'une voie, La province souvent en guêtres nous envoie
GUEULELorsqu'il entend de loin, d'une gueule infernale, La chicane en fureur mugir dans la grand'salle
GUEULESurtout certain hâbleur à la gueule affamée
GUEUX, EUSERiche, gueux, triste ou gai, je veux faire des vers
GUEUX, EUSE[Boileau] N'est qu'un gueux revêtu des dépouilles d'Horace
GUIDELes voyageurs sans guide assez souvent s'égarent
GUIDEL'homme en ses passions toujours errant sans guide
GUIDONPrends, au lieu de Platon, le Guidon des finances
HABILECar tu ne seras pas de ces jaloux affreux, Habiles à se rendre inquiets, malheureux
HABILLERSouvent j'habille en vers une maligne prose
HABILLEREn vain certains rêveurs nous l'habillent en reine [la raison], Veulent sur tous nos sens la rendre souveraine
HABITL'habit qu'il eut sur lui fut son seul héritage
HÂBLEUR, EUSECependant mon hâbleur avec une voix haute Porte à mes compagnons la santé de notre hôte
HAÏREt jusqu'à je vous hais, tout s'y dit tendrement [dans les pièces de Quinault]
HALEINEMais c'est assez parlé ; prenons un peu d'haleine
HALTEHalte-là donc, ma plume
HANTERElle lit Rodriguez, fait l'oraison mentale, Va pour les malheureux quêter dans les maisons, Hante les hôpitaux, visite les prisons
HARANGUEREt, sur le ton grondeur lorsqu'elle [la femme revêche] les harangue [ses valets], Il faut voir de quels mots elle enrichit la langue
HARANGUEURDes harangueurs du temps l'ennuyeuse éloquence
HARDI, IEUn fourbe cependant, assez haut de corsage, Et qui lui ressemblait [à l'honneur] de geste et de visage, Prend son temps, et partout ce hardi suborneur S'en va chez les humains crier qu'il est l'honneur
HARNAIS ou HARNOISSavez-vous pour la gloire oublier le repos, Et dormir en plein champ le harnois sur le dos ?
HASARDJe me mets au hasard de me faire rouer [par les voitures]
HASARDMais la postérité d'Alfane et de Bayard, Quand ce n'est qu'une rosse, est vendue au hasard
HASARDEUX, EUSEDe quel genre te faire, équivoque maudite Ou maudit ? car sans peine, aux rimeurs hasardeux, L'usage encor, je crois, laisse le choix des deux
HAUT, AUTEUn fourbe cependant, assez haut de corsage
HAUT, AUTEVanter le faux éclat de sa haute naissance
HÉBÉTÉ, ÉEJe laisse aux doucereux ce langage affecté, Où s'endort un esprit de mollesse hébété
HÉRÉTIQUEEt, sans distinction, dans tout sein hérétique, Pleins de joie enfoncer un poignard catholique
HÉRISSÉ, ÉETout hérissé de grec, tout bouffi d'ignorance
HÉRITAGEL'habit qu'il eut sur lui fut son seul héritage
HERMAPHRODITEDu langage français bizarre hermaphrodite, De quel genre te faire, équivoque maudite Ou maudit ?
HERMINEEndosser l'écarlate et se fourrer d'hermine
HÊTREEt, dans mon cabinet assis au pied des hêtres, Faire dire aux échos des sottises champêtres
HEURTERL'un me heurte d'un ais dont je suis tout froissé
HIDEUX. EUSECe magistrat de hideuse mémoire
HISTOIREUn souvenir fâcheux apporte en mon esprit Ces histoires de morts lamentables, tragiques, Dont Paris tous les ans peut grossir ses chroniques
HIVERJe consens.... Qu'à Paris le gibier manque tous les hivers
HOLÀUn clerc pour quinze sous, sans craindre le holà, Peut aller au parterre attaquer Attila
HOMBREPuis sur une autre table, avec un air plus sombre, S'en aller méditer une vole au jeu d'hombre
HOMMEL'homme de la nature est le chef et le roi
HOMMEL'homme en ses passions toujours errant sans guide A besoin qu'on lui mette et le mors et la bride
HONNÊTESa table toutefois sans superfluité N'avait rien que d'honnête en sa frugalité
HONNÊTEPour paraître honnête homme, en un mot, il faut l'être
HONNEURMais l'honneur en effet qu'il faut que l'on admire, Quel est-il, Valincourt, pourras-tu me le dire ? L'ambitieux le met souvent à tout brûler
HONORERAux temps les plus féconds en Phrynés, en Laïs, Plus d'une Pénélope honora son pays
HÔPITALIl est vrai que du roi la bonté secourable.... Va tirer désormais Phébus de l'hôpital
HÔPITALCette vertu sauvage Qui court à l'hôpital et n'est plus en usage
HORMISHormis toi, tout chez toi rencontre un doux accueil
HORREURAprès cela, docteur, va pâlir sur la Bible.... Perce la sainte horreur de ce livre divin
HORSOn n'y peut plus souffrir ses vertus hors de mode
HÔTE, ESSET'ai-je encore décrit la dame brelandière Qui des joueurs chez soi se fait cabaretière, Et souffre des affronts que ne souffrirait pas L'hôtesse d'une auberge à dix sous par repas ?
