Définition de GLACER
Prononciation : gla-sé. Le c prend une cédille devant a et o : je glaçais, nous glaçons
DÉFINITIONS
1
Changer en glace les liquides. Le grand froid glace le vin même.Le fleuve était pris, il portait : le cours des glaçons que jusque-là il charriait, s'était suspendu ; l'hiver avait achevé de le glacer ; et c'était sur ce point seulement ; au-dessus et au-dessous, sa surface était mobile encore
de Philippe de SÉGUR dans Hist. de Nap. x, 8
2
Sémantique : Par extension, causer une vive sensation de froid. Ce vent glace le visage.La vie est-elle toute aux ennuis condamnée ? L'hiver ne glace point tous les mois de l'année
de André CHÉNIER dans Élég. XXVII
3
Sémantique : Fig. Il se dit de la mort qui éteint la chaleur naturelle, de l'âge qui la diminue.Tandis que dans son sein votre bras enfoncé Cherche un reste de sang que l'âge avait glacé
de Jean RACINE dans Andr. IV, 5
L'approche de la mort Glaça sa faible main....
Un coeur que les ans ont glacé, un coeur à qui l'âge a fait perdre de sa sensibilité.
Ce coeur triste et flétri que les ans ont glacé
4
Causer de la répulsion par le froid des manières. Son abord glace les gens.Causer le froid de l'ennui.
J'aime mieux Bergerac et sa burlesque audace Que ces vers où Motin se morfond et nous glace
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Art p. IV
Nature : Absolument. Cet orateur a un débit qui glace, c'est-à-dire dont la monotonie fatigue et ennuie.
5
Causer une profonde impression morale qui glace, qui pétrifie.Voici ce qui glacera le coeur, ce qui achèvera d'éteindre la voix, ce qui répandra la frayeur dans toutes les veines : je m'en vais voir comment Dieu me traitera
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Anne de Gonz.
L'approche d'un combat qui le glaçait d'effroi
de Jean RACINE dans Théb. III, 3
Les amis de mon père Sont autant d'inconnus que glace ma misère
de Jean RACINE dans Brit. I, 4
Pourquoi frémir ? et quel trouble soudain Me glace à cet objet, et fait trembler ma main ?
de Jean RACINE dans Bajaz. IV, 5
Les Romains, qui partout l'appuyaient par des cris, Ont, par ce bruit fatal, glacé tous les esprits
de Jean RACINE dans Mithr. v, 4
Ses froids embrassements ont glacé ma tendresse
de Jean RACINE dans Phèdre, IV, 1
Le remords au dedans le glace
de Jean RACINE dans Esth. II, 9
Quoi ! la peur a glacé mes indignes soldats !
de Jean RACINE dans Athal. V, 5
Par ces doutes affreux vous me glacez d'horreur
de LA MOTTE dans Inès, III, 6
Vous me glacez de crainte en me parlant d'amour
Toujours un froid mortel glace mon courage
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Hél. I, 2
Cent présages affreux la glacent d'épouvante
de Jacques DELILLE dans Énéide, IV
L'effroi dans tous les coeurs a glacé la vertu
de Casimir DELAVIGNE dans Vêpr. sicil. III, 7
Sémantique : Fig. Glacer le sang, causer une émotion pénible et si forte que le mouvement du sang en semble arrêté.
Dont la seule présence glaçait le sang dans les veines des suppliants
Glacer l'esprit, lui ôter la faculté de produire ses oeuvres.
Ai-je par un écrit Pétrifié sa veine et glacé son esprit ?
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Sat. IX
Cette inquisition enchaîne et glace tous les esprits
de Jean Le Rond D'ALEMBERT dans Lett. au roi de Pr. 3 nov. 1780
On dit de même : glacer l'imagination.
6
Sémantique : Terme de peinture. Étendre une couleur légère et transparente sur une autre, pour lui donner de l'éclat.7
Donner un apprêt, un lustre à certaines étoffes, au papier, etc.8
Couvrir d'une couche de sucre. Glacer des oranges, des biscuits, des confitures.Couvrir certains mets d'une gelée de viande lisse et transparente. Glacer des viandes, des fricandeaux.
9
Sémantique : Terme de tailleur. Glacer une doublure de taffetas sur une étoffe, coudre de telle sorte la doublure et l'étoffe que l'une et l'autre tiennent proprement et uniment ensemble.10
Glacer un soulier, le cirer avec un cirage clair et luisant.11
Nature : V. n. Devenir glacé. Les sources d'eau vive ne glacent jamais.12
Se glacer, V. réfl. Être congelé.La hauteur à laquelle les vapeurs se glacent est d'environ 2400 toises sous la zone torride, et, en France, de 1500 toises
de Georges Louis Leclerc, comte de BUFFON dans Addit. théor. terr. Oeuv. t. XII, p. 436, dans POUGENS.
Leur sang, se glaçant dans leurs veines, comme les eaux dans le cours des ruisseaux, alanguissait leur coeur, puis il refluait vers leur tête ; alors ces moribonds chancelaient comme dans un état d'ivresse
Sémantique : Fig.
Tout mon sang de frayeur dans mes veines se glace
de Jean de MAIRET dans Mort d'Asdr. IV, 5
Que si la frayeur nous saisit de sorte que le sang se glace si fort que le corps tombe en défaillance
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Conn. III, 11
Je sentis dans mon corps tout mon sang se glacer
de Jean RACINE dans Iphig. I, 1
Mais sa langue en sa bouche à l'instant s'est glacée
de Jean RACINE dans Athal. II, 2
Sémantique : Fig. Se glacer, perdre de son feu, de son ardeur, de sa vigueur.
Faudra-t-il sur sa gloire [de Louis XIV] attendre à m'exercer Que ma tremblante voix commence à se glacer ?
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Épît. I
HISTORIQUE
1
XIIe s.La rien [chose] qui plus el quor [coeur] me glace
de Benoît de Sainte-Maure dans II, 13886
2
XIIIe s.Nostres sires Diex fait glacier l'eve à semblance de cristal
dans Psautier, f° 177
ÉTYMOLOGIE
1
Glace ; provenç. glassar, glachar ; ital. ghiacciare. Glacer, glacier avait aussi, dans l'ancienne langue, le sens de glisser.Synonymes de GLACER
- ADOUCIR
- APLANIR
- APLATIR
- CIRER
- CONGELER
- EFFAROUCHER
- EFFRAYER
- ÉGALISER
- FRAPPER
- GELER
- IMPRESSIONNER
- INTIMIDER
- LISSER
- LUSTRER
- MÉDUSER
- MENACER
- PARALYSER
- PÉTRIFIER
- POLIR
- RÉFRIGÉRER
- REFROIDIR
- SATINER
- STUPÉFIER
- TERRORISER
- TRANSIR
- TROUBLER
- UNIR