Définition de FREIN

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : frin ; l'n ne se lie pas : un frin argenté ; au pluriel, l's se lie : des frin-z' argentés

DÉFINITIONS

1
Autre nom du mors, partie de la bride qu'on passe dans la bouche du cheval pour le gouverner.
....Les chevaux, que leur sang effarouche, Bouleversent leur charge, et n'ont ni frein ni bouche
de Pierre CORNEILLE dans Les vict. du roi en 1672
Ils ne connaissent plus ni le frein ni la voix
Ses coursiers n'obéissent plus au frein
Sémantique : Fig.
Il est vrai qu'il [le diable] a ses forces entières ; mais celui qui les lui a laissées pour son supplice, lui a mis un frein dans les mâchoires, et ne lui lâche la bride qu'autant qu'il lui plaît
Celui qui met un frein à la fureur des flots
Il mord en frémissant le frein de l'esclavage
Ronger son frein, se dit du cheval qui, forcé au repos, mâche le frein qu'il a dans la bouche.
Le superbe coursier que Didon devait monter rongeait son frein à l'attendre
de LE P. CATROU dans dans DESFONTAINES
Sémantique : Fig. Ronger son frein, réprimer le dépit qu'on éprouve.
Le marquis d'Harcourt rongeait son frein de n'avoir pas eu la liberté de traiter avec la reine pour l'amirauté
Ronger son frein, signifie aussi être condamné à l'ennui.
La plupart aux grands airs élèvent leurs aînées, Tandis qu'en un couvent, lieu pour elles malsain, Les cadettes nonnains sont à ronger leur frein
Prendre le frein aux dents, s'emporter, en parlant du cheval ; locution venant de ce que, le frein exerçant son influence sur le fond de la bouche et la jonction des lèvres, le cheval y échappe en rejetant le frein en avant et en le tenant dans les dents. On dit plutôt aujourd'hui prendre le mors aux dents.
Sémantique : Fig. Prendre le frein aux dents, se livrer avec emportement à quelque chose, n'être plus retenu.
2
Sémantique : Fig. Ce qui retient sous l'autorité, dans les bornes du devoir, de la raison.
Les nouvelles villes étaient un frein à qui voudrait remuer
de Claude Favre de VAUGELAS dans Q. C. l. X, dans RICHELET
C'est [la confession] un frein merveilleux pour arrêter notre coeur, et pour réprimer ses désirs criminels
de Louis BOURDALOUE dans 13e dim. après la Pentec. Dominic. t. III, p. 674
Mais de combattre en elle et dompter ses faiblesses.... Mettre un frein à son luxe, à son ambition
Quel frein pourrait d'un peuple arrêter la licence ?
Digne emploi d'un ministre ennemi des flatteurs, Choisi pour mettre un frein à ses jeunes ardeurs
Je sais combien crédule en sa dévotion, Le peuple suit le frein de la religion
Qu'un roi n'a d'autre frein que sa volonté même
Ils ne mettent plus de frein à leurs passions
Ils ne connaissent plus d'autre frein que leur volonté
Nasica, dans cette vue, voulait lui laisser [à Rome] la crainte de Carthage comme un frein pour modérer et réprimer son audace
En d'autres temps mon courage tranquille Au frein de vos leçons serait souple et docile
La crainte d'être déposé est un plus grand frein pour les empereurs turcs que les lois de l'Alcoran
Être méprisé de ceux avec qui l'on vit est une chose que personne n'a jamais pu et ne pourra jamais supporter ; c'est peut-être le plus grand frein que la nature ait mis aux injustices des hommes
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Trait. métaph. ch. 9
Si vous ne reconnaissez point de Dieu, quel frein aurez-vous pour les crimes secrets ?
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Honnêt. littér. 27
Mettre un frein à sa langue, s'abstenir de parler par prudence ou par honnêteté.
3
Sémantique : Terme d'anatomie. Nom de certains ligaments, qui brident ou retiennent une partie. Le frein de la langue.
Le frein du prépuce, petit repli qui unit le prépuce au gland.
Les freins de la glande pinéale, ses pédoncules supérieurs.
Sémantique : Terme d'entomologie. Crochet de l'aile des lépidoptères.
4
Cerceau autour du rouet du moulin à vent, qui arrête le moulin par le moyen d'une bascule.
5
Sémantique : Terme de mécanique. Appareil pour modérer ou détruire la vitesse d'un mécanisme. Le frein d'une locomotive.
Frein dynamométrique, appareil pour mesurer le travail des moteurs.

HISTORIQUE

1
XIe s.
Li frein sont d'or, les selles d'argent mises
dans Ch. de Rol. VII
2
XIIe s.
Donc [il] laisse courre à plein fren estendu
dans Ronc. p. 60
La cruiz [croix] arcevesqual fist porter à sa destre, E la reisgne [rêne] del frein tint en la main senestre
dans Th. le mart. 38
3
XIIIe s.
À tant es vous un musart qui le prit par le frain et le vot [voulut] retourner ariere
dans Chr. de Rains, 118
Que la premeraine vertu, C'est de metre en sa langue frain
dans la Rose, 7089
Pren durement as dens le frain, Et donte ton cuer et refrain
dans ib. 3079
Cil qui ensuit sa volenté sanz frain de raison, vit à loi de beste sanz vertu
Frains d'or ne fait meillor cheval
de Brunetto LATINI dans ib. p. 457
4
XIVe s.
Il estoit li premiers au frein de l'ainsné filz du roy [son premier gouverneur]
dans dans MORÉRI, Moreuil Bernard, 6e du nom
5
XVe s.
Quand le sire de Bauderoden les vit venir, il tourna son frein tout sagement, et fit chevaucher son pennon et ses compagnons pour revenir au pont....
Or nous faut prendre le frein aux dents
Tout esdenté, mon frein me fault rongier
de Charles D'ORLÉANS dans Ball. 132
6
XVIe s.
Nostre ame ne sçauroit de son siege atteindre si hault ; il faut qu'elle le quitte et s'esleve, et, prenant le frein aux dents, qu'elle emporte et ravisse son homme si loing, qu'aprez il s'estonne luy mesme de son faict
de Michel de MONTAIGNE dans II, 22

ÉTYMOLOGIE

1
Provenç. fren, fres ; catal. fre ; espagn. et ital. freno ; portug. freio ; du lat. frenum, qui se rapproche naturellement de fretus, soutenu, garni ; c'est le radical sanscrit dhar, tenir, porter.

Synonymes de FREIN

Termes proches de FREIN

Phonétiquement proche de FREIN