HOUSSEQue dit-il [l'âne] quand il voit, avec la mort en trousse, Courir chez un malade un assassin en housse ?
HUGUENOT, OTEAvant qu'un tel dessein m'entre dans la pensée, On pourra voir la Seine à la Saint-Jean glacée, Arnauld à Charenton devenir huguenot, Saint-Sorlin janséniste, et Saint-Pavin dévot
HUILEDeux salades.... Dont l'huile de fort loin saisissait l'odorat, Et nageait dans des flots de vinaigre rosat
HUITAINEUn aigle, sur un champ prétendant droit d'aubaine, Ne fait point appeler un aigle à la huitaine
HUMAIN, AINELa chasteté déjà, la rougeur sur le front, Avait chez les humains reçu plus d'un affront
HUMBLEMENTLe noble.... Humblement du faquin rechercha l'alliance
HUMILIATIONSon coeur, toujours nourri dans la dévotion, De trop bonne heure apprit l'humiliation
HUMILIER....Il croit dans sa folie, Qu'il faut que devant lui tout d'abord s'humilie
HURLERLaissons hurler là-bas tous ces damnés antiques
HURLERDis-moi donc, laissant là cette folle hurler...
HYMENAinsi que ses chagrins, l'hymen a ses plaisirs
HYPOCONDRENon, mais cent fois la bête a vu l'homme hypocondre Adorer le métal que lui-même il fit fondre
HYPOCRITEDe ces femmes pourtant l'hypocrite noirceur Au moins pour un mari garde quelque douceur
IDOLÂTREUn avare, idolâtre et fou de son argent
IGNORERJ'ignore ce grand art qui gagne une maîtresse
IMMORTALITÉVous vous flattez peut-être en votre vanité D'aller comme un Horace à l'immortalité
IMPERTINENT, ENTE....L'impertinent auteur ! L'ennuyeux écrivain ! le maudit traducteur !
IMPORTUN, UNEImportun à tout autre, à soi-même incommode
IMPOSTUREVous les verrez bientôt, féconds en impostures, Amasser contre vous des volumes d'injures
IMPRESSIONDès que l'impression fait éclore un poëte, Il est esclave né de quiconque l'achète
IMPRIMÉ, ÉELe Jonas inconnu sèche dans la poussière ; Le David imprimé n'a point vu la lumière
IMPROPREMENTC'est alors [par les casuistes] que l'on sut qu'on peut pour une pomme, Sans blesser la justice, assassiner un homme ; Assassiner ! ah ! non, je parle improprement....
IMPUDENCEDu nom de fierté noble on orna l'impudence, Et la fourbe passa pour exquise prudence
IMPUISSANCEJamais la biche en rut n'a pour fait d'impuissance Traîné du fond des bois un cerf à l'audience
IMPUNÉMENTÉcrive qui voudra ; chacun à ce métier Peut perdre impunément de l'encre et du papier
IMPUNITÉTous les jours, à la cour, un sot de qualité Peut juger de travers avec impunité
INCOMMODEImportun à tout autre, à soi-même incommode
INCONNU, UELe Jonas [nom d'un poëme] inconnu sèche dans la poussière
INDÉVOT, OTELaissez là, croyez-moi, gronder les indévots, Et sur votre salut demeurez en repos
INDOCILEAssez de sots sans moi feront parler la ville, Disait, le mois passé, ce marquis indocile, Qui depuis quinze jours dans le piége arrêté, Entre les bons maris pour exemple cité....
