Définition de ESCLAVE

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : è-skla-v'

DÉFINITIONS

1
Celui, celle qui est sous la puissance absolue d'un maître, par achat, par héritage ou par la guerre. Délivrer, racheter des esclaves. Platon vendu comme esclave. Le trafic des esclaves à la côte d'Afrique.
On trouve la sainteté dans les emplois les plus bas, et un esclave s'élève à la perfection dans le service d'un maître mortel, pourvu qu'il y sache regarder l'ordre de Dieu
De mon rang descendue, à mille autres égale, Ou la première esclave enfin de ma rivale
Aristote veut prouver qu'il y a des esclaves par nature ; ce qu'il dit ne le prouve guère
Les Athéniens traitaient leurs esclaves avec une grande douceur ; on ne voit point qu'ils aient troublé l'État à Athènes, comme ils ébranlèrent celui de Lacédémone
Chaque nation européenne a une manière de traiter ses esclaves qui lui est propre : l'Espagnol en fait les compagnons de son indolence ; le Portugais, les instruments de ses débauches ; le Hollandais, les victimes de son avarice
Il est prouvé que quatorze ou quinze cent mille noirs, aujourd'hui épars dans les colonies européennes du nouveau monde, sont les restes infortunés de huit ou neuf millions d'esclaves qu'elles ont reçus
Les esclaves de tout âge, de tout sexe et de toute nation sont un objet considérable de commerce dans toute la Grèce
Sémantique : Terme de droit romain. Esclaves de la peine, ceux qui étaient condamnés à travailler dans les mines, ou à combattre des animaux féroces pour divertir le peuple.
Sémantique : Par extension.
Esclave couronnée, Je partis pour l'hymen où j'étais destinée
Ce n'est donc point, Ismène, un bruit mal affermi ? Je cesse d'être esclave et n'ai plus d'ennemi
Sémantique : Fig.
Il [un livre] est esclave né de quiconque l'achète
La rime est une esclave et ne doit qu'obéir
2
Celui qui est soumis à une domination étrangère, à un gouvernement despotique.
Fut-il jamais au joug esclaves plus soumis ?
Quand l'esclave imprudent pour ses maîtres combat, Tout son sang prodigué se répand sans éclat
D'anciens Gaulois, pauvres esclaves, Un soir qu'autour d'eux tout dormait, Levaient la dîme sur les caves Du maître qui les opprimait
de Pierre Jean de BÉRANGER dans Escl. gaulois.
En esclave, à la façon des esclaves, servilement.
Je prétends n'être point obligée à me soumettre en esclave à vos volontés
Le sang des Ottomans Ne doit point en esclave obéir aux serments
3
Dominé par, assujetti à.
Vous seriez devenu, pour avoir tout dompté, Esclave des grandeurs où vous êtes monté
Elle a trop de vertus pour n'être pas chrétienne.... Pour vivre des enfers esclave infortunée
Père dénaturé, malheureux politique, Esclave ambitieux d'une peur chimérique
de Pierre CORNEILLE dans ib. v, 6
Vil esclave toujours sous le joug du péché, Au démon qu'il redoute il demeure attaché
Triste destin des rois, esclaves que nous sommes Et des rigueurs du sort et des discours des hommes
Esclave d'une lâche et frivole pitié
L'empereur soupçonneux, esclave de son rang
de CAMPISTRON dans Andron. I, 8
Plus une âme mondaine est esclave de ses passions
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Car. Respect hum.
Elle n'en est pas moins l'esclave des vanités d'Égypte
de Jean-Baptiste MASSILLON dans ib. Prosp.
J'eusse été près du Gange esclave des faux dieux, Chrétienne dans Paris, musulmane en ces lieux
Mais le reste du monde, esclave de la crainte
En arrivant à la cour, il se vit entouré une seconde fois des esclaves de la faveur
Être esclave de sa parole, tenir religieusement la promesse qu'on a faite.
Être esclave de son devoir, l'accomplir scrupuleusement.
Tout cela part d'un coeur toujours maître de soi, D'un héros qui n'est point esclave de sa foi
4
Qui est volontairement asservi aux volontés de quelqu'un.
Tous les hommes vivants sont ici-bas esclaves ; Mais, suivant ce qu'ils sont, ils diffèrent d'entraves
Qui est plus esclave qu'un courtisan assidu, si ce n'est un courtisan plus assidu ?
de Jean de LA BRUYÈRE dans VIII
Les hommes veulent être esclaves quelque part et puiser là de quoi dominer ailleurs
de Jean de LA BRUYÈRE dans ib.
Vous exigez que vos esclaves vous servent avec tant de respect
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Car. Temples.
Diderot s'est fait esclave des libraires, et est devenu celui des fanatiques
Je ne désire pas des amis ; il ne me faut que des dupes et des esclaves
de Stéphanie Félicité Ducrest de St-Albin, comtesse de GENLIS dans Veillées du chât. t. III, p. 381, dans POUGENS
Dans le langage de la galanterie, amant et serviteur d'une dame.
Je ne souffrirai point qu'Hypsipile me brave, Et m'enlève ce coeur que j'ai vu mon esclave
Une aventure me fit voir la charmante Élise ; cette vue me rendit esclave de ses beautés
Mais enfin je ne puis.... .... esclave d'un coup d'oeil Par des soumissions caresser son orgueil
5
Qui n'a aucun moment de libre. Cet emploi le rend esclave. Les domestiques sont esclaves dans cette maison.
6
Nature : Adj. Les nègres esclaves.
Ô malheureuse et respectable reine, comment vous retrouvé-je en ce lieu écarté, vêtue en esclave et accompagnée d'autres femmes esclaves qui cherchent un basilic pour le faire cuire dans de l'eau rose par ordonnance du médecin ?
Sémantique : Fig. Avoir une âme esclave, avoir une âme vile et basse.
Sémantique : Par extension. Qui obéit comme ferait un esclave.
Sylla peut en effet quitter sa dictature ; Mais il peut faire aussi des consuls à son choix, De qui la pourpre esclave agira sous ses lois
L'air tient les vents tous prêts à suivre sa colère [de Médée] ; Tant la nature esclave a peur de lui déplaire
Il est beau d'étaler cette prérogative Aux yeux du Rhône esclave et de Rome captive