INDULGENT, ENTEMais chacun pour soi-même est toujours indulgent
INFERNAL, LELorsqu'il entend de loin d'une gueule infernale La chicane en fureur mugir dans la grand'salle
INFLUENCEC'est par là qu'un auteur que presse l'indigence Peut des astres malins corriger l'influence
INIQUELe nouveau roi [le faux honneur] triomphe, et, sur ce droit inique, Bâtit de vaines lois un code fantastique
INJUREVous les verrez bientôt, féconds en impostures, Amasser contre vous des volumes d'injures
INJUSTEUn injuste guerrier, terreur de l'univers
INJUSTEMême aux yeux de l'injuste un injuste est horrible
INJUSTICELa satire, en leçons, en nouveautés fertile, Sait seule assaisonner le plaisant et l'utile.... Elle seule, bravant l'orgueil et l'injustice, Va jusques sous le dais faire pâlir le vice
INNOCENCEDans les temps bienheureux du monde en son enfance, Chacun mettait sa gloire en sa seule innocence
INNOCENT, ENTETraiter en vos écrits chaque vers d'attentat, Et d'un mot innocent faire un crime d'État
INONDEROn dirait que le ciel, qui se fond tout en eau, Veuille inonder ces lieux d'un déluge nouveau
INQUIET, ÈTEJe vous trouve aujourd'hui l'âme toute inquiète
INSECTEUn insecte rampant qui ne vit qu'à demi, Un taureau qui rumine, une chèvre qui broute, Ont l'esprit mieux tourné que n'a l'homme ? oui sans doute
INSIPIDEEt [mon esprit] ne saurait souffrir qu'une phrase insipide Vienne à la fin d'un vers remplir la place vide
INSPIREREt, maudissant cent fois le démon qui m'inspire, Je fais mille serments de ne jamais écrire
INSTRUMENTEt déjà le notaire a, d'un style énergique, Griffonné de ton joug l'instrument authentique
INTERDIRE....Cotin nous peut-il nuire, Et par ses cris enfin que saurait-il produire ? Interdire à mes vers, dont peut-être il fait cas, L'entrée aux pensions où je ne prétends pas ?
INVINCIBLEMais qui peut t'assurer qu'invincible aux plaisirs, Elle conservera sa première innocence ?
IRISIrai-je, de sang-froid et sans être amoureux, Pour quelque Iris en l'air faire le langoureux ?
IRRITÉ, ÉEIl [un mauvais auteur] ne gagnera rien sur ce juge irrite [le lecteur] Qui lui fait son procès de pleine autorité
IRRITERQuel démon vous irrite et vous porte à médire ?
ISSU, UEAlors soyez issu des plus fameux monarques
JADISSon rabat jadis blanc, et sa perruque antique
JALOUX, OUSECertain fat qu'à sa mine discrète Et son maintien jaloux j'ai reconnu poëte
JALOUX, OUSE....Tu ne seras pas de ces jaloux affreux, Habiles à se rendre inquiets, malheureux, Qui, tandis qu'une épouse à leurs yeux se désole, Pensent toujours qu'une autre en secret la console
JALOUX, OUSEMais depuis le moment que cette frénésie De ses noires vapeurs troubla ma fantaisie, Et qu'un démon jaloux de mon contentement M'inspira le dessein d'écrire poliment
JANSÉNISMELa vertu n'était point sujette à l'ostracisme, Ni ne s'appelait point alors un jansénisme
JANVIERAffronter en plein champ les fureurs de janvier, Ou demeurer oisive au retour du Bélier
JARDINIl [le riche] peut dans son jardin, tout peuplé d'arbres verts, Recéler le printemps au milieu des hivers
JAUNESentez-vous le citron dont on a mis le jus [dans une soupe] Avec des jaunes d'oeuf mêlés dans du verjus ?
JEU....Ce marquis sage et prude, Et qui, sans cesse au jeu, dont il fait son étude, ....Voit sa vie ou sa mort sortir de son cornet
JEUMais ce grand jeu chez vous comment l'autoriser ?
JEUDIQue pense-t-il de nous [l'âne], lorsque, sur le midi, Un hasard au palais le conduit un jeudi, Lorsqu'il entend de loin d'une gueule infernale La chicane en fureur mugir dans la grand'salle ?
JEUNEJeune autrefois par vous dans le monde conduit
JOLI, IEÀ mon gré, le Corneille est joli quelquefois
JOUÉ, ÉELe plus grand jeu joué dans cette intention [de ne pas médire] Peut même devenir une bonne action
JOUERElle plaint le malheur de la nature humaine Qui veut qu'en un sommeil où tout s'ensevelit Tant d'heures sans jouer se consument au lit
JOUERVoilà jouer d'adresse et médire avec art
JOUETUn âne, le jouet de tous les animaux, Un stupide animal, sujet à mille maux, Dont le nom seul en soi comprend une satire
JOUGOui, déjà le notaire a, d'un style énergique, Griffonné de ton joug l'instrument authentique
JOURMais qui pourrait compter le nombre de haillons.... Dont la femme, aux bons jours, composait sa parure ?
JOUREt tout ce grand éclat de leur gloire ternie Ne sert plus que de jour à votre ignominie
JOURTu viens de mettre ici l'hymen en son beau jour
JUGEUn auteur à genoux, dans une humble préface, Au lecteur qu'il ennuie a beau demander grâce ; Il ne gagnera rien sur ce juge irrité, Qui lui fait son procès de pleine autorité
JUGEMENTMa foi, le jugement sert bien dans la lecture
JUGERLà, tous mes sots, enflés d'une nouvelle audace, Ont jugé des auteurs en maîtres du Parnasse
JUGERTous les jours à la cour un sot de qualité Peut juger de travers avec impunité
JUINPoint de glace, bon Dieu, dans le coeur de l'été, Au mois de juin ! pour moi, j'étais si transporté ....
JUPITERUn astrolabe en main, elle a dans sa gouttière à suivre Jupiter passé la nuit entière
JURER....Son aigre fausset Semble un violon faux qui jure sous l'archet
JUSQUE et JUSQUESDès lors que son démon commence à l'agiter, Tout, jusqu'à sa servante, est prêt à déserter
JUSTESSEMais notre hôte surtout pour la justesse et l'art Élevait jusqu'au ciel Théophile et Ronsard
JUSTIFIEREt, loin sur ses défauts de la mortifier [une pénitente], Lui-même [le directeur] prend le soin de la justifier
Il est vrai, de tout temps la raison fut son lot [de l'homme] ; Mais de là je conclus que l'homme est le plus sot
LAIDEURL'or même à la laideur donne un teint de beauté ; Mais tout devient affreux avec la pauvreté
LAÏSAux temps les plus fréquents en Phrynés et en Laïs, Plus d'une Pénélope honora son pays
LAISSERPrends-moi le bon parti, laisse là tous les livres
LAMBELComposa tous ces mots de cimier et d'écart, De pal, de contre-pal, de lambel et de fasce
LAMENTERLamentant tristement une chanson bachique
LANGAGEEt, sans plus de langage, Lui jette pour défi son assiette au visage
LANGOUREUX, EUSEFaudra-t-il de sang-froid, et sans être amoureux, Pour quelque Iris en l'air faire le langoureux ?