HISTORIQUE

1
XIIe s.
Qui estoit franc est devenu esclave
dans Machab. I, 2
2
XIIIe s.
Et qui cele rançon ne porroit paer, si seroit esclas
dans Hist. occid. des croisades, t. I, p. 89
Quant Seif Eddin ot les mil esclaz
dans ib. p. 97
L'on se peut clamer par l'assise de esclaf ou de esclave qui est mesel [lépreux] ou meselle, ou qui cheit dou mauvais mau [épilepsie]
dans Ass. de Jér. I, 129
3
XIVe s.
Le royaume de Rome estoit abandonné non pas seulement à gens estranges et pelerines, mes encores à serfs et à esclaves
de Pierre BERCHEURE dans f° 20, verso
Voulons que lesdits Cathelans qui vouldront venir en nostre dit royaume le puissent faire seurement et sauvement avec leurs femmes, enfans, serviteurs, esclaux [valets], esclaves, bagues, joyaulx
dans Ordonn. avril 1486

ÉTYMOLOGIE

1
Provenç. esclau, s. m. ; esclava, s. f. ; espagn. esclavo ; portug. escravo ; ital. schiavo ; allem. Sclave ; angl. slave ; de slavus ou sclavus, Slave, nom de peuple, qui fut employé pour désigner un serf après les guerres qu'Othon le Grand et ses successeurs firent aux peuples slaves et dans lesquelles une partie de ces peuples furent emmenés en captivité, distribués aux guerriers de l'empire d'Allemagne et réduits en servitude. Un très grand nombre de Slaves étant devenus serfs, le mot de slave fut employé pour synonyme de serf. Les premiers exemples de l'usage de slavus en cette signification remontent au Xe siècle ; voy. GUÉRARD, Polyptyque d'Irminon, I, 283.

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