LANGUENon, pour louer un roi que tout le monde loue, Ma langue n'attend pas que l'argent la dénoue
LANGUISSANT, ANTEAinsi parle un esprit languissant de mollesse
LANGUISSANT, ANTEBienheureux Scudéry, dont la fertile plume Peut tous les mois sans peine enfanter un volume ; Tes écrits, il est vrai, sans art et languissants, Semblent être formés en dépit du bon sens
LANTERNECependant, lorsque aux yeux leur portant la lanterne, J'examine au grand jour l'esprit qui les gouverne
LAPIN, INEJe riais de le voir avec sa mine étique, Son rabat jadis blanc et sa perruque antique, En lapins de garenne ériger nos clapiers
LAQUAISAlidor, dit un fourbe, il est de mes amis ; Je l'ai connu laquais avant qu'il fût commis
LARDEt, sans dire un seul mot, j'avalais au hasard Quelque aile de poulet dont j'arrachais le lard
LATIN, INEQuand Juvénal.... Gourmandait en courroux tout le peuple latin
LATIN, INEAvant lui [Boileau] Juvénal avait dit en latin Qu'on est assis à l'aise aux sermons de Cotin
LE, LA, LESÀ mon gré, le Corneille est joli quelquefois
LECTEUR, TRICEUn auteur à genoux, dans une humble préface, Au lecteur qu'il ennuie a beau demander grâce, Il ne gagnera rien sur ce juge irrité
LECTEUR, TRICERien n'apaise un lecteur toujours tremblant d'effroi, Qui voit peindre en autrui ce qu'il remarque en soi
LECTUREMa foi, le jugement sert bien dans la lecture
LÉSINELa famélique et honteuse lésine
LEVEREn vain à lever tout les valets sont fort prompts, Et les ruisseaux de vin coulent aux environs
LIARDParmi les tas de blé vivre de seigle et d'orge ; De peur de perdre un liard souffrir qu'on vous égorge
LIBERTIN, INEUn libertin [met l'honneur] à rompre et jeûnes et carême
LIBREMon coeur, exempt de soins, libre de passion, Sait donner une borne à son ambition
LIEULe bois le plus funeste et le moins fréquenté Est au prix de Paris un lieu de sûreté
LIEUIci la vertu n'a plus ni feu ni lieu
LIEUEn trop bon lieu, dis-tu, ton épouse nourrie....
LIEUOù la science triste, affreuse, délaissée Est partout des bons lieux comme infâme chassée
LIEUEt tous ces lieux communs de morale lubrique Que Lulli réchauffa des sons de sa musique
LIGNAGEUn valet effronté m'apporte un rouge bord D'un Auvernat fumeux, qui, mêlé de Lignage, Se vendait chez Crenet pour vin de l'Ermitage
LIGNEEt ces froids ornements à la ligne plantés
LIGNEMais fussiez-vous issu d'Hercule en droite ligne, Si vous ne faites voir qu'une bassesse insigne, Ce long amas d'aïeux que vous diffamez tous, Sont autant de témoins qui parlent contre vous
LIGUEREn vain contre le Cid un ministre se ligue ; Tout Paris pour Chimène a les yeux de Rodrigue
LIMONOn dirait que le ciel est soumis à sa loi, Et que Dieu l'a pétri d'autre limon que moi
LIQUEURÀ peine ai-je senti cette liqueur traîtresse, Que de ces vins mêlés j'ai reconnu l'adresse
LIQUIDECar de tous mets sucrés, secs, en pâte, ou liquides, Les estomacs dévots furent toujours avides
LISAttends, discret mari, que la belle en cornette Le soir ait étalé son teint sur la toilette, Et, dans quatre mouchoirs de sa beauté salis, Envoie au blanchisseur ses roses et ses lis
LITT'accommodes-tu mieux de ces douces ménades, Qui, dans leurs vains chagrins, sans mal toujours malades, Se font des mois entiers, sur un lit effronté, Traiter d'une visible et parfaite santé ?
LITElle [la joueuse] plaint le malheur de la nature humaine, Qui veut qu'en un sommeil où tout s'ensevelit, Tant d'heures sans jouer se consument au lit
LIVREÉclaircis des rabbins les savantes ténèbres, Afin qu'en ta vieillesse un livre en maroquin Aille offrir ton travail à quelque heureux faquin....
LIVREUn pédant enivré de sa vaine science, Tout hérissé de grec, tout bouffi d'arrogance.... Croit qu'un livre fait tout, et que, sans Aristote, La raison ne voit goutte et le bon sens radote
LIVREAprès cela, docteur, va pâlir sur la Bible ; Va marquer les écueils de cette mer terrible ; Perce la sainte horreur de ce livre divin
LIVREDont les vers en paquets se vendent à la livre
LIVREPrends-moi le bon parti, laisse-là tous les livres ; Cent francs au denier cinq, combien font-ils ? vingt livres ; C'est bien dit, va, tu sais tout ce qu'il faut savoir
LOILui seul [l'homme] vivant, dit-on, dans l'enceinte des villes.... Se fait des gouverneurs, des magistrats, des rois, Observe une police, obéit à des lois
LOIMoi ! que j'aille crier dans ce pays barbare, Où l'on voit tous les jours l'innocence aux abois Errer dans les détours d'un dédale de lois, Et, dans l'amas confus de chicanes énormes, Ce qui fut blanc au fond rendu noir par les formes
LOIQui méprise Cotin n'estime point son roi, Et n'a, selon Cotin, ni Dieu, ni foi, ni loi
LOIUn libertin d'ailleurs qui sans âme et sans foi Se fait de son plaisir une suprême loi
LORSDès lors que son démon commence à s'agiter, Tout, jusqu'à sa servante, est prêt à déserter
LOTIl est vrai, de tout temps la raison fut son lot [de l'homme]
LOUERNon, pour louer un roi que tout l'univers loue, Ma langue n'attend pas que l'argent la dénoue
LOUVREEt fuyant des grandeurs la présence importune, Je ne vais point au Louvre adorer la fortune
LOYERAfin qu'en ta vieillesse un livre en maroquin Aille offrir ton travail à quelque heureux faquin Qui, pour digne loyer de la Bible éclaircie, Te paye en l'acceptant d'un " je vous remercie "
LUBRIQUEEt tous ces lieux communs de morale lubrique Que Lulli réchauffa des feux de sa musique
LUCIFERIl lui fera bientôt, aidé de Lucifer, Goûter en paradis les plaisirs de l'enfer
LUCRÈCEEt si leur sang tout pur ainsi que leur noblesse Est passé jusqu'à vous de Lucrèce en Lucrèce
LUCRÈCETout baigné des pleurs de sa Lucrèce
LUGUBRELà d'un enterrement la funèbre ordonnance D'un pas lugubre et lent vers l'église s'avance
LUIREEt dès qu'un mot plaisant vient luire à mon esprit, Je n'ai pas de repos qu'il ne soit en écrit
LUMIÈRESitôt que Chapelain met une oeuvre en lumière, Chaque lecteur d'abord lui devient un Linière
LUMIÈRELe Jonas inconnu sèche dans la poussière : Le David imprimé n'a point vu la lumière
LUMIÈREMais en ma chambre à peine ai-je éteint la lumière, Qu'il ne m'est plus permis de fermer la paupière
LUTTEEnfin, pour arrêter cette lutte barbare, De nouveau l'on s'efforce, on crie, on les sépare
LUXURIEUX, EUSEDe quel air penses-tu que ta sainte verra D'un spectacle enchanteur la pompe harmonieuse, Ces danses, ces héros à voix luxurieuse ?
MACHINECar de penser alors que Dieu tourne le monde, Et règle les ressorts de la machine ronde....
MAGASINLa fourmi, tous les ans traversant les guérets, Grossit ses magasins des trésors de Cérès
MAIGRE....Un jambon d'assez maigre apparence Arrive sous le nom de jambon de Mayence
MAIGREQuoi ! pour un maigre auteur que je glose en passant, Est-ce un crime après tout et si noir et si grand ?
MAINMuse, c'est donc en vain que la main vous démange
MAINC'est ainsi.... qu'Horace, jetant le sel à pleines mains, Se jouait aux dépens des Pelletiers romains
MAIN-FORTEOu, si pour l'entraîner l'argent manque d'attraits, Bientôt l'ambition et toute son escorte Dans le sein du repos vient le prendre à main-forte, L'envoie en furieux au milieu des hasards Se faire estropier sur les pas des Césars
MAINT, MAINTEAussitôt maint esprit fécond en rêveries....
MAINTENIRSa tranquille vertu.... Dans un coeur tous les jours nourri du sacrement, Maintient la vanité, l'orgueil, l'entêtement
MAINTIENCertain fat qu'à sa mine discrète Et son maintien jaloux j'ai reconnu poëte
MAISON[Elle] Va pour les malheureux quêter dans les maisons
MAISONUn vieux valet restait.... Sa vue embarrassait ; il fallut s'en défaire ; Il fut de la maison chassé comme un corsaire
MAISON....Il n'est point de fou qui par belles raisons Ne loge son voisin aux Petites-Maisons
MAISONHeureux si de son temps [d'Alexandre], pour cent bonnes raisons, La Macédoine eût eu des Petites-Maisons
MAÎTRESSEJ'ignore ce grand art qui gagne une maîtresse
MAL, ALECes douces ménades Qui, dans leurs vains chagrins, sans mal toujours malades...
MAL, ALELe mal qu'on dit d'autrui ne produit que du mal
MAL, ALEUn as mal à propos jeté
MÂLEMâle aussi dangereux que femelle maligne [en parlant de l'équivoque, alors du genre masculin et du genre féminin]
MALENCONTREUX, EUSE.... Un sort malencontreux Conduit en cet endroit un grand troupeau de boeufs
MALHEURMalheur donc à celui qu'une affaire imprévue Engage un peu trop tard au détour d'une rue [dans Paris] !
MALHEUREUX, EUSEEngraisse-toi, mon fils, du suc des malheureux ; Et, trompant de Colbert la prudence importune, Va par tes cruautés mériter la fortune
MALICEMais je veux que le sort, par un heureux caprice, Fasse de vos écrits prospérer la malice
MALIGNITÉAinsi parle un esprit languissant de mollesse, Qui, sous l'humble dehors d'un respect affecté, Cache le noir venin de sa malignité
MALIN, MALIGNET'ai-je peint la maligne aux yeux faux, au coeur noir ?
MALIN, MALIGNESouvent j'habille en vers une maligne prose ; C'est par là que je vaux, si je vaux quelque chose
MALIN, MALIGNEC'est par là qu'un auteur que presse l'indigence Peut des astres malins corriger l'influence
MALLEMais la postérité d'Alfane et de Bayard, Quand ce n'est qu'une rosse est vendue au hasard, ....Et va porter la malle ou tirer la charrue
MANDÉ, ÉECourtois et Denyau [médecins], mandés à son secours
MANDILLEEt l'eût-on vu porter la mandille à Paris....
MANGEANT, ANTEEt toujours bien mangeant, mourir par métaphore
MANGERQu'avez-vous donc, dit-il, que vous ne mangez pas ?
MANGER[Il] A fait, en bien mangeant, l'éloge des morceaux
MANIEL'amour de vos aïeux passe en vous pour manie
MANIÈREVoilà le sexe peint d'une noble manière !
MANQUERJe consens de bon coeur.... Qu'à Paris le gibier manque tous les hivers
MANQUERAh ! monsieur, m'a-t-il dit, je vous attends demain, N'y manquez pas au moins
MANTEAUMais qui, n'étant vêtu que de simple bureau, Passe l'été sans linge et l'hiver sans manteau
MARCHAND, ANDESitôt.... Que, retiré chez lui, le paisible marchand Va revoir ses billets et compter son argent
MARCHERL'estropié marcha, l'aveugle ouvrit les yeux
MARCHERCrois-tu que, toujours ferme au bord du précipice, Elle pourra marcher sans que le pied lui glisse ?
MARCHERDebout, dit l'avarice, il est temps de marcher
MARCHERMais en vain pour un temps une taxe l'exile [un partisan] ; On le verra bientôt, pompeux, en cette ville, Marcher encor chargé des dépouilles d'autrui
MARICe marquis indocile Qui, depuis quinze jours dans le piége arrêté, Entre les bons maris pour exemple cité....
MARILa revêche bizarre, Qui, sans cesse d'un ton par la colère aigri, Gronde, choque, dément, contredit un mari
MARIAGEIl n'est point de repos ni de paix avec elle ; Son mariage n'est qu'une longue querelle
MARIERAlcippe, il est donc vrai, dans peu tu te maries
MARMITONDeux marmitons crasseux, revêtus de serviettes
MAROQUINAfin qu'en ta vieillesse un livre en maroquin Aille offrir ton travail à quelque heureux faquin....
MARQUER[Molière] Qui sais à quel coin se marquent les bons vers
MARTEAUUn affreux serrurier, laborieux Vulcain.... De cent coups de marteau me va fendre la tête
MARTYR, YRETu fis dans une guerre et si triste et si longue Périr tant de chrétiens, martyrs d'une diphthongue
MASQUESes coiffes d'où pendait au bout d'une ficelle Un vieux masque pelé presque aussi hideux qu'elle
MASQUEEh quoi ! lorsqu'autrefois Horace, après Lucile, ....Allait ôter le masque aux vices de son temps
MASSACREL'Europe fut un champ de massacre et d'horreur
MASSERien ne le rebuta, ni sa vue éraillée [d'une femme], Ni sa masse de chair bizarrement taillée
MASSEPAINLe premier massepain pour eux [les directeurs], je crois, se fit, Et le premier citron à Rouen fut confit
MASSIERDeux marmitons crasseux, revêtus de serviettes, Lui servaient de massiers, et portaient deux assiettes
MATIÈREEt sur cette matière [les infidélités des femmes] J'ai lu tout ce qu'ont fait la Fontaine et Molière
MATINLa fantasque inégale, Qui, m'aimant le matin, souvent me hait le soir
MATINVoilà l'homme en effet ; il va du blanc au noir ; Il condamne au matin ses sentiments du soir
MAUDIREMais quand j'ai bien maudit et Muses et Phébus
MAUDIT, ITELe mérite et l'esprit ne sont plus à la mode ; Un poëte.... s'y voit [à Paris] maudit de Dieu
MAXIMELe vin au plus muet fournissant des paroles, Chacun a débité ses maximes frivoles, Réglé les intérêts de chaque potentat....
MÉCÉNEOn doit tout espérer d'un monarque si juste ; Mais sans un Mécenas à quoi sert un Auguste ?
MÉCONTENT, ENTEMais un esprit sublime.... Et, toujours mécontent de ce qu'il vient de faire, Il plaît à tout le monde et ne saurait se plaire
MÉDIREIl vaut mieux s'occuper à jouer qu'à médire
MÉDISANCEEst-ce donc là médire ou parler franchement ? Non, non, la médisance y va plus doucement
MÉDISANCEUn esprit né sans fard, sans basse complaisance, Fuit ce ton radouci que prend la médisance
MÉDISANT, ANTE....Mais tout n'irait que mieux, Quand de ces médisants [les poëtes satiriques] l'engeance tout entière Irait la tête en bas rimer dans la rivière
MÉLANCOLIEPauvre esprit, dira-t-on, que je plains ta folie ! Modère ces bouillons de ta mélancolie
MÊLÉ, ÉESentez-vous le citron dont on a mis le jus Avec des jaunes d'oeuf mêlés dans du verjus ?
MÊLÉ, ÉEÀ peine ai-je senti cette liqueur traîtresse, Que de ces vins mêlés j'ai reconnu l'adresse
MÊLERTandis que dans les airs mille cloches émues Et se mêlant au bruit de la grêle et des vents....
MÊLERMêlez-vous de boire, je vous prie, A l'auteur sur-le-champ aigrement reparti
MELONOu quelque longue pluie, inondant vos vallons, A-, t-elle fait couler vos vins et vos melons ?
MÉMOIRED'un conte odieux Vous avez, comme moi, sali votre mémoire
MÉMOIRECe magistrat de hideuse mémoire
MENACERLà, sur une charrette, une poutre branlante Vient menaçant de loin la foule qu'elle augmente
MÉNADET'accommodes-tu mieux de ces douces ménades, Qui, dans leurs vains chagrins, sans mal toujours malades....
MÉNAGERAujourd'hui toutefois, sans trop le ménager [un homme entiché de sa noblesse], Sur ce ton un peu haut je vais l'interroger
MENDICITÉL'avarice.... Peut faire dans les biens trouver la pauvreté, Et nous réduire à pis que la mendicité
MENSONGEDe nouveau tu semas tes captieux mensonges
MENTAL, ALEElle lit Rodriguez, fait l'oraison mentale
MENTIRC'est alors qu'on trouva, pour sortir d'embarras, L'art de mentir tout haut en disant vrai tout bas
MENTIR.... Vous en avez menti, Reprend le campagnard, et, sans plus de langage, Lui jette pour défi son assiette au visage
MÉPRISERQui méprise Cotin n'estime point son roi
MERAprès cela, docteur, va pâlir sur la Bible, Va marquer les écueils de cette mer terrible
MERCUREEt tout ce que Segoing dans son Mercure entasse
MERVEILLEUX, EUSECes poulets sont d'un merveilleux goût
MESSECe matin donc, séduit par sa vaine promesse, J'y cours [au dîner] midi sonnant, au sortir de la messe

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